HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - Comment on peut se louer soi-même sans s'exposer à l'envie

Page 743

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[743] (743a) Οὐχ ἥκιστα γοῦν λέγουσιν ἀρέσαι Λοκροῖς τὴν Ζαλεύκου νομοθεσίαν, ὅτι τὴν Ἀθηνᾶν ἔφασκεν αὑτῷ φοιτῶσαν εἰς ὄψιν ἑκάστοτε τοὺς νόμους ὑφηγεῖσθαι καὶ διδάσκειν αὑτοῦ δὲ μηδὲν εἶναι διανόημα μηδὲ βούλευμα τῶν εἰσφερομένων. Ἀλλὰ ταῦτα μὲν ἴσως πρὸς τοὺς παντάπασι χαλεποὺς καὶ βασκάνους ἀνάγκη τὰ φάρμακα καὶ τὰ παρηγορήματα μηχανᾶσθαι· πρὸς δὲ τοὺς μετρίους οὐκ ἄτοπόν ἐστι χρῆσθαι καὶ ταῖς ἐπανορθώσεσι τῶν ἐπαίνων, εἴ τις ὡς λόγιον πλούσιον δυνατὸν ἐπαινοίη, κελεύοντα μὴ ταῦτα περὶ αὐτοῦ λέγειν, ἀλλὰ μᾶλλον, εἰ χρηστὸς καὶ ἀβλαβὴς καὶ ὠφέλιμος. (743b) Οὐ γὰρ εἰσφέρει τὸν ἔπαινον τοῦτο ποιῶν ἀλλὰ μετατίθησιν, οὐδὲ χαίρειν δοκεῖ τοῖς ἐγκωμιάζουσιν αὐτὸν ἀλλὰ μᾶλλον, ὅτι μὴ προσηκόντως μηδ´ ἐφ´ οἷς δεῖ, δυσχεραίνειν καὶ ἀποκρύπτειν τὰ φαυλότερα τοῖς βελτίοσιν, οὐκ ἐπαινεῖσθαι βουλόμενος ἀλλ´ ἐπαινεῖν ὡς χρὴ διδάσκων. Τὸ γὰρ « Οὐ λίθοις ἐτείχισα τὴν πόλιν οὐδὲ πλίνθοις ἐγώ· ἀλλ´ ἐὰν τὸν ἐμὸν τειχισμὸν βούλῃ σκοπεῖν, εὑρήσεις ὅπλα καὶ ἵππους καὶ συμμάχους » τοιούτου τινὸς ἔοικεν ἅπτεσθαι. Καὶ τὸ τοῦ Περικλέους ἔτι μᾶλλον· ὀλοφυρόμενοι γάρ, ὡς ἔοικεν, ἤδη καταστρέφοντος αὐτοῦ καὶ δυσφοροῦντες οἱ ἐπιτήδειοι (743c) τῶν στρατηγιῶν ἐμέμνηντο καὶ τῆς δυνάμεως καὶ ὅσα δὴ τρόπαια καὶ νίκας καὶ πόλεις Ἀθηναίοις κτησάμενος ἀπολέλοιπεν· δὲ μικρὸν ἐπαναστὰς ἐμέμψατ´ αὐτούς, ὡς κοινὰ πολλῶν καὶ τῆς τύχης ἔνια μᾶλλον τῆς ἀρετῆς ἐγκώμια λέγοντας, τὸ δὲ κάλλιστον καὶ μέγιστον καὶ ἴδιον αὐτοῦ παραλείποντας, ὅτι δι´ αὐτὸν οὐδεὶς Ἀθηναίων μέλαν ἱμάτιον ἀνείληφε. Τοῦτο δὴ τὸ παράδειγμα καὶ ῥήτορι δίδωσιν, ἄνπερ χρηστός, ἐπαινουμένῳ περὶ λόγου δεινότητα μεταθεῖναι τὸν ἔπαινον ἐπὶ τὸν βίον καὶ τὸ ἦθος· καὶ στρατηγῷ θαυμαζομένῳ δι´ ἐμπειρίαν πολεμικὴν (743d) δι´ εὐτυχίαν περὶ πραότητός τι καὶ δικαιοσύνης αὐτοῦ παρρησιάσασθαι· καὶ τοὐναντίον αὖ πάλιν, ὑπερφυῶν τινων λεγομένων ἐπαίνων, οἷα πολλοὶ κολακεύοντες ἐπίφθονα λέγουσιν, εἰπεῖν « οὔ τίς τοι θεός εἰμι· τί μ´ ἀθανάτοισιν ἐίσκεις; ἀλλ´ εἴ με γινώσκεις ἀληθῶς, ἐπαίνει τὸ ἀδωροδόκητον τὸ σῶφρον τὸ εὔγνωμον τὸ φιλάνθρωπον. » γὰρ φθόνος οὐκ ἀηδῶς τῷ τὰ μείζονα παραιτουμένῳ τὰ μετριώτερα δίδωσι, καὶ τὸ ἀληθὲς ἐγκώμιον οὐκ ἀφαιρεῖται τῶν τὰ ψευδῆ καὶ κενὰ μὴ προσδεχομένων. Διὸ καὶ τῶν βασιλέων τοὺς μὴ θεοὺς μηδὲ παῖδας θεῶν ἀναγορεύεσθαι θέλοντας (743e) ἀλλὰ Φιλαδέλφους Φιλομήτορας Εὐεργέτας Θεοφιλεῖς οὐκ ἤχθοντο ταῖς καλαῖς μὲν ἀνθρωπικαῖς δὲ ταύταις προσηγορίαις τιμῶντες. Ὥσπερ αὖ καὶ τῶν γραφόντων καὶ λεγόντων βαρυνόμενοι τοὺς τῆς σοφίας ἐπιγραφομένους τοὔνομα χαίρουσι τοῖς φιλοσοφεῖν προκόπτειν τι τοιοῦτο περὶ αὑτῶν ἀνεπίφθονον καὶ μέτριον λέγουσιν. Οἱ δὲ ῥητορικοὶ σοφισταὶ τὸ « θείως » καὶ τὸ « δαιμονίως » ἐν ταῖς ἐπιδείξεσι προσδεχόμενοι καὶ τὸ « μετρίως » καὶ τὸ « ἀνθρωπίνως » προσαπολλύουσι. Καὶ μὴν ὥσπερ οἱ τοὺς ὀφθαλμιῶντας ἐνοχλεῖν φυλαττόμενοι (743f) τοῖς ἄγαν λαμπροῖς σκιάν τινα παραμιγνύουσιν, οὕτως ἔνιοι τοὺς αὑτῶν ἐπαίνους μὴ παντελῶς λαμπροὺς μηδ´ ἀκράτους προσφέροντες, ἀλλά τινας ἐλλείψεις ἀποτεύξεις ἁμαρτίας ἐλαφρὰς ἐμβάλλοντες ἀφαιροῦσι τὸ ἐπαχθὲς αὐτῶν καὶ νεμεσητόν. Ὥσπερ Ἐπειός, οὐ μέτρια περὶ τῆς πυκτικῆς εἰπὼν καὶ θρασυνάμενος ὡς « Ἀντικρὺ χρόα τε ῥήξει— » « οὐχ ἅλις » φησίν « ὅττι μάχης ἐπιδεύομαι;» [743] (743a) Aussi dit-on que les lois de Zaleucus plurent infiniment aux Locriens, parce qu'il leur fit entendre que Minerve lui avait apparu pour les lui dicter elle-même, et qu'il n'y en avait pas une seule qui fût de lui. Il est indispensable d'user de ces ménagements, et, pour ainsi dire, de ces remèdes, avec les personnes d'un naturel diffîcile et jaloux ; même à l'égard de ceux qui sont doux et modestes, il ne sera pas inutile d'employer dans les louanges des corrections adroites. Par exemple, si quelqu'un loue nos talents, notre puissance et nos richesses, prions-le de ne point parler de ces avantages, mais de nous louer plutôt si nous sommes bons, humains et obligeants. (743b) Ce n'est point accumuler louange sur louange, mais faire changer d'objet à l'éloge qu'on fait de nous. Par là on n'a point l'air d'aimer à s'entendre louer, mais de voir avec peine qu'on loue en nous ce qui le mérite le moins, de vouloir que les meilleures qualités soient préférées aux moins bonnes, et de ne pas tant chercher à être loué soi-même, qu'à montrer comment il faut louer les autres. C'est ainsi que Démosthène disait de lui-même : « Ce n'est pas avec des pierres ou des briques que j'ai fortifié la ville. Si vous voulez examiner le genre de défense que je lui a procuré, vous verrez que je l'ai munie d'armes, de chevaux et d'alliés. » Le mot de Périclès est encore plus grand. Il était sur le point de mourir ; ses proches et ses amis, assemblés auteur de son lit et plongés dans la tristesse, lui rappelaient (743c) les charges dont il avait été revêtu, la puissance qu'il avait exercée, ses victoires, ses trophées et le grand nombre de villes dont les Athéniens lui devaient la conquête. Alors se soulevant un peu, il les reprit de ce qu'ils ne faisaient entrer dans son éloge que des avantages qui lui étaient communs avec bien d'autres, et dont quelques uns même étaient plutôt l'ouvrage de la fortune que celui de la vertu, tandis qu'ils oubliaient ce qu'il y avait de plus grand et de plus beau dans son administration, et ce qu'il ne partageait avec personne: c'était de n'avoir jamais fait prendre le deuil à aucun citoyen. Ce doit être une leçon pour un orateur vertueux qu'on loue sur son talent, de transporter cet éloge à ses mœurs et à sa conduite ; pour un général d'armée dont on vante l'expérience (743d) et les succès, de parler de sa douceur et de sa justice. Si quelquefois on nous donne des louanges outrées et propres à exciter l'envie, comme il n'est que trop ordinaire aux flatteurs, il faut répondre : "Je ne suis pas un dieu, pour m'en donner le nom". Si vous me connaissez tel que je suis, devons-nous dire, louez mon désintéressement, ma tempérance, mon humanité, mon caractère doux et facile. L'envie accorde sans peine les moindres qualités à celui qui refuse les plus grandes, et elle laisse jouir d'une louange véritable l'homme modeste qui ne veut pas en recevoir une fausse. Aussi les peuples honoraient-ils volontiers les rois qui prenaient, non les surnoms de dieux ou d'enfants des dieux, (743e) mais ceux de Philadelphe, de Philométor, d'Evergète, de Théophile, titres modestes et qui ne sont point au-dessus de l'humanité. On supporte impatiemment ceux qui dans leurs discours ou dans leurs écrits se donnent le nom de sages, et l'on écoute avec plaisir ceux qui se contentent de dire qu'ils aiment la sagesse, qu'ils désirent de faire des progrès dans la vertu, et de s'attribuer d'autres qualités de cette nature qui sont modestes et qui ne peuvent exciter l'envie. Mais ces sophistes ambitieux qui souffrent qu'on traite leurs discours de magnifiques, de célestes, de divins, se voient même refuser des louanges modérées. Quand on craint d'offenser une vue délicate, on adoucit par le mélange (743f) des ombres les couleurs qui donneraient une lumière trop vive. De même ceux qui, pour tempérer l'éclat trop brillant de la louange, y entremêlent l'aveu de quelques fautes ou de quelques imperfections, préviennent l'envie qu'ils exciteraient sans cela. Epéus, par exemple, après avoir vanté sa force dans les combats d'escrime, et dit avec fierté : "Oui, je l'écraserai sans craindre son courage", ajoute ensuite : "Dans les autres combats, il aura l'avantage".


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Dernière mise à jour : 16/07/2008