HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - Comment on peut se louer soi-même sans s'exposer à l'envie

Page 742

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[742] καὶ Κικέρων, τοῦ Μετέλλου πρὸς αὐτὸν εἰπόντος (742a) ὅτι πλείονας ἀνῄρηκε καταμαρτυρήσας συνηγορήσας σέσωκε, « Τίς δ´ » εἶπεν « οὔ φησιν ἐν ἐμοὶ πλέον εἶναι πίστεως δεινότητος; » καὶ τὰ Δημοσθένους τοιαῦτα · « Τίς δ´ οὐκ ἂν ἀπέκτεινέ με δικαίως, εἴ τι τῶν τῇ πόλει καλῶν ὑπαρχόντων λόγῳ μόνον αἰσχύνειν ἐπεχείρησα; » καί « Τί ἂν οἴεσθε λέγειν τοὺς μιαροὺς τούτους ἀνθρώπους, εἰ τότε μου περὶ τούτων ἀκριβολογουμένου ἀπῆλθον αἱ πόλεις; » καὶ ὅλως περὶ τοῦ στεφάνου λόγος εὐφυεστάταις ἀντιθέσεσι ταῖς λύσεσι τῶν αἰτιῶν ἐπεισάγει τοὺς ἐπαίνους. Οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ τοῦτο χρήσιμόν ἐστιν ἐν ἐκείνῳ τῷ λόγῳ καταμαθεῖν, (742b) ὅτι μιγνύων ἐμμελέστατα τῷ περὶ αὑτοῦ λόγῳ τὸν περὶ τῶν ἀκουόντων ἔπαινον ἀνεπίφθονον ἐποίει καὶ ἀφίλαυτον, οἵους μὲν Εὐβοεῦσιν οἱ Ἀθηναῖοι παρέσχον αὑτοὺς οἵους δὲ Θηβαίοις, ὅσα δὲ Βυζαντίους ἀγαθὰ καὶ Χερρονησίτας ἐποίησαν, αὑτῷ δὲ τῆς διακονίας μετεῖναι φάσκων. Λανθάνει γὰρ οὕτως ἀκροατὴς τοῖς ἰδίοις ἐπαίνοις συνυποδυόμενον τὸν τοῦ λέγοντος ἡδέως προσδεχόμενος, καὶ χαίρει μὲν ἐφ´ οἷς κατώρθωσε λεγομένοις, τῷ δὲ χαίρειν εὐθὺς ἕπεται τὸ θαυμάζειν καὶ ἀγαπᾶν δι´ ὃν κατώρθωσεν. Ὅθεν καὶ Ἐπαμεινώνδας Μενεκλείδου ποτὲ χλευάζοντος αὐτὸν ὡς μεῖζον τοῦ Ἀγαμέμνονος (742c) φρονοῦντα « δι´ ὑμᾶς γ´, » εἶπεν « ἄνδρες Θηβαῖοι, μεθ´ ὧν μόνων ἐν ἡμέρᾳ μιᾷ κατέλυσα τὴν Λακεδαιμονίων ἀρχήν. » Ἐπεὶ δὲ τῷ μὲν ἑαυτὸν ἐπαινοῦντι πολεμοῦσιν οἱ πολλοὶ σφόδρα καὶ ἄχθονται, τῷ δ´ ἕτερον οὐχ ὁμοίως, ἀλλὰ καὶ χαίρουσι πολλάκις καὶ συνεπιμαρτυροῦσι προθύμως, εἰώθασιν ἔνιοι τοὺς ταὐτὰ προαιρουμένους καὶ πράττοντας αὐτοῖς καὶ ὅλως ὁμοιοτρόπους ἐπαινοῦντες ἐν καιρῷ συνοικειοῦν καὶ συνεπιστρέφειν πρὸς ἑαυτοὺς τὸν ἀκροατήν· ἐπιγινώσκει γὰρ εὐθὺς ἐν τῷ λέγοντι, κἂν περὶ ἄλλου λέγηται, δι´ ὁμοιότητα τὴν ἀρετὴν τῶν αὐτῶν ἀξίαν ἐπαίνων οὖσαν. (742d) Ὡς γὰρ λοιδορῶν ἕτερον οἷς αὐτὸς ἔνοχός ἐστιν οὐ λανθάνει λοιδορῶν μᾶλλον ἑαυτὸν ἐκεῖνον, οὕτως οἱ ἀγαθοὶ τοὺς ἀγαθοὺς τιμῶντες ἀναμιμνήσκουσιν αὑτῶν τοὺς συνειδότας· ὥστ´ εὐθὺς ἐπιφωνεῖν « Σὺ γὰρ οὐ τοιοῦτος; » Ἀλέξανδρος μὲν οὖν Ἡρακλέα τιμῶν καὶ πάλιν Ἀλέξανδρον Ἀνδρόκοττος ἑαυτοὺς εἰς τὸ τιμᾶσθαι προῆγον ἀπὸ τῶν ὁμοίων, Διονύσιος δὲ τὸν Γέλωνα διασύρων καὶ γέλωτα τῆς Σικελίας ἀποκαλῶν ἐλάνθανεν ὑπὸ φθόνου καθαιρῶν τὸ μέγεθος καὶ τὸ ἀξίωμα τῆς περὶ αὑτὸν δυνάμεως. Ταῦτα μὲν οὖν καὶ ἄλλως ἐπίστασθαι καὶ παραφυλάττειν τῷ πολιτικῷ προσήκει. Τοὺς δ´ ἀναγκασθέντας (742e) ἐπαινεῖν αὑτοὺς ἐλαφροτέρους παρέχει καὶ τὸ μὴ πάντα προσποιεῖν ἑαυτοῖς, ἀλλ´ ὥσπερ φορτίου τῆς δόξης τὸ μὲν εἰς τὴν τύχην τὸ δ´ εἰς τὸν θεὸν ἀποτίθεσθαι. Διὸ καλῶς μὲν Ἀχιλλεύς « Ἐπεὶ δὴ τόνδ´ ἄνδρα θεοὶ δαμάσασθαι ἔδωκαν, » καλῶς δὲ Τιμολέων, ἐν Συρακούσαις Αὐτοματίας βωμὸν ἱδρυσάμενος ἐπὶ ταῖς πράξεσι καὶ τὴν οἰκίαν Ἀγαθῷ Δαίμονι καθιερώσας· ἄριστα δὲ Πύθων Αἴνιος, ἐπειδὴ Κότυν ἀποκτείνας ἧκεν εἰς Ἀθήνας καὶ τῶν δημαγωγῶν διαμιλλωμένων τοῖς ἐγκωμίοις αὐτοῦ πρὸς τὸν δῆμον ᾔσθετο βασκαίνοντας ἐνίους καὶ βαρυνομένους, παρελθών « Ταῦτ´, » (742f) εἶπεν « ἄνδρες Ἀθηναῖοι, θεός τις ἔπραξεν, ἡμεῖς δὲ τὰς χεῖρας ἐχρήσαμεν. » ἀφῄρει δὲ καὶ Σύλλας τὸν φθόνον ἀεὶ τὴν Τύχην ἐπαινῶν, καὶ τέλος Ἐπαφρόδιτον ἑαυτὸν ἀνηγόρευσε. Μᾶλλον γὰρ εὐτυχίας ἀρετῆς ἡττᾶσθαι βούλονται, τὸ μὲν ἀλλότριον ἀγαθὸν ἡγούμενοι τὸ δ´ οἰκεῖον ἔλλειμμα καὶ παρ´ αὑτοὺς γενόμενον. [742] Métellus reprochait à Cicéron (742a) d'avoir fait périr plus de citoyens par les témoignages qu'il portait contre eux, qu'il n'en avait sauvé par ses plaidoyers. « C'est, lui répondit Cicéron, que j'ai encore plus de probité que d'éloquence. » Tels sont encore ces passages de Démosthène : « Quel est, dit-il, le citoyen qui ne m'eût justement condamné à mourir, si j'eusse terni seulement par mes paroles l'éclat de vos belles actions?» Et ailleurs : « Que pensez-vous qu'eussent dit ces hommes corrompus si, pour soutenir nos droits avec trop de rigueur, j'eusse éloigné nos villes alliées? » En général, dans tout ce discours, en répondant aux accusations de son adversaire, il fait son éloge avec beaucoup d'adresse. Un autre artifice à remarquer dans ce discours, (742b) c'est qu'en mêlant à ses propres louanges celles de ses auditeurs, il prévient l'envie et l'inculpation d'amour-propre. Ainsi, quand il rapporte la manière dont les Athéniens s'étaient conduits à l'égard des Eubéens et des Thébains, les services qu'ils avaient rendus aux habitants de Byzance et de la Chersonèse, il dit que, dans toutes ces occasions, il avait été le ministre de leurs volontés. L'auditeur, secrètement gagné par le bien qu'on dit de lui, écoute avec plaisir l'orateur. Il applaudit au récit qu'il entend faire de ses succès ; et, par une suite nécessaire, il admire et chérit celui à qui il en est redevable. Ménéclide raillait Épaminondas de ce qu'il pensait plus avantageusement de lui-même que n'avait fait (742c) Agamemnon : « Oui, Thébains, répondit-il, je l'avoue ; mais c'est à vous que je le dois, à vous avec qui seuls j'ai détruit en un jour toute la puissance des Spartiates. » On est révolté contre ceux qui se louent eux-mêmes, mais on les écoute avec plaisir quand ils louent les autres, et on confirme le témoignage qu'ils leur rendent. Un homme adroit sait donc louer à propos ceux qui ont les mêmes goûts, les mêmes habitudes, les mêmes inclinations que lui, et par là il s'insinue dans la bienveillance des auditeurs, qui, reconnaissant en lui les vertus qu'il loue dans les autres, le jugent digne de partager les louanges qu'il leur donne. (742d) Reprocher à un autre les fautes dont on est soi-même coupable, c'est se faire plus de tort qu'à lui. Par une raison contraire, les gens de bien qui louent les personnes qui leur ressemblent rappellent à ceux dont ils sont connus le souvenir de leurs vertus, et les font s'écrier aussitôt : « C'est votre portrait que vous faites. » C'est ainsi qu'Alexandre, en rendant hommage à Hercule, et Androcoptus à Alexandre, méritèrent d'être eux-mêmes honorés par leurs égaux. Denys, au contraire, qui se moquait de Gélon, et qui disait de lui qu'il avait été la risée de la Sicile, ne s'apercevait pas qu'en excitant l'envie contre lui-même, il sapait les fondements de sa puissance et de son autorité. Voilà des exemples qu'un homme en place doit toujours avoir présents à l'esprit, pour en faire son profit dans l'occasion. Quand les circonstances exigeront (742e) qu'on se loue soi-même, afin de rendre les louanges plus supportables et de diminuer ce qu'elles ont d'odieux, il convient d'attribuer la plus grande partie de ses succès à Dieu et à la fortune. C'est pour cela qu'Homère fait sagement dire à Achille : "Puisque les dieux sur lui m'ont donné la victoire". Ce fut avec la même sagesse que Timoléon, après ses grands exploits, fit dresser à Syracuse un autel à la déesse des heureux événements, et qu'il consacra sa maison au génie favorable. Pithon l'Enéen étant venu à Athènes, après la mort du roi Cotys, et voyant que les éloges que les orateurs lui prodiguaient devant le peuple excitaient l'envie de quelques citoyens, il dit en pleine assemblée : « Athéniens, (742f) c'est un dieu qui l'a vaincu ; je n'ai fait que lui prêter ma main. » Sylla prévint l'envie en attribuant tous ses succès à la fortune, et en se faisant appeler le favori de Vénus. Les hommes aiment mieux qu'on les surpasse en fortune qu'en vertu, parce que l'une est un avantage étranger à l'homme, et l'autre un mérite propre et personnel.


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Dernière mise à jour : 16/07/2008