HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - Comment on peut se louer soi-même sans s'exposer à l'envie

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[741] στεφανωσάμενοι συνανέβησαν εἰς τὸ Καπιτώλιον (741a) | καὶ συνέθυσαν. μὲν γὰρ οὐκ ἀναγκαίως ἀλλ´ ὑπὲρ δόξης ἐχρῆτο τοῖς ἐπαίνοις, τοῦ δ´ ἀφῄρει τὸν φθόνον κίνδυνος. Οὐ μόνον δὲ κρινομένοις καὶ κινδυνεύουσιν, ἀλλὰ καὶ δυστυχοῦσι μᾶλλον ἁρμόζει μεγαλαυχία καὶ κόμπος εὐτυχοῦσιν. Οἱ μὲν γὰρ οἷον ἐπιδράττεσθαι τῆς δόξης καὶ ἀπολαύειν χαριζόμενοι τῷ φιλοτίμῳ δοκοῦσιν, οἱ δὲ πόρρω φιλοτιμίας διὰ τὸν καιρὸν ὄντες ἐξαναφέρειν πρὸς τὴν τύχην καὶ ὑπερείδειν τὸ φρόνημα καὶ φεύγειν ὅλως τὸ ἐλεεινὸν καὶ συνεπιθρηνοῦν τοῖς ἀβουλήτοις καὶ ταπεινούμενον. Ὥσπερ οὖν τοὺς ἐν τῷ περιπατεῖν ἐπαιρομένους καὶ (741b) ὑψαυχενοῦντας ἀνοήτους ἡγούμεθα καὶ κενούς, ἂν δὲ πυκτεύοντες μαχόμενοι διεγείρωσι καὶ ἀνάγωσιν ἑαυτούς, ἐπαινοῦμεν, οὕτως ἀνὴρ ὑπὸ τύχης σφαλλόμενος ἑαυτὸν εἰς ὀρθὸν καθιστὰς καὶ ἀντίπαλον « Πύκτης ὅπως εἰς χεῖρας » , ἐκ τοῦ ταπεινοῦ καὶ οἰκτροῦ τῇ μεγαλαυχίᾳ μεταφέρων εἰς τὸ γαῦρον καὶ ὑψηλόν, οὐκ ἐπαχθὴς οὐδὲ θρασὺς ἀλλὰ μέγας εἶναι δοκεῖ καὶ ἀήττητος. Ὥς που καὶ τὸν Πάτροκλον ποιητὴς μέτριον καὶ ἀνεπίφθονον ἐν τῷ κατορθοῦν ἐν δὲ τῷ τελευτᾶν μεγαλήγορον πεποίηκε λέγοντα « Τοιοῦτοι δ´ εἴπερ μοι ἐείκοσιν ἀντεβόλησαν. » (741c) Καὶ Φωκίων τἄλλα πρᾶος ἦν, μετὰ δὲ τὴν καταδίκην ἄλλοις τε πολλοῖς διεδείκνυε τὴν μεγαλοφροσύνην, καὶ πρὸς ἕνα τῶν συναποθνῃσκόντων ὀδυρόμενον καὶ δυσανασχετοῦντα « Τί λέγεις » εἶπεν « οὗτος; οὐκ ἀγαπᾷς ἀποθνῄσκων μετὰ Φωκίωνος; » Ἔτι τοίνυν οὐχ ἧττον ἀλλὰ καὶ μᾶλλον ἀδικουμένῳ τῷ πολιτικῷ δέδοται τὸ λέγειν τι περὶ αὑτοῦ πρὸς τοὺς ἀγνωμονοῦντας. Ὥσπερ Ἀχιλλεὺς ἄλλως μὲν ὑφίετο τῷ θείῳ τῆς δόξης καὶ μέτριος ἦν λέγων « Αἴ κέ ποθι Ζεύς δῷσι πόλιν Τροίην εὐτείχεον ἐξαλαπάξαι, » ὑβρισθεὶς δὲ παρ´ ἀξίαν καὶ προπηλακισθεὶς ἐφίησι τὴν (741d) μεγαλαυχίαν τῇ ὀργῇ « Δώδεκα γὰρ σὺν νηυσὶ πόλεις ἀλάπαξ´ ἀνθρώπων » καί « Οὐ γὰρ ἐμῆς κόρυθος λεύσουσι μέτωπον ἐγγύθι λαμπομένης. » Δέχεται γὰρ παρρησία, μέρος οὖσα τῆς δικαιολογίας, τὴν μεγαληγορίαν. Ἀμέλει δὲ καὶ Θεμιστοκλῆς οὐδὲν ἐπὶ τῶν πράξεων εἰπὼν οὐδὲ ποιήσας ἐπαχθές, ὁπηνίκα τοὺς Ἀθηναίους ἑώρα μεστοὺς ὄντας αὐτοῦ καὶ περιορῶντας, οὐκ ἐφείδετο λέγειν « Τί, μακάριοι, κοπιᾶτε πολλάκις ὑπὸ τῶν αὐτῶν εὖ πάσχοντες; » καὶ ὅτι « Χειμαζόμενοι μὲν (741e) ὥσπερ ὑπὸ δένδρον ὑποφεύγετε, γενομένης δ´ εὐδίας τίλλετε παρεξιόντες. » Οὗτοι μὲν οὖν ἄλλως ἀδικούμενοι τῶν κατωρθωμένων ἐμέμνηντο πρὸς τοὺς ἀγνωμονοῦντας· δ´ ἐπ´ αὐτοῖς ψεγόμενος οἷς κατώρθωκε καὶ παντάπασι συγγνωστός ἐστι καὶ ἄμεμπτος ἐγκωμιάζων τὰ πεπραγμένα· δοκεῖ γὰρ οὐκ ὀνειδίζειν ἀλλ´ ἀπολογεῖσθαι. Τοῦτο γοῦν λαμπρὰν τῷ Δημοσθένει παρρησίαν ἐδίδου καὶ τὸν κόρον ἀφῄρει τῶν ἐπαίνων, οἷς παρὰ πάντα τὸν λόγον ὁμοῦ τι τὸν ὑπὲρ τοῦ στεφάνου κέχρηται, σεμνυνόμενος οἷς ἐνεκαλεῖτο περὶ τοῦ πολέμου πρεσβεύμασι καὶ ψηφίσμασιν. Οὐ πόρρω δὲ τούτου τεταγμένον ἔχει τινὰ χάριν τὸ τῆς ἀντιθέσεως, (741f) ὅταν, ἐφ´ τις ἐγκαλεῖται, τούτου τοὐναντίον αἰσχρὸν ἀποδεικνύῃ καὶ φαῦλον. Ὡς Λυκοῦργος ἐν Ἀθήναις ἐπὶ τῷ πεπεικέναι τὸν συκοφάντην ἀργυρίου λοιδορούμενος « Εἶτ´ » ἔφη « ποῖός τις ὑμῖν δοκῶ εἶναι πολίτης, ὃς τοσοῦτον χρόνον τὰ δημόσια πράττων παρ´ ὑμῖν διδοὺς μᾶλλον ἀδίκως λαμβάνων εἴλημμαι; » [741] ils mirent sur leurs têtes des couronnes de fleurs, et montèrent avec lui au Capitole, (741a) pour y offrir à Jupiter un sacrifice d'actions de grâces. C'est que Cicéron se louait sans nécessité et par le seul motif d'une vaine gloire ; mais Scipion se trouvait en danger, et cette circonstance ôtait à ses louanges ce que sans cela elles auraient eu d'odieux. Il est permis à des accusés, et à ceux que l'adversité accable, de se louer eux-mêmes. Les gens heureux n'ont pas ce droit. Ceux-ci ne le font que pour satisfaire leur ambition et leur vaine gloire ; les autres, dans leur état, sont à l'abri de ce soupçon ; ils ne font que se roidir contre la fortune, et conserver un courage qu'il serait honteux de perdre en s'abaissant pour exciter la compassion. Un homme qui se dresse en marchant, et qui porte la tête haute, (741b) passe pour vain et léger. Les athlètes qui, dans les combats, se dressent sur eux-mêmes et se relèvent le plus qu'ils peuvent, obtiennent nos suffrages ; de même un homme qui, renversé par la fortune, se relève plein de confiance et se présente avec fermeté pour lutter contre elle ; qui, au lieu de chercher à exciter la pitié, montre dans ses discours et dans sa conduite de la grandeur d'âme et du courage, passe, non pour un homme fier et présomptueux, mais pour une âme ferme qui sait maîtriser la fortune. Homère nous peint Patrocle doux et modeste dans les succès ; mais quand il est sur le point de mourir, il le fait parler de lui-même avec une noble confiance : "J'aurais osé braver vingt guerriers comme toi". (741c) Phocion, qui d'ailleurs était d'un caractère si doux, donna, après sa condamnation, plusieurs preuves de sa grandeur d'âme. Entre autres, comme il vit un de ceux qu'on menait avec lui au supplice qui pleurait et se lamentait, « Eh quoi! lui dit-il, ne dois-tu pas t'estimer heureux de mourir avec Phocion? » Tant il est vrai qu'un homme d'État injustement condamné a plus de droit que personne de parler de lui-même avec avantage devant ceux qui paient ses services par l'ingratitude! Achille rapporte toujours aux dieux la gloire de ses succès, et dit avec modestie : "Si le maître du ciel, favorable à nos vœux, Fait tomber sous nos coups le Troyen orgueilleux". Mais lorsqu'il se voit indignement traité, dans sa colère (741d) il rappelle avec confiance ses exploits : "Avec mes seuls vaisseaux j'ai soumis douze villes". Et ailleurs : "Ils seront effrayés de l'éclat de mes armes". Quand les éloges qu'un homme se donne font partie de sa justification, ils sont raisonnables et bien placés. Tant que Thémistocle rendit à sa patrie les plus grands services, il ne s'en vanta jamais. Lorsqu'il vit les Athéniens, rassasiés, pour ainsi dire, de ses belles actions, le traiter avec indifférence, il ne craignit point de leur tenir ce langage plein de fermeté: « Ô hommes inconsidérés, leur dit-il, vous vous lassez donc de recevoir souvent des bienfaits des mêmes personnes? Dans les temps d'orage, vous avez recours à moi, (741e) et je suis l'arbre qui vous sert d'abri ; mais quand le calme est revenu, vous en arrachez les branches. » Ces grands hommes, pour repousser l'injustice d'un peuple ingrat, lui rappelaient leurs services. Mais celui qui se voit blâmé même des belles actions qu'il a faites, est bien excusable d'en faire l'éloge devant ses accusateurs: il a moins l'air de leur reprocher leur ingratitude que de faire son apologie. C'est ce qui autorise Démosthène à parler de lui-même avec une honnête liberté, et qui empêche qu'on ne trouve fastidieuses les louanges qu'il se donne à tout moment dans sa harangue sur la couronne, où il se glorifie des choses même dont on lui faisait un crime, de ses ambassades et de ses décrets pour la guerre. Il n'est pas moins honnête de retourner contre un adversaire l'objection qu'il nous fait, (741f) et de montrer que c'est le contraire de ce qu'il nous impute qui serait vicieux et blâmable. Ainsi Lycurgue l'Athénien, accusé d'avoir donné de l'argent à un calomniateur, afin de l'engager à se taire, dit pour sa défense : « Que penserez-vous d'un citoyen qui, après avoir administré si longtemps les affaires publiques, est convaincu d'avoir plutôt donné que pris de l'argent injustement? »


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Dernière mise à jour : 16/07/2008