[22] (22a)
Τιμοθέῳ μὲν γὰρ ᾄδοντι τὴν Ἄρτεμιν ἐν τῷ θεάτρῳ
Μαινάδα θυιάδα φοιβάδα λυσσάδα
Κινησίας εὐθὺς ἀντεφώνησε « τοιαύτη σοι θυγάτηρ γένοιτο. » Χαρίεν δὲ καὶ
τὸ τοῦ Βίωνος πρὸς τὸν Θέογνιν λέγοντα πᾶς γὰρ ἀνὴρ πενίῃ δεδμημένος οὔτε
τι εἰπεῖν οὔτ´ ἔρξαι δύναται, γλῶσσα δέ οἱ δέδεται
« Πῶς οὖν σὺ πένης ὢν φλυαρεῖς τοσαῦτα καὶ καταδολεσχεῖς ἡμῶν; »
(22b) Δεῖ δὲ μηδὲ τὰς ἐκ τῶν παρακειμένων ἢ συμφραζομένων παραλιπεῖν
ἀφορμὰς πρὸς τὴν ἐπανόρθωσιν, ἀλλ´ ὥσπερ οἱ ἰατροὶ τῆς κανθαρίδος οὔσης
θανασίμου τοὺς πόδας ὅμως καὶ τὰ πτερὰ βοηθεῖν οἴονται καὶ ἀναλύειν τὴν
δύναμιν, οὕτως ἐν τοῖς ποιήμασι, κἂν ὄνομα κἂν ῥῆμα παρακείμενον
ἀμβλυτέραν ποιῇ τὴν πρὸς τὸ χεῖρον ἀπαγωγήν, ἐπιλαμβάνεσθαι καὶ
προσδιασαφεῖν, ὡς ἐπὶ τούτων ἔνιοι ποιοῦσι
Τοῦτό νύ που γέρας ἐστὶν ὀιζυροῖσι βροτοῖσι,
κείρασθαί τε κόμην βαλέειν τ´ ἀπὸ δάκρυ παρειῶν
καὶ
Ὣς γὰρ ἐπεκλώσαντο θεοὶ δειλοῖσι βροτοῖσι,
ζώειν ἀχνυμένοις.
(22c) Οὐ γὰρ ἁπλῶς εἶπε καὶ πᾶσιν ἀνθρώποις ὑπὸ θεῶν ἐπικεκλῶσθαι λυπηρὸν
βίον, ἀλλὰ τοῖς ἄφροσι καὶ ἀνοήτοις, οὓς δειλαίους καὶ οἰκτροὺς διὰ
μοχθηρίαν ὄντας εἴωθε « δειλοὺς » καὶ « ὀιζυροὺς » προσαγορεύειν.
Ἄλλος τοίνυν τρόπος ἐστὶ τὰς ἐν τοῖς ποιήμασιν ὑποψίας πρὸς τὸ βέλτιον ἐκ
τοῦ χείρονος μεθιστὰς ὁ διὰ τῶν ὀνομάτων τῆς συνηθείας, περὶ ὃν δεῖ τὸν
νέον γεγυμνάσθαι μᾶλλον ἢ περὶ τὰς λεγομένας γλώττας. Ἐκεῖνο μὲν γὰρ
φιλόλογον καὶ οὐκ ἀηδὲς ὅτι « ῥιγεδανὸς » κακοθάνατός ἐστιν εἰδέναι
(« δάνον » γὰρ Μακεδόνες τὸν θάνατον καλοῦσι), « καμμονίαν » δὲ νίκην
Αἰολεῖς τὴν ἐξ ἐπιμονῆς καὶ καρτερίας, (22d) Δρύοπες δὲ « πόπους » τοὺς
δαίμονας. Τουτὶ δ´ ἀναγκαῖον καὶ χρήσιμον, εἰ μέλλομεν ἐκ τῶν ποιημάτων
ὠφεληθήσεσθαι καὶ μὴ βλαβήσεσθαι, τὸ γιγνώσκειν πῶς τοῖς τῶν θεῶν ὀνόμασιν
οἱ ποιηταὶ χρῶνται καὶ πάλιν τοῖς τῶν κακῶν καὶ ἀγαθῶν, καὶ τί τὴν Τύχην
τί τὴν Μοῖραν νοοῦντες ὀνομάζουσι, καὶ πότερον ταῦτα τῶν ἁπλῶς ἢ τῶν
πολλαχῶς λεγομένων ἐστὶ παρ´ αὐτοῖς, ὥσπερ ἄλλα πολλά. Καὶ γὰρ « οἶκον »
ποτὲ μὲν τὴν οἰκίαν καλοῦσιν
Οἶκον ἐς ὑψόροφον
(22e) ποτὲ δὲ τὴν οὐσίαν
Ἐσθίεταί μοι οἶκος,
καὶ « βίοτον » ποτὲ μὲν τὸ ζῆν
Ἀμενήνωσεν δέ οἱ αἰχμὴν
κυανοχαῖτα Ποσειδάων, βιότοιο μεγήρας
ποτὲ δὲ τὰ χρήματα
Βίοτον δέ μοι ἄλλοι ἔδουσι,
καὶ τῷ « ἀλύειν » ποτὲ μὲν ἀντὶ τοῦ δάκνεσθαι καὶ ἀπορεῖσθαι κέχρηται ὣς
ἔφαθ´,
Ἡ δ´ ἀλύους´ ἀπεβήσετο, τείρετο δ´ αἰνῶς
ποτὲ δ´ ἀντὶ τοῦ γαυριᾶν καὶ χαίρειν
Ἦ ἀλύεις ὅτι Ἶρον ἐνίκησας τὸν ἀλήτην;
Καὶ τῷ « θοάζειν » ἢ τὸ κινεῖσθαι σημαίνουσιν, ὡς Εὐριπίδης
Κῆτος θοάζον ἐξ Ἀτλαντικῆς ἁλός,
ἢ τὸ καθέζεσθαι καὶ θάσσειν, ὡς Σοφοκλῆς
(22f) Τίνας πόθ´ ἕδρας τάσδε μοι θοάζετε
ἱκτηρίοις κλάδοισιν ἐξεστεμμένοι;
Χάριεν δὲ καὶ τὸ τὴν χρείαν τῶν ὀνομάτων συνοικειοῦν τοῖς ὑποκειμένοις
πράγμασιν, ὡς οἱ γραμματικοὶ διδάσκουσιν, ἄλλοτε πρὸς ἄλλην δύναμιν
λαμβάνοντες, οἷόν ἐστι
Νῆ´ ὀλίγην αἰνεῖν, μεγάλῃ δ´ ἐνὶ φορτία θέσθαι.
Τῷ μὲν γὰρ « αἰνεῖν » σημαίνεται τὸ ἐπαινεῖν, αὐτῷ δὲ τῷ ἐπαινεῖν ἀντὶ
τοῦ παραιτεῖσθαι νῦν κέχρηται,
| [22] (22a) Timothée (17) avait, en plein théâtre, appelé
Diane insensée, furieuse, enragée : « Puisses-tu, lui dit Cinésias, avoir
une fille qui lui ressemble ! » Le poète Théognis ayant dit quelque part :
"Dans les liens de l'indigence
Quand un mortel est retenu,
Il devient, pour agir, sans force et sans vertu,
Et sa langue captive est réduite au silence".
« Comment donc, lui dit Bion, pauvre comme tu l'es, nous étourdis-tu de
ton babil ? »
(22b) Il faut profiter aussi de ce qu'il peut y avoir dans ces passages
mêmes de propre à rectifier la pensée du poète. Les cantharides sont un
poison mortel ; cependant les médecins en emploient les pieds et les
ailes, pour arrêter l'effet de leur venin. Ainsi, dans les poètes, un mot,
une expression, peuvent corriger des pensées qui présentent un sens
vicieux, et en affaiblir l'impression. C'est par là qu'on éclaircit ce
qu'un passage peut avoir d'équivoque, comme dans ces vers d'Homère :
"Pressés par la douleur, tes mortels malheureux
S'abandonnent aux pleurs, s'arrachent les cheveux";
et dans ceux-ci déjà cités :
"Aux humains malheureux les dieux, dans leur colère,
Filent des jours tissus de peine et de misère",
(22c) il ne dit pas que les dieux filent à tous les humains des jours de
peine et de douleur, mais à ceux qui n'ont ni raison ni prudence, et qu'il
appelle malheureux ou misérables, parce que le défaut de sagesse les rend
dignes de pitié.
Il est un autre moyen de donner à ces passages équivoques une explication
favorable, et de prévenir les mauvais effets qu'ils pourraient produire :
c'est de faire bien connaître aux jeunes gens la propriété de certaines
expressions familières aux poètes, plutôt que de s'arrêter à l'explication
des termes extraordinaires et inusités qui s'y rencontrent.
C'est, par exemple, une sorte d'érudition
qui peut avoir quelque agrément que de savoir que le mot g-rigedanos
signifie une mort funeste, parce que les Macédoniens appellent la mort
danos ; que chez les Étoliens, g-kammonian signifie une victoire qui est le
fruit du travail et de la patience ; (22d) que les Dryopes appellent les
démons Popoi. Mais une connaissance bien plus utile et plus nécessaire,
pour tirer du fruit de la lecture des poètes, c'est de connaître les
acceptions qu'ils donnent aux noms des dieux, aux termes qui expriment les
biens et les maux ; ce qu'ils entendent par âme et par destinée ; s'ils
prennent toujours ces mots et bien d'autres dans une même signification,
ou s'il leur en donnent plusieurs; différentes. Le mot g-oikon signifie
quelquefois maison, comme dans ce vers d'Homère :
"Sa superbe maison dans les airs élevée";
(22e) quelquefois les biens, les richesses, comme dans celui-ci :
"Par tous ces ravisseurs ma maison dévorée".
Biotos se prend souvent pour vie :
"Mais le dieu de la mer, qui veille sur sa vie,
Affaiblit tous les coups dont elle est assaillie".
Il signifie richesse dans le passage suivant :
"D'avides étrangers qui consument ma vie".
Homère se sert du verbe aluein, tantôt pour se chagriner, se livrer à la douleur :
"La déesse à ces mots de douleur transportée ;
tantôt pour s'enorgueillir, se laisser aller à une joie excessive :
La défaite d'Irus enorgueillit ton coeur".
Thoazein signifie se mouvoir, s'agiter avec impétuosité, comme dans
Euripide :
"Des flots de l'Océan un monstre affreux s'élance";
ou bien, être assis, comme dans Sophocle :
(22f) "Que veulent ces enfants près de l'autel assis
Qui, ceints de rameaux verts, frappent l'air de leurs cris" ?
Pour s'assurer du vrai sens de certains termes, qui, comme l'enseignent
les grammairiens, changent de signification selon l'usage qu'on en fait,
il faut les comparer avec les matières que l'on traite. Dans ces vers
d'Hésiode :
"Que d'autres fassent cas des plus petits vaisseaux.
Moi, c'est sur les plus grands que j'affronte les flots",
le mot ainein, qu'il emploie pour faire cas, signifie la même chose que
epainein, qui proprement veut dire louer. Mais ici il se prend pour
refuser ; comme dans le langage ordinaire nous disons :
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