[21] Πολλαῖσι μορφαῖς οἱ θεοὶ σοφισμάτων
(21a) σφάλλουσιν ἡμᾶς κρείσσονες πεφυκότες
οὐ χεῖρόν ἐστιν ὑπενεγκεῖν τό
Εἰ θεοί τι δρῶσι φαῦλον, οὔκ εἰσιν θεοί,
βέλτιον εἰρημένον ὑπ´ αὐτοῦ. Καὶ τοῦ Πινδάρου σφόδρα πικρῶς καὶ
παροξυντικῶς εἰρηκότος
Χρὴ δὲ πᾶν ἔρδοντ´ ἀμαυρῶσαι τὸν ἐχθρόν,
Ἀλλ´ αὐτός γε σὺ λέγεις ὅτι
τὸ πὰρ δίκαν
γλυκὺ πικροτάτα μένει τελευτά,
καὶ τοῦ Σοφοκλέους
Τὸ κέρδος ἡδύ, κἂν ἀπὸ ψευδῶν ἴῃ,
καὶ μὴν σοῦ γ´ ἀκηκόαμεν ὡς
Οὐκ ἐξάγουσι καρπὸν οἱ ψευδεῖς λόγοι.
(21b) Πρὸς δ´ ἐκεῖνα τὰ περὶ τοῦ πλούτου
Δεινὸς γὰρ ἕρπειν πλοῦτος ἔς τε τἄβατα
καὶ πρὸς βέβηλα, χὡπόθεν πένης ἀνὴρ
οὐδ´ ἐντυχὼν δύναιτ´ ἂν ὧν ἐρᾷ τυχεῖν.
Καὶ γὰρ δυσειδὲς σῶμα καὶ δυσώνυμον
γλώσσῃ σοφὸν τίθησιν εὔμορφόν τ´ ἰδεῖν
ἀντιπαραθήσει πολλὰ τῶν Σοφοκλέους, ὧν καὶ ταῦτ´ ἐστὶ
Γένοιτο κἂν ἄπλουτος ἐν τιμαῖς ἀνήρ
καὶ
Οὐδὲν κακίων πτωχός, εἰ καλῶς φρονεῖ
καὶ
(21c) Ἀλλὰ τῶν πολλῶν καλῶν
τίς χάρις, εἰ κακόβουλος
φροντὶς ἐκτρέφει τὸν εὐαίωνα πλοῦτον;
Ὁ δὲ Μένανδρος ἐπῆρε μὲν ἀμέλει τὴν φιληδονίαν καὶ ὑπεχαύνωσε τοῖς
ἐρωτικοῖς καὶ διαπύροις ἐκείνοις
Ἅπανθ´ ὅσα ζῇ καὶ τὸν ἥλιον βλέπει
τὸν κοινὸν ἡμῖν, δοῦλα ταῦτ´ ἔσθ´ ἡδονῆς.
Πάλιν δ´ ἐπέστρεψε καὶ περιέσπασε πρὸς τὸ καλὸν ἡμᾶς καὶ τὴν θρασύτητα τῆς
ἀκολασίας ἐξέκοψεν εἰπὼν
Ὄνειδος αἰσχρὸς βίος ὅμως κἂν ἡδὺς ᾖ.
(21d) Ταῦτα γὰρ ἐκείνοις μέν ἐστιν ὑπεναντία, βελτίω δὲ καὶ χρησιμώτερα.
Δυεῖν οὖν θάτερον ἡ τοιαύτη τῶν ἐναντίων ποιήσει παράθεσις καὶ κατανόησις,
ἢ παράξει πρὸς τὸ βέλτιον ἢ καὶ τοῦ χείρονος ἀποστήσει τὴν πίστιν.
Ἂν δ´ αὐτοὶ μὴ διδῶσι τῶν ἀτόπως εἰρημένων λύσεις, οὐ χεῖρόν ἐστιν ἑτέρων
ἐνδόξων ἀποφάσεις ἀντιτάττοντας ὥσπερ ἐπὶ ζυγοῦ ῥέπειν πρὸς τὸ βέλτιον.
Οἷον τοῦ Ἀλέξιδος κινοῦντος ἐνίους ὅταν λέγῃ
Τὰς ἡδονὰς δεῖ συλλέγειν τὸν σώφρονα.
Τρεῖς δ´ εἰσὶν αἵ γε τὴν δύναμιν κεκτημέναι
(21e) τὴν ὡς ἀληθῶς συντελοῦσαν τῷ βίῳ,
τὸ φαγεῖν τὸ πιεῖν τὸ τῆς Ἀφροδίτης τυγχάνειν·
τὰ δ´ ἄλλα προσθήκας ἅπαντα χρὴ καλεῖν,
ὑπομνηστέον ὅτι Σωκράτης τοὐναντίον ἔλεγε, τοὺς μὲν φαύλους ζῆν τοῦ
ἐσθίειν καὶ πίνειν ἕνεκα, τοὺς δ´ ἀγαθοὺς ἐσθίειν καὶ πίνειν ἕνεκα τοῦ
ζῆν. Πρὸς δὲ τὸν γράψαντα
Ποτὶ τὸν πονηρὸν οὐκ ἄχρηστον ὅπλον ἁ
πονηρία,
τρόπον τινὰ συνεξομοιοῦσθαι κελεύοντα τοῖς πονηροῖς, τὸ τοῦ Διογένους
παραβαλεῖν ἔστιν· ἐρωτηθεὶς (21f) γὰρ ὅπως ἄν τις ἀμύναιτο τὸν ἐχθρόν, «
αὐτός, » ἔφη, « καλὸς κἀγαθὸς γενόμενος. » Δεῖ δὲ τῷ Διογένει καὶ πρὸς
τὸν Σοφοκλέα χρήσασθαι· πολλὰς γὰρ ἀνθρώπων μυριάδας ἐμπέπληκεν ἀθυμίας
περὶ τῶν μυστηρίων ταῦτα γράψας
Ὡς τρισόλβιοι
κεῖνοι βροτῶν, οἳ ταῦτα δερχθέντες τέλη
μόλως´ ἐς Ἅιδου· τοῖσδε γὰρ μόνοις ἐκεῖ
ζῆν ἔστι, τοῖς δ´ ἄλλοισι πάντ´ ἐκεῖ κακά.
Διογένης δ´ ἀκούσας τι τοιοῦτο « τί λέγεις; » ἔφη· « κρείττονα μοῖραν
ἕξει Παταικίων ὁ κλέπτης ἀποθανὼν ἢ Ἐπαμεινώνδας ὅτι μεμύηται; »
| [21] "Ah ! trop souvent les dieux font servir leur puissance
(21a) A tromper des mortels la crédule imprudence",
il est facile d'opposer ce qu'il dit lui-même ailleurs, avec bien plus de
raison : "Si les dieux nous trompaient, ils ne seraient plus dieux".
Cette maxime de Pindare, qui respire la haine et la vengeance :
"Pour se venger d'un objet odieux
Il n'est rien qu'on ne doive faire",
peut être réfutée par cette autre du même poète :
"Dans un injuste dessein,
Un mortel ose-t-il se plaire?
Souvent une tragique fin
D'un désir criminel est le juste salaire".
À ces vers de Sophocle :
"Les biens acquis par l'imposture
Sont toujours doux à posséder",
opposons ceux-ci du même poète :
"Les fruits qui naissent du parjure
Ne sont pas faits pour prospérer".
(21b) Ces éloges de la richesse :
"Il n'est point de séjour à l'or impénétrable.
Tout s'ouvre devant lui, tout cède à ses attraits.
La pauvreté perd même les bienfaits
Qu'offrait à ses désirs le destin favorable.
La laideur, la difformité,
Quand elle est jointe à l'opulence,
Reçoit des mains de l'éloquence,
Tous les tributs qu'on rend à la beauté";
ces éloges, dis-je, sont combattus par plusieurs passages de Sophocle, et
entre autres par ceux-ci :
"Le pauvre vertueux, pour monter aux honneurs,
Doit avoir part à nos suffrages.
La vertu, quoique pauvre, au sein de ses malheurs,
Ne perd rien de ses avantages
(21c) A quoi servent les biens, les honneurs, l'abondance,
Quand de soins un essaim rongeur
Empoisonne leur jouissance,
Et verse sur nos jours un chagrin destructeur"?
Ménandre a loué quelque part, dans les termes les plus passionnés, le
pouvoir de la volupté :
"Tout ce qui vit et qui respire,
Tout ce que le soleil éclaire de ses feux,
Et sur la terre et dans les cieux,
Suit de la volupté l'inévitable empire".
Mais ailleurs il nous rappelle à des sentiments plus honnêtes, et nous
inspire de l'horreur pour les plaisirs des sens :
"D'un cœur voluptueux l'opprobre est le partage".
(21d) En rapprochant ainsi, et comparant ensemble ces passages contraires,
ou l'on amènera les jeunes gens à adopter les meilleurs, ou du moins on
détruira l'impression des autres.
Si l'on ne trouve pas dans un même poète des maximes saines qu'on puisse
opposer aux mauvaises, il sera facile d'en prendre dans d'autres auteurs
estimés, et de mettre en balance les unes avec les autres, pour tourner
l'esprit des jeunes gens vers les opinions les plus sensées. Bien des
gens, par exemple, sont ébranlés par ces vers du poète Alexis :
"Le sage des plaisirs doit faire son étude :
Entre les ris, le vin, et l'amour et les jeux,
(21e) Couler des jours sereins, exempts d'inquiétude,
C'est le seul art de vivre heureux".
Mais pour en affaiblir l'impression, il faut leur rappeler
cette parole de Socrate : que les voluptueux ne vivent que pour manger, et
que les hommes raisonnables ne mangent que pour vivre.
"Contre un pervers la malice est permise",
a dit un poète. Maxime qui semble nous porter à devenir nous-mêmes
méchants, pour punir la méchanceté des autres. (21f) On peut la réfuter
par la réponse de Diogène à un homme qui lui demandait comment il pourrait
se venger de son ennemi : En devenant homme de bien. Un autre mot de ce
philosophe peut servir à rassurer tous ceux que découragent ces vers de
Sophocle sur l'initiation aux mystères :
"Trois fois heureux ces mortels estimables
Qui des mystères redoutables
Ont pu pénétrer les secrets.
Seuls aux enfers, dans une douce paix,
De plaisirs enivrés ils couleront leur vie.
Mais les humains à qui les dieux
N'auront pas accordé cette faveur chérie,
Y seront condamnés il des tourments affreux".
« Eh quoi ! s'écria Diogène à ces paroles, le filou Pataecion, parce qu'il
a été initié aux mystères, sera dans les enfers plus heureux
qu'Épaminondas ! »
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