HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - Sur la manière de lire les poètes

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[23] καθάπερ ἐν τῇ συνηθείᾳ « καλῶς » φαμὲν «ἔχειν » (23a) καὶ « χαίρειν » κελεύομεν, ὅταν μὴ δεώμεθα μηδὲ λαμβάνωμεν. Οὕτω δὲ καὶ τὴν « ἐπαινὴν Περσεφόνειαν » ἔνιοί φασιν ὡς παραιτητὴν εἰρῆσθαι. Ταύτην δὴ τὴν διαίρεσιν καὶ διάκρισιν τῶν ὀνομάτων ἐν τοῖς μείζοσι καὶ σπουδαιοτέροις παραφυλάττοντες ἀπὸ τῶν θεῶν ἀρχώμεθα διδάσκειν τοὺς νέους ὅτι χρῶνται τοῖς τῶν θεῶν ὀνόμασιν οἱ ποιηταὶ ποτὲ μὲν αὐτῶν ἐκείνων ἐφαπτόμενοι τῇ ἐννοίᾳ, ποτὲ δὲ δυνάμεις τινὰς ὧν οἱ θεοὶ δοτῆρές εἰσι καὶ καθηγεμόνες ὁμωνύμως προσαγορεύοντες. Οἷον εὐθὺς Ἀρχίλοχος, ὅταν μὲν εὐχόμενος λέγῃ (23b) Κλῦθ´ ἄναξ Ἥφαιστε καί μοι σύμμαχος γουνουμένῳ ἵλαος γενοῦ, χαρίζευ δ´ οἷάπερ χαρίζεαι, αὐτὸν τὸν θεὸν ἐπικαλούμενος δῆλός ἐστιν· ὅταν δὲ τὸν ἄνδρα τῆς ἀδελφῆς ἠφανισμένον ἐν θαλάττῃ καὶ μὴ τυχόντα νομίμου ταφῆς θρηνῶν λέγῃ μετριώτερον ἂν τὴν συμφορὰν ἐνεγκεῖν Εἰ κείνου κεφαλὴν καὶ χαρίεντα μέλεα Ἥφαιστος καθαροῖσιν ἐν εἵμασιν ἀμφεπονήθη, τὸ πῦρ οὕτως, οὐ τὸν θεὸν προσηγόρευσε. Πάλιν δ´ μὲν Εὐριπίδης εἰπὼν ἐν ὅρκῳ Μὰ τὸν μετ´ ἄστρων Ζῆν´ Ἄρη τε φοίνιον αὐτοὺς τοὺς θεοὺς ὠνόμασε· τοῦ δὲ Σοφοκλέους λέγοντος (23c) Τυφλὸς γάρ, γυναῖκες, οὐδ´ ὁρῶν Ἄρης συὸς προσώπῳ πάντα τυρβάζει κακὰ τὸν πόλεμον ἔστιν ὑπακοῦσαι, καθάπερ αὖ τὸν χαλκὸν Ὁμήρου λέγοντος Τῶν νῦν αἷμα κελαινὸν ἐύρροον ἀμφὶ Σκάμανδρον ἐσκέδας´ ὀξὺς Ἄρης. Πολλῶν οὖν οὕτω λεγομένων εἰδέναι δεῖ καὶ μνημονεύειν ὅτι καὶ τῷ τοῦ Διὸς καὶ Ζηνὸς ὀνόματι ποτὲ μὲν τὸν θεὸν (23d) ποτὲ δὲ τὴν τύχην πολλάκις δὲ τὴν εἱμαρμένην προσαγορεύουσιν. Ὅταν μὲν γὰρ λέγωσι Ζεῦ πάτερ, Ἴδηθεν μεδέων, κύδιστε μέγιστε, δὸς νίκην Αἴαντι καὶ Ζεῦ, τίς εἶναί φησι σοῦ σοφώτερος; Τὸν θεὸν αὐτὸν λέγουσιν· ὅταν δὲ ταῖς αἰτίαις πάντων τῶν γιγνομένων ἐπονομάζωσι τὸν Δία καὶ λέγωσι Πολλὰς δ´ ἰφθίμους ψυχὰς Ἄϊδι προΐαψεν ἡρώων, αὐτοὺς δὲ ἑλώρια τεῦχε κύνεσσι οἰωνοῖσί τε δαῖτα, Διὸς δ´ ἐτελείετο βουλή, τὴν εἱμαρμένην. Οὐ γὰρ τὸν θεὸν ποιητὴς οἴεται κακὰ μηχανᾶσθαι τοῖς ἀνθρώποις, ἀλλὰ τὴν (23e) τῶν πραγμάτων ἀνάγκην ὀρθῶς ὑποδείκνυσιν, ὅτι καὶ πόλεσι καὶ στρατοπέδοις καὶ ἡγεμόσιν, ἂν μὲν σωφρονῶσιν, εὖ πράττειν πέπρωται καὶ κρατεῖν τῶν πολεμίων, ἂν δ´ εἰς πάθη καὶ ἁμαρτίας ἐμπεσόντες ὥσπερ οὗτοι διαφέρωνται πρὸς ἀλλήλους καὶ στασιάζωσιν, ἀσχημονεῖν καὶ ταράττεσθαι καὶ κακῶς ἀπαλλάττειν, κατὰ τὸν Σοφοκλέα· Εἱμαρμένον γὰρ τῶν κακῶν βουλευμάτων κακὰς ἀμοιβάς ἐστι καρποῦσθαι βροτοῖς. Καὶ μὴν Ἡσίοδος τὸν Προμηθέα ποιῶν τῷ Ἐπιμηθεῖ παρακελευόμενον Μή ποτε δῶρα δέξασθαι πὰρ Ζηνὸς Ὀλυμπίου ἀλλ´ ἀποπέμπειν, (23f) ἐπὶ τῇ τῆς τύχης δυνάμει τῷ τοῦ Διὸς ὀνόματι κέχρηται· τὰ γὰρ τυχηρὰ τῶν ἀγαθῶν Διὸς δῶρα κέκληκε, πλούτους καὶ γάμους καὶ ἀρχὰς καὶ πάνθ´ ὅλως τὰ ἐκτός, ὧν κτῆσις ἀνόνητός ἐστι τοῖς χρῆσθαι καλῶς μὴ δυναμένοις. Διὸ καὶ τὸν Ἐπιμηθέα φαῦλον ὄντα καὶ ἀνόητον οἴεται δεῖν φυλάττεσθαι καὶ δεδιέναι τὰς εὐτυχίας, ὡς βλαβησόμενον καὶ διαφθαρησόμενον ὑπ´ αὐτῶν. Καὶ πάλιν ὅταν λέγῃ Μηδέ ποτ´ οὐλομένην πενίην θυμοφθόρον ἀνδρὶ τέτλαθ´ ὀνειδίζειν, μακάρων δόσιν αἰὲν ἐόντων, θεόσδοτον νῦν τὸ τυχηρὸν εἴρηκεν, ὡς οὐκ ἄξιον ἐγκαλεῖν τοῖς διὰ τὴν τύχην πενομένοις, [23] (23a) Je vous remercie, je vous suis très obligé, lorsque nous ne voulons point de quelque chose qu'on nous offre. Aussi veut-on que le nom d'Epaineh qu'on donne à Proserpine, et qui signifie louable, désigne que c'est une déesse redoutable et funeste. Mais pour appliquer cette distinction qui regarde les mots à des objets plus importants, apprenons d'abord aux jeunes gens, par rapport aux dieux, que les poètes emploient leurs noms, tantôt pour les désigner eux-mêmes, tantôt pour exprimer certaines facultés qu'on leur attribue, et auxquelles on donne les noms mêmes des dieux. Dans les vers suivants, par exemple, il est évident que c'est le dieu Vulcain lui-même que le poète Archiloque implore : (23b) "Vulcain, entends ma voix, et, sensible à mes larmes, Daigne, par ton secours, dissiper mes alarmes". Mais lorsque, pleurant la mort de son beau-frère qui avait péri dans la mer, privé des honneurs de la sépulture, il dit : "Ah ! si du moins Vulcain, l'entourant de ses feux, Eût daigné recueillir ses membres précieux", c'est du feu même qu'il parle, et non pas du dieu. Dans ce serment d'Euripide : "J'atteste Jupiter, et Mars, ce dieu terrible", c'est des dieux mêmes qu'il est question. Mais quand Sophocle dit : (23c) "Mars est un dieu cruel, aveugle, furieux; Il enfante partout les maux les plus affreux", le nom de Mars doit s'entendre de la guerre, comme dans ces vers d'Homère, il désigne le fer : "Et nous voyons rouler dans les eaux du Scamandre Le sang de ces guerriers que Mars vient de répandre". Entre ces différents noms susceptibles de plusieurs significations, celui de Jupiter est pris, chez les poètes, pour le maître des dieux, pour la Fortune, souvent même pour le Destin. Ainsi quand ils disent : "Jupiter, vous qu'Ida reconnaît pour son roi, Jupiter, quel mortel est plus sage que toi?" c'est du dieu même qu'ils parlent. Mais lorsqu'en rapportant les causes des événements, ils nomment Jupiter, comme dans ces vers d'Homère : "Aux plus braves guerriers sa colère funeste En peupla les enfers. Ainsi sur les mortels Jupiter accomplit ses décrets éternels", ils entendent alors le Destin. Car dans ce dernier exemple, le poète ne croit pas que Dieu soit lui-même l'artisan des maux que les hommes éprouvent. (23e) Mais il veut nous montrer que par la nécessité même des événements, les villes, les armées et les rois qui se conduisent avec sagesse, ne peuvent manquer de réussir et de s'assurer la victoire sur leurs ennemis ; qu'au contraire, s'ils se laissent emporter à leurs passions, comme les généraux de l'armée des Grecs, s'ils se livrent à des haines, à des querelles particulières, ils essuient nécessairement des revers : "Tel est l'arrêt du sort; d'un projet téméraire Un funeste revers est la fin nécessaire". Lorsque Hésiode fait dire par Prométhée à son frère : "Gardez-vous d'accepter ces présents dangereux, Que Jupiter pour vous fait descendre des cieux", (23f) c'est la Fortune qu' il désigne sous le nom de Jupiter. Par les dons de ce Dieu, il entend ceux de la fortune, les richesses, les mariages avantageux, les sceptres, les empires, et généralement tous les biens extérieurs, dont la possession ne peut que nuire à ceux qui ne savent pas en faire un bon usage. Et comme Épiméthée n'avait ni prudence ni sagesse, son frère lui fait entendre qu'il doit craindre une prospérité qui causera sa perte. Dans ces autres vers du même poète : "N'allez pas au hasard condamner l'indigence, Vous blâmeriez des dieux la sage providence", il appelle un don des dieux ce qui n'est qu'un accident de la fortune, et il insinue par là qu'il ne faut pas blâmer ceux dont la pauvreté est un effet des rigueurs du sort,


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Dernière mise à jour : 8/05/2008