HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - Sur la manière de lire les poètes

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[34] (34a) Πρὸς θῆλυ νεύει μᾶλλον ´πὶ τἄρρενα ὅπου προσῇ τὸ κάλλος, ἀμφιδέξιος. Ἦν δὲ βέλτιον εἰπεῖν Ὅπου προσῇ τὸ σῶφρον, ἀμφιδέξιος ὡς ἀληθῶς καὶ ἰσόρροπος· δ´ ὑφ´ ἡδονῆς καὶ ὥρας ὧδε κἀκεῖ μετοιακιζόμενος ἐπαρίστερος καὶ ἀβέβαιος. Φόβος τὰ θεῖα τοῖσι σώφροσιν βροτῶν. Καὶ μὴν οὐδαμῶς, ἀλλὰ Θάρσος τὰ θεῖα τοῖσι σώφροσιν βροτῶν, φόβος δὲ τοῖς ἄφροσι καὶ ἀνοήτοις καὶ ἀχαρίστοις, (34b) ὅτι καὶ τὴν παντὸς αἰτίαν ἀγαθοῦ δύναμιν καὶ ἀρχὴν ὡς βλάπτουσαν ὑφορῶνται καὶ δεδίασι. Τὸ μὲν οὖν τῆς ἐπανορθώσεως γένος τοιοῦτόν ἐστι. Τὴν δ´ ἐπὶ πλέον τῶν λεγομένων χρῆσιν ὑπέδειξεν ὀρθῶς Χρύσιππος, ὅτι δεῖ μετάγειν καὶ διαβιβάζειν ἐπὶ τὰ ὁμοειδῆ τὸ χρήσιμον. τε γὰρ Ἡσίοδος εἰπὼν Οὐδ´ ἂν βοῦς ἀπόλοιτ´, εἰ μὴ γείτων κακὸς εἴη καὶ περὶ κυνὸς ταὐτὸ καὶ περὶ ὄνου λέγει καὶ περὶ πάντων ὁμοίως τῶν ἀπολέσθαι δυναμένων. Καὶ πάλιν τοῦ Εὐριπίδου λέγοντος Τίς δ´ ἐστὶ δοῦλος τοῦ θανεῖν ἄφροντις ὤν; (34c) Ὑπακουστέον ὅτι καὶ περὶ πόνου καὶ νόσου ταὐτὰ εἴρηκεν. Ὡς γὰρ φαρμάκου πρὸς ἓν ἁρμόσαντος νόσημα τὴν δύναμιν καταμαθόντες οἱ ἰατροὶ μετάγουσι καὶ χρῶνται πρὸς ἅπαν τὸ παραπλήσιον, οὕτω καὶ λόγον κοινοῦν καὶ δημοσιεύειν τὴν χρείαν δυνάμενον οὐ χρὴ περιορᾶν ἑνὶ πράγματι συνηρτημένον ἀλλὰ κινεῖν ἐπὶ πάντα τὰ ὅμοια, καὶ τοὺς νέους ἐθίζειν τὴν κοινότητα συνορᾶν καὶ μεταφέρειν ὀξέως τὸ οἰκεῖον, ἐν πολλοῖς παραδείγμασι ποιουμένους μελέτην καὶ ἄσκησιν ὀξυηκοΐας, ἵνα τοῦ Μενάνδρου λέγοντος Μακάριος ὅστις οὐσίαν καὶ νοῦν ἔχει τοῦτο καὶ περὶ δόξης καὶ περὶ ἡγεμονίας καὶ περὶ (34d) λόγου δυνάμεως εἰρῆσθαι νομίζωσι, τὴν δὲ πρὸς τὸν Ἀχιλλέα τὸν ἐν Σκύρῳ καθήμενον ἐν ταῖς παρθένοις γεγενημένην ἐπίπληξιν ὑπὸ τοῦ Ὀδυσσέως Σὺ δ´, τὸ λαμπρὸν φῶς ἀποσβεννὺς γένους, ξαίνεις, ἀρίστου πατρὸς Ἑλλήνων γεγώς; Καὶ πρὸς τὸν ἄσωτον οἴωνται λέγεσθαι καὶ πρὸς τὸν αἰσχροκερδῆ καὶ πρὸς τὸν ἀμελῆ καὶ ἀπαίδευτον Πίνεις, ἀρίστου πατρὸς Ἑλλήνων γεγώς, κυβεύεις ὀρτυγοκοπεῖς καπηλεύεις τοκογλυφεῖς, μηδὲν μέγα φρονῶν μηδ´ ἄξιον τῆς εὐγενείας; Μὴ πλοῦτον εἴπῃς. Οὐχὶ θαυμάζω θεὸν (34e) ὃν χὠ κάκιστος ῥᾳδίως ἐκτήσατο. Οὐκοῦν μηδὲ δόξαν εἴπῃς μηδὲ σώματος εὐμορφίαν μηδὲ στρατηγικὴν χλαμύδα μηδ´ ἱερατικὸν στέφανον, ὧν καὶ τοὺς κακίστους ὁρῶμεν τυγχάνοντας. Τῆς δειλίας γὰρ αἰσχρὰ γίγνεται τέκνα καὶ ναὶ μὰ Δία τῆς ἀκολασίας καὶ τῆς δεισιδαιμονίας καὶ τοῦ φθόνου καὶ τῶν ἄλλων νοσημάτων ἁπάντων. Ἄριστα δ´ εἰρηκότος Ὁμήρου τὸ Δύσπαρι εἶδος ἄριστε καὶ τὸ (34f) Ἕκτορ εἶδος ἄριστε (ψόγου γὰρ ἀποφαίνει καὶ λοιδορίας ἄξιον μηδέν ἐστιν ἀγαθὸν εὐμορφίας κάλλιον) ἐφαρμοστέον τοῦτο καὶ τοῖς ὁμοίοις, κολούοντα τοὺς μεγαλοφρονοῦντας ἐπὶ τοῖς μηδενὸς ἀξίοις, καὶ διδάσκοντα τοὺς νέους ὄνειδος ἡγεῖσθαι καὶ λοιδορίαν τὸ « χρήμασιν ἄριστε » καὶ « δείπνοις ἄριστε » καὶ « παισὶν ὑποζυγίοις ἄριστε » καὶ νὴ Δία τὸ λέγειν ἐφεξῆς « ἄριστε[34] (34a) "Pour quel genre de volupté Sentez-vous, dites-moi, la pente la plus forte? Partout où je vois la beauté, Mon goût, sans balancer, m'y porte. Il était mieux de répondre : Partout où je vois la vertu, Mon goût, sans balancer, m'y porte"; car rien ne montre plus de travers dans l'esprit, et plus d'instabilité dans l'âme, que d'être ainsi emporté tour à tour par toutes sortes de voluptés. "Les dieux sont pour le sage un objet de terreur". Il faut dire au contraire : "Les dieux sont pour le sage un objet d'assurance" ; ils ne sont un objet de terreur que pour les imprudents, les insensés et les ingrats, (34b) qui redoutent comme nuisible cette puissance suprême, source et principe de tout bien. Voilà comme on peut réformer les mauvaises maximes qu'on trouve dans les poètes. Il est bon aussi, selon le précepte de Chrysippe, d'appliquer une pensée à plusieurs choses de même espèce, et d'en étendre ainsi l'usage. Ce vers d'Hésiode : "Quiconque a bon voisin ne perd pas même un bœuf", doit s'entendre également des autres animaux, et en général de tout ce qui peut être enlevé. Celui-ci d'Euripide : "Qui ne craint pas la mort, pourrait-il être esclave"? (34c) est applicable à la maladie et au travail. Les médecins, après avoir éprouvé sur un malade la vertu d'un remède, en font usage dans toutes les maladies de même espèce. Ainsi, lorsqu'on trouve dans les poètes une de ces maximes générales applicables à plusieurs choses, il faut l'étendre à tous les objets semblables, et la fendre, pour ainsi dire, d'un usage public. Accoutumons les jeunes gens à saisir promptement ce que ces pensées ont de général, pour en faire l'application aux différents sujets auxquels elles conviennent ; cet exercice aiguise l'esprit. Par exemple, quand ils liront dans Ménandre : "Heureux qui réunit les biens et la prudence" ! ils jugeront que cette maxime convient également à la gloire, à l'autorité et à l'éloquence. (34d) Les reproches qu'Ulysse fait à Achille, caché dans la cour du foi de Scyros, parmi les filles de ce prince : "D'un père si vaillant enfant dégénéré, Vous flétrissez l'éclat d'un nom si révéré, Et pour de vils fuseaux vous oubliez les armes"; ces reproches peuvent se faire à un libertin, un avare, un paressent, un ignorant. "D'un père si vaillant enfant dégénéré, Vous flétrissez l'éclat de ce nom révéré, Et pour un vil plaisir vous oubliez la gloire". Vous passez votre vie dans les jeux, dans les festins, dans la débauche; vous prêtez à usure, vous ne faites rien de grand, rien qui soit digne de votre naissance. "Ne me parlez point de Plutus : Je ne pourrai jamais accorder mon estime (34e) A ce dieu, qui souvent, insensible aux vertus, Prodigue ses faveurs aux partisans du crime". Il faut en dire autant d'un manteau de général d'armée ou d'une mitre de pontife, que nous voyons souvent devenir le partage des hommes les plus criminels : "La lâcheté produit les fruits les plus honteux". Disons-le aussi de l'intempérance, de la superstition, de l'envie et généralement de tous les vices. Homère a dit de Paris et d'Hector : "O lâche et beau Pâris, etc.; (34f) Hector, que ta beauté distingue parmi nous"; faisant voir par là qu'un homme qui n'aurait d'autre avantage que celui de la beauté ne mériterait que nos mépris. Cette maxime peut s'appliquer à beaucoup d'autres qualités de cette espèce. Il faut rabattre l'orgueil de ceux qui tirent vanité de ces avantages frivoles, et apprendre aux jeunes gens à regarder comme un reproche, qu'on dise de quelqu'un qu'il est distingué par ses richesses, par les grands repas qu'il donne, par le nombre de ses esclaves ou de ses chevaux, disons même par le talent de l'éloquence.


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Dernière mise à jour : 8/05/2008