HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - Sur la manière de lire les poètes

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[32] μὰν ἀμφοτέροισιν ὁμὸν γένος ἠδ´ ἴα πάτρη, (32a) ἀλλὰ Ζεὺς πρότερος γεγόνει καὶ πλείονα ᾔδει. Θειότατον γὰρ ἀποφαίνει τὴν φρόνησιν καὶ βασιλικώτατον, ἐν τίθεται τὴν μεγίστην ὑπεροχὴν τοῦ Διός, ἅτε δὴ καὶ τὰς ἄλλας ἀρετὰς ἕπεσθαι ταύτῃ νομίζων. Ἐθιστέον δ´ ἅμα καὶ τούτων ἐγρηγορότως τὸν νέον ἀκούειν Ψεῦδος δ´ οὐκ ἐρέει· μάλα γὰρ πεπνυμένος ἐστὶ καὶ Ἀντίλοχε, πρόσθεν πεπνυμένε, ποῖον ἔρεξας; ᾜσχυνας μὲν ἐμὴν ἀρετήν, βλάψας δέ μοι ἵππους καὶ (32b) Γλαῦκε, τίη δὲ σὺ τοῖος ἐὼν ὑπέροπλον ἔειπας; πέπον, τ´ ἐφάμην σε περὶ φρένας ἔμμεναι ἄλλων, ὡς οὔτε ψευδομένων τῶν φρονίμων οὔτε κακομαχούντων ἐν τοῖς ἀγῶσιν οὔτε παρ´ ἀξίαν ἑτέροις ἐγκαλούντων. Καὶ τὸν Πάνδαρον δὲ πεισθῆναι λέγων διὰ τὴν ἀφροσύνην τὰ ὅρκια συγχέαι δῆλός ἐστιν οὐκ ἂν ἀδικῆσαι τὸν φρόνιμον ἡγούμενος. Ὅμοια δ´ ἔστι καὶ περὶ σωφροσύνης ὑποδεικνύειν ἐφιστάντα τοῖς οὕτω λεγομένοις Τῷ δὲ γυνὴ Προίτου ἐπεμήνατο, δῖ´ Ἄντεια, κρυπταδίῃ φιλότητι μιγήμεναι· ἀλλὰ τὸν οὔ τι (32c) πεῖθ´ ἀγαθὰ φρονέοντα, δαΐφρονα Βελλεροφόντην καὶ δ´ ἤτοι τὸ πρὶν μὲν ἀναίνετο ἔργον ἀεικές, δῖα Κλυταιμνήστρη· φρεσὶ γὰρ κέχρητ´ ἀγαθῇσιν· ἐν μὲν οὖν τούτοις τῇ φρονήσει τὴν τοῦ σωφρονεῖν αἰτίαν ἀποδίδωσιν, ἐν δὲ ταῖς παρὰ τὰς μάχας κελεύσεσιν ἑκάστοτε λέγων Αἰδώς, Λύκιοι. Πόσε φεύγετε; Νῦν θοοὶ ἔστε καὶ Ἀλλ´ ἐν φρεσὶ θέσθε ἕκαστος αἰδῶ καὶ νέμεσιν· δὴ γὰρ μέγα νεῖκος ὄρωρεν ἀνδρείους ἔοικε ποιεῖν τοὺς σώφρονας διὰ τὸ αἰδεῖσθαι (32d) τὰ αἰσχρὰ καὶ τὰς ἡδονὰς δυναμένους ὑπερβαίνειν καὶ τοὺς κινδύνους ὑφίστασθαι. Ἀφ´ ὧν καὶ Τιμόθεος ὁρμηθεὶς οὐ κακῶς ἐν τοῖς Πέρσαις τοὺς Ἕλληνας παρεκάλει Σέβεσθ´ αἰδῶ συνεργὸν ἀρετᾶς δοριμάχου, Αἰσχύλος δὲ καὶ τὸ πρὸς δόξαν ἔχειν ἀτύφως καὶ μὴ διασοβεῖσθαι μηδ´ ἐπαίρεσθαι τοῖς παρὰ τῶν πολλῶν ἐπαίνοις ἐν τῷ φρονεῖν τίθεται περὶ τοῦ Ἀμφιαράου γράφων Οὐ γὰρ δοκεῖν ἄριστος ἀλλ´ εἶναι θέλει, (32e) βαθεῖαν ἄλοκα διὰ φρενὸς καρπούμενος, ἀφ´ ἧς τὰ κεδνὰ βλαστάνει βουλεύματα. Τὸ γὰρ ἐφ´ ἑαυτῷ καὶ τῇ διαθέσει τῇ περὶ αὑτὸν οὔσῃ κρατίστῃ μεγαλοφρονεῖν νοῦν ἔχοντος ἀνδρός ἐστι. Πάντων οὖν ἀναγομένων εἰς τὴν φρόνησιν ἀποδείκνυται πᾶν εἶδος ἀρετῆς ἐπιγιγνόμενον ἐκ λόγου καὶ διδασκαλίας. μὲν οὖν μέλιττα φυσικῶς ἐν τοῖς δριμυτάτοις ἄνθεσι καὶ ταῖς τραχυτάταις ἀκάνθαις ἐξανευρίσκει τὸ λειότατον μέλι καὶ χρηστικώτατον, οἱ δὲ παῖδες, ἂν ὀρθῶς ἐντρέφωνται τοῖς ποιήμασιν, (32f) καὶ ἀπὸ τῶν φαύλους καὶ ἀτόπους ὑποψίας ἐχόντων ἕλκειν τι χρήσιμον ἁμωσγέπως μαθήσονται καὶ ὠφέλιμον. Αὐτίκα γοῦν ὕποπτός ἐστιν Ἀγαμέμνων ὡς διὰ δωροδοκίαν ἀφεὶς τῆς στρατείας τὸν πλούσιον ἐκεῖνον τὸν τὴν Αἴθην χαρισάμενον αὐτῷ Δῶρ´, ἵνα μή οἱ ἕποιθ´ ὑπὸ Ἴλιον ἠνεμόεσσαν ἀλλ´ αὐτοῦ τέρποιτο μένων· μέγα γάρ οἱ ἔδωκεν Ζεὺς ἄφενος. Ὀρθῶς δέ γ´ ἐποίησεν, ὡς Ἀριστοτέλης φησίν, ἵππον ἀγαθὴν ἀνθρώπου τοιούτου προτιμήσας· οὐδὲ γὰρ κυνὸς ἀντάξιος οὐδ´ ὄνου μὰ Δία δειλὸς ἀνὴρ καὶ ἄναλκις, ὑπὸ πλούτου καὶ μαλακίας διερρυηκώς. [32] "Issus du plus beau sang de la race divine, Ils ont eu l'un et l'autre une même origine. Jupiter le premier par l'âge et le savoir, (32a) Exerce dans les cieux le suprême pouvoir". Il montre que la prudence est la vertu la plus parfaite et la plus divine ; que c'est en elle que consiste l'excellence de Jupiter ; qu'enfin elle est suivie de toutes les autres vertus. Voici d'autres maximes qui méritent aussi l'attention des jeunes gens : "Nestor, vous le savez, est la sagesse même. Voudrait-il vous cacher la vérité qu'il aime? Archiloque aujourd'hui, par ce trait qui m'offense, Vous avez démenti votre ancienne prudence. Vous avez, n'écoutant que votre folle ardeur, Arrêté mes coursiers et trahi ma valeur. (32b) Y pensez-vous, Glaucus? d'où vient cette arrogance? Vous dont j'avais toujours admiré la prudence". Ces différents passages nous insinuent que les gens sages et prudents ne trompent jamais, qu'ils n'usent pas d'artifice dans les combats, et qu'ils n'accusent personne témérairement. Quand Homère dit ailleurs que Pandarus se porta par son imprudence à violer le traité, il fait entendre qu'un homme sensé ne commettrait pas cette injustice. Il en est de même de ce qu'il dit sur la continence : "Antia, qu'aveuglait sa folle passion, Au crime sans pudeur pressait Bellérophon. Mais ce cœur vertueux qu'éclaire la sagesse (32c) Rejette avec horreur sa coupable tendresse. Clytemnestre longtemps condamnant ses désirs, Oppose la sagesse à la voix des plaisirs". Il attribue, comme on voit, à la sagesse, l'amour de la chasteté. Quand les capitaines exhortent leurs soldats, il les fait parler d'après ces mêmes principes : "Ô honte ! ô Lyciens! Lâches, où courez-vous? Soldats, y pensez-vous? De quelle ignominie Votre fuite à jamais va souiller votre vie! Le combat se ranime, et vous n'y courez pas"? Il montre que le courage naît de la prudence, qui, par la crainte de l'infamie, (32d) fait mépriser les voluptés et braver les périls. Aussi Timothée (25), dans son poème intitulé les Perses, dit-il en exhortant les Grecs : "Respectez la pudeur, le soutien des vertus". Eschyle attribue de même à la prudence de ne se laisser ni enivrer par l'amour de la gloire, ni enfler par les éloges de la multitude, lorsqu'il dit d'Amphiaraüs : "C'est assez pour lui d'être juste, il n'en affecte point le nom : (32e) Son cœur, de la vertu le sanctuaire auguste, Des plus sages conseils est un trésor fécond". En effet, c'est le caractère d'une grande âme de n'attendre sa satisfaction que de soi-même, et des dispositions d'un cœur véritablement vertueux. Or, en rapportant toutes les vertus à la sagesse et à la prudence, les poètes nous insinuent qu'elles sont toutes le fruit de l'étude et de la réflexion. L'abeille exprime un miel exquis des fleurs les plus sauvages et des plantes Ies plus amères ; de même, les jeunes gens qu'on aura bien dirigés dans la lecture des poètes, sauront tirer avantage des choses qui pourront d'abord paraître les plus dangereuses. (32f) Ainsi, au premier coup d'œil, Agamemnon est suspect d'avarice pour avoir dispensé du service militaire un riche habitant de Sycione qui lui avait fait présent de sa jument Etha. "Il voulait mollement au sein de sa patrie, passer dans les plaisirs une inutile vie ; Et pour se dispenser du siège d'Ilion, Il lit au roi des Grecs ce magnifique don". Cependant, au jugement d'Aristote, Agamemnon fit très bien de préférer à un tel homme une excellente jument. En effet, je ferais plus de cas d'un animal quelconque que d'un homme timide et lâche, amolli par les richesses et la volupté.


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Dernière mise à jour : 8/05/2008