HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - Sur la manière de lire les poètes

Page 29

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[29] (29a) πρωτίστῳ δίδομεν, εὖτ´ ἂν πτολίεθρον ἕλωμεν, καὶ πάλιν Ἀχιλλεὺς Αἴ κέ ποθι Ζεὺς δῷσι πόλιν Τροίην εὐτείχεον ἐξαλαπάξαι, δὲ Θερσίτης Ὃν κεν ἐγὼ δήσας ἀγάγω ἄλλος Ἀχαιῶν. Πάλιν τοῦ Ἀγαμέμνονος ἐν τῇ ἐπιπωλήσει τὸν Διομήδην λοιδορήσαντος μὲν οὐδὲν ἀντεῖπεν Αἰδεσθεὶς βασιλῆος ἐνιπὴν αἰδοίοιο, δὲ Σθένελος, οὗ μηδεὶς λόγος, « Ἀτρείδη, » φησί, « μὴ ψεύδε´ ἐπιστάμενος σάφα εἰπεῖν. (29b) Ἡμεῖς τοι πατέρων μέγ´ ἀμείνονες εὐχόμεθ´ εἶναι. » γὰρ τοιαύτη διαφορὰ μὴ παρορωμένη διδάξει τὸν νέον ἀστεῖον ἡγεῖσθαι τὴν ἀτυφίαν καὶ μετριότητα, τὴν δὲ μεγαλαυχίαν καὶ περιαυτολογίαν ὡς φαῦλον εὐλαβεῖσθαι. Χρήσιμον δὲ καὶ τὸ τοῦ Ἀγαμέμνονος κατανοεῖν ἐνταῦθα· τὸν μὲν γὰρ Σθένελον ἀπροσαύδητον παρῆλθε, τοῦ δ´ Ὀδυσσέως οὐκ ἠμέλησεν ἀλλ´ ἠμείψατο καὶ προσηγόρευσεν, Ὡς γνῶ χωομένοιο· πάλιν δ´ γε λάζετο μῦθον· τὸ μὲν γὰρ πᾶσιν ἀπολογεῖσθαι θεραπευτικὸν καὶ οὐκ ἀξιωματικόν· (29c) τὸ δὲ πάντων καταφρονεῖν ὑπερήφανον καὶ ἀνόητον. Ἄριστα δ´ Διομήδης ἐν μὲν τῇ μάχῃ σιωπᾷ κακῶς ἀκούων ὑπὸ τοῦ βασιλέως, μετὰ δὲ τὴν μάχην παρρησίᾳ χρῆται πρὸς αὐτόν Ἀλκὴν μέν μοι πρῶτον ὀνείδισας ἐν Δαναοῖσιν. Εὖ δ´ ἔχει καὶ φρονίμου διαφορὰν ἀνδρὸς καὶ μάντεως πανηγυρικοῦ μὴ παραλιπεῖν. μὲν γὰρ Κάλχας οὐ συνεῖδε τὸν καιρόν, ἀλλ´ ἐν πλήθει παρ´ οὐδὲν ἐποιήσατο κατηγορῆσαι τοῦ βασιλέως ὡς τὸν λοιμὸν αὐτοῖς ἐπαγαγόντος· δὲ Νέστωρ βουλόμενος ἐμβάλλειν λόγον ὑπὲρ τῶν πρὸς τὸν (29d) Ἀχιλλέα διαλλαγῶν, ἵνα μὴ διαβάλλειν δοκῇ τὸν Ἀγαμέμνονα πρὸς τὸ πλῆθος ὡς ἁμαρτόντα καὶ χρησάμενον ὀργῇ, Δαίνυ δαῖτα γέρουσιν· ἔοικέ τοι, οὔ τοι ἀεικές. Πολλῶν δ´ ἀγρομένων τῷ πείσεαι ὅς κεν ἀρίστην βουλὴν βουλεύσῃ. Καὶ μετὰ τὸ δεῖπνον ἐξαποστέλλει τοὺς πρέσβεις· τοῦτο γὰρ ἦν ἐπανόρθωσις ἁμαρτίας, ἐκεῖνο δὲ κατηγορία καὶ προπηλακισμός. Ἔτι δὲ καὶ τὰς ἐν τοῖς γένεσι διαφορὰς σκεπτέον, ὧν τοιοῦτός ἐστιν τρόπος. Οἱ μὲν Τρῶες ἐπίασι μετὰ κραυγῆς καὶ θράσους, οἱ δ´ Ἀχαιοί Σιγῇ δειδιότες σημάντορας. (29e) Τὸ γὰρ ἐν χερσὶ τῶν πολεμίων ὄντων φοβεῖσθαι τοὺς ἄρχοντας ἀνδρείας ἅμα καὶ πειθαρχίας σημεῖον. Ὅθεν μὲν Πλάτων ἐθίζει τοὺς ψόγους φοβεῖσθαι καὶ τὰ αἰσχρὰ μᾶλλον τοὺς πόνους καὶ τοὺς κινδύνους, δὲ Κάτων ἔλεγε φιλεῖν τοὺς ἐρυθριῶντας μᾶλλον τοὺς ὠχριῶντας. Ἔστι δὲ καὶ τῶν ἐπαγγελιῶν ἴδιος χαρακτήρ. μὲν γὰρ Δόλων ἐπαγγέλλεται Τόφρα γὰρ ἐς στρατὸν εἶμι διαμπερές, ὄφρ´ ἂν ἵκωμαι νῆ´ Ἀγαμεμνονέην, (29f) δὲ Διομήδης ἐπαγγέλλεται μὲν οὐδέν, ἧττον δ´ ἄν φησι φοβηθῆναι μεθ´ ἑτέρου πεμπόμενος. Ἑλληνικὸν οὖν καὶ ἀστεῖον πρόνοια, βαρβαρικὸν δὲ καὶ φαῦλον θρασύτης· καὶ δεῖ τὸ μὲν ζηλοῦν τὸ δὲ δυσχεραίνειν. Ἔχεται δέ τινος οὐκ ἀχρήστου θεωρίας καὶ τὸ περὶ τοὺς Τρῶας καὶ τὸν Ἕκτορα πάθος, τοῦ Αἴαντος αὐτῷ μονομαχεῖν μέλλοντος. μὲν γὰρ Αἰσχύλος Ἰσθμοῖ πύκτου πληγέντος εἰς τὸ πρόσωπον καὶ κραυγῆς γενομένης, « οἷον » εἶπεν « ἄσκησίς ἐστιν. Οἱ θεώμενοι βοῶσιν, δὲ πληγεὶς σιωπᾷ. » Τοῦ δὲ ποιητοῦ λέγοντος ὅτι τὸν Αἴαντα τῶν ὅπλων ποιούντων λαμπρὸν οἱ μὲν Ἕλληνες ἔχαιρον ὁρῶντες, [29] Et quand de nos exploits les fruits sont partagés, (29a) Les premiers dons pour vous sont toujours réservés". Achille dit ailleurs : "Si Jupiter un jour nous rend maîtres de Troie". Et Thersite: "D'un captif que nos mains auront chargé de fers". Lorsque Agamemnon, faisant la revue de l'armée, tient à Diomède un discours offensant, celui-ci ne répond rien, Et du premier des Grecs respecte la puissance. Sthénélus, au contraire, dont Agamemnon faisait peu de cas, lui réplique : "Cessez, Agamemnon, ce reproche offensant; Dicté par le dépit, votre cœur le dément. (29b) Ceux qu'osent déprimer vos discours téméraires Se vantent d'effacer la valeur de leurs pères". Les jeunes gens, en observant cette différence, apprendront que la modération est une vertu estimable, et l'orgueil un vice ridicule qu'il faut éviter avec soin. Faisons-leur remarquer aussi la conduite que tient Agamemnon. Il passe devant Sthénélus sans lui rien répondre, mais il ne traite pas Ulysse avec ce mépris. Comme il voit que son discours l'a piqué, "En lui parlant encore, il cherche à le calmer". Il n'eût pas convenu à la dignité de son rang de se justifier auprès de tous ceux que ses reproches avaient blessés; (29c) mais aussi il y aurait eu trop d'imprudence et de fierté à les mépriser tous. Diomède, dans cette occasion, montre beaucoup de sagesse. Avant le combat, il ne répond rien aux reproches d' Agamemnon, mais ensuite il s'en plaint avec une généreuse liberté : "Prince, entre tous les Grecs j'ai le premier reçu Le reproche offensant de manquer de courage". Observons encore la différence que le poète met entre un guerrier sage et prudent et un devin qui veut plaire à la multitude. Calchas, au lieu d'attendre un moment plus convenable que celui de l'assemblée, charge publiquement Agamemnon d'avoir attiré sur l'armée le fléau qui la désole. Nestor, qui veut ménager une réconciliation entre Agamemnon (29d) et Achille, n'accuse pas le premier devant toute l'armée d'avoir trop écouté son ressentiment, mais il lui donne ce conseil : "Qu'auprès de vous nos chefs, par votre ordre assemblés, Sur ce point important soient bientôt consultés, Et nous suivrons alors le conseil le plus sage". Après le repas qu'Agamemnon donne dans sa tente aux principaux chefs de l'armée, il envoie des députés à Achille. La conduite de Calchas était un reproche et un affront public, celle de Nestor un moyen offert à ce prince de réparer la faute qu'il avait commise. Il est encore des différences relatives à la diversité des nations. Les Troyens vont au combat avec impétuosité et en jetant de grands cris. Les Grecs craignent leurs chefs et marchent en silence. (29e) Ce respect pour les chefs, au moment d'en venir aux mains avec l'ennemi, prouve tout à la fois leur courage et leur obéissance ; aussi Platon veut-il qu'on s'accoutume à craindre la honte et les reproches plus que la peine et les dangers. Caton disait qu'il aimait mieux voir un homme rougir que pâlir. Les promesses elles-mêmes ont un caractère différent, selon les personnes qui les font. Dolon s'engage avec la confiance la plus présomptueuse : "J'entrerai dans leur camp : l'adresse et le courage Jusque sur leurs vaisseaux m'ouvriront un passage". (29f) Diomède ne promet rien, il dit seulement qu'il craindra moins si on lui donne un compagnon. La prudence est le partage d'un peuple policé, et convient par conséquent aux Grecs. La présomption est un vice digne des Barbares ; il faut éviter l'une et imiter l'autre. Les dispositions différentes des Troyens et d'Hector, lorsque celui-ci doit se battre avec Ajax, peuvent fournir aussi des considérations utiles. Eschyle assistait un jour aux jeux Isthmiques. Un des athlètes ayant reçu une blessure au visage, il s'éleva un cri général dans l'assemblée. « Voyez, dit Eschyle, ce « que peut l'habitude : les spectateurs jettent des cris, et celui qui est blessé ne dit pas un seul mot. » Quand Homère dit que les Grecs, à la vue d'Ajax qui paraît dans le champ de bataille couvert d'armes brillantes, sont transportés de joie, et qu'à son aspect,


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Dernière mise à jour : 8/05/2008