[28] Καὶ ὁ σύσκηνος αὐτοῦ πάλιν ὁρᾷς (28a)
ὅτι τήν τε Φαίδραν καὶ προσεγκαλοῦσαν τῷ Θησεῖ πεποίηκεν ὡς διὰ τὰς
ἐκείνου παρανομίας ἐρασθεῖσαν τοῦ Ἱππολύτου. Τοιαύτην δὲ καὶ τῇ Ἑλένῃ
παρρησίαν κατὰ τῆς Ἑκάβης ἐν ταῖς Τρῳάσι δίδωσιν, οἰομένῃ δεῖν ἐκείνην
κολάζεσθαι μᾶλλον ὅτι μοιχὸν αὐτῆς ἔτεκε. Μηδὲν οὖν τούτων κομψὸν ἡγεῖσθαι
καὶ πανοῦργον ὁ νέος ἐθιζέσθω, μηδὲ προσμειδιάτω ταῖς τοιαύταις
εὑρησιλογίαις, ἀλλὰ βδελυττέσθω τοὺς λόγους μᾶλλον ἢ τὰ ἔργα τῆς
ἀκολασίας.
Ἐπὶ πᾶσι τοίνυν καὶ τὸ τὴν αἰτίαν ἑκάστου (28b) τῶν λεγομένων ἐπιζητεῖν
χρήσιμόν ἐστιν. Ὁ μὲν γὰρ Κάτων ἔτι παιδάριον ὢν ἔπραττε μὲν ὃ προστάξειεν
ὁ παιδαγωγός, αἰτίαν δὲ καὶ λόγον ἀπῄτει τοῦ προστάγματος· τοῖς δὲ
ποιηταῖς οὐ πειστέον ὥσπερ παιδαγωγοῖς ἢ νομοθέταις, ἂν μὴ λόγον ἔχῃ τὸ
ὑποκείμενον. Ἕξει δέ, ἄνπερ χρηστὸν ᾖ· ἂν δὲ μοχθηρόν, ὀφθήσεται κενὸν καὶ
μάταιον. Ἀλλ´ οἱ πολλοὶ τῶν μὲν τοιούτων τὰς αἰτίας πικρῶς ἀπαιτοῦσι καὶ
διαπυνθάνονται πῶς λέλεκται
Μηδέ ποτ´ οἰνοχόην τιθέμεν κρητῆρος ὕπερθεν
πινόντων
καὶ
Ὃς δέ κ´ ἀνὴρ ἀπὸ ὧν ὀχέων ἕτερ´ ἅρμαθ´
ἵκηται,
(28c) ἔγχει ὀρεξάσθω.
Τῶν δὲ μειζόνων ἀβασανίστως δέχονται τὴν πίστιν, οἷα καὶ ταῦτ´ ἐστὶν
Δουλοῖ γὰρ ἄνδρα, κἂν θρασύσπλαγχνός τις ᾖ,
ὅταν συνειδῇ μητρὸς ἢ πατρὸς κακά,
καὶ
Σμικρὸν φρονεῖν χρὴ τὸν κακῶς πεπραγότα.
Καίτοι ταῦτα τῶν ἠθῶν ἅπτεται καὶ τοὺς βίους διαταράττει, κρίσεις
ἐμποιοῦντα φαύλας καὶ δόξας (28d) ἀγεννεῖς, ἂν μὴ πρὸς ἕκαστον αὐτῶν
εἰθισμένοι λέγωμεν « διὰ τί σμικρὸν φρονεῖν χρὴ τὸν κακῶς πεπραγότα καὶ μὴ
μᾶλλον ἀνταίρειν τῇ τύχῃ καὶ ποιεῖν ὑψηλὸν ἑαυτὸν καὶ ἀταπείνωτον; Διὰ τί
δέ, ἂν ἐκ πατρὸς φαύλου καὶ ἀνοήτου γεγονὼς αὐτὸς ὦ χρηστὸς καὶ φρόνιμος,
οὐ προσήκει μοι διὰ τὴν ἐμὴν ἀρετὴν μέγα φρονεῖν ἀλλὰ καταπεπλῆχθαι καὶ
ταπεινὸν εἶναι διὰ τὴν τοῦ πατρὸς ἀμαθίαν; » Ὁ γὰρ οὕτως ἀπαντῶν καὶ
ἀντερείδων καὶ μὴ παντὶ λόγῳ πλάγιον ὥσπερ πνεύματι παραδιδοὺς ἑαυτὸν ἀλλ´
ὀρθῶς ἔχειν νομίζων τὸ « βλὰξ ἄνθρωπος ἐπὶ παντὶ λόγῳ φιλεῖ ἐπτοῆσθαι, »
πολλὰ διακρούσεται τῶν οὐκ ἀληθῶς οὐδ´ ὠφελίμως λεγομένων. Ταῦτα μὲν οὖν
ἀβλαβῆ παρέξει τὴν τῶν ποιημάτων ἀκρόασιν.
Ἐπεὶ δ´ ὥσπερ ἐν ἀμπέλου φύλλοις καὶ (28e) κλήμασιν εὐθαλοῦσι πολλάκις ὁ
καρπὸς ἀποκρύπτεται καὶ λανθάνει κατασκιαζόμενος, οὕτως ἐν ποιητικῇ λέξει
καὶ μυθεύμασι περικεχυμένοις πολλὰ διαφεύγει τὸν νέον ὠφέλιμα καὶ χρήσιμα
(δεῖ δὲ τοῦτο μὴ πάσχειν μηδ´ ἀποπλανᾶσθαι τῶν πραγμάτων, ἀλλ´ ἐμφύεσθαι
μάλιστα τοῖς πρὸς ἀρετὴν φέρουσι καὶ δυναμένοις πλάττειν τὸ ἦθος), οὐ
χεῖρόν ἐστι καὶ περὶ τούτων διελθεῖν ἐν βραχέσιν, ἁψάμενον ὡς ἐν τύπῳ τῶν
πραγμάτων, μήκη δὲ (28f) καὶ κατασκευὰς καὶ παραδειγμάτων ὄχλον ἐῶντα τοῖς
ἐπιδεικτικώτερον γράφουσι.
Πρῶτον μὲν οὖν τὰ χρηστὰ καὶ τὰ φαῦλα γιγνώσκων ὁ νέος ἤθη καὶ πρόσωπα
τοῖς λεγομένοις προσεχέτω καὶ ταῖς πράξεσιν ἃς ὁ ποιητὴς ἑκατέροις
προσηκόντως ἀποδίδωσιν· οἷον ὁ Ἀχιλλεὺς πρὸς τὸν Ἀγαμέμνονα λέγει, καίπερ
λέγων μετ´ ὀργῆς
Οὐ γὰρ σοί ποτε ἶσον ἔχω γέρας, ὁππότ´ Ἀχαιοὶ
Τρώων ἐκπέρσως´ εὖ ναιόμενον πτολίεθρον,
ὁ δὲ Θερσίτης τῷ αὐτῷ λοιδορούμενος λέγει
Πλεῖαί τοι χαλκοῦ κλισίαι, πολλαὶ δὲ γυναῖκες
εἰσὶν ἐνὶ κλισίῃς ἐξαίρετοι, ἅς τοι Ἀχαιοὶ
| [28] (28a) Euripide nous représente Phèdre accusant Thésée d'avoir été cause,
par ses torts envers elle, de son amour criminel pour Hippolyte. Dans sa
tragédie des Troyennes, il fait parler Hélène avec cette même liberté :
elle prétend qu'Hécube est plus punissable qu'elle-même, pour avoir mis au
monde Pâris, son adultère. Accoutumons les jeunes gens à ne pas approuver
de tels discours, sous prétexte qu'ils sont adroits et subtils; à ne pas
s'en laisser imposer par ces frivoles prétextes, mais à les rejeter avec
horreur, à les croire autant ou plus dangereux que les actions mêmes qu'on
veut excuser.
Il est bon aussi qu'ils contractent l'habitude de demander raison (28b) de
tout ce qu'ils lisent. Caton, dans son enfance, faisait ponctuellement
tout ce que son maître lui ordonnait, mais il voulait toujours en savoir
les motifs. Ainsi les poètes ne méritent noire soumission, comme nos
maîtres et nos législateurs, qu'autant que ce qu'ils nous proposent est
fondé en raison, et il le sera toujours s'il est d'une utilité réelle,
sinon, on en sentira le vide et la faiblesse. Bien des gens, par exemple,
recherchent avec beaucoup de curiosité ce qu'Hésiode a voulu dire dans ce vers :
"Ne couvrez point du pot la tasse des buveurs",
et Homère dans ceux-ci :
"Qu'un guerrier de son char sur un autre monté,
(28c) Aille la pique en main" ;
tandis qu'ils reçoivent sans examen des choses tout autrement importantes,
comme celles-ci :
"Des vices des parents le honteux témoignage
De l'ame la plus fière amortit le courage".
Les nobles sentiments vont mal à l'infortune.
Cependant ces sortes de maximes intéressent les mœurs, et peuvent être une
source de désordres par les erreurs (28d) et les faux jugements qu'elles
occasionnent. Soyons donc en état d'y opposer chaque fois le langage de la
raison. Et pourquoi, devons-nous dire, les grands sentiments ne
siéraient-ils pas à un homme malheureux ? Pourquoi ne lutterait- il pas
avec courage contre la fortune, pour s'élever lui-même à proportion de ce
qu'elle a voulu le rabaisser? Pourquoi les vices de mes parents, si je
suis homme de bien, m'ôteraient-ils cette confiance généreuse que ma vertu
doit m'inspirer? En combattant par de telles réflexions les fausses
maximes des poètes, on ne sera pas exposé à devenir le jouet de leurs
opinions. Le souvenir de cette pensée : Que l'homme faible et sans
jugement est étonné de tout ce qu'il entend dire, nous fera rejeter ce que
nous verrons dans les poètes de faux et de nuisible, et nous lirons leurs
ouvrages sans danger.
Dans les vignes, les branches et le pampre couvrent
souvent de leur ombre (28e) des fruits qui échappent à la vue; de même,
dans la poésie, les fictions et le langage figuré dont elle s'enveloppe
dérobent souvent aux jeunes gens bien des vérités utiles. Voulons-nous
leur faire éviter cet inconvénient? accoutumons-les à découvrir sous cette
enveloppe tout ce qui peut former les mœurs et conduire à la vertu. Il est
bon de les instruire en peu de mots sur ces fictions; mais il suffit de
les toucher en passant, (28f) et de laisser à ceux qui traitent à dessein
de ces objets les longues discussions et la multitude des exemples.
Après avoir fait d'abord observer aux jeunes gens la différence des
personnages vertueux ou méchants que les poètes introduisent dans leurs
ouvrages, il faut les rendre attentifs aux actions et aux discours qu'ils
leur prêtent et qu'ils ont soin d'assortir aux caractères. Voici comme
Achille parle à Agamemnon, même dans la colère :
"Quand les Grecs et Ilion auront été vainqueurs,
Je ne prétendrai pas égaler vos honneurs".
Thersite, qui se plaint d' Agamemnon, parle bien autrement :
"De métaux précieux vos tentes sont remplies,
Vous avez sous vos lois des esclaves choisies;
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