HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - Sur la manière de lire les poètes

Page 27

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[27] καὶ ὅσα (27a) διὰ θυμὸν ἄνθρωποι τολμῶσι, μὴ χρώμενοι λογισμῷ μηδὲ πειθόμενοι τοῖς παρηγοροῦσι. Καὶ γὰρ τὸν Μελέαγρον ἐπεισάγει τοῖς πολίταις ὀργιζόμενον, εἶτα πραϋνόμενον, ὀρθῶς τὰ πάθη ψέγων, τὸ δὲ μὴ συνακολουθεῖν ἀλλ´ ἀντιτάττεσθαι καὶ κρατεῖν καὶ μετανοεῖν ἐπαινῶν ὡς καλὸν καὶ συμφέρον. Ἐνταῦθα μὲν οὖν διαφορὰ πρόδηλος· ὅπου δ´ ἀσαφῆ τὰ τῆς γνώμης, διοριστέον οὕτω πως ἐφιστάντας τὸν νέον. Εἰ μὲν Ναυσικάα ξένον ἄνδρα τὸν Ὀδυσσέα θεασαμένη καὶ παθοῦσα τὸ τῆς Καλυψοῦς πάθος πρὸς αὐτόν, ἅτε δὴ τρυφῶσα καὶ γάμων ὥραν ἔχουσα, τοιαῦτα μωραίνει πρὸς (27b) τὰς θεραπαινίδας Αἲ γὰρ ἐμεῦ τοιόσδε πόσις κεκλημένος εἴη ἐνθάδε ναιετάων, καί οἱ ἅδοι αὐτόθι μίμνειν, ψεκτέον τὸ θράσος αὐτῆς καὶ τὴν ἀκολασίαν· εἰ δὲ τοῖς λόγοις τοῦ ἀνδρὸς τὸ ἦθος ἐνιδοῦσα καὶ θαυμάσασα τὴν ἔντευξιν αὐτοῦ πολὺν νοῦν ἔχουσαν εὔχεται τοιούτῳ συνοικεῖν μᾶλλον πλωτικῷ τινι καὶ ὀρχηστικῷ τῶν πολιτῶν, ἄξιον ἄγασθαι. Πάλιν τῆς Πηνελόπης τοῖς μνηστῆρσι προσδιαλεγομένης οὐκ ἀπανθρώπως, ἐκείνων δ´ αὐτῇ χαριζομένων ἱμάτια καὶ κόσμον ἄλλον, ἡδόμενος Ὀδυσσεὺς (27c) Οὕνεκα τῶν μὲν δῶρα παρέλκετο, θέλγε δὲ θυμόν, εἰ μὲν ἐπὶ τῇ δωροδοκίᾳ καὶ πλεονεξίᾳ χαίρει, τὸν κωμῳδούμενον ὑπερβάλλει μαστροπείᾳ Πολίαγρον Εὐδαίμων Πολίαγρος οὐράνιον αἶγα πλουτοφόρον τρέφων· εἰ δὲ μᾶλλον οἰόμενος ὑποχειρίους ἕξειν διὰ τὴν ἐλπίδα θαρροῦντας καὶ τὸ μέλλον οὐ προσδοκῶντας, λόγον ἔχει τὸ ἡδόμενον αὐτοῦ καὶ θαρροῦν. Ὁμοίως ἐπὶ τῇ διαριθμήσει τῶν χρημάτων, συνεξέθηκαν οἱ Φαίακες αὐτῷ καὶ ἀπέπλευσαν, εἰ μὲν ἀληθῶς ἐν ἐρημίᾳ τοσαύτῃ καὶ τῶν καθ´ αὑτὸν (27d) ἀσαφείᾳ καὶ ἀδηλότητι γεγονὼς περὶ τῶν χρημάτων φοβεῖται Μή τί οἱ οἴχωνται κοίλης ἐπὶ νηὸς ἔχοντες, οἰκτίρειν ἄξιον βδελύττεσθαι νὴ Δία τὴν φιλοπλουτίαν· εἰ δ´, ὥσπερ ἔνιοι λέγουσι, περὶ τῆς Ἰθάκης ἀμφιδοξῶν οἴεται τὴν τῶν χρημάτων σωτηρίαν ἀπόδειξιν εἶναι τῆς τῶν Φαιάκων ὁσιότητος (οὐ γὰρ ἂν ἀκερδῶς φέροντας αὐτὸν εἰς ἀλλοτρίαν ἐκβαλεῖν χώραν καὶ καταλιπεῖν, ἀποσχομένους τῶν χρημάτων), οὔτε φαύλῳ τεκμηρίῳ χρῆται καὶ τὴν πρόνοιαν ἄξιον ἐπαινεῖν. (27e) Ἔνιοι δὲ καὶ τὴν ἔκθεσιν αὐτὴν εἰ μὲν ἀληθῶς ἐγένετο καθεύδοντος ψέγουσι, καὶ Τυρρηνοὺς ἱστορίαν τινά φασι διαφυλάττειν ὡς ὑπνώδους φύσει τοῦ Ὀδυσσέως γενομένου καὶ δυσεντεύκτου διὰ τοῦτο τοῖς πολλοῖς ὄντος. Εἰ δ´ οὐκ ἦν ἀληθὴς ὕπνος, ἀλλ´ αἰδούμενος μὲν ἀποπέμψαι τοὺς Φαίακας ἄνευ ξενίων καὶ φιλοφροσύνης, μὴ δυνάμενος δὲ τοὺς ἐχθροὺς λαθεῖν ἐκείνων συμπαρόντων ἐχρήσατο τῆς ἀπορίας παρακαλύμματι, κοιμωμένῳ ποιήσας ὅμοιον ἑαυτόν, ἀποδέχονται. Καὶ ταῦτα δὴ τοῖς νέοις ὑποδεικνύοντες οὐκ ἐάσομεν φορὰν πρὸς τὰ φαῦλα γίγνεσθαι τῶν ἠθῶν ἀλλὰ τῶν βελτιόνων ζῆλον καὶ προαίρεσιν, (27f) εὐθὺς τοῖς μὲν τὸ ψέγειν τοῖς δὲ τὸ ἐπαινεῖν ἀποδιδόντες. Μάλιστα δὲ τοῦτο ποιεῖν δεῖ ἐν ταῖς τραγῳδίαις ὅσαι λόγους ἔχουσι πιθανοὺς καὶ πανούργους ἐν πράξεσιν ἀδόξοις καὶ πονηραῖς. Οὐ πάνυ γὰρ ἀληθὲς τὸ τοῦ Σοφοκλέους λέγοντος Οὐκ ἔστ´ ἀπ´ ἔργων μὴ καλῶν ἔπη καλά· καὶ γὰρ οὗτος εἴωθεν ἤθεσι φαύλοις καὶ ἀτόποις πράγμασι λόγους ἐπιγελῶντας καὶ φιλανθρώπους αἰτίας πορίζειν. [27] et combien (27a) d'actions criminelles cette passion inspire à ceux qui n'écoutent ni leurs propres réflexions ni les conseils de leurs amis. Il lui rapporte l'exemple de Méléagre, qui, d'abord irrité contre ses concitoyens, avait longtemps refusé de les défendre, mais qui ensuite leur avait pardonné. Par là, d'un côté, il blâme la fougue des passions; et de l'autre, il loue ceux qui les domptent, ou qui en réparent les effets par un sage repentir. Dans les exemples que je viens de rapporter, le discernement est facile à faire, et l'on saisit sans peine l'intention de l'auteur. Quand sa pensée est obscure et laisse quelque doute dans l'esprit; il faut s'y arrêter et apprendre aux jeunes gens à distinguer les divers sens dont elle est susceptible. Par exemple, si Nausicaé, en voyant Ulysse pour la première fois, conçoit pour lui la même passion que la nymphe Calypso ; que déjà nubile et ne se proposant qu'une basse volupté, elle dise dans cette vue (27b) à ses suivantes : "Si jamais le Destin, d'accord avec mon cœur, Pouvait d'un tel époux m'accorder la faveur", dans ce cas, on ne peut que blâmer son peu de retenue et son amour pour le plaisir. Au contraire, si jugeant des mœurs d'Ulysse par l'entretien qu'elle vient d'avoir avec lui, l'estime qu'elle conçoit pour sa sagesse lui fait souhaiter de l'avoir pour époux plutôt qu'un de ses concitoyens qui ne serait qu'un pilote grossier ou un baladin méprisable, on ne peut alors qu'approuver son désir. De même, quand Pénélope, s'entretenant d'un ton familier avec ses poursuivants, reçoit d'eux en présents des robes et des bijoux, et qu'Ulysse se réjouit de voir son épouse, (27c) "Flattant d'un vain espoir ses crédules amants, Recevoir de leurs mains de si riches présents", si sa joie n'est que l'effet d'un bas et sordide intérêt, il est plus lâche et plus méprisable que ce Poliagre de qui l'on dit dans la comédie : "De courtisans environné Poliagre avec faste étale l'opulence : C'est que chez lui, cet époux fortuné Nourrit la chèvre aux cornes d'abondance". Mais s'il est content de voir que l'espérance qu'ils ont d'épouser Pénélope les livrera plus sûrement à sa vengeance, sa joie n'a rien que d'honnête et de légitime. Dans cette autre occasion, où il compte les présents qu'AIcinoüs lui avait faits et que les Phéaques ont laissés sur le rivage, après l'y avoir débarqué lui-même; si dans l'abandon où il se trouve et dans une aussi grande incertitude de son sort, (27d) il n'est réellement occupé que de ses richesses ; s'il craint que ses conducteurs "N'emportent avec eux quelqu'un de ces présents", on ne peut trop détester une telle avarice. Mais si, comme d'autres le pensent, doutant que les gens d'Alcinoüs l'aient débarqué à Ithaque, il ne veut s'assurer de la conservation de tous ces présents que pour être certain de leur fidélité, persuadé qu'ils ne l'auraient pas conduit et abandonné dans une terre étrangère sans toucher à ses richesses, alors sa conjecture est sensée, et l'on ne peut que louer sa prudence. (27e) Bien des gens n'approuvent pas non plus qu'il reste endormi pendant qu'on le débarque ; ils citent à ce sujet une tradition établie chez les Tyrrhéniens, qu'Ulysse était naturellement dormeur, et que ce défaut le rendait souvent d'un abord difficile. Mais si son sommeil n'était pas réel, et que, d'un côté, honteux de renvoyer les Phéaques sans les recevoir dans son palais ni leur faire des présents; de l'autre, ne pouvant les introduire chez lui sans être reconnu de ses ennemis, pour se tirer de cet embarras il ait feint de dormir, alors on doit approuver l'expédient dont il use. En faisant faire aux jeunes gens ces sortes de remarques, en louant les bonnes actions et blâmant les mauvaises, (27f) nous préviendrons les impressions funestes des unes et nous exciterons en eux une émulation louable pour les autres. Cette précaution est surtout nécessaire dans la lecture des tragédies, où souvent on cherche à pallier des actions criminelles par des discours artificieux et séduisants. Il n'est pas toujours vrai "Qu'on ne peut bien parler d'une action mauvaise", comme le prétend Sophocle ; car lui-même il excuse souvent les actions les plus condamnables par des discours imposants et des prétextes plausibles.


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Dernière mise à jour : 8/05/2008