HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - Sur la manière de lire les poètes

Page 26

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[26] Μηδὲν οὖν ἐπαινεῖν ἐθιζέσθω τοιοῦτον νέος, μηδὲ (26a) προφάσεις λέγων μηδὲ παραγωγάς τινας εὐπρεπεῖς ἐπὶ πράγμασι φαύλοις μηχανώμενος πιθανὸς ἔστω καὶ πανοῦργος, ἀλλ´ ἐκεῖνο μᾶλλον οἰέσθω, μίμησιν εἶναι τὴν ποίησιν ἠθῶν καὶ βίων, καὶ ἀνθρώπων οὐ τελείων οὐδὲ καθαρῶν οὐδ´ ἀνεπιλήπτων παντάπασιν, ἀλλὰ μεμιγμένων πάθεσι καὶ δόξαις ψευδέσι καὶ ἀγνοίαις, διὰ δ´ εὐφυΐαν αὑτοὺς πολλάκις μετατιθέντων πρὸς τὸ κρεῖττον. γὰρ τοιαύτη παρασκευὴ τοῦ νέου καὶ διάνοια, τοῖς μὲν εὖ λεγομένοις καὶ πραττομένοις ἐπαιρομένου καὶ συνενθουσιῶντος, (26b) τὰ δὲ φαῦλα μὴ προσιεμένου καὶ δυσχεραίνοντος, ἀβλαβῆ παρέξει τὴν ἀκρόασιν. δὲ πάντα θαυμάζων καὶ πᾶσιν ἐξοικειούμενος καὶ καταδεδουλωμένος τῇ δόξῃ τὴν κρίσιν ὑπὸ τῶν ἡρωϊκῶν ὀνομάτων, ὥσπερ οἱ τὴν Πλάτωνος ἀπομιμούμενοι κυρτότητα καὶ τὴν Ἀριστοτέλους τραυλότητα, λήσεται πρὸς πολλὰ τῶν φαύλων εὐχερὴς γενόμενος. Δεῖ δὲ μὴ δειλῶς μηδ´ ὥσπερ ὑπὸ δεισιδαιμονίας ἐν ἱερῷ φρίττειν ἅπαντα καὶ προσκυνεῖν, ἀλλὰ θαρραλέως ἐθιζόμενον ἐπιφωνεῖν μηδὲν ἧττον τοῦ « ὀρθῶς » καὶ « πρεπόντως » τὸ « οὐκ ὀρθῶς » καὶ « οὐ προσηκόντως. » Οἷον Ἀχιλλεὺς ἐκκλησίαν συνάγει τῶν στρατιωτῶν νοσούντων, ἀσχάλλων μὲν (26c) ἀργοῦντι τῷ πολέμῳ μάλιστα πάντων διὰ τὴν ἐν ταῖς στρατείαις ἐπιφάνειαν αὐτοῦ καὶ δόξαν, ἰατρικὸς δ´ ὢν καὶ μεθ´ ἡμέραν ἐνάτην ταῦτα κρίνεσθαι πέφυκεν αἰσθόμενος οὐκ οὖσαν συνήθη τὴν νόσον οὐδὲ συνεστῶσαν ἀπὸ κοινῶν αἰτιῶν, ἀναστὰς οὐ δημαγωγεῖ πρὸς τὸν ὄχλον, ἀλλὰ τῷ βασιλεῖ γίγνεται σύμβουλος Ἀτρείδη, νῦν ἄμμε πάλιν πλαγχθέντας ὀίω ἂψ ἀπονοστήσειν, (26d) ὀρθῶς ταῦτα καὶ μετρίως καὶ πρεπόντως. Τοῦ δὲ μάντεως δεδιέναι φήσαντος τὴν ὀργὴν τοῦ δυνατωτάτου τῶν Ἑλλήνων, οὐκέτ´ ὀρθῶς οὐδὲ μετρίως, ἐπομόσας μηδένα προσοίσειν χεῖρας αὐτῷ ζῶντος αὐτοῦ, προστίθησιν Οὐδ´ ἢν Ἀγαμέμνονα εἴπῃς, ἐνδεικνύμενος ὀλιγωρίαν καὶ περιφρόνησιν τοῦ ἄρχοντος. Ἐκ δὲ τούτου μᾶλλον παροξυνθεὶς ἐπὶ τὸ ξίφος φέρεται σφάττειν διανοούμενος, οὔτε πρὸς τὸ καλὸν ὀρθῶς οὔτε πρὸς τὸ συμφέρον. Εἶτ´ αὖθις μετανοήσας Ἄψ ἐς κουλεὸν ὦσε μέγα ξίφος, οὐδ´ ἀπίθησε (26e) μύθῳ Ἀθηναίης, ὀρθῶς πάλιν καὶ καλῶς, ὅτι τὸν θυμὸν ἐκκόψαι παντάπασι μὴ δυνηθείς, ὅμως πρὶν ἀνήκεστόν τι δρᾶσαι μετέστησε καὶ κατέσχεν εὐπειθῆ τῷ λογισμῷ γενόμενον. Πάλιν Ἀγαμέμνων ἐν μὲν τοῖς περὶ τὴν ἐκκλησίαν γιγνομένοις καὶ λεγομένοις ὑπ´ αὐτοῦ καταγέλαστός ἐστιν, ἐν δὲ τοῖς περὶ Χρυσηίδα σεμνότερος καὶ βασιλικώτερος. μὲν γὰρ Ἀχιλλεὺς ἀγομένης τῆς Βρισηίδος Δακρύσας ἑτάρων ἄφαρ ἕζετο νόσφι λιασθείς, οὗτος δ´ αὐτὸς εἰς τὴν ναῦν ἐμβιβάζων (26f) καὶ παραδιδοὺς καὶ ἀποπέμπων τὴν ἄνθρωπον ἣν ὀλίγῳ πρόσθεν εἴρηκε τῆς γαμετῆς τῇ εὐνοίᾳ προκρίνειν, οὐδὲν ἐρωτικὸν οὐδ´ αἰσχρὸν ἐποίησε. Καὶ μὴν Φοῖνιξ διὰ τὴν παλλακίδα κατάρατος ὑπὸ τοῦ πατρὸς γενόμενος « Τὸν μὲν ἐγώ, » φησί, « βούλευσα κατακτάμεν ὀξέι χαλκῷ· Ἀλλά τις ἀθανάτων παῦσεν χόλον, ὅς ῥ´ ἐνὶ θυμῷ δήμου θῆκε φάτιν καὶ ὀνείδεα πόλλ´ ἀνθρώπων, ὡς μὴ πατροφόνος μετ´ Ἀχαιοῖσιν καλεοίμην. » μὲν οὖν Ἀρίσταρχος ἐξεῖλε ταῦτα τὰ ἔπη φοβηθείς· ἔχει δὲ πρὸς τὸν καιρὸν ὀρθῶς, τοῦ Φοίνικος τὸν Ἀχιλλέα διδάσκοντος οἷόν ἐστιν ὀργὴ [26] Qu'en lisant ces vers, les jeunes gens se gardent bien de les approuver ; (26a) que pour faire montre de subtilité, ils ne cherchent pas à les excuser, à couvrir sous des noms spécieux des actions condamnables. Mais qu'ils aient toujours présent à l'esprit que la poésie étant un art imitatif, les personnages qu'elle fait agir ou parler ne sont pas des hommes d'une vertu parfaite et exempte de tout reproche; qu'ils sont sujets aux passions, à l'ignorance et à l'erreur, quoique souvent, par l'effet d'un heureux naturel, ils réparent les fautes dans lesquelles ils sont tombés. Un jeune homme qu'on aura amené à cette sage disposition de n'admirer que ce qu'il verra de bon et de blâmer ce qui sera mauvais, (26b) pourra lire sans danger les écrits des poètes. Mais s'il approuve, s'il admire tout ; si, subjugué par les noms imposants de ces héros, il ne se permet pas même de faire usage de son discernement pour juger leur conduite, il contractera sans s'en apercevoir une foule de vices ; il sera comme ces hommes qui imitaient jusqu'à l'attitude penchée de Platon et au bégaiement d'Aristote. Qu'il se tienne donc en garde contre ce respect servile, ce culte superstitieux, qui irait à tout diviniser dans ces grands hommes ; qu'il ose s'expliquer sans crainte sur leurs actions et leurs discours, et condamner en eux le mal avec la même liberté qu'il approuve le bien. Lorsque Achille, par exemple, voit la maladie se répandre dans le camp des Grecs, affligé de l'interruption que souffraient les opérations militaires, (26c) il assemble les chefs de l'armée; la considération qu'il avait acquise par ses exploits l'y autorisait. D'ailleurs, comme il était versé dans la médecine, et qu'après le neuvième jour de la maladie, terme où l'on pouvait juger de sa nature, il avait compris que ce n'était pas un accident naturel, mais qu'elle avait une cause extraordinaire, il se lève, et au lieu de parler à l'assemblée, il s'adresse directement au roi : (26d) "Je crains, Agamemnon, que le courroux des dieux Ne nous force bientôt d'abandonner ces lieux". Cas paroles n'ont rien que de convenable et de modéré. Mais lorsque Calchas balançant de s'expliquer, parce qu'il craint, dit-il, de s'attirer la haine du plus puissant des Grecs, Achille lui ordonne de parler et lui proteste avec serment que tant qu'il respirera, personne n'osera mettre la main sur lui : "Parlez, vous fallût-il nommer Agamemnon", il sort alors des bornes de la modération et montre peu de respect pour le chef de l'armée. Il viole ensuite plus ouvertement les règles de la décence, lorsqu'emporté par la colère il tire son épée et menace de tuer Agamemnon. Mais bientôt, rentrant en lui-même, "Il s'arrête, et docile aux ordres de Pallas, (26e) De ce fer menaçant il désarme son bras". Il agit alors avec sagesse, et s'il n'a pas encore entièrement réprimé sa colère, il en arrête au moins les effets avant qu'elle le porte à rien de criminel, et obéit à la voix de la raison. Agamemnon, de son côté, montre une faiblesse ridicule dans tout ce qu'il dit ou fait pendant l'assemblée. Mais rien n'est plus grand, ni plus digne d'un roi que sa conduite par rapport à Chryséis. Achille, lorsqu'on vient enlever Briséis de sa tente, "S'asseoit seul à l'écart, et s'abandonne aux larmes". Au contraire, Agamemnon remet lui-même aux députés de l'armée et conduit (26f) au vaisseau cette femme dont il venait de dire qu'elle lui était plus chère que son épouse même. Il s'en sépare néanmoins, sans que sa passion lui arrache rien d'indigne de la majesté royale. Phénix, après avoir dit que son père le chargea de malédictions, pour lui avoir enlevé sa concubine, ajoute : "Ces discours furieux enflamment ma colère, Et d'un fer meurtrier je menace mon père. Sans doute quelque dieu vint arrêter ma main, Et pour me détourner d'un barbare dessein, Me retrace à l'esprit l'éternelle infamie Dont j'allais chez les Grecs déshonorer ma vie. Le nom de parricide allait m'être donné". Aristarque a retranché ces vers dans Homère, craignant sans doute le mauvais effet qu'ils pouvaient produire. Pour moi, je les crois bien placés dans une occasion où Phénix veut faire sentir à Achille les dangers de la colère


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Dernière mise à jour : 8/05/2008