[7] Τί δέ; ὁ τούτου μὲν υἱός, πρῶτος δ´ ἀναγορευθεὶς
Σεβαστός, ἄρξας δὲ τέσσαρα καὶ πεντήκοντα ἔτη, οὐκ
αὐτὸς ἐκπέμπων τὸν θυγατριδοῦν ἐπὶ στρατείαν ηὔξατο
τοῖς θεοῖς ἀνδρείαν μὲν αὐτῷ δοῦναι τὴν Σκιπίωνος,
εὔνοιαν δὲ τὴν Πομπηίου, Τύχην δὲ τὴν αὑτοῦ; καθάπερ
ἔργῳ μεγάλῳ δημιουργὸν ἐπιγράψας ἑαυτῷ τὴν Τύχην,
ἥτις αὐτὸν ἐπιθεῖσα Κικέρωνι καὶ Λεπίδῳ καὶ Πάσσᾳ
καὶ Ἱρτίῳ καὶ Μάρκῳ Ἀντωνίῳ, ταῖς ἐκείνων ἀριστείαις
καὶ χερσὶ καὶ νίκαις καὶ στόλοις καὶ πολέμοις καὶ
στρατοπέδοις γενόμενον πρῶτον εἰς ὕψος ἄρασα καὶ
καταβαλοῦσα τούτους, δι´ ὧν ἀνέβη, μόνον κατέλιπεν.
ἐκείνῳ γὰρ ἐπολιτεύετο Κικέρων καὶ Λέπιδος ἐστρατήγει
καὶ Πάσσας ἐνίκα καὶ Ἵρτιος ἔπιπτε καὶ Ἀντώνιος
ὕβριζεν. ἐγὼ γὰρ καὶ Κλεοπάτραν τὴν τύχην Καίσαρος
τίθημι, περὶ ἣν ὡς ἕρμα κατέδυ καὶ συνετρίβη
τηλικοῦτος αὐτοκράτωρ, ἵν´ ᾖ μόνος Καῖσαρ. λέγεται
δέ, πολλῆς οἰκειότητος αὐτοῖς καὶ συνηθείας ὑπαρχούσης,
πολλάκις σχολαζόντων εἰς παιδιὰν σφαίρας ἢ
κύβων ἢ νὴ Δία θρεμμάτων ἁμίλλης, οἷον ὀρτύγων,
ἀλεκτρυόνων, ἀεὶ νικώμενον Ἀντώνιον ἀπαλλάττεσθαι·
καί τινα τῶν περὶ αὐτὸν ἐπὶ μαντείᾳ σεμνυνόμενον
πολλάκις παρρησιάζεσθαι καὶ νουθετεῖν, ’ὦ ἄνθρωπε,
τί σοι πρᾶγμα πρὸς τοῦτον ἔστι τὸν νεανίσκον; φεῦγ´
αὐτόν· ἐνδοξότερος εἶ, πρεσβύτερος εἶ, ἄρχεις πλειόνων,
ἐνήθληκας πολέμοις, ἐμπειρίᾳ διαφέρεις· ἀλλ´ ὁ σὸς
δαίμων τὸν τούτου φοβεῖται· καὶ ἡ τύχη σου καθ´
ἑαυτήν ἐστι μεγάλη, κολακεύει δὲ τὴν τούτου· ἐὰν μὴ
μακρὰν ᾖς, οἰχήσεται μεταβᾶσα πρὸς αὐτόν.‘
| [7] Que dirai-je de son fils, qui le premier porta le nom
d'Auguste et régna cinquante-quatre ans? Lorsqu'il envoya
son petit-fils à la tête d'une expédition, ne demanda-t-il pas
aux Dieux pour cet enfant le courage de Scipion, la bienveillance
qu'avait toujours rencontrée Pompée, et son propre
bonheur? Son élévation personnelle était, à ses yeux,
comme un imposant ouvrage élevé par les mains de la Fortune,
et sur lequel il inscrivait le nom de cette déesse.
C'était la Fortune qui l'avait fait prévaloir sur Cicéron,
sur Lépidus, sur Pansa, sur Hirtius, sur Marc Antoine,
malgré leurs exploits militaires, leur bravoure, leurs victoires,
leurs flottes, leurs guerres, leurs campements. Elle lui
avait assuré le premier rang, l'avait placé sur le faîte, et
après qu'ils avaient servi à élever César, elle avait hâté leur
chute afin de le laisser seul. C'était en effet pour lui que
Cicéron avait déployé ses talents politiques, et Lépidus, ses
talents guerriers ; que Pansa avait été vainqueur, qu'Hirtius
avait succombé, qu'Antoine s'était abandonné à ses honteuses
passions. Oui, c'est à la Fortune de César que j'attribue
cette Cléopatre qui fut comme l'écueil où vint se briser
le puissant triumvir, de manière à ce que César restât seul
désormais. A ce propos, on raconte qu'au temps de leur in-
timité et de leur familiarité la plus étroite, quand ils employaient
fréquemment leurs loisirs à jouer à la paume, aux
dés, quelquefois même, par Jupiter, à faire battre des animaux
domestiques, tels que des cailles ou des coqs, on raconte,
dis je, que c'était toujours Antoine qui se retirait
vaincu ; et un de ses amis, qui se piquait de divination, lui
disait souvent avec franchise pour l'éclairer : « Seigneur,
qu'avez-vous à faire avec ce jeune homme ? Fuyez-le. Vous
l'emportez sur lui par la renommée et par l'âge, vous
commandez à plus d'hommes que lui, vous avez fait vos
preuves à la guerre, vous avez une expérience plus consommée,
mais votre Génie tremble devant le sien ; toute
grande qu'elle est en soi, votre Fortune flatte la sienne ; et
si vous ne vous éloignez de lui, elle vous quittera pour passer
de son côté. »
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