[1,8] Πρὸς τοῦτον ἀποβλέπων τὸν κόσμον Ἀλέξανδρος
οὐ τὴν ἐσθῆτα προσήκατο τὴν Μηδικήν, ἀλλὰ τὴν
Περσικὴν πολλῷ τῆς Μηδικῆς εὐτελεστέραν οὖσαν. τὰ
γὰρ ἔξαλλα καὶ τραγικὰ τοῦ βαρβαρικοῦ κόσμου παραιτησάμενος,
οἷον τιάραν καὶ κάνδυν καὶ ἀναξυρίδας, ἐκ τοῦ
Περσικοῦ καὶ Μακεδονικοῦ τρόπου μεμιγμένην τινὰ
στολὴν ἐφόρει, καθάπερ Ἐρατοσθένης ἱστόρηκεν, ὡς
μὲν φιλόσοφος τοῖς ἀδιαφόροις χρώμενος, ὡς δ´ ἡγεμὼν
κοινὸς καὶ βασιλεὺς φιλάνθρωπος τῇ περὶ τὴν ἐσθῆτα
τιμῇ τὴν τῶν κεκρατημένων ἀνακτώμενος εὔνοιαν, ἵνα
βεβαίως παραμένωσιν ἀγαπῶντες ὡς ἄρχοντας Μακεδόνας,
μὴ μισοῦντες ὡς πολεμίους. τοὐναντίον γὰρ ἦν
ἀσόφου καὶ τετυφωμένης ψυχῆς τὴν μὲν αὐτόχρουν
χλαμύδα θαυμάζειν τὸν δὲ παραπόρφυρον χιτῶνα δυσχεραίνειν,
ἢ πάλιν ἐκεῖνα μὲν ἀτιμάζειν τούτοις δ´ ἐκπεπλῆχθαι,
δίκην νηπίου παιδὸς φυλάττοντα τὴν περιβολήν,
ἣν ἡ πάτριος αὐτῷ συνήθεια καθάπερ τίτθη περιέθηκε.
ζῷα θηρεύοντες ἄνθρωποι δορὰς ἐλάφων περιτίθενται
καὶ πτερωτοῖς ἀμπέχονται χιτωνίσκοις ἄγραις ἐπιχειροῦντες
ὀρνίθων καὶ φυλάττονται ταύροις ὀφθῆναι
φοινικίδας ἔχοντες, ἐλέφασι δὲ λευκοὺς χιτῶνας· ἐρεθίζεται
γὰρ ὑπὸ τῶν χρωμάτων τὰ ζῷα τούτων καὶ διαθηριοῦται.
εἰ δὲ βασιλεὺς μέγας ἔθνη δυσκάθεκτα καὶ
μαχόμενα καθάπερ ζῷα τιθασεύων καὶ μειλισσόμενος
ἐσθῆσιν οἰκείαις καὶ συνήθεσιν ἐξεπράυνε διαίταις καὶ
κατέστελλεν, οἰκειούμενος αὐτῶν τὸ δύσθυμον καὶ παρηγορῶν
τὸ σκυθρωπόν, ἐγκαλοῦσιν, οὐχὶ θαυμάζουσι τὴν
σοφίαν, ὅτι τῷ τυχόντι μετασχηματισμῷ τὴν Ἀσίαν
ἐδημαγώγησε, τοῖς μὲν ὅπλοις τῶν σωμάτων ἐπικρατήσας,
τῇ δ´ ἐσθῆτι τὰς ψυχὰς προσαγαγόμενος; καίτοι γ´
Ἀρίστιππον θαυμάζουσι τὸν Σωκρατικόν, ὅτι καὶ τρίβωνι
λιτῷ καὶ Μιλησίᾳ χλανίδι χρώμενος δι´ ἀμφοτέρων
ἐτήρει τὸ εὔσχημον· Ἀλεξάνδρῳ δ´ ἐγκαλοῦσιν, ὅτι τὴν
πάτριον ἐσθῆτα κοσμῶν οὐδὲ τὴν δορίκτητον ὑπερεῖδε,
μεγάλων πραγμάτων καταβαλλόμενος ἀρχάς. οὐ γὰρ λῃστρικῶς
τὴν Ἀσίαν καταδραμὼν οὐδ´ ὥσπερ ἅρπαγμα καὶ
λάφυρον εὐτυχίας ἀνελπίστου σπαράξαι καὶ ἀνασύρασθαι
διανοηθείς, καθάπερ ὕστερον μὲν Ἀννίβας Ἰταλίαν, πρότερον
δὲ Τρῆρες Ἰωνίαν καὶ Σκύθαι Μηδίαν ἐπῆλθον· ἀλλ´
ἑνὸς ὑπήκοα λόγου τὰ ἐπὶ γῆς καὶ μιᾶς πολιτείας, ἕνα
δῆμον ἀνθρώπους ἅπαντας ἀποφῆναι βουλόμενος, οὕτως
ἑαυτὸν ἐσχημάτιζεν· εἰ δὲ μὴ ταχέως ὁ δεῦρο καταπέμψας
τὴν Ἀλεξάνδρου ψυχὴν ἀνεκαλέσατο δαίμων, εἷς
ἂν νόμος ἅπαντας ἀνθρώπους διῳκεῖτο καὶ πρὸς ἓν
δίκαιον ὡς πρὸς κοινὸν ἐπέβλεπον φῶς. νῦν δὲ τῆς γῆς
ἀνήλιον μέρος ἔμεινεν, ὅσον Ἀλέξανδρον οὐκ εἶδεν.
| [1,8] C'est une belle parure qu'Alexandre avait en vue, lorsqu'en
une telle circonstance il prit non pas l'habit des Mèdes,
mais celui des Perses, qui était beaucoup plus simple. Il
rejeta les ornements, étrangers et trop pompeux, d'un luxe
barbaresque, tels que la tiare, la robe traînante, les larges
pantalons; et il porta un costume qui, au rapport d'Eratosthène,
tenait à la fois du Perse et du Macédonien.
Comme philosophe, il n'attachait à ces détails aucune importance ;
mais comme chef des deux nations, comme prince
plein de bonté, il avait à coeur de conquérir la bienveillance
des vaincus en honorant sur sa personne leur habillement. Il
voulait les habituer d'une manière durable à aimer les Macédoniens
comme on aime ses magistrats, et non à les détester
comme des ennemis. Au contraire, il eût été d'une âme
dénuée de toute prudence et abusée par l'orgueil, de se
passionner pour la robe d'une seule couleur et de ne pouvoir
souffrir celle qui portait une bordure de pourpre.
Réciproquement, il y aurait eu de la maladresse à mépriser
ces brillants costumes et à s'obstiner aux plus simples,
comme un petit enfant garderait le vêtement auquel
la mode du pays, telle qu'une véritable nourrice, l'aurait
habitué dès son jeune âge. Les chasseurs de bêtes fauves
s'affublent de peaux de cerfs; les chasseurs d'oiseaux se
couvrent de jaquettes emplumées; on se garde bien de se
faire voir à des taureaux quand on porte un vêtement rouge,
à des éléphants lorsqu'on en porte de blancs, parce que
ces couleurs les irritent et les effarouchent; et lorsqu'un
grand roi, pour adoucir, pour apprivoiser, comme de véritables
animaux, des nations intraitables et disposées à combattre,
a eu l'idée de les calmer et de les contenir en prenant
leurs vêtements nationaux et leur genre ordinaire de
vie, il lui serait fait un crime de ce qu'il familiarise le mauvais
vouloir, de ce qu'il rend accessibles à la raison des caractères
farouches! Ne devrait-on pas plutôt admirer la sagesse
avec laquelle, au moyen du plus simple changement
de costume, il se concilia l'Asie? Pendant qu'il soumettait
les corps par la force des armes, il s'attirait les coeurs par sa
manière de se vêtir. On admire le socraticien Aristippe,
parce que sous un simple manteau comme sous la chlamyde
de Milet il conservait toujours la dignité de son attitude;
mais l'on condamne Alexandre, parce que tout en
rehaussant le costume de son pays, il ne dédaignait pas celui
des peuples conquis par sa lance, et jetait ainsi les fondements
d'une puissance considérable! En effet, ce n'était pas
en brigand qu'il avait parcouru l'Asie. Il ne voyait pas là
une capture, une dépouille d'un bonheur inespéré, dont
il songeât à saisir et à emporter les lambeaux, comme plus
tard Annibal considéra l'Italie, ni comme auparavant les
Trères avaient considéré l'Ionie, ou bien les Scythes, la
Médie. Non : il voulait assujettir à un seul mot d'ordre, à
une seule forme de gouvernement l'univers entier; c'était
pour faire de tous les hommes une nation unique qu'il se
costumait de cette manière. Que si le Génie qui avait envoyé
ici-bas l'âme d'Alexandre ne s'était hâté de la rappeler
à soi, une loi unique aurait eu l'oeil sur tous les peuples,
et ils eussent tourné leurs regards vers une seule et même
justice comme vers une lumière commune. Mais aujourd'hui
toute la partie de la terre qui n'a pas vu Alexandre est restée
sans soleil.
|