HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Sur la fortune d'Alexandre

Discours 1

  Chapitre 7

[1,7] Δημάρατος μὲν οὖν Κορίνθιος εἷς ὢν τῶν Φιλίππου ξένων καὶ φίλων, ὅτ´ Ἀλέξανδρον εἶδεν ἐν Σούσοις, περιχαρὴς γενόμενος καὶ δακρύσας μεγάλης ἔφη χαρᾶς ἐστερῆσθαι τοὺς ἔμπροσθεν τεθνηκότας Ἕλληνας, ὅτι Ἀλέξανδρον οὐκ εἶδον ἐν τῷ Δαρείου θρόνῳ καθεζόμενον· ἐγὼ δ´ οὐδὲ τούτου μὰ Δία τοῦ θεάματος ζηλῶ τοὺς ἰδόντας, καὶ τύχης ἦν καὶ κοινὸν ἑτέρων βασιλέων· ἀλλ´ ἐκείνης ἡδέως ἄν μοι δοκῶ γενέσθαι τῆς καλῆς καὶ ἱερᾶς νυμφαγωγίας θεατής, ὅτε μιᾷ σκηνῇ χρυσωρόφῳ περιλαβών, ἐφ´ ἑστίας κοινῆς καὶ τραπέζης, ἑκατὸν Περσίδας νύμφας καὶ ἑκατὸν νυμφίους Μακεδόνας καὶ Ἕλληνας, αὐτὸς ἐστεφανωμένος πρῶτος ἀναμέλπων τὸν ὑμέναιον, ὥσπερ φιλοτήσιον ἐπᾴδων μέλος εἰς κοινωνίαν συνιοῦσι τοῖς μεγίστοις καὶ δυνατωτάτοις γένεσι, μιᾶς νυμφίος, πασῶν δὲ νυμφαγωγὸς ἅμα καὶ πατὴρ καὶ ἁρμοστὴς κατὰ ζυγὰ συνῆπτεν. ἡδέως γὰρ ἂν εἶπον " βάρβαρε Ξέρξη καὶ ἀνόητε καὶ μάτην πολλὰ περὶ τὴν Ἑλλησποντίαν πονηθεὶς γέφυραν, οὕτως ἔμφρονες βασιλεῖς Ἀσίαν Εὐρώπῃ συνάπτουσιν, οὐ ξύλοις οὐδὲ σχεδίαις οὐδ´ ἀψύχοις καὶ ἀσυμπαθέσι δεσμοῖς, ἀλλ´ ἔρωτι νομίμῳ καὶ γάμοις σώφροσι καὶ κοινωνίαις παίδων τὰ γένη συνάπτοντες." [1,7] Aussi, quand Démarate le Corinthien, un des hôtes et des amis de Philippe, vit Alexandre à Suse, il fut transporté de joie et versa des larmes, en disant que les Grecs morts auparavant étaient privés d'une bien grande satisfaction, puisqu'ils n'avaient pas vu Alexandre assis sur le trône de Darius. Pour moi, par Jupiter, ce n'est pas un tel spectacle que j'envie à ceux qui en furent témoins : le prince n'avait recueilli là qu'un avantage dépendant de la Fortune, et commun à bien d'autres rois Mais ce que j'aurais été, ce me semble, heureux de voir, c'est cette belle et sainte cérémonie de fiançailles, lorsque sous une même tente enrichie d'or, et au même foyer, à la même table, Alexandre rassembla cent femmes persanes mariées à un nombre égal de Macédoniens et de Grecs; lorsque lui-même, couronné de fleurs, entonnant le chant de l'hyménée comme gage d'un amour mutuel, unit par des noeuds intimes les deux nations les plus grandes et les plus puissantes du monde ; lorsqu'il épousa une des jeunes fiancées, en même temps qu'il présidait à tous ces mariages, où il remplissait le rôle de conciliateur et de père. Avec quels transports de joie je me serais écrié : « O barbare et insensé Xerxès, qui déployas tant de fatigues vaines pour jeter un pont sur la mer, apprends que c'est ainsi que de sages monarques unissent l'Asie à l'Europe : non par des charpentes, par des barques, par des liens inanimés et insensibles, mais par un amour légitime, par de chastes hyménées, source d'une postérité commune ! »


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Dernière mise à jour : 19/05/2005