[1,3] Καὶ μὴν τὰ μὲν αὐτῆς τῆς στρατείας χειμῶνες,
αὐχμοί, βάθη ποταμῶν, ἄορνα ὕψη, θηρίων ὑπερφυεῖς
ὄψεις, ἄγριοι δίαιται, μεταβολαὶ δυναστῶν, παλιμπροδοσίαι·
τὰ δὲ πρὸ τῆς στρατείας, ἐπεὶ τοῖς Φιλιππικοῖς
πολέμοις ἐπέσπαιρεν ἡ Ἑλλάς, ἀπεσείοντο δ´ αἱ Θῆβαι
τῶν ὅπλων τὴν Χαιρωνικὴν κόνιν ἐκ τοῦ πτώματος ἀνιστάμεναι,
καὶ συνῆπτον αἱ Ἀθῆναι τὰς χεῖρας ὀρέγουσαι,
πᾶσα δ´ ὕπουλος ἦν ἡ Μακεδονία πρὸς Ἀμύνταν
ἀποβλέπουσα καὶ τοὺς Ἀερόπου παῖδας, ἀνερρήγνυντο
δ´ Ἰλλυριοί, καὶ τὰ Σκυθῶν ἐπῃωρεῖτο τοῖς προσοίκοις
νεωτερίζουσι, τὸ δὲ Περσικὸν χρυσίον διὰ τῶν ἑκασταχοῦ
δημαγωγῶν ῥέον ἐκίνει τὴν Πελοπόννησον, κενοὶ δ´ οἱ
Φιλίππου θησαυροὶ χρημάτων, καὶ προσῆν ἔτι δάνειον,
ὡς Ὀνησίκριτος ἱστορεῖ, διακοσίων ταλάντων. ἐν τοσαύτῃ
πενίᾳ καὶ πράγμασι ταραχὰς ἔχουσι μειράκιον ἄρτι τὴν
παιδικὴν παραλλάττον ἡλικίαν ἐθάρρησεν ἐλπίσαι Βαβυλῶνα
καὶ Σοῦσα, μᾶλλον δὲ τὴν πάντων ἀνθρώπων
ἀρχὴν εἰς νοῦν ἐμβαλέσθαι, τοῖς τρισμυρίοις, οἶμαι,
πεζοῖς καὶ τετρακισχιλίοις ἱππεῦσι πιστεύσας· τοσοῦτοι
γὰρ ἦσαν, ὡς Ἀριστόβουλός φησιν· ὡς δὲ
Πτολεμαῖος ὁ βασιλεύς, τρισμύριοι πεζοὶ πεντακισχίλιοι
δ´ ἱππεῖς· ὡς δ´ Ἀναξιμένης, τετρακισμύριοι
πεζοὶ καὶ τρισχίλιοι, πεντακισχίλιοι δὲ καὶ πεντακόσιοι
ἱππεῖς. τὸ δὲ λαμπρὸν αὐτῷ καὶ μέγα παρασκευασθὲν
ὑπὸ τῆς Τύχης ἐφόδιον ἑβδομήκοντα τάλαντ´
ἦν, ὥς φησιν Ἀριστόβουλος· ὡς δὲ Δοῦρις,
τριάκοντα μόνον ἡμερῶν ἐπισιτισμός.
| [1,3] Ce ne sera pas tout que d'avoir énuméré les épreuves
de cette expédition : les hivers, les chaleurs brûlantes, les
fleuves profonds, les rochers inaccessibles aux oiseaux, les
bêtes féroces les plus horribles, le régime le plus dur, les
inconstances et les trahisons des rois. Avant l'expédition
même, que de difficultés ! La Grèce commençait à renaître,
à palpiter, à la suite des guerres de Philippe; Thèbes secouait
de dessus ses armes la poussière de Chéronée; elle
se relevait de sa chute, et Athènes se rapprochait d'elle en
lui tendant les mains. Toute la Macédoine était comme
grosse de révolutions : elle portait ses regards vers Amyntas
ainsi que vers les fils d'Eropus. L'Illyrie éclatait, et les
Scythes commençaient à s'ébranler au souffle révolutionnaire
de leurs voisins. L'or des Perses, répandu entre les mains
des démagogues de chaque république, mettait le Péloponèse
en mouvement; les trésors de Philippe étaient épuisés,
et de plus, au dire d'Onésicrite, les finances étaient obérées
d'une dette de deux cents talents. Dans une aussi grande
pénurie, au milieu de pareils désordres, un jeune homme
à peine sorti de l'enfance osa espérer la conquête de Babylone
et de Suse, ou plutôt rêver la monarchie universelle,
et cela, le croiriez-vous! en se fiant sur trente mille hommes
d'infanterie et quatre mille hommes de cavalerie. Il
n'en avait pas d'avantage, au dire d'Aristobule. Le roi Ptolémée
porte l'infanterie également à trente mille, et la cavalerie
à cinq mille. Au compte d'Anaximène, c'étaient quarante-trois
mille fantassins, et cinq mille cinq cents cavaliers.
Enfin, (viatique brillant et considérable, en vérité, que lui
ménageait la Fortune !) il possédait en numéraire soixante-dix
talents, au récit d'Aristobule, et, selon Duris, des provisions
de bouche pour trente jours seulement.
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