[9] Οἶμαί σε τῆς Νάξου γεγονέναι θεατήν, εἰ δὲ μή, τῆς
γ´ Οὐρίας ἐνταῦθα πλησίον οὔσης· ἀλλ´ ἐκείνη μὲν ἐχώρει
τὸν Ἐφιάλτην καὶ τὸν Ὦτον, αὕτη δὲ τοῦ Ὠρίωνος ἦν
οἰκητήριον. ὁ δ´ Ἀλκμαίων ἰλὺν νεοπαγῆ τοῦ Ἀχελῴου
προσχωννύντος ἐπῴκησεν ὑποφεύγων τὰς Εὐμενίδας, ὡς
οἱ ποιηταὶ λέγουσιν, ἐγὼ δὲ κἀκεῖνον εἰκάζω φεύγοντα
πολιτικὰς ταραχὰς καὶ στάσεις καὶ συκοφαντίας ἐρινυώδεις
ἑλέσθαι βραχὺ χωρίον ἀπραγμόνως ἐν ἡσυχίᾳ κατοικεῖν.
Τιβέριος δὲ Καῖσαρ ἐν Καπρέαις ἑπτὰ ἔτη διῃτήθη μέχρι
τῆς τελευτῆς, καὶ τὸ τῆς οἰκουμένης ἡγεμονικὸν {ἱερὸν}
ὥσπερ εἰς καρδίαν συνηγμένον οὐδαμοῦ μετέστη τοσοῦτον
χρόνον. ἀλλ´ ἐκείνῳ μὲν αἱ τῆς ἡγεμονίας φροντίδες ἐπιχεόμεναι
καὶ προσφερόμεναι πανταχόθεν οὐ καθαρὰν παρεῖχον
οὐδ´ ἀκύμονα τὴν νησιῶτιν ἡσυχίαν· ᾧ δ´ ἔξεστιν
εἰς μικρὰν ἀποβάντι νῆσον οὐ μικρῶν ἀπηλλάχθαι κακῶν,
οὗτος ἄθλιός ἐστι μὴ προσλαλῶν ἑαυτῷ τὰ Πινδαρικὰ
μηδ´ ἐπᾴδων πολλάκις
‘ἔα, φρήν, κυπάρισσον {φιλέειν}, ἔα δὲ νομὸν {Κρήτας}
περιδάιον.
ἐμοὶ δ´ ὀλίγον μὲν γᾶς δέδοται, ὅθεν ἄδρυς, πενθέων
δ´ οὐκ ἔλαχον οὐδὲ στασίων’
οὐδὲ προσταγμάτων ἡγεμονικῶν οὐδ´ ὑπουργιῶν ἐν πολιτικαῖς
χρείαις καὶ λειτουργιῶν δυσπαραιτήτων.
| [9] Je suppose que vous avez eu occasion de voir Naxos,
ou du moins Hyria, qui est voisine de ces lieux. Dans
la première habitaient Ephialte et Otus; la seconde était le
séjour d'Orion. Alcméon avait pour demeure un fonds
vaseux, récemment formé par les alluvions de l'Acheloüs.
II s'y établit, quand il se dérobait, disent les poètes, à la
fureur des Euménides. Mais je crois que c'étaient les tracas
politiques qu'il fuyait, l'autorité, les séditions, les calomnies,
véritables Mégères; et il aima mieux fixer son
domicile dans un petit coin tranquillement, sans préoccupations.
Tibère César vécut à Caprée les sept ans qui précédèrent
sa mort ; et le siége sacré de l'empire du monde,
concentré là comme dans un coeur, n'en bougea pas durant
cet espace de temps. Mais Tibère avait les soucis du pouvoir,
qui venaient l'assaillir et se pressaient de tous côtés
autour de lui : il ne lui était pas permis de savourer purement
et sans mélange son repos d'insulaire. Celui qui peut,
au rebours, se retirer dans une petite île, pour s'y dérober
à des tourments qui ne sont pas petits, celui-là est bien
misérable, s'il ne se répète à lui-même les vers de Pindare,
et s'il ne se dit à chaque instant :
"Je prefère un humble cyprès
Aux riches cultures de Crète :
Un coin pour reposer ma tête,
A l'émeute, au bruit, aux procès".
Ajoutons, "aux ordres des magistrats, à la nécessité de
subir des charges publiques qu'il est difficile de refuser".
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