[7] Αἰγυπτίων μὲν οὖν οἱ δι´ ὀργήν τινα καὶ χαλεπότητα
τοῦ βασιλέως εἰς Αἰθιοπίαν μετοικιζόμενοι πρὸς τοὺς
δεομένους ἐπανελθεῖν ἐπὶ τέκνα καὶ γυναῖκας ἐπιδεικνύντες
τὰ αἰδοῖα κυνικώτερον οὔτε γάμων ἔφασαν οὔτε
παίδων ἀπορήσειν, ἄχρι οὗ ταῦτα μεθ´ ἑαυτῶν ἔχωσιν·
εὐπρεπέστερον δ´ ἐστὶ καὶ σεμνότερον εἰπεῖν ὡς, ὅπου καὶ
ὅτῳ μετρίων πρὸς τὸν βίον εὐπορεῖν συμβέβηκεν, ἐνταῦθ´
οὗτος οὔτ´ ἄπολις οὔτ´ ἀνέστιος οὔτε ξένος ἐστί. μόνον
ἔχειν δεῖ πρὸς τούτοις νοῦν καὶ λογισμὸν ὥσπερ ἄγκυραν
κυβερνήτην, ἵνα παντὶ χρῆσθαι λιμένι προσορμισθεὶς
δύνηται. πλοῦτον μὲν γὰρ ἀποβαλόντα ῥᾳδίως οὐκ ἔστι καὶ
ταχέως ἄλλον συναγαγεῖν, πατρὶς δὲ γίνεται πᾶσα πόλις
εὐθὺς ἀνθρώπῳ χρῆσθαι μεμαθηκότι καὶ ῥίζας ἔχοντι
πανταχοῦ ζῆν τε καὶ τρέφεσθαι καὶ παντὶ τόπῳ προσφύεσθαι
δυναμένας, οἵας εἶχε Θεμιστοκλῆς οἵας Δημήτριος
ὁ Φαληρεύς. οὗτος μὲν γὰρ ἐν Ἀλεξανδρείᾳ μετὰ
τὴν φυγὴν πρῶτος ὢν τῶν Πτολεμαίου φίλων οὐ μόνον
αὐτὸς ἐν ἀφθόνοις διῆγεν ἀλλὰ καὶ τοῖς Ἀθηναίοις δωρεὰς
ἔπεμπε, | Θεμιστοκλῆς δὲ χορηγίᾳ βασιλικῇ πρυτανευόμενος
εἰπεῖν λέγεται πρὸς τὴν γυναῖκα καὶ τοὺς παῖδας
‘ἀπωλόμεθ´ ἄν, εἰ μὴ ἀπωλόμεθα.’ διὸ καὶ Διογένης
ὁ κύων πρὸς τὸν εἰπόντα ‘Σινωπεῖς σου φυγὴν ἐκ Πόντου
κατέγνωσαν’ ‘ἐγὼ δ´’ εἶπεν ‘ἐκείνων ἐν Πόντῳ μονήν’
‘ἄκραις ἐπὶ ῥηγμῖσιν ἀξένου πόρου.’
Στρατόνικος δὲ τὸν ἐν Σερίφῳ ξένον ἠρώτησεν, ἐφ´ ὅτῳ
τῶν ἀδικημάτων φυγὴ τέτακται παρ´ αὐτοῖς ἐπιτίμιον·
ἀκούσας δ´ ὅτι τοὺς ῥᾳδιουργοὺς φυγαδεύουσι, ‘τί οὖν’
εἶπεν ‘οὐκ ἐρρᾳδιούργησας, ὅπως ἐκ τῆς στενοχωρίας
ταύτης μεταστῇς;’ ὅπου φησὶν ὁ κωμικὸς
τὰ σῦκα ταῖς σφενδόναις τρυγᾶσθαι
καὶ πάντ´ ἔχειν ὅσων δεῖ τὴν νῆσον.
| [7] Des Égyptiens, que l'emportement et la tyrannie des
souverains avaient déterminés à se fixer en Éthiopie, étaient
sollicités de retourner auprès de leurs enfants et de leurs
femmes. Par un geste des plus cyniques, ils montrèrent
leurs parties sexuelles, en disant qu'ils ne manqueraient ni
d'enfants ni de femmes tant qu'ils auraient avec eux ces outils.
On peut dire, en termes plus décents et plus graves,
que partout où un homme trouvera en abondance ce qu'il
faut pour une honnête médiocrité, il n'y sera privé ni d'une
ville ni d'un foyer domestique, et qu'il n'y sera point un
étranger. Seulement, il faut, outre ces ressources, être
muni de bon sens et de raison. C'est là l'ancre, c'est là le
pilote, qui mettent à même de tirer profit du premier port
où l'on est jeté. Si l'on a perdu sa fortune, ce n'est pas
chose facile et prompte que d'en amasser une autre. Mais
on se fait aussitôt une patrie de toutes les villes, quand on
sait en user, quand on a en soi de ces racines qui rendent
capable de vivre et de se nourrir partout, de s'attacher à
n'importe quel sol. Telles étaient celles qu'avait un Thémistocle,
qu'avait un Démétrius de Phalère. Ce dernier,
s'étant rendu à Alexandrie lorsqu'il eut été condamné à
l'exil, devint le premier favori de Ptolémée; et non seulement
il vécut au sein de l'abondance, mais encore il envoyait
des présents aux Athéniens. Thémistocle, traité en
prytane par la munificence du Souverain, disait, raconte-t-on,
à sa femme et à ses enfants : « Nous périssions si nous
n'eussions péri. Dans le même sens, Diogène le Cynique,
comme on lui disait qu'une condamnation prononcée par
les habitants de Sinope l'avait banni du Pont: « Et moi,
s'écria-t-il, je les condamne à rester dans le Pont,
"Sur les bords escarpés de ce séjour maudit". »
Stratonicus, logé chez un hôte à Seriphe, lui demanda
quel crime était chez eux puni par le châtiment de l'exil.
L'homme lui répondit que c'étaient les faussaires que l'on
condamnait à cette peine : « Pourquoi donc, dit-il, ne
t'es-tu pas fait faussaire, afin de t'échapper d'une semblable
prison? » C'est en cette île pourtant que l'on récolte,
dit le Comique, les figues à coups de fronde, et que
l'on trouve à foison tout ce dont on a besoin.
|