[4] ὥσπερ οὖν ἐν κωμῳδίᾳ τις ἠτυχηκότα φίλον θαρρεῖν
καὶ τὴν τύχην ἀμύνεσθαι παρακαλῶν ἐρομένου ‘τίνα
τρόπον;’ ἀποκρίνεται ‘φιλοσόφως,’ οὕτω καὶ ἡμεῖς αὐτὴν
ἀμυνώμεθα φιλοσοφοῦντες ἀξίως·
‘τὸν Δία δὲ πῶς ὕοντα; τὸν βορέαν δὲ πῶς;’
πῦρ ζητοῦμεν βαλανεῖον ἱμάτιον στέγην· καὶ γὰρ οὐχ
ὑόμενοι καθήμεθ´ οὐδὲ κλαίομεν. καὶ σοὶ τοίνυν παρ´
ὁντιναοῦν ἔστι τὸ κατεψυγμένον τοῦτο τοῦ βίου μέρος
ἀναζωπυρεῖν καὶ ἀναθάλπειν ἑτέρων βοηθημάτων μὴ δεόμενον
ἀλλὰ χρώμενον εὐλογίστως τοῖς παροῦσιν. αἱ μὲν
γὰρ ἰατρικαὶ σικύαι τὸ φαυλότατον ἐκ τοῦ σώματος ἀναλαμβάνουσαι
κουφίζουσι καὶ σῴζουσι τὸ λοιπόν, οἱ δὲ
φιλόλυποι καὶ φιλαίτιοι τῷ τὰ χείριστα τῶν ἰδίων συνάγειν
ἀεὶ καὶ διαλογίζεσθαι καὶ προστετηκέναι τοῖς ἀνιαροῖς
ἄχρηστα καὶ τὰ χρήσιμα ποιοῦσιν ἑαυτοῖς, ἐν ᾧ μάλιστα
καιρῷ βοηθεῖν πέφυκε. τοὺς γὰρ δοιοὺς πίθους, ὦ φίλε,
οὓς Ὅμηρος ἔφη κηρῶν ἐμπλείους ἐν οὐρανῷ
κεῖσθαι τὸν μὲν ἀγαθῶν τὸν δὲ φαύλων, οὐχ ὁ Ζεὺς
ταμιεύων κάθηται καὶ μεθιεὶς τοῖς μὲν ἤπια καὶ μεμιγμένα
τοῖς δ´ ἄκρατα ῥεύματα τῶν κακῶν, ἀλλ´ ἡμῶν αὐτῶν
οἱ μὲν νοῦν ἔχοντες ἐκ τῶν ἀγαθῶν τοῖς κακοῖς ἐπαρυτόμενοι
τὸν βίον ποιοῦσιν ἡδίω καὶ ποτιμώτερον, τοῖς
δὲ πολλοῖς ὥσπερ ἠθμοῖς ἐμμένει καὶ προσίσχεται τὰ
φαυλότατα τῶν βελτιόνων ὑπεκρεόντων.
| [4] De même donc que dans certaine comédie un personnage
invite son ami à se montrer courageux, à lutter contre la fortune,
et que, celui-ci demandant la manière de s'y prendre,
l'autre lui répond : «c'est de devenir philosophe » ; de même,
repoussons les attaques du sort avec dignité, en philosophes.
Quand il vente, qu'il pleut, qu'est-ce que nous faisons ?
Nous recherchons le feu, le bain, des vêtements, un abri;
nous ne restons pas là recevant la pluie et fondant en larmes.
Eh bien ! A vous, plus qu'à qui que ce soit au monde,
il est facile de porter secours à cette part de votre existence
qui vient d'être frappée, de la ranimer, de la réchauffer,
sans qu'il y ait besoin d'autres ressources. Il suffit que vous
sachiez utiliser avec sagesse celles que vous avez entre les
mains. Les ventouses des médecins, en attirant à elles les
humeurs viciées, allégent et conservent les autres parties
du corps. Au contraire, qu'obtiennent ceux qui aiment à
s'affliger et à maudire le sort? A force de se concentrer
toujours sur ce qui leur arrive de plus malheureux, d'y
réfléchir sans cesse, de se dessécher sur leur chagrin, ils
finissent par se rendre inutiles même les avantages qui leur
restent : et cela, dans le temps où il serait naturel qu'ils en
tirassent le plus de secours.
Vous connaissez, mon cher ami, les deux tonneaux
placés au Ciel, s'il faut en croire Homère, et remplis l'un
de sorts heureux, l'autre de sorts funestes. Ce n'est pas
Jupiter qui, du haut de son trône, préside à la répartition;
ce n'est pas lui qui donne à ceux-ci le doux mélange des
biens, à ceux-là des malheurs continuels que rien ne tempère.
Non, c'est nous-mêmes qui remplissons cet office. Si
nous sommes raisonnables, dans le tonneau des biens nous
puiserons de quoi tempérer le mal, et nous rendrons notre
existence plus supportable et plus douce. Mais d'ordinaire,
comme de vrais tamis, nous gardons et retenons ce qu'il y
a de mauvais, pour laisser échapper la bonne part.
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