[4] Ἐν τοῖς θηρίοις φθόνον μὲν οὐκ εἰκὸς ἐγγίνεσθαι
πρὸς ἄλληλα (τοῦ γὰρ εὖ πράττειν ἢ κακῶς ἕτερον φαντασίαν
οὐ λαμβάνουσιν, οὐδ´ ἅπτεται τὸ ἔνδοξον ἢ ἄδοξον
αὐτῶν, οἷς ὁ φθόνος ἐκτραχύνεται μάλιστα)· μισοῦσι δ´
ἄλληλα καὶ ἀπεχθάνονται καὶ πολεμοῦσιν ὥσπερ ἀσπείστους
τινὰς πολέμους ἀετοὶ καὶ δράκοντες, κορῶναι καὶ
γλαῦκες, αἰγιθαλλοὶ καὶ ἀκανθυλλίδες, ὥστε τούτων γέ
φασι μηδὲ τὸ αἷμα κίρνασθαι σφαττομένων, ἀλλὰ κἂν
μίξῃς, ἰδίᾳ πάλιν ἀπορρεῖν διακρινόμενον. εἰκὸς δὲ καὶ τῷ
λέοντι πρὸς τὸν ἀλεκτρυόνα καὶ τῷ ἐλέφαντι πρὸς τὴν ὗν
μῖσος ἰσχυρὸν γεγεννηκέναι τὸν φόβον· ὃ γὰρ δεδίασι, καὶ
μισεῖν πεφύκασιν. ὥστε καὶ ταύτῃ φαίνεσθαι διαφέροντα
τοῦ μίσους τὸν φθόνον, τὸ μὲν δεχομένης τῆς τῶν θηρίων
φύσεως τὸν δὲ μὴ δεχομένης.
| [4] Il n'y a pas d'apparence que les bêtes sauvages soient
animées de ce sentiment les unes contre les autres. Elles
n'ont point idée du bonheur ou du malheur d'autrui, elles
ne sont pas sensibles à la gloire ou au déshonneur : or ce
sont là les motifs qui exaspèrent le plus l'envie. Mais elles
se haïssent, se détestent entre elles et se combattent,
comme s'il s'agissait de haines irréconciliables. II y a guerre
entre les aigles et les serpents, entre les corneilles et les
hiboux, entre les mésanges et les chardonnerets. C'est au
point que leur sang, dit-on, ne se mêle pas lorsque ces
oiseaux sont tués. Vous auriez beau le confondre, il se
sépare bientôt pour prendre une direction contraire. Il est
probable que la haine violente du lion contre le coq et de
l'éléphant contre le pourceau est le résultat de la crainte :
car on est porté naturellement à détester ce que l'on redoute.
Ainsi donc il y a ce premier caractère de différence entre
la haine et l'envie, que la première existe chez les animaux
et qu'ils ne sont pas susceptibles de la seconde.
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