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Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, De l'envie et de la haine

Chapitre 5

  Chapitre 5

[5] Ἔτι τοίνυν τὸ μὲν φθονεῖν πρὸς οὐδένα γίνεται δικαίως (οὐδεὶς γὰρ ἀδικεῖ τῷ εὐτυχεῖν, ἐπὶ τούτῳ δὲ φθονοῦνταιμισοῦνται δὲ πολλοὶ δικαίως, {ὡς} οὓς ἀξιομισήτους καλοῦμεν, ὥστε καὶ τοῖς ἄλλοις ἐγκαλοῦμεν, ἂν μὴ φεύγωσι τοὺς τοιούτους μηδὲ βδελύττωνται καὶ δυσχεραίνωσι. μέγα δὲ τούτου τεκμήριον, ὅτι μισεῖν μὲν πολλοὺς ὁμολογοῦσιν ἔνιοι, φθονεῖν δ´ οὐδενὶ λέγουσι. καὶ γὰρ μισοπονηρία τῶν ἐπαινουμένων ἐστί· καὶ τὸν ἀδελφιδοῦν τοῦ Λυκούργου Χάριλλον, βασιλεύοντα τῆς Σπάρτης ἐπιεικῆ δ´ ὄντα καὶ πρᾶον, ἐπαινούντων τινῶν συνάρχωνκαὶ πῶςἔφηχρηστός ἐστι Χάριλλος, ὃς οὐδὲ τοῖς πονηροῖς χαλεπός ἐστι;’ καὶ τοῦ Θερσίτου ποιητὴς τὴν μὲν τοῦ σώματος κακίαν πολυμερῶς καὶ περιωδευμένως ἐξεμόρφησε, τὴν δὲ τοῦ ἤθους μοχθηρίαν συντομώτατα καὶ δι´ ἑνὸς ἔφρασεν· ‘ἔχθιστος δ´ Ἀχιλῆι μάλιστ´ ἦν ἠδ´ Ὀδυσῆι’. ὑπερβολὴ γάρ τις φαυλότητος τὸ τοῖς κρατίστοις ἐχθρὸν εἶναι. {καὶ} φθονεῖν δ´ ἀρνοῦνται· κἂν ἐλέγχωνται, μυρίας σκήψεις προΐσχονται, ὀργίζεσθαι λέγοντες φοβεῖσθαι τὸν ἄνθρωπον μισεῖν τι ἂν τύχωσιν ἄλλο {τῷ φθόνῳ} τοῦ πάθους ὄνομα περιβάλλοντες καὶ καλύπτοντες ὡς μόνον τοῦτο τῶν τῆς ψυχῆς νοσημάτων ἀπόρρητον. [5] Continuons. L'envie n'est jamais produite par un sentiment de justice : car celui qui est heureux ne fait de tort à personne, et c'est pourtant son bonheur qui excite l'envie. La haine, au contraire, est souvent légitime. Cela est si vrai, que nous appelons dignes eux-mêmes d'être haïs ceux qui ne fuient pas les gens haïssables et qui n'éprouvent pas à leur égard de la répugnance et de l'aversion. En voulez-vous une grande preuve? C'est que quelques-uns confessent qu'ils haïssent bien des gens, et personne ne déclare qu'il soit envieux. La haine contre les méchants est au nombre des sentiments loués. On faisait l'éloge du neveu de Lycurgue, nommé Charillus, qui régnait à Sparte, et l'on vantait son indulgence et sa douceur. L'autre roi, son collègue, répondit : « Et comment peut-il être bon, lui qui n'a pas même de sévérité contre les méchants! « Pour nous donner une idée de la laideur corporelle de Thersite, le poète nous la retrace en détail et au moyen de plusieurs circonlocutions, mais c'est fort brièvement qu'il caractérise la noirceur de cette âme, et par ce seul trait : "Il haïssait surtout Achille ainsi qu'Ulysse". Car il y a excès de perversité à être l'ennemi de ceux qui valent le mieux. Mais l'envie est un sentiment que l'on n'avoue point. Si l'on en est accusé on met en avant mille prétextes, soit la colère, soit la crainte, soit la haine. On déguise l'envie sous le nom de la première passion venue. On la cache, comme étant la seule maladie de l'âme qui doive être dissimulée.


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Dernière mise à jour : 30/01/2006