| [2]  Γεννᾶται τοίνυν τὸ μῖσος ἐκ φαντασίας τοῦ ὅτι
 πονηρὸς ἢ κοινῶς ἢ πρὸς αὐτόν ἐστιν ὁ μισούμενος | (καὶ γὰρ
 ἀδικεῖσθαι δόξαντες αὐτοὶ πεφύκασι μισεῖν καὶ τοὺς ἄλλως
 ἀδικητικοὺς ἢ πονηροὺς προβάλλονται καὶ δυσχεραίνουσι)·
 φθονοῦσι δ´ ἁπλῶς τοῖς εὖ πράττειν δοκοῦσιν.
 ὅθεν ἔοικεν ὁ μὲν φθόνος ἀόριστος εἶναι, καθάπερ ὀφθαλμία
 πρὸς ἅπαν τὸ λαμπρὸν ἐκταρασσόμενος, τὸ δὲ μῖσος
 ὥρισται, καθ´ ὑποκειμένων ἀεί τινων ἀπερειδόμενον προσώπων.
 
 | [2] D'où provient en nous la haine? De l'opinion où nous 
sommes, que celui que nous haïssons est méchant soit à 
l'égard de tout le monde soit envers nous-mêmes. Car, d'un 
côté, nous sommes naturellement disposés à haïr les gens 
dont nous croyons que l'injustice nous a été préjudiciable, et, 
d'autre part, les hommes que nous savons injustes et méchants 
nous choquent et nous déplaisent. L'envie, au contraire, 
s'attache simplement à ceux qui paraissent être dans 
la prospérité. Il semble donc que l'envie soit illimitée dans 
ses aversions, de même que des yeux malades sont blessés 
de tout ce qui jette un vif éclat. La haine, au contraire, est 
circonscrite, attendu que les objets sur lesquels elle s'exerce 
sont toujours particuliers et personnels.
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