| [831] (831a) « ἄλλος δ´ ἐξ ἄλλου δέχεται » τοκιστὴς ἢ πραγματευτὴς Κορίνθιος, 
εἶτα Πατρεύς, εἶτ´ Ἀθηναῖος, ἄχρι ἂν ὑπὸ πάντων περικρουόμενος εἰς τόκους 
διαλυθῇ καὶ κατακερματισθῇ. Καθάπερ γὰρ ἀναστῆναι δεῖ τὸν πεπηλωμένον ἢ 
μένειν, ὁ δὲ στρεφόμενος καὶ κυλινδούμενος ὑγρῷ τῷ σώματι καὶ διαβρόχῳ 
προσπεριβάλλεται πλείονα μολυσμόν· οὕτως ἐν ταῖς μεταγραφαῖς καὶ 
μεταπτώσεσι τῶν δανείων τοὺς τόκους προσαναλαμβάνοντες αὑτοῖς (831b) καὶ 
προσπλάττοντες ἀεὶ βαρύτεροι γίγνονται καὶ τῶν χολερικῶν οὐδὲν 
διαφέρουσιν, οἳ θεραπείαν μὲν οὐ προσδέχονται, τὸ δὲ προστεταγμένον 
ἐξερῶντες, εἶτα πλέον αὖθις συλλέγοντες ἀεὶ διατελοῦσι· καὶ γὰρ οὗτοι 
καθαρθῆναι μὲν οὐ θέλουσιν, ἀεὶ δ´, ὅσαι τοῦ ἔτους ὧραι, μετ´ ὀδύνης καὶ 
σπαραγμῶν τὸν τόκον ἀναφέροντες, ἐπιρρέοντος εὐθὺς ἑτέρου καὶ 
προσισταμένου, πάλιν ναυτιῶσι καὶ καρηβαροῦσι· δέον ἀπαλλαγέντας 
εἰλικρινεῖς καὶ ἐλευθέρους γίγνεσθαι.
 Ἤδη γάρ μοι πρὸς τοὺς εὐπορωτέρους καὶ μαλακωτέρους ὁ λόγος ἔστι, τοὺς 
λέγοντας 
« Ἄδουλος οὖν γένωμαι καὶ ἀνέστιος καὶ ἄοικος; » 
Ὥσπερ (831c) εἰ λέγοι πρὸς ἰατρὸν ἄρρωστος ὑδρωπιῶν καὶ ᾠδηκὼς
« ἰσχνὸς οὖν γένωμαι καὶ κενός; » 
τί δ´ οὐ μέλλεις, ἵν´ ὑγιαίνῃς; καὶ σὺ γενοῦ ἄδουλος, ἵνα μὴ δοῦλος ᾖς· 
καὶ ἀκτήμων, ἵνα μὴ κτῆμ´ ᾖς ἄλλου. Καὶ τὸν τῶν γυπῶν λόγον ἄκουσον· 
ἐμοῦντος τοῦ ἑτέρου καὶ λέγοντος τὰ σπλάγχν´ ἐκβάλλειν, ἕτερος παρὼν
« Καὶ τί δεινόν; » εἶπεν· « οὐ γὰρ τὰ  σεαυτοῦ σπλάγχν´ ἐκβάλλεις, ἀλλὰ τὰ 
τοῦ νεκροῦ  ὃν ἄρτι ἐσπαράττομεν.» 
Καὶ τῶν χρεωστῶν οὐ πωλεῖ ἕκαστος τὸ ἑαυτοῦ χωρίον οὐδὲ τὴν ἰδίαν
 οἰκίαν, ἀλλὰ τὴν τοῦ δανείσαντος ὃν τῷ νόμῳ (831d) κύριον αὐτῶν πεποίηκε. 
« Νὴ Δία, » φησίν, « ἀλλ´  ὁ πατήρ μου τὸν ἀγρὸν τοῦτον κατέλιπε. » 
Καὶ γὰρ καὶ τὴν ἐλευθερίαν καὶ τὴν ἐπιτιμίαν ὁ πατὴρ  ἔδωκεν, ὧν σε δεῖ 
λόγον ἔχειν πλείονα. Καὶ τὸν  πόδα καὶ τὴν χεῖρ´ ὁ γεννήσας ἐποίησεν, ἀλλ´ 
ὅταν  σαπῇ, μισθὸν δίδως τῷ ἀποκόπτοντι. 
Τῷ δ´ Ὀδυσσεῖ  τὴν ἐσθῆτα ἡ Καλυψὼ περιέθηκεν 
« Εἵματ´ ἀμφιέσασα θυώδεα » 
χρωτὸς ἀθανάτου πνέοντα, δῶρα καὶ μνημόσυνα τῆς φιλίας ὄντα τῆς ἐκείνης· 
ἀλλ´ ἐπεὶ περιτραπεὶς καὶ βυθισθεὶς μόλις ἀνέσχε, τῆς ἐσθῆτος γενομένης 
διαβρόχου καὶ βαρείας, ἐκείνην μὲν ἔρριψεν ἀποδυσάμενος, κρηδέμνῳ δέ τινι 
γυμνὸν ὑποζώσας τὸ στέρνον
(831e) « νῆχε παρὲξ ἐς γαῖαν ὁρώμενος »
 καὶ διασωθεὶς οὔτ´ ἐσθῆτος οὔτε τροφῆς ἠπόρησε. Τί οὖν; Οὐ γίγνεται 
χειμὼν περὶ τοὺς χρεώστας, ὅταν ἐπιστῇ διὰ χρόνου δανειστὴς λέγων « ἀπόδος»;
« Ὡς εἰπὼν σύναγεν νεφέλας, ἐτάραξε δὲ πόντον·
 σὺν δ´ εὖρός τε νότος τ´ ἔπεσε ζέφυρός τε δυσαής »
 τόκων τόκοις ἐπικυλισθέντων· ὁ δὲ συγκλυζόμενος  ἀντέχεται τῶν 
βαρυνόντων, ἀπονήξασθαι καὶ φυγεῖν μὴ δυνάμενος· ἀλλ´ ὠθεῖται κατὰ βυθοῦ, 
μετὰ τῶν ἐγγυησαμένων φίλων ἀφανιζόμενος. 
Κράτης δ´ ὁ (831f) Θηβαῖος ὑπ´ οὐδενὸς ἀπαιτούμενος οὐδ´ ὀφείλων, αὐτὰς δὲ 
τὰς οἰκονομίας καὶ φροντίδας καὶ περισπασμοὺς δυσχεραίνων, ἀφῆκεν οὐσίαν 
ὀκτὼ ταλάντων, καὶ τρίβωνα καὶ πήραν ἀναλαβὼν εἰς φιλοσοφίαν καὶ πενίαν 
κατέφυγεν. Ἀναξαγόρας δὲ τὴν χώραν κατέλιπε μηλόβοτον. Καὶ τί δεῖ τούτους 
λέγειν, ὅπου Φιλόξενος ὁ μελοποιὸς ἐν ἀποικίᾳ Σικελικῇ, κλήρου μετασχὼν 
καὶ βίου καὶ οἴκου πολλὴν εὐπορίαν ἔχοντος, ὁρῶν δὲ τρυφὴν καὶ ἡδυπάθειαν 
καὶ ἀμουσίαν ἐπιχωριάζουσαν 
« Μὰ τοὺς θεούς, » εἶπεν, « ἐμὲ ταῦτα » τἀγαθὰ οὐκ ἀπολεῖ,  ἀλλ´ ἐγὼ ταῦτα·
 | [831] (831a) C'est ainsi qu'un débiteur tombe des mains d'un usurier ou d'un 
banquier dans celles d'un autre, aujourd'hui d'un Corinthien, demain d'un 
homme de Patras, ensuite d'un Athénien, jusqu'à ce que, également 
trompé par tous, il voie consommer sa ruine. Un homme tombé dans un 
bourbier doit, s'il le peut, en sortir sur-le-champ ou rester immobile à 
la même place. S'il se retourne et s'agite, il ne fait que s'enfoncer de 
plus en plus dans la boue. De même les débiteurs qui, changeant d'usuriers , 
contractent des obligations tantôt avec l'un, tantôt avec l'autre, 
(831b) ne font qu'ajouter fardeau sur fardeau, et finissent par s'abîmer. 
Ils ressemblent aux gens malades d'un excès de bile, et qui ne veulent pas 
se prêter à un traitement parfait ; en n'ôtant qu'une partie de l'humeur, 
ils en augmentent chaque jour la masse et rendent leur mal incurable. 
Ainsi les débiteurs qui n'ont pas le courage de renoncer à tout emprunt, 
sont obligés de payer tous les mois, avec les douleurs et les peines 
les plus cruelles, les intérêts qu'ils doivent. Mais à peine un créancier 
est-il satisfait, qu'un autre vient fondre sur eux et les replonge dans le 
même chagrin et la même amertume. Il valait bien mieux, en se libérant 
tout à fait, recouvrer une entière liberté. 
Maintenant c'est aux riches que je m'adresse, à ces gens délicats qui 
disent : Faut-il donc que je reste sans esclaves, sans table et sans 
maison? Ne croit-on pas entendre (831c) un hydropique, déjà tout enflé, 
dire à son médecin : Eh quoi ! vous voulez que je devienne maigre et sec? 
Et pourquoi non, si c'est pour votre bien? Vous aussi, pourquoi ne 
resteriez-vous pas sans esclaves, plutôt que de l'être vous-même ? 
pourquoi ne pas abandonner vos possessions, plutôt que de devenir la 
possession d'un autre? Écoutez la fable des deux vautours. L'un d'eux, 
saisi d'un vomissement violent, disait qu'il vomissait ses entrailles. 
« De quoi vous plaignez-vous? lui dit l'autre, ce ne sont pas vos entrailles 
que vous vomissez, mais celles du cadavre que nous dévorâmes l'autre jour.» 
Le débiteur aussi, ne vend pas sa terre ou sa maison, c'est celle de son 
créancier, (831d) à qui la loi l'a adjugée. Mais, direz-vous, mon 
père me l'a laissée. Il vous a aussi laissé la liberté et l'honneur, que 
vous devez priser bien plus que vos domaines. Il vous a laissé des pieds 
et des mains ; et si la gangrène s'y met, vous payez un chirurgien pour 
vous-les faire couper. 
Calypso avait fait présent à Ulysse d'un vêtement qui exhalait l'odeur 
d'un parfum immortel, et qui devait être le gage et le monument de sa 
tendresse pour lui. Mais lorsque, dans son naufrage, il se vit au moment 
d'être plongé dans les eaux par le poids de son vêtement, il le jeta loin 
de lui, se ceignit d'une bandelette, (831e) et gagna le bord à la nage; et 
quand il eut pris terre, il ne manqua ni d'habits ni de nourriture. Eh 
quoi ! n'est-ce pas une véritable tempête pour un débiteur, lorsqu'à 
l'échéance du terme, le créancier le presse et lui dit : Payez-moi? 
« A ces mots, tous les vents rassemblent les nuages; 
Le courroux de la mer annonce les orages. »
Ces vents sont les intérêts amoncelés les uns sur les autres, et le 
débiteur qui se sent abîmé sous leur poids ne peut se sauver à la nage ; 
il s'enfonce de plus en plus, jusqu'à ce qu'enfin il se voie périr avec 
les amis qui lui ont servi de caution. 
Cratès (831f) le Thébain, qui ne devait rien à personne, qui n'était pas 
pressé par des créanciers, abandonna un patrimoine de huit talents, 
par le seul motif d'éviter les soins et les embarras que lui eût donnés 
l'administration de ses biens ; il prit la besace et le manteau, et se 
réfugia au sein de la philosophie et de la pauvreté. Anaxagoras laissa ses 
terres en friche. Et, sans parler de ces philosophes, le poète Philoxène, 
qui était allé en Sicile avec une colonie athénienne, et y avait eu 
en partage une belle maison et des terres considérables, ayant vu que le luxe, 
la mollesse et l'ignorance régnaient dans cette contrée : Certes, dit-il, je ne veux 
pas que ces biens-là me perdent ; ce sera moi qui les perdrai. 
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