HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Qu'il ne faut pas emprunter à usure

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[829] Καὶ γὰρ οὗτοι τὴν ἀγορὰν ἀσεβῶν χώραν ἀποδείξαντες τοῖς ἀθλίοις χρεώσταις (829a) γυπῶν δίκην ἔσθουσι καὶ ὑποκείρουσιν αὐτοὺς « Δέρτρον ἔσω δύνοντες, » τοὺς δ´ ὥσπερ Ταντάλους ἐφεστῶτες εἴργουσι γεύσασθαι τῶν ἰδίων τρυγῶντας καὶ συγκομίζοντας. Ὡς δὲ Δαρεῖος ἐπὶ τὰς Ἀθήνας ἔπεμψε Δᾶτιν καὶ Ἀρταφέρνην ἐν ταῖς χερσὶν ἁλύσεις ἔχοντας καὶ δεσμὰ κατὰ τῶν αἰχμαλώτων, παραπλησίως οὗτοι τῶν χειρογράφων καὶ συμβολαίων ὥσπερ πεδῶν ἐπὶ τὴν Ἑλλάδα κομίζοντες ἀγγεῖα μεστὰ τὰς πόλεις ἐπιπορεύονται καὶ διελαύνουσι, (829b) σπείροντες οὐχ ἥμερον καρπὸν ὡς Τριπτόλεμος, ἀλλ´ ὀφλημάτων ῥίζας πολυπόνους καὶ πολυτόκους καὶ δυσεκλείπτους τιθέντες, αἳ κύκλῳ νεμόμεναι καὶ περιβλαστάνουσαι κάμπτουσι καὶ ἄγχουσι τὰς πόλεις. Τοὺς μὲν γὰρ λαγὼς λέγουσι τίκτειν ἅμα καὶ τρέφειν ἕτερα καὶ ἐπικυΐσκεσθαι πάλιν, τὰ δὲ τῶν μαστιγιῶν τούτων καὶ βαρβάρων χρέα πρὶν συλλαβεῖν τίκτει· διδόντες γὰρ εὐθὺς ἀπαιτοῦσι καὶ τιθέντες αἴρουσι καὶ δανείζουσιν λαμβάνουσιν ὑπὲρ τοῦ δανεῖσαι. Λέγεται μὲν παρὰ Μεσσηνίοις (829c) « Ἔστι Πύλος πρὸ Πύλοιο, Πύλος γε μὲν ἔστι καὶ ἄλλος· » λεχθήσεται δὲ πρὸς τοὺς δανειστὰς « Ἔστι τόκος πρὸ τόκοιο, τόκος γε μὲν ἔστι καὶ ἄλλος. » Εἶτα τῶν φυσικῶν δήπου καταγελῶσι, λεγόντων μηδὲν ἐκ τοῦ μὴ ὄντος γενέσθαι· παρὰ τούτοις γὰρ ἐκ τοῦ μηκέτ´ ὄντος μηδ´ ὑφεστῶτος γεννᾶται τόκος· καὶ τὸ τελωνεῖν ὄνειδος ἡγοῦνται, τοῦ νόμου διδόντος· αὐτοὶ γὰρ παρανόμως δανείζουσι τελωνοῦντες, μᾶλλον δ´, εἰ δεῖ τἀληθὲς εἰπεῖν, ἐν τῷ δανείζειν χρεωκοποῦντες· γὰρ οὗ γράφει λαμβάνων ἔλαττον χρεωκοπεῖται. Καίτοι Πέρσαι γε τὸ ψεύδεσθαι δεύτερον ἡγοῦνται τῶν ἁμαρτημάτων, πρῶτον δὲ τὸ ὀφείλειν· ὅτι καὶ τὸ ψεύδεσθαι τοῖς ὀφείλουσι (829d) συμβαίνει πολλάκις· ψεύδονται δὲ μᾶλλον οἱ δανείζοντες καὶ ῥᾳδιουργοῦσιν ἐν ταῖς ἑαυτῶν ἐφημερίσι, γράφοντες ὅτι τῷ δεῖνι τοσοῦτον διδόασιν, ἔλαττον διδόντες· καὶ τὸ ψεῦδος αἰτίαν ἔχει πλεονεξίαν, οὐκ ἀνάγκην οὐδ´ ἀπορίαν, ἀλλ´ ἀπληστίαν, ἧς ἀναπόλαυστόν ἐστιν αὐτοῖς τὸ τέλος καὶ ἀνωφελὲς ὀλέθριον δὲ τοῖς ἀδικουμένοις. Οὔτε γὰρ ἀγροὺς οὓς ἀφαιροῦνται τῶν χρεωστῶν γεωργοῦσιν, οὔτ´ οἰκίας αὐτῶν, ἐκβαλόντες ἐκείνους, οἰκοῦσιν, οὔτε τραπέζας παρατίθενται οὔτ´ ἐσθῆτας ἐκείνων· ἀλλὰ πρῶτός τις ἀπόλωλε, καὶ δεύτερος κυνηγετεῖται ὑπ´ ἐκείνου δελεαζόμενος. Νέμεται γὰρ ὡς πῦρ τὸ (829e) ἄγριον αὐξόμενον ὀλέθρῳ καὶ φθορᾷ τῶν ἐμπεσόντων, ἄλλον ἐξ ἄλλου καταναλίσκον· δὲ τοῦτο ῥιπίζων καὶ τρέφων ἐπὶ πολλοὺς δανειστὴς οὐδὲν ἔχει πλέον διὰ χρόνου λαβὼν ἀναγνῶναι πόσους πέπρακε καὶ πόσους ἐκβέβληκε καὶ πόθεν που κυλινδόμενον καὶ σωρευόμενον διαβέβηκε τὸ ἀργύριον. Καὶ ταῦτα μή μ´ οἴεσθε λέγειν πόλεμον ἐξενηνοχότα πρὸς τοὺς δανειστάς· « Οὐ γὰρ πώποτ´ ἐμὰς βοῦς ἤλασαν οὐδὲ μὲν ἵππους· » (829f) ἀλλ´ ἐνδεικνύμενον τοῖς προχείρως δανειζομένοις, ὅσην ἔχει τὸ πρᾶγμα αἰσχύνην καὶ ἀνελευθερίαν καὶ ὅτι τὸ δανείζεσθαι τῆς ἐσχάτης ἀφροσύνης καὶ μαλακίας ἐστίν. Ἔχεις; Μὴ δανείσῃ, οὐ γὰρ ἀπορεῖς. Οὐκ ἔχεις; μὴ δανείσῃ, οὐ γὰρ ἐκτίσεις. Κατ´ ἰδίαν δ´ οὕτως ἑκάτερα σκοπῶμεν. Κάτων πρός τινα πρεσβύτην πονηρευόμενον « ἄνθρωπε, τί τῷ γήρᾳ, » ἔφη, « πολλὰ κακὰ ἔχοντι τὴν ἐκ τῆς πονηρίας αἰσχύνην προστίθης; » [829] Ils font de la place publique l'enfer des malheureux débiteurs dont ils dévorent la substance, tels que des (829a) vautours affamés « A leur proie acharnés déchirent ses entrailles, » ou tels que ces furies qui se trouvent toujours auprès de Tantale, ils les empêchent de toucher à leurs propres biens, qu'ils emportent et dévorent eux-mêmes. Darius envoya Datis et Artapherne contre les Athéniens , et leur donna des fers pour enchaîner les prisonniers qu'ils feraient. Il en est à peu près de même des usuriers : ils parcourent la Grèce avec des sacs remplis d'obligations et de contrats, comme d'autant de chaînes, et vont de ville en ville , (829b) non pour y répandre, comme autrefois Triptolème, un fruit utile, mais des semences de dettes qui produisent des maux sans nombre, des usures sans fin dont les racines, s'étendant au loin et poussant toujours de nouveaux rejetons, étouffent les malheureux débiteurs. On dit que les femelles des lapins, pendant qu'elles nourrissent des petits, en mettent d'autres bas, et deviennent pleines. Mais l'argent prêté par ces barbares et impitoyables usuriers est fécond pour eux avant même qu'ils aient rien reçu; ils l'ont à peine donné qu'ils le redemandent, et ils retiennent l'intérêt sur le capital qu'ils délivrent. On dit en proverbe chez les Messéniens : (829c) « Pyle à côté de Pyle, et Pyle encor devant. » On peut dire de même des banquiers : « L'usure de l'usure enfante encor l'usure. » Ils se moquent des philosophes qui prétendent que rien ne se fait de rien ; et eux, cependant, ils tirent un intérêt de ce qui n'existe pas encore. Ils regardent comme une chose honteuse de prendre à ferme les revenus publics , quoique la loi le permette ; et eux, contre toutes les lois , ils exigent un impôt sur l'argent qu'ils prêtent, ou plutôt leur manière de prêter est une véritable fraude, car le débiteur qui reçoit moins que son obligation ne porte est certainement lésé. Les Perses regardent comme la première de toutes les fautes de contracter des dettes, et comme la seconde de mentir, parce que ce dernier (829d) vice est ordinaire aux débiteurs. Mais les usuriers mentent bien davantage : ils font des actes faux en inscrivant sur leurs registres qu'ils ont donné tant à un tel, quoique en effet celui-ci ait moins reçu. Et leur mensonge a pour principe, non la nécessité ou l'indigence , mais une cupidité et une avarice insatiables qui, sans aucun but d'utilité ou de jouissance pour eux-mêmes, est si funeste à ceux qui en sont l'objet. Ils ne cultivent pas les champs qu'ils enlèvent à leurs débiteurs; ils n'habitent pas les maisons dont ils les ont chassés; ils ne mangent pas sur les tables qu'ils leur ôtent, et ne portent point les vêtements dont ils les ont dépouillés. Un premier qu'ils ont ruiné leur sert d'amorce pour en attirer un second dans leurs filets. Leur avance, telle qu'un feu (829e) dévorant, se nourrit de la ruine et de la perte de ceux qui tombent dans leurs piéges et qui se succèdent à chaque instant. Et l'usurier qui attise sans cesse ce feu et lui fournit de nouveaux aliments, n'en retire d'autre avantage que de parcourir de temps en temps ses registres pour y voir combien de débiteurs il a forcés de vendre leurs biens, combien il en a chassés de leurs possessions, et d'où sont parties ces sommes d'argent qui, après avoir circulé de main en main, se sont amoncelées dans ses coffres. Et ne croyez pas, quand je parle ainsi, que j'aie des motifs personnels de vengeance contre les usuriers : « Ils n'ont jamais ravi mes bœufs ni mes chevaux. » (829f) Je veux seulement faire voir à ceux qui empruntent si facilement de quelle honte ils se couvrent, dans quel esclavage ils se jettent, et leur montrer que c'est de leur part le comble de la folie et de la lâcheté. Avez-vous de quoi vivre, n'empruntez pas, puisque vous n'êtes pas dans le besoin ; manquez-vous du nécessaire, gardez-vous encore d'emprunter : vous n'aurez aucun moyen de vous libérer. Examinons ces deux points séparément. Caton disait à un vieillard qui menait une mauvaise conduite : "Mon ami, la vieillesse a déjà tant de difformités, n'y ajoutez pas celle du vice".


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Dernière mise à jour : 25/10/2007