[828] Τί θεραπεύεις τὸν τραπεζίτην ἢ πραγματευτήν; (828a) ἀπὸ τῆς ἰδίας δάνεισαι
τραπέζης· ἐκπώματ´ ἔχεις, παροψίδας ἀργυρᾶς, λεκανίδας· ὑπόθου ταῦτα τῇ
χρείᾳ· τὴν δὲ τράπεζαν ἡ καλὴ Αὐλὶς ἢ Τένεδος ἀντικοσμήσει τοῖς κεραμεοῖς,
καθαρωτέροις οὖσι τῶν ἀργυρῶν· οὐκ ὄζει τόκου βαρὺ καὶ δυσχερὲς ὥσπερ ἰοῦ
καθ´ ἡμέραν ἐπιρρυπαίνοντος τὴν πολυτέλειαν, οὐδ´ ἀναμνήσει τῶν καλανδῶν
καὶ τῆς νουμηνίας, ἣν ἱερωτάτην ἡμερῶν οὖσαν ἀποφράδα ποιοῦσιν οἱ
δανεισταὶ καὶ στύγιον. Τοὺς μὲν γὰρ ἀντὶ τοῦ πωλεῖν τιθέντας ἐνέχυρα τὰ
αὑτῶν οὐδ´(828b) ἂν ὁ θεὸς σῴσειεν ὁ Κτήσιος· αἰσχύνονται τιμὴν
λαμβάνοντες, οὐκ αἰσχύνονται τόκον τῶν ἰδίων διδόντες. Καίτοι ὅ γε
Περικλῆς ἐκεῖνος τὸν τῆς θεᾶς κόσμον, ἄγοντα τάλαντα τεσσαράκοντα χρυσίου
ἀπέφθου, περιαιρετὸν ἐποίησεν, ὅπως, ἔφη, χρησάμενοι πρὸς τὸν πόλεμον
αὖθις ἀποδῶμεν μὴ ἔλαττον· οὐκοῦν καὶ ἡμεῖς ὥσπερ ἐν πολιορκίᾳ ταῖς
χρείαις μὴ παραδεχώμεθα φρουρὰν δανειστοῦ πολεμίου, μηδ´ ὁρᾶν τὰ αὑτῶν ἐπὶ
δουλείᾳ διδόμενα· ἀλλὰ τῆς τραπέζης περιελόντες τὰ μὴ χρήσιμα, τῆς κοίτης,
τῶν ὀχημάτων, τῆς διαίτης, ἐλευθέρους διαφυλάττωμεν ἑαυτούς, ὡς
ἀποδώσοντες αὖθις, ἐὰν εὐτυχήσωμεν.
(828c) Αἱ μὲν οὖν Ῥωμαίων γυναῖκες εἰς ἀπαρχὴν τῷ Πυθίῳ Ἀπόλλωνι τὸν
κόσμον ἐπέδωκαν, ὅθεν ὁ χρυσοῦς κρατὴρ εἰς Δελφοὺς ἐπέμφθη· αἱ δὲ
Καρχηδονίων γυναῖκες ἐκείραντο τὰς κεφαλὰς καὶ ταῖς θριξὶν ἐντεῖναι τὰς
μηχανὰς καὶ τὰ ὄργανα παρέσχον ὑπὲρ τῆς πατρίδος· ἡμεῖς δὲ τὴν αὐτάρκειαν
αἰσχυνόμενοι καταδουλοῦμεν ἑαυτοὺς ὑποθήκαις καὶ συμβολαίοις, δέον εἰς
αὐτὰ τὰ χρήσιμα συσταλέντας καὶ συσπειραθέντας ἐκ τῶν ἀχρήστων καὶ
περιττῶν κατακοπέντων ἢ πραθέντων ἐλευθερίας αὑτοῖς ἱερὸν ἱδρύσασθαι καὶ
τέκνοις καὶ γυναιξίν.
(828d) Ἡ μὲν γὰρ Ἄρτεμις ἡ ἐν Ἐφέσῳ τοῖς χρεώσταις, ὅταν καταφύγωσιν εἰς
τὸ ἱερὸν αὐτῆς, ἀσυλίαν παρέχει καὶ ἄδειαν ἀπὸ τῶν δανείων· τὸ δὲ τῆς
εὐτελείας καὶ ἄσυλον καὶ ἄβατον πανταχοῦ τοῖς σώφροσιν ἀναπέπταται, πολλῆς
σχολῆς εὐρυχωρίαν παρέχον ἱλαρὰν καὶ ἐπίτιμον. Ὡς γὰρ ἡ Πυθία τοῖς
Ἀθηναίοις περὶ τὰ Μηδικὰ τεῖχος ξύλινον διδόναι τὸν θεὸν ἔφη, κἀκεῖνοι τὴν
χώραν καὶ τὴν πόλιν καὶ τὰ κτήματα καὶ τὰς οἰκίας ἀφέντες εἰς τὰς ναῦς
κατέφυγον ὑπὲρ τῆς ἐλευθερίας, οὕτως ἡμῖν ὁ θεὸς δίδωσι ξυλίνην τράπεζαν
καὶ κεραμεᾶν λεκάνην καὶ τραχὺ ἱμάτιον, ἐὰν ἐλεύθεροι ζῆν ἐθέλωμεν.
(828e) « Μηδὲ σύ γ´ ἱπποσύνας τε μένειν,
μηδ´ ὀχήματα ζευκτὰ κερασφόρα καὶ κατάργυρα,
ἃ τόκοι ταχεῖς καταλαμβάνουσι καὶ παρατρέχουσιν· ἀλλ´ ὄνῳ τινὶ τῷ τυχόντι
καὶ καβάλλῃ χρώμενος φεῦγε πολέμιον καὶ τύραννον δανειστήν, οὐ γῆν
αἰτοῦντα καὶ ὕδωρ ὡς ὁ Μῆδος, ἀλλὰ τῆς ἐλευθερίας ἁπτόμενον καὶ
προγράφοντα τὴν ἐπιτιμίαν· κἂν μὴ διδῷς, ἐνοχλοῦντα· κἂν ἔχῃς, μὴ
λαμβάνοντα· κἂν πωλῇς, ἐπευωνίζοντα· κἂν μὴ πωλῇς, ἀναγκάζοντα· κἂν
δικάζῃς, ἐντυγχάνοντα· κἂν (828f) ὀμόσῃς, ἐπιτάττοντα· κἂν βαδίζῃς ἐπὶ
θύρας, ἀποκλείοντα· κἂν οἴκοι μένῃς, ἐπισταθμεύοντα καὶ θυροκοποῦντα.
Τί γὰρ ὤνησε Σόλων Ἀθηναίους ἀπαλλάξας τοῦ ἐπὶ τοῖς σώμασιν ὀφείλειν;
δουλεύουσι γὰρ ἅπασι τοῖς ἀφανισταῖς, μᾶλλον δ´ οὐδ´ αὐτοῖς· τί γὰρ ἦν τὸ
δεινόν; ἀλλὰ δούλοις ὑβρισταῖς καὶ βαρβάροις καὶ ἀγρίοις, ὥσπερ οὓς ὁ
Πλάτων φησὶ καθ´ Ἅιδου διαπύρους κολαστὰς καὶ δημοκοίνους ἐφεστάναι τοῖς
ἠσεβηκόσι.
| [828] Mais pourquoi faire votre cour à un banquier ou à un marchand? (828a)
empruntez de votre propre buffet. Vous avez des bassins, des plats et des
coupes d'argent, vendez-les si vous êtes dans un besoin pressant. Et du
reste, l'agréable ville d'Aulis ou celle de Ténédos remplaceront votre vaisselle et
orneront votre table de vases plus propres que l'argenterie, et qui ne
seront pas infectés par cette odeur insupportable d'usure qui, comme une
rouille corrosive, mine chaque jour votre opulence. Ils ne vous
rappelleront pas sans cesse le jour des calendes et de la nouvelle lune,
ce jour le plus saint et le plus auguste de tous, et que les usuriers
rendent le plus odieux et le plus détestable. Pour ceux qui, au lieu
de vendre une partie de leurs effets, préfèrent de les mettre en gage, je
ne (828b) crois pas que Jupiter Ctésius pût lui-même empêcher leur
ruine. Ils auraient honte d'en recevoir la valeur en argent, et ils ne
rougissent pas d'en payer l'intérêt. Périclès, cet habile administrateur,
fit faire le manteau d'or fin dont la statue de Minerve était velue, et
qui pesait quarante talents, de telle manière qu'on pouvait l'ôter quand
on voulait, afin, disait-il, que si nous sommes obligés de nous en servir
pour les besoins de la guerre, nous puissions en remettre un autre de même
valeur. Que cet exemple nous serve de leçon. Gardons-nous, dans nos
besoins, de recevoir comme une ville assiégée la garnison d'un usurier
ennemi, et ne souffrons pas que, sous nos yeux, nos biens soient mis en
servitude ; retranchons plutôt de nos tables, de nos lits, de nos
voitures et de toute notre dépense ce qui ne nous est pas absolument utile ;
conservons notre liberté ; et si, dans la suite, la Fortune nous favorise, nous
remplacerons ce que nous aurons retranché.
(828c)Les dames romaines donnèrent tous leurs bijoux pour faire la coupe
d'or qu'on envoya à Delphes et qu'on offrit à Apollon Pythien, comme les
prémices de leurs dons. Les femmes de Carthage coupèrent leurs
cheveux et en firent des cordes pour attacher les machines de guerre
employées à la défense de leur patrie. Et nous, comme si nous avions
à rougir de pouvoir nous suffire à nous-mêmes, nous enchaînons notre
liberté par des obligations et des contrats, au lieu de nous réduire à ce
qui nous est d'une véritable utilité et d'élever, du retranchement et de
la vente de notre superflu, un temple de liberté pour nous, pour nos
femmes et pour nos enfants.
(828d) Le temple de Diane à Éphèse est, pour les débiteurs qui s'y
réfugient, un asile assuré contre les poursuites de leurs créanciers. Le
sanctuaire de la frugalité est aussi un asile impénétrable toujours ouvert
aux hommes vertueux, où ils trouvent un repos aussi doux qu'honorable.
Dans l'invasion de la Grèce par les Perses, la pythie dit aux Athéniens
que le dieu leur donnait pour défense des murs de bois. Ils quittèrent
donc leurs maisons, leur ville , leurs biens et leur pays, et se
réfugièrent sur leurs vaisseaux pour y défendre leur liberté. De même Dieu
nous donne une table de bois, des plats de terre, des
habits simples avec lesquels nous pouvons nous maintenir libres.
(828e) « Renonçons sans regret à ces chars fastueux
Traînés rapidement par des coursiers fougueux. »
que les usuriers ont bientôt atteints et même devancés. Montez sur le
premier âne ou sur le premier cheval que vous trouverez pour fuir cet
usurier, votre ennemi, votre tyran véritable, qui ne vous demande pas le
feu et l'eau, comme les Mèdes aux Grecs, mais qui attente à votre liberté
et blesse votre honneur. Si vous ne le payez pas , il vous presse ; si
vous avez de quoi le payer, il ne veut recevoir votre argent qu'à sa
commodité. Lui vendez-vous vos biens pour le satisfaire, il prétend les
avoir pour rien ; refusez-vous de les vendre, il veut vous y forcer ; lui
intentez-vous une action en justice, il propose un accommodement;
faites-vous (828f) serment de le payer, il vous l'ordonne avec hauteur;
allez-vous chez lui, il vous fait fermer sa porte ; restez-vous renfermé
chez vous, il va sans cesse frapper à la vôtre.
De quoi sert-il aux Athéniens que Solon ait affranchi les débiteurs de la
contrainte par corps ? Ne sont-ils pas dans la dépendance de tous les
usuriers ? Que dis-je ! ce n'est encore là que leur moindre mal : ils sont
soumis à leurs esclaves même , hommes insolents, durs et barbares,
semblables à ces bourreaux, à ces démons entourés de flammes, qui, suivant
Platon, punissent les scélérats dans les enfers.
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