HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Que signifie le mot EI gravé sur la porte du temple de Delphes ?

Page 385

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[385] (385a) παρὰ τῷ θεῷ γενέσθαι καὶ λαβεῖν ἀναθήματος τάξιν ἱεροῦ καὶ θεάματος, ἀλλ´ δύναμιν αὐτοῦ κατιδόντας ἰδίαν καὶ περιττὴν συμβόλῳ χρωμένους πρὸς ἕτερόν τι τῶν ἀξίων σπουδῆς τοὺς ἐν ἀρχῇ περὶ τὸν θεὸν φιλοσοφήσαντας οὕτω προσέσθαι. Πολλάκις οὖν ἄλλοτε τὸν λόγον ἐν τῇ σχολῇ προβαλλόμενον ἐκκλίνας ἀτρέμα καὶ παρελθὼν ἔναγχος ὑπὸ τῶν υἱῶν ἐλήφθην ξένοις τισὶ συμφιλοτιμουμένων, οὓς εὐθὺς ἐκ Δελφῶν ἀπαίρειν μέλλοντας οὐκ ἦν εὐπρεπὲς παράγειν οὐδὲ παραιτεῖσθαι πάντως ἀκοῦσαί τι προθυμουμένους. Ὡς δὲ καθίσας παρὰ τὸν νεὼν τὰ μὲν αὐτὸς (385b) ἠρξάμην ζητεῖν τὰ δ´ ἐκείνους ἐρωτᾶν, ὑπὸ τοῦ τόπου καὶ τῶν λόγων αὐτῶν ἀνεμνήσθην πάλαι ποτὲ καθ´ ὃν καιρὸν ἐπεδήμει Νέρων ἠκούσαμεν Ἀμμωνίου καί τινων ἄλλων διεξιόντων ἐνταῦθα τῆς αὐτῆς ἀπορίας ὁμοίως ἐμπεσούσης. Ὅτι μὲν γὰρ οὐχ ἧττον θεὸς φιλόσοφος μάντις, ἐδόκει πᾶσιν ὀρθῶς πρὸς τοῦτο τῶν ὀνομάτων ἕκαστον Ἀμμώνιος τίθεσθαι καὶ διδάσκειν, ὡς Πύθιος μέν ἐστι τοῖς ἀρχομένοις μανθάνειν καὶ διαπυνθάνεσθαι, Δήλιος δὲ καὶ Φαναῖος οἷς ἤδη τι δηλοῦται καὶ ὑποφαίνεται τῆς ἀληθείας, Ἰσμήνιος δὲ τοῖς ἔχουσι τὴν ἐπιστήμην, καὶ (385c) Λεσχηνόριος ὅταν ἐνεργῶσι καὶ ἀπολαύωσι χρώμενοι τῷ διαλέγεσθαι καὶ φιλοσοφεῖν πρὸς ἀλλήλους. « Ἐπεὶ δὲ τοῦ φιλοσοφεῖν » ἔφη « τὸ ζητεῖν ἀρχή, τοῦ δὲ ζητεῖν τὸ θαυμάζειν καὶ ἀπορεῖν, εἰκότως τὰ πολλὰ τῶν περὶ τὸν θεὸν ἔοικεν αἰνίγμασι κατακεκρύφθαι {καὶ} λόγον τινὰ ποθοῦντα διὰ τί καὶ διδασκαλίαν τῆς αἰτίας· οἷον ἐπὶ τοῦ πυρὸς τοῦ ἀθανάτου τὸ καίεσθαι μόνον αὐτόθι τῶν ξύλων ἐλάτην καὶ δάφνην ἐπιθυμιᾶσθαι, καὶ τὸ δύο Μοίρας ἱδρῦσθαι πανταχοῦ τριῶν νομιζομένων, καὶ τὸ μηδεμιᾷ γυναικὶ πρὸς τὸ χρηστήριον εἶναι προσελθεῖν, καὶ τὸ τοῦ τρίποδος, καὶ ὅσα τοιαῦτα, τοῖς μὴ παντάπασιν ἀλόγοις (385d) καὶ ἀψύχοις ὑφειμένα δελεάζει καὶ παρακαλεῖ πρὸς τὸ σκοπεῖν τι καὶ ἀκούειν καὶ διαλέγεσθαι περὶ αὐτῶν. Ὅρα δὲ καὶ ταυτὶ τὰ προγράμματα, τὸ « γνῶθι σαυτόν » καὶ τό « μηδὲν ἄγαν » , ὅσας ζητήσεις κεκίνηκε φιλοσόφοις καὶ ὅσον λόγων πλῆθος ἀφ´ ἑκάστου καθάπερ ἀπὸ σπέρματος ἀναπέφυκεν· ὧν οὐδενὸς ἧττον οἶμαι γόνιμον λόγων εἶναι τὸ νῦν ζητούμενον. » Εἰπόντος δὲ ταῦτα τοῦ Ἀμμωνίου Λαμπρίας ἀδελφὸς εἶπε « Καὶ μὴν ὃν ἡμεῖς ἀκηκόαμεν λόγον ἁπλοῦς τίς ἐστι καὶ κομιδῇ βραχύς. Λέγουσι γὰρ ἐκείνους τοὺς σοφοὺς ὑπ´ ἐνίων δὲ σοφιστὰς προσαγορευθέντας αὐτοὺς μὲν (385e) εἶναι πέντε, Χίλωνα καὶ Θαλῆν καὶ Σόλωνα καὶ Βίαντα καὶ Πιττακόν· ἐπεὶ δὲ Κλεόβουλος Λινδίων τύραννος, εἶτα Περίανδρος Κορίνθιος, οὐδὲν αὐτοῖς ἀρετῆς μετὸν οὐδὲ σοφίας, ἀλλὰ δυνάμει καὶ φίλοις καὶ χάρισι καταβιαζόμενοι τὴν δόξαν ἐνέβαλλον εἰς τοὔνομα τῶν σοφῶν καί τινας γνώμας καὶ λόγους ἐξέπεμπον καὶ διέσπειρον εἰς τὴν Ἑλλάδα τοῖς ὑπ´ ἐκείνων λεγομένοις ὁμοίους· δυσχεράναντας ἄρα τοὺς ἄνδρας ἐξελέγχειν μὲν οὐκ ἐθέλειν τὴν ἀλαζονείαν οὐδὲ φανερῶς ὑπὲρ δόξης ἀπεχθάνεσθαι καὶ διαμάχεσθαι πρὸς ἀνθρώπους μέγα δυναμένους, ἐνταῦθα (385f) δὲ συνελθόντας αὐτοὺς καθ´ αὑτοὺς καὶ διαλεχθέντας ἀλλήλοις ἀναθεῖναι τῶν γραμμάτων τῇ τε τάξει πέμπτον ἐστὶ καὶ τοῦ ἀριθμοῦ τὰ πέντε δηλοῖ, μαρτυρομένους μὲν ὑπὲρ αὑτῶν πρὸς τὸν θεὸν ὅτι πέντ´ εἰσί, τὸν δ´ ἕβδομον καὶ τὸν ἕκτον ἀποποιουμένους καὶ ἀποβάλλοντας ὡς οὐ προσήκοντας αὑτοῖς. Ὅτι δ´ οὐκ ἀπὸ σκοποῦ ταῦτα λέγεται, γνοίη τις ἂν ἀκούσας τῶν κατὰ τὸ ἱερὸν τὸ μὲν χρυσοῦν εἶ Λιβίας τῆς Καίσαρος γυναικὸς ὀνομαζόντων, [385] dans le lieu le plus apparent (385a) du temple, avec les caractères d'une offrande religieuse exposée aux regards du publie. Il y a plus d'apparence que les premiers philosophes qui ont réfléchi sur la nature du Dieu qu'on y adore; ont attribué à ce mot EI une signification particulière et importante, ou l'ont voulu présenter comme le symbole de quelque grand objet. J'avais jusqu'à présent éludé cette question toutes les fois qu'on me l'avait proposée dans mon école. Mais dernièrement je fus surpris par mes enfants (385b) dans un entretien avec des étrangers, qui montraient la plus grande envie de m'entendre discourir sur cette matière ; et comme ils étaient sur le point de quitter Delphes, il n'était guère possible de se refuser à leurs désirs. Nous nous assîmes donc dans le temple ; et là, après quelques questions réciproques, le lieu même et l'objet de la conversation me rappelèrent ce que j'avais autrefois entendu dire à Ammonius et à quelques autres, sur ce même sujet, lors du voyage de l'empereur Néron à Delphes. D'abord, comme le dieu de ce temple n'est pas moins philosophe que prophète, nous approuvâmes tous Ammonius d'avoir expliqué sous ce double rapport les divers noms qu'on lui donne. Ainsi, disait-il, on l'appelle Pythien, pour ceux qui commencent à s'instruire et à proposer des questions ; Delius et Phanaius, pour ceux à qui les premiers rayons de la vérité se découvrent ; Isménius, par rapport à ceux qui sont plus instruits, et (385c) Leschenorius, pour ceux qui possèdent véritablement la science, et sont en état d'en discourir. Comme il convient à la philosophie de faire des recherches, d'admirer, de douter, il est naturel, ajoutait Ammonius, que la plupart des choses qui regardent ce dieu soient enveloppées d'énigmes qui aient besoin d'explication, et dont il faille développer les motifs et les causes. Par exemple, pourquoi de tous les bois, le sapin est-il le seul qu'on emploie à Delphes pour l'entretien du feu perpétuel? Pourquoi ne brûle-t-on que du laurier dans les sacrifices, et n'a-t-on mis dans le temple que les statues de deux parques, tandis que partout ailleurs on en trouve trois? Pour quelle raison n'est-il permis à aucune femme de consulter l'oracle? Que signifie le trépied, et plusieurs autres questions de cette nature, qui, à moins que d'être proposées (385d) à des hommes stupides, excitent la curiosité, et invitent à des réflexions, à des recherches, à des discussions intéressantes? Voyez à combien de disputes philosophiques ont donné lieu ces deux inscriptions : "Connais-toi toi-même", et, "Rien de trop" ; combien chacune en particulier, telle qu'une semence féconde, a produit de dissertations savantes. Or, la question présente, si je ne me trompe, ne le cède en fécondité à aucune autre. Ammonius se tut, et mon frère Lamprias prenant la parole : « La raison, dit-il, que j'ai entendu donner de cette inscription, est aussi courte que simple. On dit que les fameux sages, que d'autres appellent sophistes, étaient d'abord au nombre de cinq : (385e) Chilon, Thalès, Solon, Bias et Pittacus. Dans la suite, Cléobule, tyran de la ville de Lindes, et Périandre, de celle de Corinthe, quoiqu'ils n'eussent ni vertu ni sagesse, vinrent à bout, par leur crédit, leurs bienfaits et les intrigues de leurs amis, de faire violence à la renommée, et d'usurper le nom de sages, en répandant, comme les anciens, dans toute la Grèce, des sentences et des maximes remarquables. Les autres, indignés de cette usurpation, mais ne voulant pas confondre ouvertement leur arrogance, ni se faire, pour un titre d'honneur, des ennemis dangereux de ces hommes puissants, (385f) ils se rendirent à Delphes ; et là, après avoir conféré ensemble, ils consacrèrent cette lettre, qui est la cinquième de l'alphabet et sert à exprimer le nombre cinq, afin de prendre à témoin le dieu qu'ils n'étaient que cinq, et qu'ils rejetaient le sixième et le septième, comme indignes de leur être associés. Ce qui donne de la vraisemblance à cette opinion, c'est que les prêtres à qui le soin de ce temple est confié disent eux-mêmes que des trois EI qui y sont inscrits, celui d'or porte le nom de Livie, femme d'Auguste. Le second,


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Dernière mise à jour : 14/11/2007