HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Sur les sanctuaires dont les oracles ont cessé

Chapitre 41-45

  Chapitre 41-45

[41] ’Ἅμα δ´ ἄν τις οὐκ ἀλόγως καὶ ξηρότητα φαίη μετὰ τῆς θερμότητος ἐγγιγνομένην λεπτύνειν τὸ πνεῦμα καὶ ποιεῖν αἰθερῶδες καὶ καθαρόν· ‘αὐγήγάρξηρὴ ψυχὴ ἀρίστηκαθ´ Ἡράκλειτον. ὑγρότης δ´ οὐ μόνον ὄψιν ἀμβλύνει καὶ ἀκοήν, | ἀλλὰ καὶ κατόπτρων θιγοῦσα καὶ μιχθεῖσα πρὸς ἀέρας ἀφαιρεῖ τὴν λαμπρότητα καὶ τὸ φέγγος. τοὐναντίον τε πάλιν αὖ περιψύξει τινὶ καὶ πυκνώσει τοῦ πνεύματος οἷον βαφῇ σίδηρον τὸ προγνωστικὸν μόριον ἐντείνεσθαι καὶ στομοῦσθαι τῆς ψυχῆς οὐκ ἀδύνατόν ἐστι. καὶ μὴν ὡς κασσίτερος μανὸν ὄντα καὶ πολύπορον τὸν χαλκὸν ἐντακεὶς ἅμα μὲν ἔσφιγξε καὶ κατεπύκνωσεν ἅμα δὲ λαμπρότερον ἀπέδειξε καὶ καθαρώτερον, οὕτως οὐδὲν ἀπέχει τὴν μαντικὴν ἀναθυμίασιν οἰκεῖόν τι ταῖς ψυχαῖς καὶ συγγενὲς ἔχουσαν ἀναπληροῦν τὰ μανὰ καὶ συνέχειν ἐναρμόττουσαν. ἄλλα γὰρ ἄλλοις οἰκεῖα καὶ πρόσφορα, καθάπερ τῆς μὲν πορφύρας κύαμος τῆς δὲ κόκκου τὸ νίτρον δοκεῖ τὴν βαφὴν ἄγειν μεμιγμένον· ‘βύσσῳ δὲ γλαυκῆς κόκκος καταμίσγεται ἀκτῆςὡς Ἐμπεδοκλῆς εἴρηκε. περὶ δὲ τοῦ Κύδνου καὶ τῆς ἱερᾶς τοῦ Ἀπόλλωνος ἐν Ταρσῷ μαχαίρας, φίλε Δημήτριε, σοῦ λέγοντος ἠκούομεν, ὡς οὔτε Κύδνος ἄλλον ἐκκαθαίρει σίδηρον ἐκεῖνον οὔθ´ ὕδωρ ἄλλο τὴν μάχαιραν ἐκεῖνο· καθάπερ ἐν Ὀλυμπίᾳ τὴν τέφραν προσπλάττουσι τῷ βωμῷ καὶ περιπηγνύουσιν ἐκ τοῦ Ἀλφειοῦ παραχέοντες ὕδωρ, ἑτέρων δὲ πειρώμενοι ποταμῶν οὐδενὶ δύνανται συναγαγεῖν οὐδὲ κολλῆσαι τὴν τέφραν.‘ [41] On peut dire encore, supposition très vraisemblable, que la sécheresse combinée avec la chaleur volatilise l'esprit, et en fait quelque chose d'aérien, d'essentiellement pur. C'est alors cette âme sèche dont parle Héraclite. L'humidité, au contraire, émousse la vue et l'ouïe, comme du reste, elle ôte aux miroirs, aux lampes, à l'air même, tout brillant et tout éclat. D'un autre côté il n'est pas impossible que la réfrigération, la condensation des esprits fasse naître et subsister dans l'âme la faculté divinatoire, comme la trempe donne le tranchant au fer. Fondu avec le cuivre, qui est très peu dense et très poreux, l'étain rend ce métal plus serré et plus dense, en même temps qu'il ajoute à son brillant et à sa netteté. De même, rien n'empêche que l'exhalaison inspiratrice, qui a de l'analogie et de l'affinité avec les âmes, remplisse leurs vides, les combine et les ajuste. Certaines substances ont du rapport avec certaines autres, et tendent à se rapprocher d'elles. Ainsi le mélange de la fève augmente l'action colorante de la pourpre: le nitre, celle du safran : "A la pourpre est mêlé le jaunâtre safran", comme a dit Empédocle. Ainsi encore, à propos du Cydnus et du couteau sacré d'Apollon conservé dans la ville de Tarse, nous vous avons entendu dire, mon cher Démétrius, qu'il n'y a pas d'eau meilleure pour nettoyer un instrument tranchant que l'eau de ce fleuve. Ainsi, enfin, à Olympie, pour faire adhérer la cendre que l'on applique sur l'autel de Jupiter on la mêle avec de l'eau de l'Alphée; mais si l'on essaye un autre liquide, il n'en est pas un qui puisse donner de la cohésion et de la consistance à cette cendre.
[42] ’Οὐ θαυμαστέον οὖν, εἰ πολλὰ τῆς γῆς ἄνω ῥεύματα μεθιείσης ταῦτα μόνα τὰς ψυχὰς ἐνθουσιαστικῶς διατίθησι καὶ φαντασιαστικῶς τοῦ μέλλοντος. ἀμέλει δὲ καὶ τὰ τῆς φήμης συνᾴδει τῷ λόγῳ· καὶ γὰρ ἐνταῦθα τὴν περὶ τὸν τόπον δύναμιν ἐμφανῆ γενέσθαι πρῶτον ἱστοροῦσιν νομέως τινὸς ἐμπεσόντος κατὰ τύχην, εἶτα φωνὰς ἀναφέροντος ἐνθουσιώδεις, ὧν τὸ μὲν πρῶτον οἱ παραγενόμενοι κατεφρόνουν, ὕστερον δὲ γενομένων ὧν προεῖπεν ἄνθρωπος ἐθαύμασαν. οἱ δὲ λογιώτατοι Δελφῶν καὶ τοὔνομα τοῦ ἀνθρώπου διαμνημονεύοντες Κορήταν λέγουσιν. ἐμοὶ δὲ δοκεῖ μάλιστα τοιαύτην πρὸς τὸ μαντικὸν πνεῦμα λαμβάνειν σύγκρασιν ψυχὴ καὶ σύμπηξιν, οἵαν πρὸς τὸ φῶς ὄψις ὁμοιοπαθὲς γιγνόμενον· ὀφθαλμοῦ τε γὰρ ἔχοντος τὴν ὁρατικὴν δύναμιν οὐδὲν ἄνευ φωτὸς ἔργον ἐστίν, ψυχῆς τε τὸ μαντικὸν ὥσπερ ὄμμα δεῖται τοῦ συνεξάπτοντος οἰκείου καὶ συνεπιθήγοντος. ὅθεν οἱ μὲν πολλοὶ τῶν προγενεστέρων ἕνα καὶ τὸν αὐτὸν ἡγοῦντο θεὸν Ἀπόλλωνα καὶ ἥλιον· οἱ δὲ τὴν καλὴν καὶ σοφὴν ἐπιστάμενοι καὶ τιμῶντες ἀναλογίαν, ὅπερ σῶμα πρὸς ψυχὴν ὄψις δὲ πρὸς νοῦν φῶς δὲ πρὸς ἀλήθειάν ἐστι, τοῦτο τὴν ἡλίου δύναμιν εἴκαζον εἶναι πρὸς τὴν Ἀπόλλωνος φύσιν, ἔκγονον ἐκείνου καὶ τόκον ὄντος ἀεὶ γιγνόμενον ἀεὶ τοῦτον ἀποφαίνοντες. ἐξάπτει γὰρ καὶ προάγεται καὶ συνεξορμᾷ τῆς αἰσθήσεως τὴν ὁρατικὴν δύναμιν οὗτος ὡς τῆς ψυχῆς τὴν μαντικὴν ἐκεῖνος. [42] Il ne faut donc pas s'étonner si entre les nombreux courants d'exhalaisons que la terre fait jaillir à sa surface, ceux de Delphes seulement provoquent d'enthousiastes dispositions, propres à révéler les images de l'avenir. La tradition vient encore, d'une manière irrésistible, confirmer cette opinion. Il est raconté, que la vertu prophétique de ces lieux se manifesta pour la première fois en la personne d'un berger qui, se trouvant là par hasard, prononça des paroles inspirées. D'abord ceux qui les entendirent n'y faisaient aucune attention; mais quand plus tard les prophéties de l'homme se furent réalisées, ils l'eurent en grande admiration. Les plus savants des Delphiens ont conservé le nom de ce berger : il s'appelait Corétas. Pour moi, il me semble que, par une analogie toute spéciale, il y a entre l'âme et l'inspiration prophétique le même rapport, la même liaison qu'entre la lumière et l'oeil, organe de la vue. L'oeil a la faculté de voir, mais il ne saurait exercer cette faculté sans la lumière. De même la divination, oeil de l'âme, a besoin de se trouver dans un milieu qui soit d'une nature analogue à la sienne, qui la détermine et la mette en action. Aussi l'opinion la plus répandue dans les premiers âges était-elle, qu'Apollon et le soleil sont un même Dieu. Mais ceux qui se connaissent en merveilleuses et sages analogies, qui savent les glorifier, ceux-là ont pensé que si l'on peut établir une analogie entre le corps et l'âme, entre la vue et l'intelligence, entre la lumière et la vérité, on peut établir aussi cette analogie entre l'influence du soleil et la nature d'Apollon. Ils proclament que l'astre est un produit, une émanation du Dieu : émanation toujours existante parce que le Dieu ne cesse d'exister. Le soleil anime, provoque et détermine l'exercice de la faculté de la vue, comme Apollon provoque la vertu divinatoire de l'âme.
[43] Οἱ μέντοι δοξάζοντες ἕνα καὶ τὸν αὐτὸν θεὸν εἶναι, εἰκότως Ἀπόλλωνι καὶ Γῇ κοινῶς ἀνέθεσαν τὸ χρηστήριον, οἰόμενοι τὴν διάθεσιν καὶ κρᾶσιν ἐμποιεῖν τῇ γῇ τὸν ἥλιον, ἀφ´ ἧς ἐκφέρεσθαι τὰς μαντικὰς ἀναθυμιάσεις. αὐτὴν μὲν οὖν τὴν γῆν ὥσπερ Ἡσίοδος ἐνίων φιλοσόφων βέλτιον διανοηθείςπάντων ἕδος ἀσφαλέςπροσεῖπεν, οὕτω καὶ ἡμεῖς καὶ ἀίδιον καὶ ἄφθαρτον νομίζομεν· τῶν δὲ περὶ αὐτὴν δυνάμεων πῆ μὲν ἐκλείψεις πῆ δὲ γενέσεις ἀλλαχοῦ δὲ μεταστάσεις καὶ μεταρροίας ἀλλαχόθεν εἰκός ἐστι συμβαίνειν, καὶ κυκλεῖν ἐν αὐτῇ τὰς τοιαύτας ἐν τῷ χρόνῳ παντὶ πολλάκις περιόδους, ὡς ἔστι τεκμαίρεσθαι τοῖς φαινομένοις. λιμνῶν τε γὰρ γεγόνασι καὶ ποταμῶν ἔτι δὲ πλείονες ναμάτων θερμῶν ὅπου μὲν ἐκλείψεις καὶ φθοραὶ παντάπασιν ὅπου δ´ οἷον ἀποδράσεις καὶ καταδύσεις, | εἶτα πάλιν ἥκει διὰ χρόνων ἐπιφαινόμενα τοῖς αὐτοῖς τόποις πλησίον ὑπορρέοντα· καὶ μετάλλων ἴσμεν ἐξαμαυρώσεις γεγονέναι καινὰς, ὡς τῶν περὶ τὴν Ἀττικὴν ἀργυρείων καὶ τῆς ἐν Εὐβοίᾳ χαλκίτιδος ἐξ ἧς ἐδημιουργεῖτο τὰ ψυχρήλατα τῶν ξιφῶν, ὡς Αἰσχύλος εἴρηκελαβὼν γὰρ αὐτόθηκτον Εὐβοικὸν ξίφος·’ δ´ ἐν Καρύστῳ πέτρα χρόνος οὐ πολὺς ἀφ´ οὗ πέπαυται μηρύματα λίθων μαλακὰ καὶ νηματώδη συνεκφέρουσα. καὶ γὰρ ὑμῶν ἑωρακέναι τινὰς οἴομαι χειρόμακτρα καὶ δίκτυα καὶ κεκρυφάλους ἐκεῖθεν οὔτε ὕδατι λυομένους οὔτε πυρὶ καιομένους· ἀλλ´ ὅς´ ἂν ῥυπανθῇ χρωμένων, ἐμβαλόντες εἰς φλόγα λαμπρὰ καὶ διαφανῆ κομίζονται· νῦν δ´ ἠφάνισται καὶ μόλις οἷον ἶνες τρίχες ἀραιαὶ διατρέχουσιν ἐν τοῖς μετάλλοις. [43] Ceux qui ont cru que c'était un seul et même Dieu en commun , ont suivi les lois de la vraisemblance quand ils ont attribué cet oracle à Apollon conjointement avec la Terre. Ils pensaient que le soleil détermine dans le sein de la terre cette disposition et cette température qui en font s'exhaler les vapeurs propres à la divination. Or, pour ce qui est de la Terre, de même qu'Hésiode, plus sensé que certains philosophes, l'a nommée "De l'univers la base inébranlable", de même nous aussi, nous estimons qu'elle est éternelle et incorruptible. Si les propriétés dont elle jouit semblent tantôt disparaître, tantôt se produire, il est vraisemblable que cela tient à ce que ces propriétés se déplacent, changent de courant, et accomplissent comme en cercle les mêmes périodes dans toute la suite des âges. Nous pouvons le conjecturer par les phénomènes qui se passent sous nos yeux. Il y a des lacs, des fleuves, et plus souvent des sources chaudes, qui disparaissent et s'anéantissent complétement; d'autres se détournent et se cachent sous terre; puis longtemps après, ces eaux reparaissent aux mêmes lieux, ou bien elles coulent un peu plus bas. Nous savons des mines qui se sont épuisées récemment : par exemple, les mines d'argent de l'Attique, et les mines de cuivre de l'Eubée, desquelles se fabriquaient des épées forgées à froid. Eschyle en fait mention : "Il prend sa bonne lame et son glaive d'Eubée". Je citerai également la carrière de Caryste : il n'y a pas encore bien longtemps qu'on a cessé d'en extraire de ces pierres qui ressemblent à du fil dévidé. Car je suppose que quelques-uns d'entre vous ont eu occasion de voir des essuie-mains, des filets et des résilles provenant de ces sortes de pierres. Ce sont autant d'objets incombustibles; et quand ils ont été salis par l'usage, il suffit de les jeter dans le feu pour leur rendre leur éclat et leur transparence. Eh bien, aujourd'hui tout a disparu; à peine en reste-t-il quelques vestiges, sortes de fibres ou de cheveux, qui courent çà et là au milieu des métaux.
[44] Καὶ πάντων τούτων οἱ περὶ Ἀριστοτέλην δημιουργὸν ἐν τῇ γῇ τὴν ἀναθυμίασιν ἀποφαίνουσιν, καὶ συνεκλείπειν καὶ συμμεθίστασθαι καὶ συνεξανθεῖν πάλιν τὰς τοιαύτας φύσεις ἀναγκαῖόν ἐστι. ταὐτὰ δὴ περὶ μαντικῶν πνευμάτων διανοητέον, ὡς οὐκ ἐχόντων ἀίδιον οὐδ´ ἀγήρω τὴν δύναμιν ἀλλ´ ὑποκειμένην μεταβολαῖς. καὶ γὰρ ὄμβρους ὑπερβάλλοντας εἰκός ἐστι κατασβεννύναι καὶ κεραυνῶν ἐμπεσόντων διαφορεῖσθαι, μάλιστα δὲ τῆς γῆς ὑποσάλου γιγνομένης καὶ λαμβανούσης ἱζήματα καὶ σύγχωσιν ἐν βάθει μεθίστασθαι τὰς ἀναθυμιάσεις τυφλοῦσθαι τὸ παράπαν, ὥσπερ ἐνταῦθά φασι παραμένειν τὰ περὶ τὸν μέγαν σεισμόν, ὃς καὶ τὴν πόλιν ἀνέτρεψεν. ἐν δ´ Ὀρχομενῷ λέγουσι λοιμοῦ γενομένου πολλοὺς μὲν ἀνθρώπους διαφθαρῆναι, τὸ δὲ τοῦ Τειρεσίου χρηστήριον ἐκλιπεῖν παντάπασι καὶ μέχρι τοῦ νῦν ἀργὸν διαμένειν καὶ ἄναυδον. εἰ δὲ καὶ τοῖς περὶ Κιλικίαν ὅμοια παθεῖν συμβέβηκε, ὡς ἀκούομεν, οὐδεὶς ἂν ἡμῖν, Δημήτριε, σοῦ φράσειε σαφέστερον.‘ [44] Tous ces phénomènes, à en croire Aristote, sont produits par des vapeurs contenues dans le sein de la terre; et ils doivent nécessairement disparaître, se déplacer ou se remontrer en même temps que les exhalaisons. Pareillement pour ce qui concerne les souffles prophétiques, il faut bien se figurer, que leur vertu n'est ni éternelle ni préservée de la vieillesse, mais qu'elle est, au contraire, soumise à des altérations. Il est probable que des pluies excessives les éteignent, que la foudre en tombant les disperse, et surtout qu'à la suite des tremblements de terre, qui déterminent des affaissements et des désordres dans le sol, ces exhalaisons sont refoulées profondément ou complétement étouffées. C'est ainsi qu'aux lieux où nous sommes il reste encore des traces du terrible tremblement de terre qui renversa Delphes même. Pareillement on rapporte qu'en la ville d'Orchomène, à la suite d'une peste qui fit périr un grand nombre de citoyens, l'oracle de Tirésias défaillit complétement, et de nos jours encore il ne fonctionne plus et reste muet. Il en est de même des oracles de Cilicie, à ce que l'on rapporte; mais personne mieux que vous, Démétrius, ne saurait nous éclairer sur ce dernier point.
[45] Καὶ Δημήτριοςοὐκ οἶδ´ ἔγωγε τά γε νῦν· ἀποδημῶ γάρ, ὡς ἴστε, πάμπολυν ἤδη χρόνον· ἔτι δ´ ἤκμαζεν ἐμοῦ παρόντος καὶ τὸ Μόψου καὶ τὸ Ἀμφιλόχου μαντεῖον. ἔχω δ´ εἰπεῖν τῷ Μόψου παραγενόμενος πρᾶγμα θαυμασιώτατον. γὰρ ἡγεμὼν τῆς Κιλικίας αὐτὸς μὲν ἀμφίδοξος ὢν ἔτι πρὸς τὰ θεῖα δι´ ἀσθένειαν ἀπιστίας οἶμαι (τἄλλα γὰρ ἦν ὑβριστὴς καὶ φαῦλος), ἔχων δὲ περὶ αὑτὸν Ἐπικουρείους τινὰς τὴν καλὴν δὴ καὶ φυσιολόγον ἐνυβρίζοντας, ὡς αὐτοὶ λέγουσι, τοῖς τοιούτοις εἰσέπεμψεν ἀπελεύθερον οἷον εἰς πολεμίων κατάσκοπον ἐνσκευάσας, ἔχοντα κατεσφραγισμένην δέλτον, ἐν τὸ ἐρώτημα ἦν ἐγγεγραμμένον οὐδενὸς εἰδότος. ἐννυχεύσας οὖν ἄνθρωπος ὥσπερ ἔθος ἐστὶ τῷ σηκῷ καὶ κατακοιμηθεὶς ἀπήγγειλε μεθ´ ἡμέραν ἐνύπνιον τοιοῦτον. ἄνθρωπον ἔδοξεν αὑτῷ καλὸν ἐπιστάντα φθέγξασθαι τοσοῦτονμέλανακαὶ πλέον οὐδὲν ἀλλ´ εὐθὺς οἴχεσθαι. τοῦθ´ ἡμῖν μὲν ἄτοπον ἐφάνη καὶ πολλὴν ἀπορίαν παρέσχεν, δ´ ἡγεμὼν ἐκεῖνος ἐξεπλάγη καὶ προσεκύνησεν καὶ τὴν δέλτον ἀνοίξας ἐπεδείκνυεν ἐρώτημα τοιοῦτον γεγραμμένονπότερόν σοι λευκὸν μέλανα θύσω ταῦρον;’ ὥστε καὶ τοὺς Ἐπικουρείους διατραπῆναι, κἀκεῖνον αὐτὸν τήν τε θυσίαν ἐπιτελεῖν καὶ σέβεσθαι διὰ τέλους Μόψον.‘ [45] — J'ignore, répondit Démétrius, où les choses en sont aujourd'hui, attendu que depuis longtemps déjà, comme vous le savez, je suis le plus habituellement hors de mon pays. Lorsque je m'y trouvais, l'oracle de Mopsus et celui d'Amphiloque florissaient encore. Je puis même citer, à propos de celui de Mopsus, un fait des plus étonnants et dont j'ai été témoin. Le gouverneur de Cilicie avait été jusque-là irrésolu à l'égard des choses divines : ce qui tenait, je pense, au peu de fondement de son incrédulité même. Homme d'ailleurs familiarisé avec l'injustice et le mal, il avait, de plus, autour de lui un certain nombre d'Épicuriens répandant sur ces sortes de questions religieuses les sarcasmes de ce qu'ils appellent leur sublime raison naturelle. Il s'avisa d'envoyer un affranchi pourvu d'instructions comme on en aurait donné à un espion qui pénètre chez des ennemis; et il l'avait fait porteur d'un billet cacheté où était écrite une questions que personne ne savait. Cet envoyé passa la nuit dans le temple comme c'est la coutume; et, après s'y être endormi, il raconta le lendemain le songe qu'il avait eu. Un homme d'une beauté merveilleuse s'était présenté, lui avait dit ce seul mot : «Noir», et sans rien ajouter avait aussitôt disparu. La chose nous sembla des plus bizarres, et nous embarrassait fort; mais le gouverneur en question fut frappé d'un tel saisissement qu'il tomba à genoux et adora le Dieu. Puis ayant ouvert le billet il nous montra la question qui s'y trouvait écrite : "Est-ce un taureau blanc que je t'immolerai, ou bien un taureau noir?" Aussi les Epicuriens eux-mêmes étaient-ils confondus. Notre homme accomplit le sacrifice, et ne cessa plus d'avoir Mopsus en grande vénération.»


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Dernière mise à jour : 8/09/2005