HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Sur les sanctuaires dont les oracles ont cessé

Chapitre 36-40

  Chapitre 36-40

[36] Διὸ καὶ πεμπάσασθαι τὸ ἀριθμῆσαι τοῖς παλαιοῖς ἔθος ἦν καλεῖν. οἶμαι δὲ καὶ τὰ πάντα τῶν πέντε παρώνυμα γεγονέναι κατὰ λόγον, ἅτε δὴ τῆς πεντάδος ἐκ τῶν πρώτων ἀριθμῶν συνεστώσης. καὶ γὰρ οἱ μὲν ἄλλοι πολλαπλασιαζόμενοι πρὸς ἄλλους εἰς ἕτερον αὑτῶν ἀριθμὸν ἐκβαίνουσιν· δὲ πεντάς, ἂν μὲν ἀρτιάκις λαμβάνηται, τὸν δέκα ποιεῖ τέλειον· ἐὰν δὲ περισσάκις, ἑαυτὴν πάλιν ἀποδίδωσιν. ἐῶ δ´ ὅτι πρώτη μὲν ἐκ πρώτων δυεῖν τετραγώνων συνέστηκε τῆς τε μονάδος καὶ τῆς τετράδος πεντάς, πρώτη δ´ ἴσον δυναμένη τοῖς πρὸ αὑτῆς δυσὶ τὸ κάλλιστον τῶν ὀρθογωνίων τριγώνων συνίστησι, πρώτη δὲ ποιεῖ τὸν ἡμιόλιον λόγον. οὐ γὰρ ἴσως οἰκεῖα ταῦτα τοῖς ὑποκειμένοις πράγμασιν, ἀλλ´ ἐκεῖνο μᾶλλον τὸ φύσει διαιρετικὸν τοῦ ἀριθμοῦ καὶ τὸ πλεῖστα τούτῳ τὴν φύσιν διανέμειν. ἔνειμε γὰρ ἡμῖν αὐτοῖς αἰσθήσεις πέντε καὶ μέρη ψυχῆς, φυτικὸν αἰσθητικὸν ἐπιθυμητικὸν θυμοειδὲς λογιστικόν, καὶ δακτύλους ἑκατέρας χειρὸς τοσούτους, καὶ τὸ γονιμώτατον σπέρμα πενταχῆ σχιζόμενον. οὐ γὰρ ἱστόρηται γυνὴ πλείονα τεκοῦσα πέντε συχνὰ ταῖς αὐταῖς ὠδῖσι. καὶ τὴν Ῥέαν Αἰγύπτιοι μυθολογοῦσι πέντε θεοὺς τεκεῖν, αἰνιττόμενοι τὴν ἐκ μιᾶς ὕλης τῶν πέντε κόσμων γένεσιν. ἐν δὲ τῷ παντὶ πέντε μὲν ζώναις περὶ γῆν τόπος, πέντε δὲ κύκλοις οὐρανὸς διώρισται, δυσὶν ἀρκτικοῖς καὶ δυσὶ τροπικοῖς καὶ μέσῳ τῷ ἰσημερινῷ· | πέντε δ´ αἱ τῶν πλανωμένων ἄστρων περίοδοι γεγόνασιν, Ἡλίου καὶ Φωσφόρου καὶ Στίλβωνος ὁμοδρομούντων. ἐναρμόνιος δὲ καὶ τοῦ κόσμου σύνταξις, ὥσπερ ἀμέλει καὶ τὸ παρ´ ἡμῖν ἡρμοσμένον ἐν πέντε τετραχόρδων θέσεσιν ὁρᾶται, τῶν ὑπάτων καὶ μέσων καὶ συνημμένων καὶ διεζευγμένων καὶ ὑπερβολαίων· καὶ τὰ μελῳδούμενα διαστήματα πέντε, δίεσις καὶ ἡμιτόνιον καὶ τόνος καὶ τριημιτόνιον καὶ δίτονον. οὕτως φύσις ἔοικε τῷ πέντε ποιεῖν ἅπαντα χαίρειν μᾶλλον τῷ σφαιροειδῆ, καθάπερ Ἀριστοτέλης ἔλεγε. [36] C'est pour cela qu'autrefois l'usage était de dire g-pempazesthai pour signifier «compter.» Je crois même que le mot "univers", (g-panta), a été dérivé de g-pente (cinq), par analogie, attendu que le nombre cinq, la pentade, est composé des deux premiers nombres. Les autres nombres multipliés diversement donnent des produits qui sont différents de ces nombres mêmes. Mais cinq pris un nombre pair de fois produit un nombre qui est divisible par dix et qui est en même temps pair. Si le facteur est impair, le produit donne encore un nombre terminé par cinq. J'omets de remarquer, d'abord que cinq est composé des deux premiers carrés, à savoir de un et de quatre, qu'ensuite le carré de cinq est le premier qui vaille à lui seul autant que le carré des deux nombres qui le précèdent, formant ainsi le plus beau des triangles rectangles, qu'enfin cinq est le premier nombre qui contienne la raison sesquialtère. Ces remarques ne sont peut-être pas appropriées à la question qui nous occupe. Les suivantes l'y sont davantage. De sa nature le nombre cinq est capable de diviser, et il se retrouve dans une foule de répartitions naturelles. Ainsi nous possédons cinq sens; notre âme a cinq facultés, la végétative, la sensible, la concupiscible, l'irascible et la raisonnable; nous avons cinq doigts à chaque main; le sperme le plus fécond se répartit en cinq conceptions : car on ne cite pas de femme qui ait eu plus de cinq enfants d'une même portée, et la mythologie égyptienne dit que Rhéa mit au monde cinq dieux, ce qui désigne d'une façon énigmatique les cinq mondes formés d'une seule matière. Dans l'univers, la terre est divisée en cinq zones, et le ciel, en cinq cercles: deux pôles, deux tropiques et l'équateur au milieu. Il y a cinq révolutions des planètes, parce qu'il n'y a qu'une seule et même révolution pour le soleil, pour Vénus et pour Mercure. Le monde lui-même, dans sa composition, suit cette raison harmonique, comme la gamme dont nous nous servons pour chanter se compose de cinq tétracordes, dont le premier s'appelle g-hypaton, c'est-à-dire, des tons bas; le second, g-meson, c'est-à-dire, moyens; la tierce, g-synemmenon, c'est-à-dire, conjoints; la quarte, g-diezeugmenon, c'est-à-dire, disjoints; et la quinte, g-hyperbolaeon, c'est-à-dire, suprêmes. Dans le chant on distingue aussi cinq intervalles: le dièze, le semi-ton, le ton, le ton mineur, et le ton majeur. Tant il est vrai que la nature semble se plaire à tout exécuter d'après le nombre cinq, plutôt qu'à rien produire en forme ronde comme une boule, ainsi que disait Aristote !
[37] Τί δῆτα, φήσαι τις ἄν, Πλάτων ἐπὶ τὰ πέντε σχήματα τὸν τῶν πέντε κόσμων ἀριθμὸν ἀνήνεγκεν, εἰπὼν ὅτι τῇ πέμπτῃ συστάσει θεὸς ἐπὶ τὸ πᾶν κατεχρήσατο ἐκεῖνο διαζωγραφῶν,’ εἶτα τὴν περὶ τοῦ πλήθους τῶν κόσμων ὑποθεὶς ἀπορίαν, πότερον ἕν´ πέντ´ αὐτοὺς ἀληθείᾳ πεφυκότας λέγειν προσήκει, δῆλός ἐστιν ἐντεῦθεν οἰόμενος ὡρμῆσθαι τὴν ὑπόνοιαν; εἴπερ οὖν δεῖ πρὸς τὴν ἐκείνου διάνοιαν ἐπάγειν τὸ εἰκός, σκοπῶμεν ὅτι ταῖς τῶν σωμάτων καὶ σχημάτων ἐκείνων διαφοραῖς ἀνάγκη καὶ κινήσεων εὐθὺς ἕπεσθαι διαφοράς, ὥσπερ αὐτὸς διδάσκει, τὸ διακρινόμενον συγκρινόμενον ἅμα τῆς οὐσίας τῇ ἑτεροιώσει καὶ τὸν τόπον μεταλλάττειν ἀποφαινόμενος. ἂν γὰρ ἐξ ἀέρος πῦρ γένηται, λυθέντος τοῦ ὀκταέδρου καὶ κερματισθέντος εἰς πυραμίδας, πάλιν ἀὴρ ἐκ πυρός, συνωσθέντος καὶ συνθλιβέντος εἰς ὀκτάεδρον, οὐ δυνατὸν μένειν ὅπου πρότερον ἦν, ἀλλὰ φεύγει καὶ φέρεται πρὸς ἑτέραν χώραν ἐκβιαζόμενον καὶ μαχόμενον τοῖς ἐνισταμένοις καὶ κατεπείγουσιν. ἔτι δὲ μᾶλλον εἰκόνι τὸ συμβαῖνον ἐνδείκνυται, ‘τοῖς ὑπὸ τῶν πλοκάνων καὶ ὀργάνων τῶν περὶ τὴν τοῦ σίτου κάθαρσιν σειομένοις καὶ ἀναλικμωμένοιςὁμοίως λέγων τὰ στοιχεῖα σείοντα τὴν ὕλην ὑπ´ ἐκείνης τε σειόμενα προσχωρεῖν ἀεὶ τὰ ὅμοια τοῖς ὁμοίοις, ἄλλην τε χώραν ἄλλα ἴσχειν πρὶν ἐξ αὐτῶν γενέσθαι τὸ πᾶν διακοσμηθέν· οὕτως οὖν τότε τῆς ὕλης ἐχούσης ὡς ἔχειν τὸ πᾶν εἰκός, οὗ θεὸς ἄπεστιν, εὐθὺς αἱ πρῶται πέντε ποιότητες ἰδίας ἔχουσαι ῥοπὰς ἐφέροντο χωρίς, οὐ παντάπασιν οὐδ´ εἰλικρινῶς ἀποκρινόμεναι, διὰ τὸ πάντων ἀναμεμιγμένων ἀεὶ τὰ κρατούμενα τοῖς ἐπικρατοῦσι παρὰ φύσιν ἕπεσθαι. διὸ δὴ τοῖς τῶν σωμάτων γένεσιν ἄλλων ἀλλαχῆ φερομένων ἰσαρίθμους μερίδας καὶ διαστάσεις ἐποίησαν, τὴν μὲν οὐ καθαροῦ πυρὸς ἀλλὰ πυροειδῆ, τὴν δ´ οὐκ ἀμιγοῦς αἰθέρος ἀλλ´ αἰθεροειδῆ, τὴν δ´ οὐ γῆς αὐτῆς καθ´ ἑαυτὴν ἀλλὰ γεοειδῆ, μάλιστα δὲ καὶ τὴν ἀέρος κοίνωσιν τὴν ὕδατος διὰ τὸ πολλῶν, ὥσπερ εἴρηται, τῶν ἀλλοφύλων ἀναπεπλησμένων ἀπελθεῖν. οὐ γὰρ θεὸς διέστησεν οὐδὲ διῴκισε τὴν οὐσίαν, ἀλλ´ ὑπ´ αὐτῆς διεστῶσαν αὐτὴν καὶ φερομένην χωρὶς ἐν ἀκοσμίαις τοσαύταις παραλαβὼν ἔταξε καὶ συνήρμοσε δι´ ἀναλογίας καὶ μεσότητος· εἶθ´ ἑκάστῃ λόγον ἐγκαταστήσας ὥσπερ ἁρμοστὴν καὶ φύλακα κόσμους ἐποίησε τοσούτους, ὅσα γένη τῶν πρώτων σωμάτων ὑπῆρχε. ταῦτα μὲν οὖν τῇ Πλάτωνος ἀνακείσθω χάριτι δι´ Ἀμμώνιον· ἐγὼ δὲ περὶ μὲν ἀριθμοῦ κόσμων οὐκ ἄν ποτε διισχυρισαίμην ὅτι τοσοῦτοι, τὴν δὲ πλείονας μὲν ἑνὸς οὐ μὴν ἀπείρους ἀλλ´ ὡρισμένους πλήθει τιθεμένην δόξαν οὐδετέρας ἐκείνων ἀλογωτέραν ἡγοῦμαι, τὸ φύσει τῆς ὕλης σκεδαστὸν καὶ μεριστὸν ὁρῶν οὔτ´ ἐφ´ ἑνὸς μένον οὔτ´ εἰς ἄπειρον ὑπὸ τοῦ λόγου βαδίζειν ἐώμενον. | εἰ δ´ ἀλλαχόθι που κἀνταῦθα τῆς Ἀκαδημείας ὑπομιμνήσκοντες ἑαυτοὺς τὸ ἄγαν τῆς πίστεως ἀφαιρῶμεν καὶ τὴν ἀσφάλειαν ὥσπερ ἐν χωρίῳ σφαλερῷ τῷ περὶ τῆς ἀπειρίας λόγῳ μόνον διασῴζωμεν.‘ [37] Mais, objectera quelqu'un, pourquoi Platon, qui a rapporté le nombre des cinq mondes aux cinq premières figures des corps réguliers, qui a prétendu que c'est sur l'analogie du nombre cinq que Dieu a décrit le plan de l'univers, pourquoi Platon va-t-il ensuite exposer des doutes touchant la pluralité des mondes. et élever la question de savoir s'il y a en vérité un seul monde, ou bien s'il y en a cinq? Il est évident que c'est de cette question-là qu'il croit que doivent surgir les conjectures. Si donc il faut appliquer la vraisemblance au sentiment de Platon, voici les remarques que nous avons à faire. Aux dissimilitudes de ces corps et de ces figures répondent des différences nécessaires et immédiates dans leurs mouvements. C'est ce qu'il enseigne lui-même, quand il démontre que la raréfaction ou la condensation des corps, en même temps qu'elles changent leur substance et leur qualité, changent aussi et leur noms et l'emplacement qu'ils occupent. Par exemple, supposons que l'air devienne feu par la décomposition de l'octaèdre, qui se sera découpé en pyramide, ou, au contraire, que le feu devienne air en se resserrant et se comprimant en octaèdre : il est impossible que cet air ou ce feu reste dans l'endroit où il était auparavant; il se déplacera pour se porter ailleurs, en luttant avec violence contre les corps qui lui font obstacle et qui le pressent. Platon rend son idée encore plus sensible par une image tirée des vans et des instruments divers avec lesquels on agite et secoue le grain pour le nettoyer. Il dit que, par une ressemblance parfaite, lorsque les éléments secouaient la matière et qu'ils étaient secoués par elle, les parties homogènes se rapprochaient toujours, et occupaient tantôt une place, tantôt une autre, avant que par leur composition l'univers eût été formé. La matière se trouvait donc réduite à l'état dans lequel il est vraisemblable que soit toute chose là où Dieu n'est point. Les cinq qualités primitives, obéissant à leurs mouvements propres, s'en allaient séparément: sans que, toutefois, elles fussent complétement, nettement distinctes, parce que dans cette confusion générale la plus faible était naturellement entraînée suivant la direction de la plus forte. C'est pour cela que, comme elles se trouvaient à leur formation portées tantôt d'un côté, tantôt d'un autre, il se constitua autant de divisions qu'il y avait de genres différents. Sans être un feu parfaitement pur, une portion de la matière participa de la forme ignée; une autre prit la forme de l'éther : non que ce fût de l'éther sans mélange, mais elle tenait pourtant de la substance éthérée; une troisième, n'étant pas terre par elle-même, avait de l'analogie avec la nature de la terre. Mais il y eut principalement communauté de l'air avec l'eau, parce que ces deux éléments ne se séparent, comme on l'a déjà dit, que chargés l'un et l'autre de corps hétérogènes. Car ce n'est point Dieu qui a divisé et réparti la matière. D'elle-même elle s'est séparée, d'elle-même elle s'est portée à des places distinctes; et pourtant le désordre était encore considérable lorsque Dieu s'empara d'elle. Il la disposa, il l'ordonna suivant l'analogie et la juste convenance. Donnant ensuite à chacune des parties une loi d'ensemble et de conservation, il fit autant de mondes qu'il y avait d'espèces de corps primitifs. Que, pour l'amour d'Ammonius, cet hommage soit offert à Platon, et qu'il l'agrée. Quant au nombre des mondes en lui-même, je ne voudrais jamais m'obstiner à soutenir qu'il y en a précisément cinq; mais l'opinion qui, sans les multiplier à l'infini, en admet plus d'un et les fixe à un nombre déterminé, cette opinion me semble n'être en rien plus déraisonnable qu'aucune des deux autres. Je vois qu'il est dans la nature de la matière qu'elle se répande et se divise, qu'elle ne se tienne pas à l'unité; et d'une autre part, j'estime que la raison ne lui permet pas d'aller jusqu'à l'infini. Du reste c'est ici le lieu, s'il y en eut jamais occasion, de se souvenir de l'Académie : évitons d'affirmer rien avec trop de confiance. Cette question de la multiplicité des mondes est un terrain glissant : contentons-nous de ne pas tomber, et de conserver notre équilibre.
[38] Ἐμοῦ δὲ ταῦτ´ εἰπόντος ΔημήτριοςὀρθῶςἔφηΛαμπρίας παραινεῖ. ‘πολλαῖς γὰρ οἱ θεοὶ μορφαῖςοὐσοφισμάτωνὡς Εὐριπίδης φησίν, ἀλλὰ πραγμάτωνσφάλλουσιν ἡμᾶς’, ὅταν ὡς ἐπιστάμενοι τολμῶμεν ἀποφαίνεσθαι περὶ τηλικούτων. ‘ἀλλ´ ἀνοιστέος λόγος’, ὡς αὑτὸς ἀνήρ φησιν, ἐπὶ τὴν ἐξ ἀρχῆς ὑπόθεσιν. τὸ γὰρ ἀφισταμένων καὶ ἀπολειπόντων τὰ χρηστήρια τῶν δαιμόνων ὥσπερ ὄργανα τεχνιτῶν ἀργὰ καὶ ἄναυδα κεῖσθαι λεχθὲν ἕτερον λόγον ἐγείρει μείζονα τὸν περὶ τῆς αἰτίας καὶ δυνάμεως, αἷς χρώμενοι ποιοῦσι κατόχους τοῖς ἐνθουσιασμοῖς καὶ φαντασιαστικοὺς τοὺς προφήτας καὶ τὰς προφήτιδας. οὐ γὰρ οἷόν τε τὴν ἔκλειψιν αἰτιᾶσθαι τοῦ ἀπαυδᾶν τὰ μαντεῖα μὴ πεισθέντας ὃν τρόπον ἐφεστῶτες αὐτοῖς καὶ παρόντες ἐνεργὰ καὶ λόγια ποιοῦσιν οἱ δαίμονες.‘ ὑπολαβὼν δ´ Ἀμμώνιοςοἴει γὰρ ἕτερόν τι τοὺς δαίμοναςεἶπεν ψυχὰς ὄντας περιπολεῖν καθ´ Ἡσίοδονἠέρα ἑσσαμένους;’ ἐμοὶ μὲν γάρ, ἣν ἄνθρωπος ἔχει διαφορὰν πρὸς ἄνθρωπον ὑποκρινόμενον τραγῳδίαν κωμῳδίαν, ταύτην ἔχειν δοκεῖ ψυχὴ πρὸς ψυχὴν ἐνεσκευασμένην σῶμα τῷ παρόντι βίῳ πρόσφορον. οὐδὲν οὖν ἄλογον οὐδὲ θαυμαστόν, εἰ ψυχαὶ ψυχαῖς ἐντυγχάνουσαι φαντασίας ἐμποιοῦσι τοῦ μέλλοντος, ὥσπερ ἡμεῖς ἀλλήλοις οὐ πάντα διὰ φωνῆς ἀλλὰ καὶ γράμμασι καὶ θιγόντες μόνον καὶ προσβλέψαντες πολλὰ καὶ μηνύομεν τῶν γεγονότων καὶ τῶν ἐσομένων προσημαίνομεν. εἰ μή τι σὺ λέγεις ἕτερον, Λαμπρία· καὶ γὰρ ἔναγχος ἧκέ τις φωνὴ πρὸς ἡμᾶς, ὡς σοῦ πολλὰ περὶ τούτων ἐν Λεβαδείᾳ ξένοις διαλεχθέντος, ὧν οὐδὲν διηγούμενος ἀκριβῶς διεμνημόνευε.‘ ’μὴ θαυμάσῃςἔφην ἐγώ, ’πολλαὶ γὰρ ἅμα πράξεις διὰ μέσου καὶ ἀσχολίαι συντυγχάνουσαι διὰ τὸ μαντεῖον εἶναι καὶ θυσίαν τοὺς λόγους διεσπαρμένους ἡμῖν καὶ σποράδας ἐποίησαν.‘ ’ἀλλὰ νῦν Ἀμμώνιος ἔφηκαὶ σχολὴν ἄγοντας ἀκροατὰς ἔχεις καὶ προθύμους τὰ μὲν ζητεῖν τὰ δὲ μανθάνειν ἔριδος ἐκποδὼν οὔσης καὶ φιλονεικίας ἁπάσης συγγνώμης δὲ παντὶ λόγῳ καὶ παρρησίας ὡς ὁρᾷς δεδομένης.‘ [38] Quand j'eus ainsi parlé, Démétrius prit la parole : C'est un avis sage que celui de Lamprias, dit-il : Nombreuses sont, non pas les formes des sophismes, comme s'exprime Euripide, mais les formes des difficultés que les Dieux suscitent pour nous donner le change, quand nous osons sur des matières si graves prononcer comme en connaissance de cause. Mais il est temps, ainsi qu'il nous le conseille, de ramener l'entretien à ce qui en a été pour nous le premier objet. Il a été dit que les oracles, désavoués et abandonnés par les Génies, languissent à l'instar d'instruments de musique dont on ne joue plus et qui sont muets. Ce premier propos en éveille un autre sur un point plus important, à savoir sur la cause et la puissance en vertu desquelles les Génies saisissent d'enthousiasme et d'inspiration les prophètes et les prophétesses. Car il n'est pas possible d'attribuer le mutisme des oracles à la défaillance des Génies, si l'on ne sait comment, par leur direction et leur présence, ces mêmes Génies animent les oracles et les font parler." — «Croyez-vous donc, reprit Ammonius, que les Génies soient autre chose que des âmes qui errent de tous côtés, "Et qu'enveloppe une vapeur légère", comme dit Hésiode? Selon moi, la différence entre un homme quelconque et celui qui remplit un rôle dans une tragédie ou dans une comédie, donne l'idée du contraste qui sépare un pur esprit d'une âme revêtue d'un corps et associée à la vie présente. Il n'y a donc rien d'absurde et d'étonnant, à ce que des âmes qui en rencontrent d'autres leur communiquent des images de l'avenir : comme nous-mêmes, non pas toujours avec la voix, mais par écrit, quelquefois au moyen d'un simple attouchement, d'un regard, nous signifions plusieurs choses déjà faites, et nous en pronostiquons de futures. A moins, pourtant, que vous ne méditiez, Lamprias, quelque objection à élever à l'encontre. Car il nous est dernièrement revenu en propos, que vous aviez eu sur cette matière plusieurs entretiens avec des étrangers à Lébadie; mais on n'a pas su nous renseigner exactement à cet égard." —N'en soyez pas étonnés, lui répondis-je. de nombreuses affaires et des occupations survenues a la traverse, en raison de l'oracle et du sacrifice qui se célébrait, ont rendu ces entretiens disséminés et décousus. — «Mais, maintenant, dit Ammonius, vous avez des auditeurs maitres de leurs loisirs, qui ne demandent qu'à faire des recherches, à s'éclairer. Nous bannissons tout esprit de dispute et de controverse, et l'on vous accorde avec indulgence, comme vous le voyez, la liberté de tout dire.»
[39] Ταῦτα δὴ καὶ τῶν ἄλλων συμπαρακαλούντων μικρὸν ἐγὼ σιωπήσαςκαὶ μὴν ἀπὸ τύχης τινός, Ἀμμώνιε, τοῖς τότε λόγοις αὐτὸς ἀρχήν τινα καὶ πάροδον ἐνδέδωκας. εἰ γὰρ αἱ διακριθεῖσαι σώματος μὴ μετασχοῦσαι τὸ παράπαν ψυχαὶ δαίμονές εἰσι κατὰ σὲ καὶ τὸν θεῖον Ἡσίοδονἁγνοὶ ἐπιχθόνιοι φύλακες θνητῶν ἀνθρώπων’, διὰ τί τὰς ἐν τοῖς σώμασι ψυχὰς ἐκείνης τῆς δυνάμεως ἀποστεροῦμεν, τὰ μέλλοντα καὶ προγιγνώσκειν πεφύκασι καὶ προδηλοῦν οἱ δαίμονες; οὔτε γὰρ δύναμιν οὔτε μέρος οὐδὲν ἐπιγίγνεσθαι ταῖς ψυχαῖς, ὅταν ἀπολίπωσι τὸ σῶμα, μὴ κεκτημέναις πρότερον εἰκός ἐστιν· ἀλλ´ ἀεὶ μὲν ἔχειν ἔχειν δὲ φαυλότερα τῷ σώματι μεμιγμένας, καὶ τὰ μὲν ὅλως ἄδηλα καὶ κεκρυμμένα τὰ δ´ ἀσθενῆ καὶ ἀμαυρὰ καὶ τοῖς δι´ ὁμίχλης ὁρῶσιν κινουμένοις ἐν ὑγρῷ παραπλησίως δύσεργα καὶ βραδέα καὶ πολλὴν ποθοῦντα θεραπείαν τοῦ οἰκείου καὶ ἀνάληψιν ἀφαίρεσιν δὲ καὶ κάθαρσιν τοῦ καλύπτοντος. ὥσπερ γὰρ ἥλιος οὐχ ὅταν διαφύγῃ τὰ νέφη γίγνεται λαμπρός, ἀλλ´ ἔστι μὲν ἀεὶ φαίνεται δ´ ἡμῖν ἐν ὁμίχλῃ δυσφαὴς καὶ ἀμαυρός, | οὕτως ψυχὴ τὴν μαντικὴν οὐκ ἐπικτᾶται δύναμιν ἐκβᾶσα τοῦ σώματος ὥσπερ νέφους, ἀλλ´ ἔχουσα καὶ νῦν τυφλοῦται διὰ τὴν πρὸς τὸ θνητὸν ἀνάμιξιν αὐτῆς καὶ σύγχυσιν. οὐ δεῖ δὲ θαυμάζειν οὐδ´ ἀπιστεῖν ὁρῶντας, εἰ μηδὲν ἄλλο, τῆς ψυχῆς τὴν ἀντίστροφον τῇ μαντικῇ δύναμιν, ἣν μνήμην καλοῦμεν, ἡλίκον ἔργον ἀποδείκνυται τὸ σῴζειν τὰ παρῳχημένα καὶ φυλάττειν, μᾶλλον δὲ τὰ μηκέτ´ ὄντα· τῶν γὰρ γεγονότων οὐδὲν ἔστιν οὐδ´ ὑφέστηκεν, ἀλλ´ ἅμα γίγνεται πάντα καὶ φθείρεται, καὶ πράξεις καὶ λόγοι καὶ παθήματα, τοῦ χρόνου καθάπερ ῥεύματος ἕκαστα παραφέροντος· αὕτη δὲ τῆς ψυχῆς δύναμις οὐκ οἶδ´ ὅντινα τρόπον ἀντιλαμβανομένη τοῖς μὴ παροῦσι φαντασίαν καὶ οὐσίαν περιτίθησιν. μὲν γὰρ Θεσσαλοῖς περὶ Ἄρνης δοθεὶς χρησμὸς ἐκέλευε φράζεινκωφοῦ τ´ ἀκοὴν τυφλοῖό τε δέρξιν,’ δὲ μνήμη καὶ κωφῶν πραγμάτων ἀκοὴ καὶ τυφλῶν ὄψις ἡμῖν ἐστιν. ὅθεν, ὡς ἔφην, οὐκ ἔστι θαυμαστόν, εἰ κρατοῦσα τῶν μηκέτ´ ὄντων προλαμβάνει πολλὰ τῶν μηδέπω γεγονότων· ταῦτα γὰρ αὐτῇ μᾶλλον προσήκει καὶ τούτοις συμπαθής ἐστι· καὶ γὰρ ἐπιβάλλεται καὶ προτίθεται πρὸς τὰ μέλλοντα καὶ τῶν παρῳχημένων καὶ τέλος ἐχόντων ἀπήλλακται πλὴν τοῦ μνημονεύειν. [39] Les autres assistants ayant joint leurs prières à celles d'Ammonius, je repris après quelques moments de silence : C'est vous, Ammonius, qui, par une sorte de rencontre, avez ouvert l'entrée et donné commencement aux propos tenus en cette occasion. Car si dans les âmes séparées des corps, ou même n'y ayant été jamais associées, il faut voir des Génies, qui selon vous et le divin Hésiode "Des mortels ici-bas sont les saints protecteurs", pourquoi les âmes attachées à des corps sont-elles privées par nous de cette faculté naturelle qui permet aux Génies de prévoir et d'annoncer l'avenir? Que les âmes après leur séparation d'avec le corps acquièrent un pouvoir, une propriété qu'elles n'avaient pas auparavant, c'est une supposition invraisemblable : elles possèdent toujours les mêmes attributs, mais elles les possèdent à un degré inférieur lorsqu'elles sont mélangées avec des corps. Les unes sont complétement obscures et cachées, les autres sont faibles et insignifiantes, et d'autres lentes et inactives : on pourrait les comparer à ce que sont les regards à travers un nuage, ou les pas sur un sol humide. Elles ont besoin qu'on soigne avec une attention particulière leur vertu native, et qu'on la ranime en la dégageant et la purifiant de ce qui l'obscurcit. Comme le soleil ne devient pas brillant par ce fait seul qu'il s'est délivré des nuages, attendu que par sa nature il est toujours brillant, mais comme à travers un brouillard il nous semble obscur et sombre, de même ce ne serait pas parce qu'elle sortirait du corps ainsi que d'un nuage, que l'âme pourrait acquérir la faculté de divination. Elle la possède même pendant son union avec le corps, mais sa lucidité est moins grande à cause du mélange et de la confusion qu'y jette l'élément mortel. On ne doit ni en être surpris ni le mettre en doute, quand on observe combien, sans parler des autres facultés de l'âme, la mémoire, qui opère en sens inverse de la divination, déploie de force et de pouvoir pour retenir et conserver les choses qui sont passées, disons mieux, les choses qui existent. Car de ce qui a été, il ne reste, il ne subsiste rien. Tout existe et périt à la fois, les actes, les paroles, les affections; tout est entraîné par le temps comme par un fleuve rapide. Mais il y a une faculté de l'âme qui oppose, je ne sais comment, de la résistance et qui donne une réalité et une forme à ce qui n'est plus. En effet, l'oracle consulté par les Thessaliens à propos d'Arna leur prescrivait de dire "Ce que voit un aveugle et ce qu'entend un sourd". Eh bien ! La mémoire des faits est pour nous l'ouïe des sourds, et la vue des aveugles. C'est pourquoi, comme je l'ai dit, il ne faut pas s'étonner si la mémoire, saisissant ce qui n'est plus, anticipe sur une grande partie des choses qui ne sont point encore. Ces dernières lui conviennent davantage et elle y sympathise tout particulièrement. Elle se porte, elle s'élance vers l'avenir, tandis que de ce qui est passé et accompli elle se trouve disjointe, et elle n'y tient que par le souvenir.
[40] Ταύτην οὖν ἔχουσαι τὴν δύναμιν αἱ ψυχαὶ σύμφυτον μὲν ἀμυδρὰν δὲ καὶ δυσφάνταστον ὅμως ἐξανθοῦσι πολλάκις καὶ ἀναλάμπουσιν ἔν τε τοῖς ἐνυπνίοις καὶ περὶ τὰς τελευτὰς ἔνιαι καθαροῦ γιγνομένου τοῦ σώματος τινα κρᾶσιν οἰκείαν πρὸς τοῦτο λαμβάνοντος, ὥστε τὸ λογιστικὸν καὶ φροντιστικὸν ἀνίεσθαι καὶ ἀπολύεσθαι τῶν παρόντων, τῷ ἀλόγῳ καὶ φαντασιαστικῷ τοῦ μέλλοντος ἐπιστρεφόμεναι. οὐ γάρ, ὡς Εὐριπίδης φησί, ‘μάντις ἄριστος ὅστις εἰκάζει καλῶς,’ ἀλλ´ οὗτος ἔμφρων μὲν ἀνὴρ καὶ τῷ νοῦν ἔχοντι τῆς ψυχῆς καὶ μετ´ εἰκότος ἡγουμένῳ καθ´ ὁδὸν ἑπόμενος, τὸ δὲ μαντικὸν ὥσπερ γραμματεῖον ἄγραφον καὶ ἄλογον καὶ ἀόριστον ἐξ αὑτοῦ, δεκτικὸν δὲ φαντασιῶν πάθεσι καὶ προαισθήσεων, ἀσυλλογίστως ἅπτεται τοῦ μέλλοντος, ὅταν ἐκστῇ μάλιστα τοῦ παρόντος. ἐξίσταται δὲ κράσει καὶ διαθέσει τοῦ σώματος ἐν μεταβολῇ γιγνόμενον, ὃν ἐνθουσιασμὸν καλοῦμεν. αὐτὸ μὲν οὖν ἐξ αὑτοῦ τὸ σῶμα τοιαύτην οὐ πολλάκις ἴσχει διάθεσιν· δὲ γῆ πολλῶν μὲν ἄλλων δυνάμεων πηγὰς ἀνίησιν ἀνθρώποις τὰς μὲν ἐκστατικὰς καὶ νοσώδεις καὶ θανατηφόρους τὰς δὲ χρηστὰς καὶ προσηνεῖς καὶ ὠφελίμους, ὡς δῆλαι γίγνονται πείρᾳ προστυγχάνουσι, τὸ δὲ μαντικὸν ῥεῦμα καὶ πνεῦμα θειότατόν ἐστι καὶ ὁσιώτατον, ἄν τε καθ´ ἑαυτὸ δι´ ἀέρος ἄν τε μεθ´ ὑγροῦ νάματος ἀναφέρηται. καταμιγνύμενον γὰρ εἰς τὸ σῶμα κρᾶσιν ἐμποιεῖ ταῖς ψυχαῖς ἀήθη καὶ ἄτοπον, ἧς τὴν ἰδιότητα χαλεπὸν εἰπεῖν σαφῶς, εἰκάσαι δὲ πολλαχῶς λόγος δίδωσι. θερμότητι γὰρ καὶ διαχύσει πόρους τινὰς ἀνοίγειν φανταστικοὺς τοῦ μέλλοντος εἰκός ἐστιν, ὡς οἶνος ἀναθυμιαθεὶς ἕτερα πολλὰ κινήματα καὶ λόγους ἀποκειμένους καὶ λανθάνοντας ἀποκαλύπτει· ‘τὸ γὰρ βακχεύσιμον καὶ τὸ μανιῶδες μαντικὴν πολλὴν ἔχεικατ´ Εὐριπίδην, ὅταν ἔνθερμος ψυχὴ γενομένη καὶ πυρώδης ἀπώσηται τὴν εὐλάβειαν, ἣν θνητὴ φρόνησις ἐπάγουσα πολλάκις ἀποστρέφει καὶ κατασβέννυσι τὸν ἐνθουσιασμόν.‘ [40] C'est donc là une puissance innée dans les âmes, mais elle ne leur donne que des perceptions obscures et mal déterminées. Toutefois il arrive souvent, que quelques âmes se développent et reconquièrent leur propriété divinatoire dans les songes et au moment des sacrifices. Est-ce à dire, que dans ces circonstances le corps se purifie ou subisse une modification qui lui confère une plus grande aptitude? Est-ce, qu'affranchie et dégagée du présent, la partie pensante et méditative de l'âme applique à la prévision de l'avenir la partie qui ne réfléchit pas et qui est purement imagination? Quoi qu'il en soit, il y aurait erreur à dire avec Euripide : "Qui le mieux conjecture est le meilleur devin". L'homme qui conjecture bien est celui dont les idées sont en parfait rapport les unes avec les autres, qui suit pas à pas les indications offertes à son esprit par la logique et la vraisemblance. La faculté de divination, au contraire, ressemble à une table rase : elle est essentiellement privée de raisonnement et de détermination. Les affections et les pressentiments qu'elle est capable de recevoir se rattachent tous à l'imagination; c'est sans le moindre esprit de déduction qu'elle saisit l'avenir, et elle ne réussit jamais mieux à le posséder que quand elle se détache le plus du présent. Il se produit une sorte d'extase qui demande un tempérament particulier, des dispositions spéciales et un changement de l'être. C'est là ce que nous appelons enthousiasme. De lui-même le corps a souvent une telle aptitude. La terre fournit aux hommes la source de plusieurs autres facultés, dont les unes transportent les âmes hors d'elles-mêmes ou bien les frappent de maladie et leur donnent même la mort, dont les autres sont douces, bienfaisantes, utiles : comme à l'occasion l'expérience le démontre. Mais c'est d'en haut que vient la faculté divinatoire : elle est un courant, un souffle essentiellement céleste et saint. Elle se communique directement par l'air, ou par quelque autre milieu humide, qui, s'unissant avec les autres corps, jette les âmes dans un état insolite et étrange. Il serait difficile de préciser nettement les caractères d'un semblable état; mais la raison permet d'asseoir plusieurs conjectures. Il est probable que la chaleur et la dilatation ouvrent des pores qui donnent entrée aux images de l'avenir, comme le vin, quand il monte au cerveau, révèle un grand nombre d'autres mouvements de l'âme, ainsi que des pensées que l'on dissimulait et que l'on cachait. L'ivresse et ses fureurs bachiques prédisposent beaucoup, en effet, comme le dit Euripide, à la faculté divinatoire. L'âme échauffée et mise en feu s'affranchit alors de cette réserve par laquelle une prudence tout humaine détourne le plus souvent et éteint l'enthousiasme.


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Dernière mise à jour : 8/09/2005