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| [26] Ἀλλὰ καὶ ταῦτα πιθανῶς μᾶλλον ἢ ἀληθῶς εἴρηται·
 σκόπει δ´ οὕτως‘ ἔφην ’ὦ φίλε Δημήτριε. τῶν γὰρ σωμάτων
 τὰ μὲν ἐπὶ τὸ μέσον καὶ κάτω κινεῖσθαι λέγων τὰ
 δ´ ἀπὸ τοῦ μέσου καὶ ἄνω τὰ δὲ περὶ τὸ μέσον καὶ κύκλῳ,
 πρὸς τί λαμβάνει τὸ μέσον; οὐ δήπου πρὸς τὸ κενόν· οὐ
 γὰρ ἔστι κατ´ αὐτόν. καθ´ οὓς δ´ ἔστιν, οὐκ ἔχει μέσον,
 ὥσπερ οὐδὲ πρῶτον οὐδ´ ἔσχατον· πέρατα γὰρ ταῦτα,
 τὸ δ´ ἄπειρον καὶ ἀπεράτωτον. εἰ δὲ καὶ βιάσαιτό τις
 αὑτὸν λόγου βίᾳ κενοῦ μέσον ἀπείρου τι ὁμολογῆσαι, τίς
 ἡ πρὸς τοῦτο γιγνομένη τῶν κινήσεων διαφορὰ τοῖς
 σώμασι; οὔτε γὰρ ἐν τῷ κενῷ δύναμίς ἐστι κρατοῦσα
 τῶν σωμάτων οὔτε τὰ σώματα προαίρεσιν ἔχει καὶ
 ὁρμήν, ᾗ τοῦ μέσου γλίχεται καὶ πρὸς τοῦτο συντείνει
 πανταχόθεν. ἀλλ´ ὁμοίως ἄπορόν ἐστιν ἀψύχων σωμάτων
 πρὸς ἀσώματον χώραν καὶ ἀδιάφορον ἢ φορὰν ἐξ αὑτῶν
 ἢ ὁλκὴν ὑπ´ ἐκείνης γιγνομένην νοῆσαι. λείπεται τοίνυν
 τὸ μέσον οὐ τοπικῶς ἀλλὰ σωματικῶς λέγεσθαι. τοῦδε
 γὰρ τοῦ κόσμου μίαν ἐκ πλειόνων σωμάτων καὶ ἀνομοίων
 ἑνότητα καὶ σύνταξιν ἔχοντος αἱ διαφοραὶ τὰς κινήσεις
 ἄλλοις πρὸς ἄλλα ποιοῦσιν ἐξ ἀνάγκης. δῆλον δὲ τῷ μετακοσμούμενα
 ταῖς οὐσίαις ἕκαστα καὶ τὰς χώρας ἅμα συμμεταβάλλειν·
 αἱ μὲν γὰρ διακρίσεις ἀπὸ τοῦ μέσου τὴν
 ὕλην αἰρομένην ἄνω κύκλῳ διανέμουσιν· αἱ δὲ συγκρίσεις
 καὶ πυκνώσεις πιέζουσι κάτω πρὸς τὸ μέσον καὶ συνελαύνουσι.
 | [26] Eh bien! un tel système est plus spécieux que vrai, 
continuai-je, et c'est dans cet esprit qu'il faut l'étudier, 
mon cher Démétrius. Car lorsqu'Aristote dit que certains 
corps tendent vers le centre et les parties inférieures, d'autres 
vers les régions excentriques et élevées, que d'autres 
enfin se dirigent à l'entour du centre et suivent un mouvement 
circulaire, où prétend-il placer ce centre? Ce n'est 
certes pas en plein vide, puisque selon lui ce vide n'existe 
point; et d'ailleurs ceux qui admettent le vide n'y reconnaissent 
ni milieu, ni commencement, ni extrémité : attendu 
que ce sont là trois idées de limite, et que le vide est immense 
et sans bornes. Mais si l'on obligeait le philosophe à
reconnaître l'existence du vide, il y a une chose que la 
pensée humaine n'oserait y concevoir : ce serait le mouvement 
divers de tous les corps vers ce centre. En effet, dans 
le vide les corps sont sans force : ils n'ont ni détermination, 
ni tendance qui les porte vers un milieu et les y attire d'aucun 
côté. Il est également difficile de se figurer comment des 
corps privés d'intelligence pourraient se mouvoir vers des 
objets corporels et indifférents, comment ils pourraient recevoir 
d'eux un mouvement et une direction que ceux-ci ne 
sauraient leur imprimer. Il reste donc acquis, que ce sont 
les corps et non l'espace qui constituent ce centre. Puisque 
le monde présente une unité et une harmonie produites par le 
rapprochement de plusieurs corps dissemblables entre eux, 
la différence de ces corps en met nécessairement une dans 
leurs mouvements respectifs. Ce qui le prouve, c'est que 
quand ils subissent des changements dans leurs substances, 
ils en subissent aussi dans les places qu'ils occupent. Leur 
raréfaction donne à la matière un mouvement en cercle qui 
la porte du centre vers les parties supérieures; leur rapprochement, 
leur condensation les presse et les pousse en bas
et vers le milieu.
 |  | [27] Περὶ ὧν οὐκ ἀναγκαῖον ἐνταῦθα πλείοσι
 λόγοις χρῆσθαι. ἣν γὰρ ἄν τις ὑπόθηται τῶν παθῶν
 τούτων καὶ μεταβολῶν αἰτίαν εἶναι δημιουργόν, αὕτη
 συνέξει τῶν κόσμων ἕκαστον ἐν ἑαυτῷ. καὶ γὰρ γῆν καὶ
 θάλατταν ἕκαστος ἔχει κόσμος· | ἔχει γὰρ καὶ μέσον
 ἕκαστος ἴδιον καὶ πάθη σωμάτων καὶ μεταβολὰς καὶ
 φύσιν καὶ δύναμιν, ἣ σῴζει καὶ φυλάττει κατὰ χώραν
 ἕκαστον. τοῦ μὲν γὰρ ἐκτός, εἴτ´ οὐδέν ἐστιν εἴτε κενὸν
 ἄπειρον, οὐχ ὑπάρχει μέσον, ὡς εἴρηται· πλειόνων δὲ
 κόσμων ὄντων καθ´ ἕκαστόν ἐστιν ἴδιον μέσον· ὥστε
 κίνησις ἰδία τοῖς μὲν ἐπὶ τοῦτο τοῖς δ´ ἀπὸ τούτου τοῖς
 δὲ περὶ τοῦτο, καθάπερ αὐτοὶ διαιροῦσιν. ὁ δ´ ἀξιῶν
 πολλῶν μέσων ὄντων ἐφ´ ἓν μόνον ὠθεῖσθαι τὰ βάρη
 πανταχόθεν οὐδὲν διαφέρει τοῦ πολλῶν ὄντων ἀνθρώπων
 ἀξιοῦντος εἰς μίαν φλέβα τὸ πανταχόθεν αἷμα συρρεῖν καὶ
 μιᾷ μήνιγγι τοὺς πάντων ἐγκεφάλους περιέχεσθαι, δεινὸν
 ἡγούμενος, εἰ τῶν φυσικῶν σωμάτων οὐ μίαν ἅπαντα τὰ
 στερρὰ καὶ μίαν τὰ μανὰ χώραν ἐφέξει. καὶ γὰρ οὗτος
 ἄτοπος ἔσται κἀκεῖνος ἀγανακτῶν, εἰ τὰ ὅλα τοῖς αὑτῶν
 μέρεσι χρῆται τὴν κατὰ φύσιν θέσιν ἔχουσιν ἐν ἑκάστῳ
 καὶ τάξιν. ἐκεῖνο γὰρ ἦν ἄτοπον, εἴ τις ἔλεγε κόσμον
 εἶναι τὸν ἐν αὑτῷ μέσην τὴν σελήνην ἔχοντα καθάπερ
 ἄνθρωπον ἐν ταῖς πτέρναις τὸν ἐγκέφαλον φοροῦντα καὶ
 τὴν καρδίαν ἐν τοῖς κροτάφοις. τὸ δὲ πλείονας ποιοῦντας
 χωρὶς ἀλλήλων κόσμους ἅμα τοῖς ὅλοις τὰ μέρη συναφορίζειν
 καὶ συνδιαιρεῖν οὐκ ἄτοπον· ἡ γὰρ ἐν ἑκάστῳ γῆ
 καὶ θάλασσα καὶ οὐρανὸς κείσεται κατὰ φύσιν ὡς προσήκει,
 τό τ´ ἄνω καὶ κάτω καὶ κύκλῳ καὶ μέσον οὐ πρὸς ἄλλον οὐδ´
 ἐκτὸς ἀλλ´ ἐν ἑαυτῷ καὶ πρὸς ἑαυτὸν ἔχει τῶν κόσμων ἕκαστος. 
 | [27] Ce sont là des détails sur lesquels il n'est pas nécessaire 
de s'étendre plus longuement ici. Quelle que soit la 
cause que l'on suppose donner naissance à ces accidents et 
à ces vicissitudes des corps, cette même cause maintiendra 
les mondes dans leur état propre. A chaque monde, en effet, 
sa terre et sa mer; à chacun son centre particulier, ses 
affections de corps, ses changements, sa nature, sa puissance 
qui le conserve et le tient en sa place. Ce qui est en 
dehors, que ce soit le néant ou un vide immense, ne présente 
pas de milieu, comme on l'a déjà dit. Mais attendu 
qu'il y a plusieurs mondes, il y a pour chacun d'eux un milieu 
qui lui est propre : de sorte que chacun d'eux aussi a 
son mouvement spécial, les uns tendant vers le centre, les 
autres s'en écartant, d'autres circulant à l'entour de lui, selon
que ces philosophes eux-mêmes le distinguent. Croire 
que, plusieurs milieux existant, ce soit vers un seul que les
corps pesants se portent de tout côté, ce serait ne différer 
en rien de celui qui prétendrait que chez les créatures 
humaines, dont le nombre est infini, le sang coule dans 
une seule veine, que dans une seule méninge sont enveloppés 
tous les cerveaux; ce serait regarder comme étrange 
que tous les corps solides ne soient pas en un même emplacement, 
et les corps légers en un autre. Une telle opinion 
serait absurde, aussi bien que celle du philosophe qui 
s'indignerait que les entiers eussent toutes leurs parties 
en leur ordre, en leur rang, en leur situation naturelle. 
Il y aurait absurdité à prétendre qu'il y eût un monde où 
la lune fût placée de telle sorte qu'on pût comparer ce 
monde et cette lune à la situation d'un homme qui aurait 
son cerveau dans les talons et son coeur entre les deux tempes. 
Au contraire, il n'y a rien d'étrange à supposer plusieurs 
mondes indépendants les uns des autres, dont les 
parties soient en même temps distinctes et séparées elles-mêmes. 
La terre, la mer, le ciel qui appartiendront à ces 
mondes occuperont la place convenant à leur nature. Pour 
chacun d'eux il y aura une région supérieure, une région 
inférieure, une circonférence, un centre; et ces positions 
seront spéciales à leur monde seulement : elles existeront 
en lui et pour lui, sans avoir de rapport avec aucun autre 
monde ni avec rien qui soit en dehors.
 |  | [28] Ὅν μὲν γὰρ ἔξω τοῦ κόσμου λίθον ὑποτίθενταί
 τινες οὔτε μονῆς εὐπόρως παρέχει νόησιν οὔτε
 κινήσεως. πῶς γὰρ ἢ μενεῖ βάρος ἔχων ἢ κινήσεται πρὸς
 τὸν κόσμον, ὥσπερ τὰ λοιπὰ βάρη, μήτε μέρος ὢν αὐτοῦ
 μήτε συντεταγμένος εἰς τὴν οὐσίαν; γῆν δ´ ἐν ἑτέρῳ
 κόσμῳ περιεχομένην καὶ συνδεδεμένην οὐκ ἔδει διαπορεῖν
 ὅπως οὐκ ἐνταῦθα μεταχωρεῖ διὰ βάρος ἀπορραγεῖσα τοῦ
 ὅλου, τὴν φύσιν ὁρῶντας καὶ τὸν τόνον ὑφ´ οὗ συνέχεται
 τῶν μερῶν ἕκαστον. ἐπεὶ μὴ πρὸς τὸν κόσμον ἀλλ´ ἐκτὸς
 αὐτοῦ τὸ κάτω καὶ ἄνω λαμβάνοντες ἐν ταῖς αὐταῖς
 ἀπορίαις Ἐπικούρῳ γενησόμεθα κινοῦντι τὰς
 ἀτόμους ἁπάσας εἰς τοὺς ὑπὸ πόδας τόπους, ὥσπερ ἢ
 τοῦ κενοῦ πόδας ἔχοντος ἢ τῆς ἀπειρίας ἐν αὑτῇ κάτω τε
 καὶ ἄνω διανοῆσαι διδούσης. διὸ καὶ Χρύσιππον 
 ἔστι θαυμάζειν, μᾶλλον δ´ ὅλως διαπορεῖν, ὅ τι δὴ παθὼν
 τὸν κόσμον ἐν μέσῳ φησὶν ἱδρῦσθαι καὶ τὴν οὐσίαν αὐτοῦ
 τὸν μέσον τόπον ἀιδίως κατειληφυῖαν οὐχ ἥκιστα τούτῳ
 συνεργεῖν πρὸς τὴν διαμονὴν καὶ οἱονεὶ ἀφθαρσίαν. ταυτὶ
 γὰρ ἐν τῷ τετάρτῳ περὶ Δυνατῶν λέγει, μέσον τε τοῦ
 ἀπείρου τόπον οὐκ ὀρθῶς ὀνειρώττων ἀτοπώτερόν τε τῆς
 διαμονῆς τοῦ κόσμου τῷ ἀνυπάρκτῳ μέσῳ τὴν αἰτίαν
 ὑποτιθείς· καὶ ταῦτα πολλάκις εἰρηκὼς ἐν ἑτέροις, ὅτι
 ταῖς εἰς τὸ αὑτῆς μέσον ἡ οὐσία καὶ ταῖς ἀπὸ τοῦ αὑτῆς
 μέσου διοικεῖται καὶ συνέχεται κινήσεσι.‘
 | [28] Quelques-uns font l'objection suivante. Supposez 
qu'une pierre soit placée en dehors du monde : on ne saurait 
comprendre, d'un côté, que cette pierre restât immobile, 
ni, d'un autre, qu'elle pût se mouvoir : car comment resterait-elle 
immobile puisqu'elle est sollicitée par l'action de la 
pesanteur; et comment se dirigerait-elle vers le milieu du 
monde, suivant la loi des autres corps graves, puisqu'elle 
ne fait pas partie du monde et qu'elle n'est pas agrégée à 
sa substance? Eh bien, à l'égard d'une terre appartenant à 
un autre monde, liée, attachée à cet autre monde, une
semblable objection manque de bon sens. Il n'y aurait 
nullement lieu de se demander si cette terre ne serait pas, 
en raison de sa pesanteur, arrachée de son tout, et si elle 
ne viendrait pas se fixer dans notre monde. Il suffit, pour 
ne pas le craindre, de considérer avec quelle force chaque 
partie de l'univers est maintenue en sa position naturelle. 
Si ce n'est plus par rapport au monde, si c'est en dehors 
de lui que nous prenons le haut et le bas, nous tomberons 
dans les mêmes embarras qu'Epicure, qui fait mouvoir tous 
ses atomes vers les lieux qui sont au-dessous des pieds, 
comme si le vide avait des pieds, ou bien comme si dans 
l'infini l'on était autorisé à concevoir un bas et un haut. 
Aussi y a-t-il lieu de s'étonner, ou plutôt lieu de ne se nullement 
rendre compte de ce que Chrysippe avait dans l'esprit 
lorsqu'il a dit, que le monde est placé au milieu, que 
sa substance a occupé cette place de toute éternité, et que 
cette position n'a pas peu contribué à maintenir sa durée 
et en quelque sorte son incorruptibilité. Voilà ce qu'il 
avance dans son quatrième livre des "Possibles", où il a imaginé 
ce rêve absurde du milieu dans le vide, et où il soutient, 
avec plus d'absurdité encore, que c'est ce milieu, non 
existant, qui est cause que le monde continue de subsister. 
Or, ce qui est curieux, c'est que plusieurs fois en d'autres 
passages il a dit, que la substance est dirigée et contenue 
par les mouvements qui tendent vers son milieu et par ceux 
qui s'en écartent.
 |  | [29] ’Καὶ μὴν τά γ´ ἄλλα τῶν Στωικῶν 
 τίς ἂν φοβηθείη πυνθανομένων πῶς εἱμαρμένη μία
 μενεῖ καὶ πρόνοια καὶ οὐ πολλοὶ Δίες καὶ Ζῆνες ἔσονται
 πλειόνων ὄντων κόσμων; πρῶτον μὲν γὰρ εἰ τὸ πολλοὺς
 εἶναι Δίας καὶ Ζῆνας ἄτοπόν ἐστι, πολλῷ δήπουθεν ἔσται
 τὰ ἐκείνων ἀτοπώτερα· καὶ γὰρ ἡλίους καὶ σελήνας καὶ
 Ἀπόλλωνας καὶ Ἀρτέμιδας καὶ Ποσειδῶνας ἐν ἀπείροις
 κόσμων περιόδοις ἀπείρους ποιοῦσιν. ἔπειτα τίς ἀνάγκη
 πολλοὺς εἶναι Δίας, ἂν πλείονες ὦσι κόσμοι, καὶ μὴ καθ´
 ἕκαστον ἄρχοντα πρῶτον καὶ ἡγεμόνα τοῦ ὅλου θεὸν
 ἔχοντα καὶ νοῦν καὶ λόγον, | οἷος ὁ παρ´ ἡμῖν κύριος ἁπάντων
 καὶ πατὴρ ἐπονομαζόμενος; ἢ τί κωλύσει τῆς τοῦ Διὸς
 εἱμαρμένης καὶ προνοίας ὑπηκόους πάντας εἶναι, καὶ τοῦτον
 ἐφορᾶν ἐν μέρει καὶ κατευθύνειν ἐνδιδόντα πᾶσιν ἀρχὰς καὶ
 σπέρματα καὶ λόγους τῶν περαινομένων; οὐ γὰρ ἐνταῦθα
 μὲν ἓν συνίσταται σῶμα πολλάκις ἐκ διεστώτων σωμάτων,
 οἷον ἐκκλησία καὶ στράτευμα καὶ χορός, ὧν ἑκάστῳ
 καὶ ζῆν καὶ φρονεῖν καὶ μανθάνειν συμβέβηκεν, ὡς οἴεται
 Χρύσιππος, ἐν δὲ τῷ παντὶ δέκα κόσμους ἢ
 πεντήκοντα ἢ ἑκατὸν ὄντας ἑνὶ χρῆσθαι λόγῳ καὶ πρὸς
 ἀρχὴν συντετάχθαι μίαν ἀδύνατόν ἐστιν. ἀλλὰ καὶ πάνυ
 πρέπει θεοῖς ἡ τοιαύτη διάταξις· οὐ γὰρ ὡς σμήνους ἡγεμόνας
 δεῖ ποιεῖν ἀνεξόδους οὐδὲ φρουρεῖν συγκλείσαντας
 τῇ ὕλῃ μᾶλλον δὲ συμφράξαντας, ὥσπερ οὗτοι 
 τοὺς θεοὺς ἀέρων ἕξεις ποιοῦντες καὶ ὑδάτων
 καὶ πυρὸς δυνάμεις ἐγκεκραμένας ἡγούμενοι συγγεννῶσι
 τῷ κόσμῳ καὶ πάλιν συγκατακάουσιν, οὐκ ἀπολύτους
 οὐδ´ ἐλευθέρους οἷον ἡνιόχους ἢ κυβερνήτας ὄντας, ἀλλ´
 ὥσπερ ἀγάλματα προσηλοῦται καὶ συντήκεται βάσεσιν,
 οὕτως ἐγκεκλεισμένους εἰς τὸ σωματικὸν καὶ συγκαταγεγομφωμένους,
 κοινωνοῦντας αὐτῷ μέχρι φθορᾶς καὶ
 διαλύσεως ἁπάσης καὶ μεταβολῆς.‘
 | [29] Quant aux autres objections des Stoïciens, qui songerait 
à s'en effrayer? Ils demandent comment il n'y aura 
qu'un seul Destin, qu'une seule Providence, comment on 
pourra se passer de plusieurs Jupiters du moment que l'on 
aura admis une pluralité des mondes. D'abord, s'il est absurde 
d'admettre plusieurs Jupiters, cette première objection 
sera encore plus absurde : car ils font eux-mêmes des 
Apollons, des Dianes, des Neptunes à l'infini, dans ces 
évolutions innombrables de mondes qu'ils supposent. Ensuite, 
pourquoi est-il nécessaire qu'il y ait un grand nombre 
de Jupiters s'il y a plusieurs mondes? Ne peut-on admettre
pour leur totalité un Dieu qui en soit le premier chef, qui 
les dirige avec intelligence et raison, tel qu'est celui que 
nous appelons le maître et le père de toutes choses? Qui empêchera 
que tous ces mondes dépendent de la Destinée et 
de la Providence, représentées par Jupiter? Qui empêchera 
qu'il les inspecte et les dirige tour à tour, donnant aux résultats 
qui s'y produisent un principe, des germes, des 
causes? N'arrive-t-il pas, sur cette terre, qu'un seul tout, 
qu'une assemblée, par exemple, une armée, un choeur, se 
forme de corps distincts, dont chacun a sa vie, son intelligence, 
ses lumières? C'est le sentiment de Chrysippe. Eh 
bien, que dans l'ensemble de l'univers il y ait dix, ou cinquante, 
ou cent corps régis par une seule intelligence et 
soumis à un seul principe, est-ce donc chose impossible? 
Rien au contraire ne convient plus parfaitement à des dieux 
qu'une telle disposition. Il ne faut pas, en effet, supposer 
que les Dieux ressemblent aux chefs d'un essaim d'abeilles, 
et qu'ils ne sortent jamais.
N'allons pas les garder en les enfermant, ou plutôt en les 
cloîtrant, au sein de la matière. Ainsi, pourtant, procèdent 
ces philosophes, quand ils prétendent que les Dieux sont 
des dispositions, des propriétés de l'air, de l'eau, du feu, 
quand ils les supposent nés en même temps que le monde, et 
quand ils les livrent aux flammes avec celui-ci. Il ne les 
veulent ni dégagés d'entraves, ni libres, comme le sont 
pourtant des conducteurs de chars ou des pilotes. Non : les 
Dieux, à leur compte, sont des statues clouées, scellées sur 
leurs piédestaux; les Dieux adhèrent et s'identifient à la 
nature matérielle, ils en partagent toutes les vicissitudes, 
jusqu'au moment où la destruction, l'anéantissement et la 
transformation de cette matière seront consommés.
 |  | [30] ’Ἐκεῖνος δ´ οἶμαι σεμνότερος ὁ λόγος καὶ μεγαλοπρεπέστερος,
 ἀδεσπότους καὶ αὐτοκρατεῖς τοὺς θεοὺς
 ὄντας, ὥσπερ οἱ Τυνδαρίδαι τοῖς χειμαζομένοις βοηθοῦσιν
 ‘ἐπερχόμενόν τε μαλάσσοντες βιατάν
 πόντον ὠκείας τ´ ἀνέμων ῥιπάς’
  οὐκ ἐμπλέοντες αὐτοὶ καὶ συγκινδυνεύοντες ἀλλ´ ἄνωθεν
 ἐπιφαινόμενοι καὶ σῴζοντες, οὕτως ἐπιέναι τῶν κόσμων
 ἄλλοτ´ ἄλλον ἡδονῇ τε τῆς θέας ἀγομένους καὶ τῇ φύσει
 συναπευθύνοντας ἕκαστον. ὁ μὲν γὰρ Ὁμηρικὸς Ζεὺς
 οὐ πάνυ πρόσω μετέθηκε τὴν ὄψιν ἀπὸ Τροίας
 ἐπὶ τὰ Θρᾴκια καὶ τοὺς περὶ τὸν Ἴστρον νομάδας, ὁ δ´
 ἀληθινὸς ἔχει καλὰς καὶ πρεπούσας ἐν πλείοσι κόσμοις
 μεταβολάς, οὐκ ἐπὶ κενὸν ἄπειρον ἔξω βλέπων οὐδ´
 ἑαυτὸν ἄλλο δ´ οὐδὲν (ὡς ᾠήθησαν ἔνιοι) νοῶν, ἀλλ´ ἔργα τε
 θεῶν καὶ ἀνθρώπων πολλὰ κινήσεις τε καὶ φορὰς ἄστρων
 ἐν περιόδοις καταθεώμενος. οὐ γὰρ ἀπεχθάνεται μεταβολαῖς
 ἀλλὰ καὶ πάνυ χαίρει τὸ θεῖον, εἰ δεῖ τῶν φαινομένων
 τεκμαίρεσθαι ταῖς κατ´ οὐρανὸν ἐξαμείψεσι καὶ
 περιόδοις. ἡ μὲν οὖν ἀπειρία παντάπασιν ἀγνώμων καὶ
 ἄλογος καὶ μηδαμῇ προσιεμένη θεόν, ἀλλὰ χρωμένη πρὸς
 πάντα τῷ κατὰ τύχην καὶ αὐτομάτως· ἡ δ´ ἐν ὡρισμένῳ
 πλήθει καὶ ἀριθμῷ κόσμων ἐπιμέλεια καὶ πρόνοια τῆς
 εἰς ἓν δεδυκυίας σῶμα καὶ προσηρτημένης ἑνὶ καὶ τοῦτο
 μετασχηματιζούσης καὶ ἀναπλαττούσης ἀπειράκις ἔμοιγε
 δοκεῖ μηδὲν ἔχειν ἀσεμνότερον μηδ´ ἐπιπονώτερον.‘
 | [30] Une opinion qui selon moi est bien plus noble et bien 
plus digne de la majesté des Dieux, c'est celle qui les déclare 
indépendants et libres. Par exemple, les fils de Tyndare portent 
secours à ceux qui sont le jouet de la tempête, et par 
leur présence ils calment souverainement
"De la mer et des vents les tourbillons rapides".
Et cependant ils ne naviguent pas eux-mêmes et ne partagent 
pas ces dangers. Ils se contentent d'apparaître d'en haut, 
comme des Génies sauveurs. De même, croyons que les Dieux 
visitent tantôt un monde, tantôt un autre, attirés qu'ils sont 
par le plaisir de cette contemplation et portés par leur nature 
à diriger chacun d'eux. Le Jupiter de l'Iliade ne détourne 
guère sa vue des champs Troyens pour la porter sur le pays 
des Thraces et sur les peuples nomades qui habitent les 
bords du Danube; mais le vrai Jupiter embrasse du regard 
les évolutions magnifiques et dignes de lui qui s'accomplissent 
dans plusieurs mondes. Il ne regarde pas, hors de soi, 
en un vide infini; il ne se considère pas lui-même à l'exclusion 
de toute autre chose, comme l'ont pensé quelques-uns. 
Ce sont les actes nombreux accomplis par les Dieux et 
par les hommes, ce sont les mouvements et le cours périodique 
des astres, qui occupent sa sublime contemplation. 
Car loin de haïr les changements, la Divinité y prend, au 
contraire, un grand plaisir, s'il faut en juger par les vicissitudes 
alternatives auxquelles obéissent les corps célestes 
dont le ciel est peuplé. Ainsi donc, l'infinité des mondes est, 
une rêverie tout à fait inintelligente et déraisonnable, puisqu'elle 
n'admet aucun Dieu, et qu'elle substitue partout la 
Fortune et le hasard. Mais une Providence gouvernant avec 
sollicitude une quantité et un nombre déterminés de mondes, 
me paraît bien valoir celle qui, s'identifiant à une seule 
substance et s'y fixant, la transformerait et la façonnerait 
à l'infini. Il me semble que la première de ces deux Providences 
n'est inférieure à l'autre ni par la dignité, ni par 
la grandeur du travail.
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