HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Sur les sanctuaires dont les oracles ont cessé

Chapitre 16-20

  Chapitre 16-20

[16] Ταῦτα τοῦ Κλεομβρότου διελθόντος Ἡρακλέωνοὐδεὶς μένἔφητῶν βεβήλων καὶ ἀμυήτων καὶ περὶ θεῶν δόξας ἀσυγκράτους ἡμῖν ἐχόντων πάρεστιν· αὐτοὶ δὲ παραφυλάττωμεν αὑτούς, Φίλιππε, μὴ λάθωμεν ἀτόπους ὑποθέσεις καὶ μεγάλας τῷ λόγῳ διδόντες‘. ’εὖ λέγεις Φίλιππος εἶπεν· ’ἀλλὰ τί μάλιστά σε δυσωπεῖ τῶν ὑπὸ Κλεομβρότου τιθεμένων;‘ καὶ Ἡρακλέωντὸ μὲν ἐφεστάναι τοῖς χρηστηρίοιςεἶπεμὴ θεοὺς οἷς ἀπηλλάχθαι τῶν περὶ γῆν προσῆκόν ἐστιν, ἀλλὰ δαίμονας ὑπηρέτας θεῶν, οὐ δοκεῖ μοι κακῶς ἀξιοῦσθαι· τὸ δὲ τοῖς δαίμοσι τούτοις μονονουχὶ δράγδην λαμβάνοντας ἐκ τῶν ἐπῶν τῶν Ἐμπεδοκλέους ἁμαρτίας καὶ ἄτας καὶ πλάνας θεηλάτους ἐπιφέρειν, τελευτῶντας δὲ καὶ θανάτους ὥσπερ ἀνθρώπων ὑποτίθεσθαι, θρασύτερον ἡγοῦμαι καὶ βαρβαρικώτερον.‘ ἠρώτησεν οὖν Κλεόμβροτος τὸν Φίλιππον, ὅστις εἴη καὶ ὁπόθεν νεανίας· πυθόμενος δὲ τοὔνομα καὶ τὴν πόλινοὐδ´ ἡμᾶς αὐτούςἔφηλανθάνομεν, Ἡρακλέων, ἐν λόγοις ἀτόποις γεγονότες· ἀλλ´ οὐκ ἔστι περὶ πραγμάτων μεγάλων μὴ μεγάλαις προσχρησάμενον ἀρχαῖς ἐπὶ τὸ εἰκὸς τῇ δόξῃ προελθεῖν. σὺ δὲ σεαυτὸν λέληθας δίδως ἀφαιρούμενος· ὁμολογεῖς γὰρ εἶναι δαίμονας, τῷ δὲ μὴ φαύλους ἀξιοῦν εἶναι μηδὲ θνητοὺς οὐκέτι δαίμονας φυλάττεις· | τίνι γὰρ τῶν θεῶν διαφέρουσιν, εἰ καὶ κατ´ οὐσίαν τὸ ἄφθαρτον καὶ κατ´ ἀρετὴν τὸ ἀπαθὲς καὶ ἀναμάρτητον ἔχουσι;‘ [16] Cléombrote ayant ainsi discouru, Héracléon prit parole : "Il n'y a ici, dit-il, aucun de ces profanes qui ne sont pas initiés et qui professent touchant les Dieux des opinions différentes des nôtres. Toutefois nous devons nous défier de nous-mêmes, mon cher Philippe. Prenons garde que sans le savoir nous n'allions donner à une semblable thèse des bases inadmissibles, mais de grande conséquence.» — «Vous avez raison, dit Philippe ; mais quelle chose vous a le plus scandalisé dans les propos avancés par Cléombrote?» — Héracléon répondit : «Quand il a soutenu qu'aux oracles président non pas des Dieux, car ceux-ci doivent rester étrangers aux choses de la terre, mais des Génies ministres des Dieux, il m'a semblé qu'il émettait une opinion juste. Mais, d'une autre part, s'autoriser de quelques vers arrachés presque de force à Empédocle, pour attribuer à ces Génies des erreurs, des calamités, des courses pénibles imposées par un pouvoir divin, pour les supposer mortels et condamnés à périr comme des créatures mortelles, voilà qui me paraît trop hardi et trop barbare.» Ce fut là pour Cléombrote une occasion de demander à Philippe comment s'appelait ce jeune homme et d'où il était. Quand il sut et son nom et sa cité : «Héracléon, dit-il, nous n'ignorons pas que nous nous sommes engagés aussi dans des discours bien étranges. Mais quand on traite des questions importantes, si l'on n'établit pas des principes qui le soient aussi, il est impossible d'arriver à une opinion vraisemblable. Et vous-même, ne vous êtes-vous pas aperçu que vous rétractiez ce que vous aviez concédé? Vous avez commencé par admettre qu'il y a des Génies ; mais du moment que vous prétendez qu'ils ne sont pas d'une nature imparfaite et mortelle, vous ne les laissez plus subsister. Car en quoi différeront-ils des Dieux, si par essence ils sont impérissables et si leur vertu fait d'eux des, créatures exemptes de passions et d'erreurs?»
[17] Πρὸς ταῦτα τοῦ Ἡρακλέωνος σιωπῇ διανοουμένου τι πρὸς αὑτὸν Φίλιπποςἀλλὰ φαύλους μένἔφηδαίμονας οὐκ Ἐμπεδοκλῆς μόνον, Ἡρακλέων, ἀπέλιπεν, ἀλλὰ καὶ Πλάτων καὶ Ξενοκράτης καὶ Χρύσιππος· ἔτι δὲ Δημόκριτος εὐχόμενοςεὐλόγχων εἰδώλωντυγχάνειν, δῆλος ἦν ἕτερα δυστράπελα καὶ μοχθηρὰς γιγνώσκων ἔχοντα προαιρέσεις τινὰς καὶ ὁρμάς. περὶ δὲ θανάτου τῶν τοιούτων ἀκήκοα λόγον ἀνδρὸς οὐκ ἄφρονος οὐδ´ ἀλαζόνος. Αἰμιλιανοῦ γὰρ τοῦ ῥήτορος, οὗ καὶ ὑμῶν ἔνιοι διακηκόασιν, Ἐπιθέρσης ἦν πατήρ, ἐμὸς πολίτης καὶ διδάσκαλος γραμματικῶν. οὗτος ἔφη ποτὲ πλέων εἰς Ἰταλίαν ἐπιβῆναι νεὼς ἐμπορικὰ χρήματα καὶ συχνοὺς ἐπιβάτας ἀγούσης· ἑσπέρας δ´ ἤδη περὶ τὰς Ἐχινάδας νήσους ἀποσβῆναι τὸ πνεῦμα, καὶ τὴν ναῦν διαφερομένην πλησίον γενέσθαι Παξῶν· ἐγρηγορέναι δὲ τοὺς πλείστους, πολλοὺς δὲ καὶ πίνειν ἔτι δεδειπνηκότας· ἐξαίφνης δὲ φωνὴν ἀπὸ τῆς νήσου τῶν Παξῶν ἀκουσθῆναι, Θαμοῦν τινος βοῇ καλοῦντος, ὥστε θαυμάζειν. δὲ Θαμοῦς Αἰγύπτιος ἦν κυβερνήτης οὐδὲ τῶν ἐμπλεόντων γνώριμος πολλοῖς ἀπ´ ὀνόματος. δὶς μὲν οὖν κληθέντα σιωπῆσαι, τὸ δὲ τρίτον ὑπακοῦσαι τῷ καλοῦντι· κἀκεῖνον ἐπιτείνοντα τὴν φωνὴν εἰπεῖνὁπόταν γένῃ κατὰ τὸ Παλῶδες, ἀπάγγειλον ὅτι Πὰν μέγας τέθνηκε.’ τοῦτ´ ἀκούσαντας Ἐπιθέρσης ἔφη πάντας ἐκπλαγῆναι καὶ διδόντων ἑαυτοῖς λόγον εἴτε ποιῆσαι βέλτιον εἴη τὸ προστεταγμένον εἴτε μὴ πολυπραγμονεῖν ἀλλ´ ἐᾶν, οὕτως γνῶναι τὸν Θαμοῦν, εἰ μὲν εἴη πνεῦμα, παραπλεῖν ἡσυχίαν ἔχοντα, νηνεμίας δὲ καὶ γαλήνης περὶ τὸν τόπον γενομένης ἀνειπεῖν ἤκουσεν. ὡς οὖν ἐγένετο κατὰ τὸ Παλῶδες, οὔτε πνεύματος ὄντος οὔτε κλύδωνος, ἐκ πρύμνης βλέποντα τὸν Θαμοῦν πρὸς τὴν γῆν εἰπεῖν, ὥσπερ ἤκουσεν, ὅτι μέγας Πὰν τέθνηκεν’. οὐ φθῆναι δὲ παυσάμενον αὐτὸν καὶ γενέσθαι μέγαν οὐχ ἑνὸς ἀλλὰ πολλῶν στεναγμὸν ἅμα θαυμασμῷ μεμιγμένον. οἷα δὲ πολλῶν ἀνθρώπων παρόντων ταχὺ τὸν λόγον ἐν Ῥώμῃ σκεδασθῆναι, καὶ τὸν Θαμοῦν γενέσθαι μετάπεμπτον ὑπὸ Τιβερίου Καίσαρος. οὕτω δὲ πιστεῦσαι τῷ λόγῳ τὸν Τιβέριον, ὥστε διαπυνθάνεσθαι καὶ ζητεῖν περὶ τοῦ Πανός· εἰκάζειν δὲ τοὺς περὶ αὐτὸν φιλολόγους συχνοὺς ὄντας τὸν ἐξ Ἑρμοῦ καὶ Πηνελόπης γεγενημένον.‘ μὲν οὖν Φίλιππος εἶχε καὶ τῶν παρόντων ἐνίους μάρτυρας Αἰμιλιανοῦ τοῦ γέροντος ἀκηκοότας. [17] A ces mots Héracléon ne répondit que par le silence, et il se mit à réfléchir en lui-même. Philippe reprit alors la parole : «Ce n'est pas Empédocle seulement, mon cher Héracléon, qui a laissé de mauvais Génies. C'est également l'avis de Platon, de Xénocrate et de Chrysippe. Démocrite aussi, losrqu'il demandait dans ses prières d'avoir des images heureuses, indiquait clairement qu'il existe d'autres images malveillantes, douées d'une initiative et d'une tendance mauvaises. Quant à ce qui est de la mort des Génies, j'ai entendu les paroles d'un homme qui n'était ni léger ni présomptueux. C'est Epitherse, le père de l'orateur Emilianus, dont quelques-uns de vous ont également suivi les leçons. Epitherse était mon compatriote, et il professait la grammaire. Un jour il nous raconta s'être embarqué pour l'Italie dans un vaisseau qui emmenait des cargaisons de commerce et un grand nombre de passagers. Quand vint le soir, comme on se trouvait en vue des îles Échinades, le vent tomba, et le navire fut porté par les flots près des îles de Paxas. La majorité de l'équipage était éveillée; plusieurs étaient encore occupés à boire et avaient fini de souper. Soudain une voix partie d'une des îles de Paxas se fit entendre; elle appelait à grands cris un certain Thamus. Tout le monde fut saisi d'étonnement. Ce Thamus était un pilote égyptien, et il n'y en avait pas beaucoup parmi les passagers qui le connussent, même de nom. Les deux premières fois qu'il s'entendit nommer il garda le silence ; mais la troisième, il répondit à cet appel. Alors l'interlocuteur invisible, donnant de l'intensité à sa voix, dit : «Quand tu seras à la hauteur de Palodès annonce que le grand Pan est mort.» Après avoir entendu ces paroles, continuait Epitherse, nous fûmes tous frappés d'effroi, et l'on se consulta pour savoir si le mieux était que Thamus accomplît cet ordre, ou bien qu'il n'en tînt aucun compte et le négligeât. Finalement il fut convenu, que si le vent soufflait Thamus passerait outre sans rien dire, mais que si l'on était retenu par un calme plat il répéterait les paroles qu'il avait entendues. Quand le vaisseau fut auprès de Palodès, comme il n'y avait pas un souffle dans l'air et que les flots étaient calmes, Thamus du haut de la poupe, les yeux dirigés vers la terre, répéta les paroles qu'il avait entendu prononcer : "Le grand Pan est mort." Il avait à peine fini, qu'éclataient de grands gémissements, non pas d'une seule personne, mais de plusieurs ensemble, et ces gémissements étaient mêlés de cris de surprise. Comme les témoins de cette scène avaient été nombreux, le bruit s'en répandit bientôt dans Rome, et Thamus fut mandé à la cour par Tibère César. Le monarque ajouta une telle confiance à son rapport, qu'il ordonna une enquête et des recherches au sujet de ce Pan. Les hommes éclairés qu'il avait en grand nombre autour de lui conjecturèrent que c'était un fils de Mercure et de Pénélope.» Telle fut la narration de Philippe, confirmée par le témoignage de quelques assistants qui l'avaient entendue de la bouche d'Emilianus dans sa vieillesse.
[18] δὲ Δημήτριος ἔφη τῶν περὶ τὴν Βρεττανίαν νήσων εἶναι πολλὰς ἐρήμους σποράδας, ὧν ἐνίας δαιμόνων καὶ ἡρώων ὀνομάζεσθαι· πλεῦσαι δὲ αὐτὸς ἱστορίας καὶ θέας ἕνεκα πομπῇ τοῦ βασιλέως εἰς τὴν ἔγγιστα κειμένην τῶν ἐρήμων ἔχουσαν οὐ πολλοὺς τοὺς ἐποικοῦντας ἱεροὺς δὲ καὶ ἀσύλους πάντας ὑπὸ τῶν Βρεττανῶν ὄντας. ἀφικομένου δ´ αὐτοῦ νεωστὶ σύγχυσιν μεγάλην περὶ τὸν ἀέρα καὶ διοσημίας πολλὰς γενέσθαι καὶ πνεύματα καταρραγῆναι καὶ πεσεῖν πρηστῆρας· ἐπεὶ δ´ ἐλώφησε, λέγειν τοὺς νησιώτας ὅτι τῶν κρεισσόνων τινὸς ἔκλειψις γέγονεν. ’ὡς γὰρ λύχνος ἀναπτόμενοςφάναιδεινὸν οὐδὲν ἔχει σβεννύμενος δὲ πολλοῖς λυπηρός ἐστιν, οὕτως αἱ μεγάλαι ψυχαὶ τὰς μὲν ἀναλάμψεις εὐμενεῖς καὶ ἀλύπους ἔχουσιν, αἱ δὲ σβέσεις αὐτῶν καὶ φθοραὶ πολλάκις μέν, ὡς νυνί, πνεύματα καὶ ζάλας τρέφουσι, πολλάκις δὲ λοιμικοῖς πάθεσι τὸν ἀέρα φαρμάττουσιν.‘ | ἐκεῖ μέντοι μίαν εἶναι νῆσον, ἐν τὸν Κρόνον καθεῖρχθαι φρουρούμενον ὑπὸ τοῦ Βριάρεω καθεύδοντα· δεσμὸν γὰρ αὐτῷ τὸν ὕπνον μεμηχανῆσθαι, πολλοὺς δὲ περὶ αὐτὸν εἶναι δαίμονας ὀπαδοὺς καὶ θεράποντας. [18] Pour Démétrius, il nous conta que les îles semées aux environs de la Grande-Bretagne sont pour la plupart désertes, et que quelques-unes portent des noms de Génies et de demi-dieux. Il ajouta, qu'envoyé lui-même par l'Empereur vers ces parages pour s'enquérir et voir ce qui en était, il avait abordé dans celle de ces îles désertes qui était la plus prochaine. Elle ne contenait que peu d'habitants, qui tous étaient considérés par les Bretons comme sacrés et inviolables. Peu après qu'il y avait eu mis le pied il se produisit, continua-t-il, une grande confusion dans l'air et de nombreux signes célestes : les vents se déchaînèrent, et des trombes de feu s'abattirent. Quand tout fut calmé, les habitants de l'île lui dirent que c'était quelqu'un des Génies supérieurs qui venait de trépasser. Car, ajoutèrent-ils, de même qu'une lampe allumée n'a rien de fâcheux, mais qu'en s'éteignant elle est désagréable pour plusieurs, de même les grandes âmes, lorsqu'elles brillent, sont bienveillantes, loin d'être funestes à personne; mais quand elles s'éteignent et s'anéantissent, souvent elles provoquent, comme il arrive en ce moment, des tourbillons et des orages, souvent aussi elles empoisonnent l'air de souffles pestilentiels. Ces insulaires dirent encore, que Saturne était prisonnier dans une de ces îles sous la garde de Briarée; qu'il était profondément endormi, le sommeil étant le lieu qu'on avait imaginé pour le tenir captif; et qu'autour de sa personne un grand nombre de Génies lui formaient une suite et étaient affectés à son service.
[19] Ὑπολαβὼν δ´ Κλεόμβροτοςἔχω μένἔφηκαὶ ἐγὼ τοιαῦτα διελθεῖν, ἀρκεῖ δὲ πρὸς τὴν ὑπόθεσιν τὸ μηδὲν ἐναντιοῦσθαι μηδὲ κωλύειν ἔχειν οὕτω ταῦτα. καίτοι τοὺς Στωικούςἔφηγιγνώσκομεν οὐ μόνον κατὰ δαιμόνων ἣν λέγω δόξαν ἔχοντας, ἀλλὰ καὶ θεῶν ὄντων τοσούτων τὸ πλῆθος ἑνὶ χρωμένους ἀιδίῳ καὶ ἀφθάρτῳ· τοὺς δ´ ἄλλους καὶ γεγονέναι καὶ φθαρήσεσθαι νομίζοντας. Ἐπικουρείων δὲ χλευασμοὺς καὶ γέλωτας οὔτι φοβητέον οἷς τολμῶσι χρῆσθαι καὶ κατὰ τῆς προνοίας μῦθον αὐτὴν ἀποκαλοῦντες. ἡμεῖς δὲ τὴν ἀπειρίαν μῦθον εἶναί φαμεν ἐν κόσμοις τοσούτοις μηδένα λόγῳ θείῳ κυβερνώμενον ἔχουσαν, ἀλλὰ πάντας ἐκ ταὐτομάτου καὶ γεγονότας καὶ συνισταμένους. εἰ δὲ χρὴ γελᾶν ἐν φιλοσοφίᾳ, τὰ εἴδωλα γελαστέον τὰ κωφὰ καὶ τυφλὰ καὶ ἄψυχα, ποιμαίνουσιν ἀπλέτους ἐτῶν περιόδους ἐπιφαινόμενα καὶ περινοστοῦντα πάντῃ, τὰ μὲν ἔτι ζώντων τὰ δὲ πάλαι κατακαέντων κατασαπέντων ἀπορρυέντα, φλεδόνας καὶ σκιὰς ἕλκοντες εἰς φυσιολογίαν, ἂν δὲ φῇ τις εἶναι δαίμονας οὐ φύσει μόνον ἀλλὰ καὶ λόγοις καὶ τὸ σῴζεσθαι καὶ διαμένειν πολὺν χρόνον ἔχοντας, δυσκολαίνοντες.‘ [19] Cléombrote prenant alors la parole : «J'aurais aussi, dit-il, des faits analogues à raconter; mais au point où en est la question, il suffit de n'élever aucune hypothèse contraire et de ne pas empêcher que l'on croie à de tels récits. D'ailleurs, ajouta-t-il, nous savons que non seulement les Stoïciens professent touchant les Génies l'opinion que j'exprime là, mais qu'encore dans ce grand nombre de dieux de toute espèce ils n'en admettent qu'un seul comme incorruptible et éternel: ils pensent que les autres ont été créés et qu'un jour ils doivent mourir. Quant aux Épicuriens, il ne faut pas redouter les railleries et les sarcasmes qu'ils osent lancer contre la Providence elle-même, disant que cette prétendue Providence n'est qu'une fable. Nous déclarons que ce qui est une fable, c'est, au contraire, cette innombrable quantité de mondes n'étant gouvernés par aucune loi divine et tenant tous du hasard leur naissance et leur maintien. Si le rire est légitime en matière de philosophie, c'est à propos de ces images muettes, aveugles, sans âme, qui subsistent un nombre infini d'années, durant lesquelles tantôt elles se montrent, tantôt elles errent de côté et d'autre, et qui émanent, prétend-on, de corps vivants ou de corps jadis brûlés, quelquefois même réduits en pourriture. C'est là introduire des puérilités et des chimères dans l'étude de la physiologie. Et remarquez que les auteurs de pareils systèmes entrent en fureur lorsque, pour attribuer aux Génies la durée d'une longue existence, on s'appuie non seulement sur la nature propre à ces Génies, mais encore sur la raison.»
[20] Ῥηθέντων δὲ τούτων Ἀμμώνιοςὀρθῶςἔφημοι δοκεῖ Θεόφραστος ἀποφήνασθαιτί γὰρ κωλύει φωνὴν δέξασθαι σεμνὴν καὶ φιλοσοφωτάτην; καὶ γὰρ ἀθετουμένη πολλὰ τῶν ἐνδεχομένων ἀποδειχθῆναι δὲ μὴ δυναμένων ἀναιρεῖ, καὶ τιθεμένη πολλὰ συνεφέλκεται τῶν ἀδυνάτων καὶ ἀνυπάρκτων μέντοι μόνον ἀκήκοα τῶν Ἐπικουρείων λεγόντων πρὸς τοὺς εἰσαγομένους ὑπ´ Ἐμπεδοκλέους δαίμονας, ὡς οὐ δυνατὸν εἶναι φαύλους καὶ ἁμαρτητικοὺς ὄντας μακαρίους καὶ μακραίωνας, πολλὴν τυφλότητα τῆς κακίας ἐχούσης καὶ τὸ περιπτωτικὸν τοῖς ἀναιρετικοῖς, εὔηθές ἐστιν. οὕτω γὰρ Ἐπίκουρός τε χείρων Γοργίου φανεῖται τοῦ σοφιστοῦ καὶ Μητρόδωρος Ἀλέξιδος τοῦ κωμῳδοποιοῦ· διπλάσιον γὰρ οὗτος ἔζησε Μητροδώρου, Ἐπικούρου δ´ ἐκεῖνος πλέον ἐπίτριτον. ἄλλως γὰρ ἰσχυρὸν ἀρετὴν καὶ κακίαν ἀσθενὲς λέγομεν, οὐ πρὸς διαμονὴν καὶ διάλυσιν σώματος· ἐπεὶ καὶ τῶν θηρίων πολλὰ μὲν δυσκίνητα καὶ νωθρὰ ταῖς ψυχαῖς ὄντα πολλὰ δ´ ἀκόλαστα καὶ ἄτακτα τῶν συνετῶν καὶ πανούργων χρόνους ζῇ μακροτέρους. ὅθεν οὐκ εὖ τῷ θεῷ τὴν ἀιδιότητα ποιοῦσιν ἐκ φυλακῆς καὶ διακρούσεως τῶν ἀναιρετικῶν. ἔδει γὰρ ἐν τῇ φύσει τοῦ μακαρίου τὸ ἀπαθὲς καὶ ἄφθαρτον εἶναι μηδεμιᾶς πραγματείας δεόμενον. ἀλλ´ ἴσως τὸ λέγειν πρὸς μὴ παρόντας οὐκ εὔγνωμον φαίνεται. πάλιν οὖν Κλεόμβροτος ἡμῖν ὃν ἄρτι περὶ τῆς μεταστάσεως καὶ φυγῆς τῶν δαιμονίων ἀφῆκε λόγον ἀναλαβεῖν δίκαιός ἐστι.‘ [20] Ces paroles ayant été prononcées, Ammonius déclara que l'opinion de Théophraste en cette matière lui semblait parfaitement judicieuse. «Et qui empêche, continua-t-il, d'accueillir une opinion respectable et des plus philosophiques? La rejeter ce serait détruire bien des choses possibles dont on ne pourrait plus fournir la démonstration. L'admettre, au contraire, c'est autoriser une foule d'hypothèses qui sans cela deviendraient fausses et impossibles. Je veux, pourtant, répondre à une seule des objections que les Épicuriens élèvent contre les Génies introduits par Empédocle. Ces Esprits étant mauvais et vicieux, il est impossible, disent les Épicuriens, qu'ils aient en partage la béatitude et l'éternité, puisque le propre du vice est un grand aveuglement et la propension à tomber dans ce qui peut faire sa ruine. Cette objection est puérile. A ce compte il sera démontré qu'Epicure est moins vertueux que le sophiste Gorgias, et Métrodore, qu'Alexis le poète comique, puisque ce dernier a vécu deux fois autant que Métrodore et trente ans de plus qu'Epicure. Nous nous plaçons à un autre point de vue. Nous disons que la force est le partage de la vertu, et la faiblesse, le lot du vice : ce qui ne saurait s'entendre de la durée ou de la dissolution d'une vie corporelle. En effet bien des animaux lourds et stupides, bien d'autres incontinents et désordonnés, vivent plus longtemps que tels qui sont intelligents et industrieux. C'est donc à tort que les Épicuriens font reposer l'éternité de Dieu sur le pouvoir qu'il a d'éviter et de repousser les causes d'anéantissement : car un être essentiellement heureux ne saurait manquer d'échapper aux accidents et à la destruction : il n'aurait pour cela besoin d'aucun effort. Mais peut-être n'est-il pas généreux de raisonner contre des absents. Aussi Cléombrote fera-t-il bien, à notre sens, de reprendre le discours qu'il avait commencé touchant la transmigration et la fuite des Génies, discours qu'il avait laissé là.


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Dernière mise à jour : 8/09/2005