[9] Ἔστιν οὖν πρόνοια ἡ μὲν ἀνωτάτω καὶ πρώτη τοῦ
πρώτου θεοῦ νόησις εἴτε καὶ βούλησις οὖσα εὐεργέτις
ἁπάντων, καθ´ ἣν πρώτως ἕκαστα τῶν θείων διὰ παντὸς
ἄριστά τε καὶ κάλλιστα κεκόσμηται, ἡ δὲ δευτέρα δευτέρων
θεῶν τῶν κατ´ οὐρανὸν ἰόντων, καθ´ ἣν τά τε
θνητὰ γίνεται τεταγμένως καὶ ὅσα πρὸς διαμονὴν καὶ
σωτηρίαν ἑκάστων τῶν γενῶν, τρίτη δ´ ἂν εἰκότως ῥηθείη
πρόνοιά τε καὶ προμήθεια τῶν ὅσοι περὶ γῆν δαίμονες
τεταγμένοι τῶν ἀνθρωπίνων πράξεων φύλακές τε καὶ
ἐπίσκοποί εἰσι. τριττῆς τοίνυν τῆς προνοίας θεωρουμένης,
κυριώτατα δὲ καὶ μάλιστα τῆς πρώτης λεγομένης,
οὐκ ἂν ὀκνήσαιμεν εἰπεῖν, εἰ καὶ φιλοσόφοις ἀνδράσι
τἀναντία λέγειν δόξαιμεν, ὡς πάντα μὲν καθ´ εἱμαρμένην
καὶ κατὰ πρόνοιαν, οὐ μὴν καὶ κατὰ φύσιν· ἀλλ´ ἔνια μὲν
κατὰ πρόνοιαν καὶ ἄλλα γε κατ´ ἄλλην, ἔνια δὲ καθ´ εἱμαρμένην.
καὶ ἡ μὲν εἱμαρμένη πάντως κατὰ πρόνοιαν, ἡ δὲ
πρόνοια οὐδαμῶς καθ´ εἱμαρμένην (ἔστω δ´ ὁ λόγος τὰ
νῦν περὶ τῆς πρώτης καὶ ἀνωτάτω)· τὸ μὲν κατά
τι ὕστερον ἐκείνου, καθ´ ὅ τι ἂν καὶ λέγηται, οἷον τὸ κατὰ
νόμον τοῦ νόμου καὶ τὸ κατὰ φύσιν τῆς φύσεως· οὕτω
δὲ καὶ τὸ καθ´ εἱμαρμένην τῆς εἱμαρμένης νεώτερον
ἂν εἴη· ἡ δ´ ἀνωτάτω πρόνοια πρεσβύτατον ἁπάντων,
πλὴν οὗπέρ ἐστιν εἴτε βούλησις εἴτε νόησις εἴτε καὶ
ἑκάτερον. ἔστι δ´ ὡς πρότερον εἴρηται τοῦ πάντων πατρός
τε καὶ δημιουργοῦ. ‘λέγωμεν γὰρ δή’ φησὶν ὁ Τίμαιος
‘δι´ ἥντινα αἰτίαν γένεσιν καὶ τὸ πᾶν τόδε ὁ ξυνιστὰς
συνέστησεν. ἀγαθὸς ἦν· ἀγαθῷ δὲ οὐδεὶς οὐδέποτε
περὶ οὐδενὸς ἐγγίγνεται φθόνος· τούτου δ´ ἐκτὸς ὢν πάντα
ὅτι μάλιστα ἐβουλήθη γενέσθαι παραπλήσια ἑαυτῷ. ταύτην
δὴ γενέσεως καὶ κόσμου μάλιστ´ ἄν τις ἀρχὴν κυριωτάτην
παρ´ ἀνδρῶν φρονίμων ἀποδεχόμενος ὀρθότατ´ ἀποδέχοιτ´
ἄν. βουληθεὶς γὰρ ὁ θεὸς ἀγαθὰ μὲν πάντα,
φαῦλον δὲ μηδὲν εἶναι κατὰ δύναμιν, οὕτω δὴ πᾶν ὅσον ἦν
ὁρατὸν παραλαβών, οὐχ ἡσυχίαν ἄγον ἀλλὰ κινούμενον
πλημμελῶς καὶ ἀτάκτως, εἰς τάξιν αὐτὸ ἦγεν ἐκ τῆς ἀταξίας,
ἡγησάμενος ἐκεῖνο τοῦδε πάντως ἄμεινον. θέμις
δὲ οὔτ´ ἦν οὔτ´ ἔστι τῷ ἀρίστῳ δρᾶν ἄλλο πλὴν τὸ κάλλιστον.’
ταῦτα μὲν οὖν καὶ τὰ τούτων ἐχόμενα μέχρι ψυχῶν
ἀνθρωπίνων κατὰ πρόνοιαν νομιστέον τήν γε πρώτην
συνεστηκέναι· τὰ δ´ ἐντεῦθεν οὕτω λεγόμενα ‘συστήσας
δὲ τὸ πᾶν ἰσαρίθμους τοῖς ἄστροις ἔταξεν - - -
διεῖλέ τε ψυχὰς ἑκάστην πρὸς ἕκαστον, καὶ ἐμβιβάσας
ὡς εἰς ὄχημα τὴν τοῦ παντὸς φύσιν ἔδειξε νόμους τε
τοὺς εἱμαρμένους {εἶπεν αὐταῖς}·’ ταῦτα δὲ τίς οὐκ ἂν
διαρρήδην καὶ σαφέστατ´ οἰηθείη τὴν εἱμαρμένην δηλοῦν,
ὥσπερ τινὰ βάσιν καὶ πολιτικὴν νομοθεσίαν ταῖς ἀνθρωπίναις
ψυχαῖς προσήκουσαν, ἧς δὴ καὶ τὴν αἰτίαν ἑξῆς
ἐπιφέρει; τὴν δὲ δευτέραν πρόνοιαν ὧδέ πως ἐπισημαίνεται
λέγων ‘διαθεσμοθετήσας πάντα αὐτοῖς, ἵνα τοῖς
ἔπειτα εἴη κακίας ἑκάστων ἀναίτιος, ἔσπειρε τοὺς μὲν εἰς
τὴν γῆν, τοὺς δ´ εἰς τὴν σελήνην, τοὺς δ´ εἰς τὰ ἄλλα 〈ὅσα〉
ὄργανα χρόνου. τὸ δὲ μετὰ τὸν σπόρον τοῖς νέοις παρέδωκε
θεοῖς σώματα πλάττειν θνητά, τό τ´ ἐπίλοιπον, ὅσον ἐστὶ
ψυχῆς ἀνθρωπίνης δέον προσγενέσθαι, τοῦτο καὶ πάνθ´
ὅσα ἀκόλουθα ἐκείνοις ἀπεργασαμένους ἄρχειν καὶ κατὰ
δύναμιν ὅτι κάλλιστα καὶ ἄριστα τὸ θνητὸν διακυβερνᾶν
ζῷον, ὅ τι μὴ κακῶν αὐτὸ αὑτῷ γίνοιτο αἴτιον.’ ἐν γὰρ
τούτοις τὸ μέν ‘ἵνα τοῖς ἔπειτα εἴη κακίας ἀναίτιος ἑκάστῳ’
σαφεστάτην αἰτίαν σημαίνει τῆς εἱμαρμένης, ἡ δὲ
τῶν νέων θεῶν τάξις καὶ δημιουργία τὴν δευτέραν πρόνοιαν
δηλοῖ· καί πως καὶ τρίτης παρεφάπτεσθαι ἔοικεν,
εἴ γε δὴ τούτου χάριν ἡ θεσμοθεσία, ‘ἵνα τῆς ἔπειτα εἴη
κακίας ἑκάστῳ ἀναίτιος·’ θεὸς δὲ κακίας ἄμοιρος οὔτε
νόμων οὔθ´ εἱμαρμένης ἐπιδέοιτ´ ἄν, ἀλλὰ τῇ προνοίᾳ τοῦ
γεννήσαντος συνεπισπώμενος ἕκαστος αὐτῶν πράττει τὰ
αὑτοῦ· | ταῦτα δ´ ἀληθῆ καὶ ἀρέσκοντα τῷ Πλάτωνι εἶναι
φανερά μοι δοκεῖ μαρτύρια τὰ πρὸς τοῦ νομοθέτου ἐν τοῖς
Νόμοις οὕτω λεγόμενα · ‘ἐπεὶ ταῦτα εἴ ποτέ
τις ἀνθρώπων φύσει ἱκανός, θείᾳ μοίρᾳ γεννηθείς, παραλαβεῖν
δυνατὸς εἴη, νόμων οὐδὲν ἂν δέοιτο αὑτοῦ ἀρξόντων·
ἐπιστήμης γὰρ οὔτε νόμος οὔτε τάξις οὐδεμία κρείττων,
οὐδὲ θέμις ἐστὶ 〈νοῦν〉 οὐδενὸς ὑπήκοον οὐδὲ δοῦλον
ἀλλὰ πάντων ἄρχοντα εἶναι, ἐάνπερ ἀληθινὸς ἐλεύθερός
τε ὄντως ᾖ κατὰ φύσιν.
| [9] Eh bien donc, il existe une Providence suprême et
première. C'est l'intelligence, ou, si l'on veut, la volonté
du premier et souverain Dieu: intelligence et volonté bienfaisante
envers tous, par laquelle chacune des choses divines
a été d'abord disposée suivant une perfection et une beauté
merveilleuses. Une seconde Providence, est celle de seconds
Dieux, qui parcourent le ciel. C'est par cette Providence que
les choses humaines se trouvent réglées, ainsi que les choses
nécessaires à la conservation et à la perpétuité des races.
La troisième Providence peut à bon droit s'appeler la Providence
et la sollicitude des Génies préposés à la terre,
qui sont chargés d'observer et de régler les actions des hommes.
Voilà donc une triple Providence bien reconnue. Mais
c'est la première qui mérite souverainement et particulièrement
ce nom. En ce sens, je n'hésite pas à dire, bien que
je paraisse en cela contrarier l'opinion de quelques philosophes,
que tout est fait par le Destin, par la Providence, et
aussi par la Nature, mais qu'il y a certaines choses qui se
font par une des Providences, d'autres qui se font par une
autre, et quelques-unes par le Destin. Seulement, le Destin
est entièrement subordonné à la Providence, tandis que la
Providence ne l'est en-aucune manière au Destin : je parle
ici de la première et suprême Providence.
Or tout fait accompli en vertu d'une certaine chose est
postérieur à la chose en vertu de laquelle ce fait est dit
exister. Ainsi, ce qui est exécuté au nom de la Loi, au nom
de la Nature, est postérieur à la Loi, à la Nature ; et pareillement
ce qui s'accomplira en vertu du Destin ne saurait
manquer d'être plus récent que le Destin lui-même. La
Providence suprême est plus ancienne que tout, si l'on excepte
l'Être dont elle est l'intelligence, ou la volonté, ou
toutes les deux ensemble. Cet Être, comme il a été dit précédemment,
est père et ouvrier de toutes choses. « Exposons donc,
dit Timée, d'après quel motif l'auteur de tout
cet univers produit, l'a ainsi composé. Il était bon; or celui
qui est bon ne conçoit jamais aucune espèce d'envie. Étant
donc exempt d'envie, il a voulu que tout, autant que possible,
fût produit semblable à lui-même. Par conséquent,
quiconque, instruit par des hommes sages , considérerait
surtout cette cause comme étant l'origine du monde et de
la génération des choses, aurait parfaitement raison de suivre
en cela leurs doctrines. Car puisque Dieu voulait que tout fût
bon, qu'autant que possible il n'y eût rien de mauvais, et
comme en même temps il trouvait toutes les choses visibles,
non en repos, mais dans un mouvement sans règle et désordonné,
il les a fait passer de la confusion à l'ordre, jugeant
que c'était tout à fait préférable. Or il n'était pas et il
n'est pas loisible à un être excellent de rien faire qui ne
soit très bon. » Cet ensemble de dispositions et ce qui s'y
rattache, jusqu'à ce qu'on arrive aux âmes humaines, doit
être regardé comme l'oeuvre de la Providence suprême.
Platon ajoute ensuite: "Ayant réuni le tout, il le divisa
en un nombre d'âmes égal à celui des astres; et, en donnant
une à chaque astre afin qu'elle fût portée par lui
comme dans un char, il fit aussi connaître à ces âmes la nature
de l'univers, et leur révéla ses décrets immuables sur
les destinées." Qui ne croira que de la manière la plus précise
et la plus évidente ces mots désignent le Destin, comme
espèce de base, de constitution civile, appropriée aux âmes
humaines, et dont plus loin sont développées les causes ?
Quant à la deuxième Providence, voici comment Platon
en parle : "Leur ayant donc promulgué toutes ces lois,
pour n'avoir point à répondre de la méchanceté future de
ces animaux il répandit les uns sur la terre, les autres dans
la lune, d'autres dans tous les organes du temps. Après
cette distribution, il chargea les jeunes Dieux de façonner
des corps mortels, d'achever ce qui pouvait encore manquer
à l'âme humaine, et puis de commander à cet animal mortel
et de le diriger le mieux qu'ils pourraient, à moins qu'il ne devînt
lui-même la cause et l'artisan de ses propres malheurs."
Par ces mots : « pour n'avoir point à répondre de la
méchanceté future de ces animaux », Platon désigne très
clairement la cause du Destin. Le rang assigné aux nouveaux
Dieux et leurs fonctions indiquent clairement la
seconde Providence. Quant à la troisième, il semble en toucher
aussi quelque chose, lorsqu'il dit que les lois ont été
instituées afin que Dieu ne pût être accusé du mal qui se
produirait plus tard en chacun. Dieu est exempt de tout
mal. Il n'a besoin ni de lois ni de destin. C'est en se rattachant
à la providence de celui qui les créa, que chacun de
ces Génies subalternes accomplit son office. Que cette doctrine
soit vraie, et qu'elle soit agréée de Platon, c'est ce qui
me semble, par un témoignage évident, résulter des paroles
du législateur dans son Traité des Lois : "Si quelque homme,"
dit-il, "se trouvait, grâce à un privilége tout spécial, naturellement
capable de comprendre toutes ces vérités, il n'aurait
pas besoin de lois qui lui prescrivissent son devoir. Car à la
science nulle loi, nul règlement ne saurait être préférable ;
et la justice répugne à ce qu'une intelligence soit sous une
dépendance ou un esclavage quelconque : elle est faite pour
commander à tout; si de sa nature elle est véritablement et
essentiellement libre."
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