[6] Τούτων δ´ οὕτως ἐχόντων ἑξῆς ῥητέον, ὡς τό γ´ ἐφ´
ἡμῖν καὶ ἡ τύχη τό τε δυνατὸν καὶ τὸ ἐνδεχόμενον καὶ τὰ
τούτων συγγενῆ ταχθέντα ἐν τοῖς προηγουμένοις αὐτά τε
σῴζοιτ´ ἂν καὶ τὴν εἱμαρμένην σῴζοι. ἡ μὲν γὰρ εἱμαρμένη
πάντα περιέχει καθάπερ καὶ δοκεῖ· τὰ δ´ οὐκ ἐξ
ἀνάγκης γενήσεται, ἀλλ´ ἕκαστον αὐτῶν οἷον καὶ πέφυκεν
εἶναι. πέφυκε δὲ τὸ δυνατὸν ὡς γένος προϋφεστάναι τοῦ
ἐνδεχομένου, τὸ 〈δ´〉 ἐνδεχόμενον ὡς ὕλη τῶν ἐφ´ ἡμῖν
προϋποκεῖσθαι, τὸ δ´ ἐφ´ ἡμῖν ὡς κύριον χρῆσθαι τῷ
ἐνδεχομένῳ· ἡ δὲ τύχη παρεμπίπτει τῷ ἐφ´ ἡμῖν διὰ τὴν
ἐφ´ ἑκάτερα ῥοπὴν τοῦ ἐνδεχομένου. μάθοις δ´ ἂν τὸ λεγόμενον
σαφῶς ἐννοήσας, ὡς τὸ γινόμενον ἅπαν καὶ ἡ γένεσις
αὐτὴ οὐ δίχα δυνά|μεως, ἡ δὲ δύναμις οὐκ ἄνευ
οὐσίας. οἷον 〈ἀνθρώπου〉 εἴτε γένεσις εἴτε γενητὸν οὐκ
ἄνευ τῆς δυνάμεως, αὕτη δὲ περὶ ἄνθρωπον, οὐσία δ´ ὁ
ἄνθρωπος. ἀπὸ δὲ τῆς δυνάμεως μεταξὺ οὔσης ἡ μὲν
οὐσία δυνάμενον, ἡ δὲ γένεσις καὶ τὸ γινόμενον ἄμφω δυνατά.
τριῶν τοίνυν τούτων, δυνάμεως καὶ δυναμένου καὶ
δυνατοῦ, δυνάμεως μὲν ὡς τὸ εἶναι προϋπόκειται τὸ δυνάμενον,
δυνατοῦ δ´ ἡ δύναμις προϋφίσταται. σαφὲς μὲν
οὖν καὶ οὕτως τὸ δυνατόν· τύπῳ δ´ ἂν ἀφορισθείη κοινότερον
μὲν τὸ κατὰ δύναμιν πεφυκὸς γίνεσθαι, κυριώτερον
δὲ ταὐτὸ τοῦτο, ὁπόταν μηδὲν ἔξωθεν ἔχῃ πρὸς τὸ
γίνεσθαι ἐμποδών. τῶν δὲ δυνατῶν τὰ μὲν οὐκ ἂν κωλυθείη
ποτέ, ὥσπερ τὰ κατ´ οὐρανόν, ἀνατολαὶ καὶ δύσεις
καὶ τὰ τούτοις παραπλήσια· τὰ δ´ οἷά τε κωλυθῆναί ἐστιν,
ὡς πολλὰ μὲν τῶν ἀνθρωπίνων πολλὰ δὲ καὶ τῶν μεταρσίων.
τὰ μὲν οὖν πρότερ´ ὡς ἐξ ἀνάγκης γινόμεν´
ἀναγκαῖα προσαγορεύεται, ἃ δέ πως τοὐναντίον ἐπιδέχεται
ἐνδεχόμενα. ἀφορίζοιτο δ´ ἂν κατὰ ταῦτα· τὸ μὲν ἀναγκαῖον
δυνατὸν τὸ ἀντικείμενον ἀδυνάτῳ, τὸ δ´ ἐνδεχόμενον
δυνατόν, οὗ καὶ τὸ ἀντικείμενον δυνατόν. τὸ μὲν γὰρ
καταδῦναι τὸν ἥλιον ἀναγκαῖόν θ´ ἅμα καὶ δυνατόν, ἀντίκειται
〈γὰρ〉 ἀδύνατον τὸ μὴ καταδῦναι· τὸ δὲ καταδύντος
ἡλίου ὄμβρον γενέσθαι 〈καὶ μὴ γενέσθαι〉, ἀμφότερα
δυνατὰ καὶ ἐνδεχόμενα. πάλιν δὲ καὶ ἐπὶ τοῦ ἐνδεχομένου,
τὸ μὲν ὡς ἐπὶ τὸ πολύ, τὸ δ´ ὡς ἐπ´ ἔλαττον,
τὸ δ´ ὡς ἐπίσης καὶ ὁπότερον ἔτυχε· τοῦτο μὲν φανερὸν
ὡς αὐτὸ αὑτῷ ἀντιτέτακται, τὸ δὲ ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ καὶ
ἐπ´ ἔλαττον ἀλλήλοις· καὶ ταῦτα μὲν ἐπὶ τῇ φύσει τὸ
πλεῖστον, ἐφ´ ἡμῖν δὲ τὸ ἐπίσης. τὸ μὲν γὰρ ὑπὸ κύνα
καῦμ´ ἢ ψῦχος, {ὧν τὸ μὲν} ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ τὸ δ´ ὡς ἐπ´
ἔλαττον, τῇ φύσει ἄμφω ὑποτέτακται· τὸ δὲ περιπατεῖν
καὶ μὴ καὶ ὅσα τοιαῦτα, ὧν ἑκάτερον ἐπί〈σης〉, τῇ
ἀνθρωπίνῃ ὁρμῇ ὑποτέτακται, ὃ δὴ ἐφ´ ἡμῖν καὶ κατὰ
προαίρεσιν λέγεται. γενικώτερον δὲ μᾶλλον τὸ ἐφ´ ἡμῖν·
δύο γὰρ ἔχει εἴδη, τό τ´ ἐκ πάθους καὶ θυμοῦ ἢ ἐπιθυμίας
τό τ´ ἐξ ἐπιλογισμοῦ ἢ διανοίας, ὅπερ ἤδη κατὰ προαίρεσιν
〈ἄν〉 τις εἴποι. ἔχει δὲ λόγον μὴ τὸ δυνατὸν καὶ ἐνδεχόμενον
τοῦτο, ὅπερ καθ´ ὁρμὴν καὶ ἐφ´ ἡμῖν εἴρηται,
μὴ τὸ αὐτὸ κατ´ ἄλλο λέγεται· κατὰ μὲν γὰρ τὸ μέλλον
δυνατόν τε καὶ ἐνδεχόμενον, κατὰ δὲ τὸ παρὸν ἐφ´ ἡμῖν
τε καὶ καθ´ ὁρμήν. ἀφορίζοιτο δ´ ἂν ὧδε· τὸ μὲν ἐνδεχόμενον
ὅπερ αὐτό τε καὶ τὸ ἀντικείμενον, τὸ δ´ ἐφ´ ἡμῖν θάτερον
μέρος τοῦ ἐνδεχομένου τὸ κατὰ τὴν ἡμετέραν ὁρμὴν
ἤδη γινόμενον. ὅτι μὲν οὖν τὸ δυνατὸν τοῦ ἐνδεχομένου
πρότερον τῇ φύσει τὸ δ´ ἐνδεχόμενον τοῦ ἐφ´ ἡμῖν προϋφίσταται,
καὶ οἷον αὐτῶν τυγχάνει ὂν ἕκαστον καὶ πόθεν
ὀνομάζεται καὶ τά γε παρακείμενα αὐτοῖς, σχεδὸν εἴρηται.
| [6] Cela étant ainsi, déclarons maintenant que ce qui est
en notre pouvoir, la Fortune, le Possible, le Contingent, et
les choses analogues rangées parmi les effets tenant à des
causes antérieures, peuvent subsister en soi et laisser subsister
le Destin. Le Destin comprend tout : voilà qui semble
hors de doute ; mais tout ne s'en fera pas, pour cela, nécessairement,
attendu que chaque chose est produite dans
des conditions particulières à sa nature. Or, par sa nature,
le Possible, comme genre, doit précéder ce qui est contingent.
Le Contingent, comme matière, doit être soumis à
notre libre arbitre; et notre libre arbitre doit user du Contingent
avec une pleine autorité. Enfin, la Fortune vient à
la traverse de ce libre arbitre lui-même, par suite de l'influence
qu'elle peut exercer, dans un sens ou dans l'autre,
sur le Contingent.
Vous comprendrez clairement ce que j'avance, si vous réfléchissez
que tout ce qui est produit, et la production elle-même,
ne sauraient exister sans une faculté, et qu'il n'y
a point de faculté sans substance. Par exemple, la production
de l'homme, ou bien l'homme qui en est le produit, ne
peuvent être que l'effet d'une faculté; or cette faculté est dans
l'homme, et l'homme lui-même en est la substance. La faculté
tient le milieu entre la substance sur laquelle elle peut
agir, et entre la production et l'être produit, qui sont tous
les deux du nombre des possibles. Ainsi, de ces trois choses,
la faculté, l'être sur qui peut agir cette faculté, et le Possible,
la faculté suppose l'existence de l'être sur qui elle
peut agir, mais elle existe elle-même avant le Possible.
De cette manière on voit clairement ce que c'est que le
Possible. Pour donner en quelque sorte son signalement, il
serait permis de dire, en termes assez communs, que c'est
ce qui peut être produit par la faculté, et, plus exactement,
ce qui ne trouve au dehors rien s'opposant à sa production.
Entre les choses possibles, il en est qu'on ne pourrait jamais
empêcher: à savoir les évolutions célestes, le coucher, le
lever du soleil, et autres faits analogues ; il en est auxquelles
il peut être mis obstacle, comme un grand nombre des actions
humaines, et un grand nombre même des faits qui se
passent dans l'air. Celles du premier genre sont appelées
nécessaires, comme se faisant par nécessité ; les secondes
sont appelées au contraire contingentes, c'est-à-dire qu'elles
peuvent aussi bien être que ne pas être.
On aurait encore à les distinguer, en disant que le nécessaire
possible est opposé à l'impossible, et que le contingent
possible est celui dont le contraire est possible. Que le
soleil se couche, c'est chose nécessaire à la fois et possible ;
le contraire, à savoir que le soleil ne se couche pas, est chose
impossible. Mais qu'après le soleil couché il vienne de la
pluie, et aussi, qu'il n'en vienne pas, ce sont là deux choses
possibles et contingentes. D'un autre côté, entre les
choses contingentes les unes arrivent plus ordinairement,
d'autres sont plus rares. Quelques-unes arrivent aussi souvent
d'une manière que de l'autre ; et ces dernières sont évidemment
opposées entre elles : comme ce qui a lieu le plus
souvent est opposé à ce qui est plus rare. Dans les phénomènes
naturels se trouvent de préférence les faits dont la
production est plus ou moins fréquente; mais dans ce qui
dépend de notre liberté, se placent les faits qui se produisent
aussi souvent les uns que les autres. Que sous la canicule
il fasse froid ou chaud, (et la chaleur prévaut le plus souvent,
l'autre étant alors plus rare), ce sont là deux faits qui
rentrent sous la loi de nature. Mais l'action de se promener
ou de ne pas se promener, et autres semblables, toutes soumises
à la volonté humaine, sont dites être en notre pouvoir
et dépendre de notre choix. Ce qui est en notre pouvoir est
plus général. Il se divise en deux espèces : l'une comprend
les actes produits par un mouvement de l'âme, par la colère,
la convoitise; l'autre, ceux qui sont dirigés par le raisonnement
ou la réflexion, et que par conséquent on peut dire
être de notre choix.
Il est rationnel que le Possible et le Contingent, subordonnés
à notre volonté et à notre libre arbitre, ne soient
pas une même chose à des points de vue différents. Au point
de vue du futur, c'est le Contingent et le Possible ; eu égard
au temps présent, c'est ce qui est subordonné à notre volonté
et à notre libre arbitre. On peut encore les distinguer en
disant, que le contingent est à la fois la chose même et ce
qui est le contraire de cette chose , et que ce qui est subordonné
à notre libre arbitre est cette autre partie du Contingent
qui s'accomplit instantanément par le fait de notre
volonté. Or, que le Possible précède naturellement le Contingent,
que le Contingent, à son tour, soit subordonné à notre
volonté, que l'un et l'autre possèdent des propriétés particulières,
reçoivent des noms parfaitement motivés, et rattachent
à soi certaines dépendances, c'est ce que nous avons
à peu près suffisamment développé.
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