[4] Σχεδὸν μὲν οὖν καὶ τοῦτο δηλοῖ, ὁποῖόν τι τυγχάνει
ἡ εἱμαρμένη, πλὴν οὐχ ἥ γε κατὰ μέρος οὐδ´ ἡ καθ´
ἕκαστα. ποία τις οὖν καὶ ἥδε κατ´ αὐτὸ δὴ τὸ εἶδος τοῦ
λόγου; ἔστι τοίνυν, ὡς ἄν τις εἰκάσαι, οἷος ὁ πολιτικὸς
νόμος, {ὃς} πρῶτον μὲν τὰ πλεῖστα, εἰ καὶ μὴ πάντα,
ἐξ ὑποθέσεως προστάττει, ἔπειτα μὴν καθόλου τὰ πόλει
προσήκοντα εἰς δύναμιν περιλαμβάνει. πάλιν δὴ τούτων
ἑκάτερον ὁποῖόν τί ἐστι, σκεπτέον. ἀκολούθως τοίνυν ὁ
πολιτικὸς νόμος περί τ´ ἀριστέως καὶ λιποτάκτου διαλέγεται
καὶ περὶ τῶν ἄλλων ὡσαύτως, ἀλλ´ οὐ περὶ τοῦδ´
ἢ τοῦδ´ {ᾗ} νόμιμόν ἐστιν, ἀλλὰ τὰ μὲν καθόλου προηγουμένως,
τὰ δ´ ὑποπίπτοντα τούτοις ἑπομένως. καὶ
γὰρ τὸ τιμῆσαι τόνδε τινὰ ἠριστευκότα καὶ τὸ κολάσαι
τόνδε τινὰ λιποτακτήσαντα νόμιμον ἂν φήσαιμεν, ὡς δυνάμει
καὶ περὶ τούτων διατεταγμένου τοῦ νόμου, ὃν τρόπον
ὁ ἰατρικὸς καὶ ὁ γυμναστικὸς ὡς εἰπεῖν νόμος δυνάμει τὰ
καθ´ ἕκαστα τοῖς ὅλοις συμπεριλαμβάνει· οὕτω δὲ καὶ ὁ τῆς
φύσεως νόμος τὰ μὲν καθόλου προηγουμένως, τὰ δὲ καθ´
ἕκαστα ἑπομένως. ἔστι θ´ εἱμαρμένα τρόπον τινὰ καὶ
ταῦτα, ὄντ´ ἐκείνοις συνειμαρμένα. τάχα δ´ ἄν τις τῶν
ἄγαν ἀκριβολογουμένων τὰ τοιαῦτα καὶ τοὐναντίον φαίη
προηγούμενα συντετάχθαι τὰ καθ´ ἕκαστα, εἶναί τε τούτων
ἕνεκα καὶ τὸ καθόλου, προηγεῖσθαι δὲ τῶν ἕνεκά του τὸ
οὗ ἕνεκα. ἀλλὰ περὶ μὲν τούτων ἐν ἄλλοις σκεπτέον· ὅτι
δ´ οὐ πάντα καθαρῶς οὐδὲ διαρρήδην ἡ εἱμαρμένη περιέχει
ἀλλ´ ὅσα καθόλου, τοῦτο δὴ ἐν τῷ παρόντι ῥηθὲν πρός
τε τὸν ἑξῆς λόγον καὶ τὸν ὀλίγον ἔμπροσθεν χώραν ἔχει. |
τὸ μὲν γὰρ ὡρισμένον οἰκεῖον τῇ θείᾳ φρονήσει ἐν τῷ
καθόλου μᾶλλον θεωρεῖται (τοιοῦτος μέντοι γε ὁ θεῖος
νόμος καὶ ὁ πολιτικός), τὸ δ´ ἄπειρον ἐν τῷ καθ´ ἕκαστα.
μετὰ δὴ ταῦτα, οἷον μέν ἐστι 〈τὸ〉 ἐξ ὑποθέσεως, ὅτι
δὲ τοιοῦτον καὶ ἡ εἱμαρμένη, ὁριζέσθω. ἐξ ὑποθέσεως δὴ
ἔφαμεν τὸ μὴ καθ´ ἑαυτὸ τιθέμενον, ἀλλά πως ἑτέρῳ τινὶ
ὡς ἀληθῶς ὑποτεθέν, ὁπόσα ἀκολουθίαν σημαίνει.
‘θεσμός τε Ἀδραστείας ὅδε· ἥτις ἂν ψυχὴ συνοπαδὸς
γενομένη κατίδῃ τι τῶν ἀληθῶν, μέχρι τῆς ἑτέρας περιόδου
εἶναι ἀπήμονα· κἂν ἀεὶ δύνηται τοῦτο ποιεῖν, 〈ἀεὶ〉
ἀβλαβῆ εἶναι’ . τοιοῦτον μὲν δὴ τὸ
ἐξ ὑποθέσεως ἅμα καὶ καθόλου. ὅτι δὲ καὶ ἡ εἱμαρμένη
τοιοῦτον τυγχάνει ὄν, ἔκ τε τῆς οὐσίας αὐτῆς καὶ
ἐκ τῆς προσηγορίας δῆλον. εἱμαρμένη τε γὰρ προσαγορεύεται
ὡς ἂν εἰρομένη τις· θεσμὸς δὲ καὶ νόμος ὑπάρχει
τῷ τὰ ἀκόλουθα τοῖς γινομένοις πολιτικῶς διατετάχθαι.
| [4] Il yen a presque assez dans ces explications, pour faire
voir ce que c'est que le Destin, si nous ne le considérons pas
en particulier et dans le détail des opérations. Quel est-il,
selon l'esprit de notre discussion ? Il offre, autant qu'on peut
le conjecturer, de l'analogie avec la loi civile. Celle-ci règle
d'abord d'une manière générale, sinon la totalité, au moins
l'ensemble des prescriptions; ensuite elle pourvoit, autant
que possible, à ce qui convient à une cité. C'est la nature
de chacun de ces deux rapports que nous devons examiner.
La loi civile, (et nous suivons ici notre raisonnement), s'expliquera
sur la bravoure guerrière et sur la désertion ; mais
elle ne précisera pas ce qu'il faudrait faire dans tel cas ou
dans tel autre. Elle énoncera les dispositions générales ; ce
qui se rattache à celles-ci en sera la conséquence. Ainsi nous
dirons : « il est juste d'honorer le citoyen qui a donné de
brillantes marques de valeur, de punir celui qui a déserté
son poste, parce que virtuellement le législateur a prononcé
aussi sur ces cas particuliers. De même que la loi, si je
puis appliquer ici le mot, que la loi qui préside à la médecine
et à la gymnastique, renferme dans son ensemble les
prescriptions applicables à tous les détails; de même la loi
de la nature établit les points les plus importants en vertu
de principes généraux. Les cas particuliers en sont la conséquence :
de sorte que ces derniers, réglés en même temps que le Destin,
deviennent jusqu'à un certain point le Destin lui-même.
Mais peut-être quelqu'un, étudiant cette matière avec une
exactitude poussée jusqu'à l'excès, dira-t-il que les choses
suivent une marche toute contraire. Il prétendra, que ce qui
est réglé en premier lieu ce sont les détails, que c'est en
vue des détails qu'existe l'ensemble, et qu'avant la proposition :
"Ceci est-il fait en vue de telle chose ? doit se placer
une question préalable : « En vue de quoi est faite
cette chose même? » Nous examinerons ailleurs cette difficulté.
Revenons à notre doctrine, d'après laquelle le Destin
ne renferme pas tout d'une manière claire et précise, mais
contient seulement les choses générales. C'est là une assertion
fondée et sur ce que nous disons en ce moment, et sur
ce qui suivra, et sur le peu de mots que nous avons énoncés
précédemment. Ce qui est nettement déterminé, et qui par
là s'accorde essentiellement avec la providence divine, se
fait voir bien mieux dans les choses générales. Or telle est
la loi divine. C'est aussi la propriété de la loi civile. L'infini,
au contraire, l'indéterminé, n'existe que pour les détails.
Maintenant, il y a des choses qui sont liées à une condition;
et il faut admettre que le Destin est du nombre.
Nous disons qu'une chose est conditionnelle quand elle
n'existe point par elle-même, et quand elle est essentiellement
subordonnée à une autre avec tous les caractères de
la conséquence : « C'est une loi d'Adrastée, que, toute âme
qui, compagne fidèle des âmes divines, a pu voir quelques-
unes des essences , soit exempte de souffrance jusqu'à un
nouveau voyage, et que si elle parvient toujours à suivre les
dieux, elle n'éprouve jamais aucun mal". Voilà une loi
qui est en même temps conditionnelle et en même temps
générale. Que le Destin se trouve être aussi tel, c'est ce
qui résulte évidemment et de sa nature même et du nom
qui lui a été donné. On le nomme "himarmeni", « le distribué, »
comme qui dirait "iroméni", « le connexe, le dépendant.
Il existe à l'état d'ordonnance, de loi : attendu que,
à la manière des institutions politiques, il règle les choses
qui sont dépendantes des événements.
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