HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Le délais de la justice divine

Chapitre 4

  Chapitre 4

[4] Ῥηθέντων οὖν τούτων κἀμοῦ πρὸς αὐτοῖς ὄντος Τίμωνπότερονεἶπενἐπιθῶ καὶ αὐτὸς ἤδη τῷ λόγῳ τὸν κολοφῶνα τῆς ἀπορίας, πρὸς ταῦτ´ ἐάσω πρότερον αὐτὸν διαγωνίσασθαι;’ ‘τί γάρἔφην ἐγώδεῖ τὸ τρίτον ἐπενεγκεῖν κῦμα καὶ προσκατακλύσαι τὸν λόγον, εἰ τὰ πρῶτα μὴ δυνατὸς ἔσται διώσασθαι μηδ´ ἀποφυγεῖν ἐγκλήματα; πρῶτον οὖν ὥσπερ ἀφ´ ἑστίας ἀρχόμενοι πατρῴας τῆς πρὸς τὸ θεῖον εὐλαβείας τῶν ἐν Ἀκαδημείᾳ φιλοσόφων τὸ μὲν ὡς εἰδότες τι περὶ τούτων λέγειν ἀφοσιωσόμεθα. πλέον γάρ ἐστι τοῦ περὶ μουσικῶν ἀμούσους καὶ πολεμικῶν ἀστρατεύτους διαλέγεσθαι τὸ τὰ θεῖα καὶ τὰ δαιμόνια πράγματα διασκοπεῖν ἀνθρώπους ὄντας, οἷον ἀτέχνους τεχνιτῶν διάνοιαν ἀπὸ δόξης καὶ ὑπονοίας κατὰ τὸ εἰκὸς μετιόντας. οὐ γὰρ ἰατροῦ μὲν ἰδιώτην ὄντα συμβαλεῖν λογισμόν, ὡς πρότερον οὐκ ἔτεμεν ἀλλ´ ὕστερον οὐδ´ ἐχθὲς ἔκαυσεν ἀλλὰ σήμερον, ἔργον ἐστί, περὶ θεῶν δὲ θνητὸν ῥᾴδιον βέβαιον εἰπεῖν ἄλλο πλὴν ὅτι τὸν καιρὸν εἰδὼς ἄριστα τῆς περὶ τὴν κακίαν ἰατρείας | ὡς φάρμακον ἑκάστῳ προσφέρει τὴν κόλασιν, οὔτε μεγέθους μέτρον κοινὸν οὔτε χρόνον ἕνα καὶ τὸν αὐτὸν ἐπὶ πάντων ἔχουσαν. ὅτι γὰρ περὶ ψυχὴν ἰατρεία, δίκη δὲ καὶ δικαιοσύνη προσαγορευομένη, πασῶν ἐστι τεχνῶν μεγίστη, πρὸς μυρίοις ἑτέροις καὶ Πίνδαρος ἐμαρτύρησενἀριστοτέχνανἀνακαλούμενος τὸν ἄρχοντα καὶ κύριον ἁπάντων θεόν, ὡς δὴ δίκης ὄντα δημιουργόν, προσήκει τὸ πότε καὶ πῶς καὶ μέχρι πόσου κολαστέον ἕκαστον τῶν πονηρῶν ὁρίζειν. καὶ ταύτης φησὶ τῆς τέχνης Πλάτων υἱὸν ὄντα τοῦ Διὸς γεγονέναι τὸν Μίνω μαθητήν, ὡς οὐ δυνατὸν ἐν τοῖς δικαίοις κατορθοῦν οὐδ´ αἰσθάνεσθαι τοῦ κατορθοῦντος τὸν μὴ μαθόντα μηδὲ κτησάμενον τὴν ἐπιστήμην. οὐδὲ γὰρ οὓς ἄνθρωποι νόμους τίθενται τὸ εὔλογον ἁπλῶς ἔχουσι καὶ πάντοτε φαινόμενον, ἀλλ´ ἔνια καὶ δοκεῖ κομιδῇ γελοῖα τῶν προσταγμάτων. οἷον ἐν Λακεδαίμονι κηρύττουσιν οἱ ἔφοροι παριόντες εὐθὺς εἰς τὴν ἀρχὴν μὴ τρέφειν μύστακα καὶ πείθεσθαι τοῖς νόμοις, ὡς μὴ χαλεποὶ ὦσιν αὐτοῖς· Ῥωμαῖοι δέ, οὓς ἂν εἰς ἐλευθερίαν ἀφαιρῶνται, κάρφος αὐτῶν λεπτὸν ἐπιβάλλουσι τοῖς σώμασιν· ὅταν δὲ διαθήκας γράφωσιν, ἑτέρους μὲν ἀπολείπουσι κληρονόμους ἑτέροις δὲ πωλοῦσι τὰς οὐσίας· δοκεῖ παράλογον εἶναι. παραλογώτατον δὲ τὸ τοῦ Σόλωνος, ἄτιμον εἶναι τὸν ἐν στάσει πόλεως μηδετέρᾳ μερίδι προσθέμενον μηδὲ συστασιάσαντα. καὶ ὅλως πολλὰς ἄν τις ἐξείποι νόμων ἀτοπίας μήτε τὸν λόγον ἔχων τοῦ νομοθέτου μήτε τὴν αἰτίαν συνιεὶς ἑκάστου τῶν γραφομένων. τί δὴ θαυμαστόν, εἰ τῶν ἀνθρωπίνων οὕτως ἡμῖν ὄντων δυσθεωρήτων οὐκ εὔπορόν ἐστι τὸ περὶ τῶν θεῶν εἰπεῖν, ᾧτινι λόγῳ τοὺς μὲν ὕστερον τοὺς δὲ πρότερον τῶν ἁμαρτανόντων κολάζουσιν;’ [4] A la suite de ces paroles d'Olympicus, je demeurais pensif en moi-même. Alors Timon : «Dois-je, dit-il, mettre à mon tour le comble du doute en ce qui regarde cette question, ou bien laisserai-je d'abord celui-ci s'escrimer contre de semblables arguments? — A quoi bon, repris-je, ajouter, comme on dit, une troisième vague, et nous noyer sous les difficultés, s'il est incapable de résoudre les premières objections ou de s'en dégager? Tout d'abord débutons par nous inspirer, comme à un foyer de famille, de la circonspection qui caractérise les philosophes académiciens à l'égard de la Divinité, et abstenons-nous pieusement de laisser croire que nous puissions parler de semblables matières en connaissance de cause. Il y a moins de présomption à discourir sur la musique sans s'y connaître, ou sur la guerre sans avoir jamais été soldat, qu'il n'y en a, pour des créatures humaines, à contrôler les actes des Dieux et des Génies. C'est comme si des gens étrangers aux arts prétendaient saisir la pensée des savants artistes par conjecture et par des suppositions qui n'auraient que de la vraisemblance. Si ce n'est pas l'affaire d'un ignorant de vouloir expliquer pour quelles raisons le médecin a amputé le lendemain plutôt que la veille, ordonné un bain aujourd'hui plutôt qu'hier; de même il n'est ni facile ni sûr à un mortel de sonder les desseins de la Divinité. On ne peut, à cet égard, avancer rien autre chose, si ce n'est que Dieu connaît à merveille le moment où il faudra guérir le vice, c'est-à-dire où il faudra lui appliquer, comme remède, le châtiment mérité. La mesure de ce châtiment, pas plus que l'heure de l'expiation, n'est ni commune, ni la même pour tous. La médecine qui a l'âme pour objet, et cette médecine s'appelle l'équité et la justice, est le plus grand de tous les arts, comme en témoigne, entre mille autres, le poète Pindare : Le Dieu souverain et maître de toutes choses est, dit Pindare, «l'artiste par excellence», attendu qu'il administre la justice, et que les attributions de la justice sont de déterminer à quel moment, de quelle manière, dans quelle mesure chacun des méchants doit être puni. «Cet art, nous dit Platon, fut enseigné par Jupiter à Minos, son fils". Par là le philosophe a voulu faire comprendre qu'il est impossible de bien dispenser la justice et de reconnaître si elle est équitablement administrée, quand on n'a point appris cette science et qu'on ne la possède pas. En effet, même les lois fondées par les hommes ne s'expliquent pas d'une manière toute simple. Les motifs n'en sont pas toujours clairs. Quelques-unes de leurs prescriptions semblent même complétement ridicules. Par exemple, à Lacédémone, aussitôt que les éphores entrent en charge, ils font proclamer par un héraut l'ordre de ne pas garder de moustaches, et d'obéir aux lois afin que l'on n'ait pas à les trouver rigoureuses. A Rome, quand des esclaves sont mis en liberté on les frappe sur l'épaule avec une petite baguette. Ceux qui font leur testament lèguent leurs biens à des héritiers, et les vendent à d'autres : ce qui semble être contradictoire. Une mesure plus étrange que toutes, c'est la loi de Solon, qui note un citoyen d'infamie lorsque dans une sédition il ne se déclare pas pour l'un des deux partis et qu'il ne fait pas cause commune avec ceux de ce parti. En général, on pourrait citer un grand nombre de lois dont la portée semble absurde à celui qui ne sait pas l'intention du législateur et qui ne pénètre pas les motifs de chaque prescription. Pourquoi donc s'étonner, quand les institutions humaines sont pour nous si difficiles à comprendre, que nous soyons embarrassés de dire par quelle raison les Dieux châtient plus ou moins lentement les crimes des mortels ?


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Dernière mise à jour : 1/09/2005