HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Le délais de la justice divine

Chapitre 226

  Chapitre 226

[226] Πάντων δὲ πάσχειν ἔλεγεν οἰκτρότατα τὰς ἤδη δοκούσας ἀφεῖσθαι τῆς δίκης, εἶτ´ αὖθις συλλαμβανομένας· αὗται δ´ ἦσαν, ὧν εἴς τινας ἐκγόνους παῖδας ποινὴ περιῆλθεν. ὁπότε γάρ τις ἐκείνων ἀφίκοιτο καὶ περιτύχοι, προσέπιπτεν ὀργῇ καὶ κατεβόα καὶ τὰ σημεῖα τῶν παθῶν ἐδείκνυεν, ὀνειδίζουσα καὶ διώκουσα φεύγειν καὶ ἀποκρύπτεσθαι βουλομένην οὐ δυναμένην δέ. ταχὺ γὰρ μετέθεον οἱ κολασταὶ πρὸς τὴν δίκην καὶ ἐξ ἀρχῆς ἀπῆγον ὀλοφυρομένας τῷ προγινώσκειν τὴν τιμωρίαν. ἐνίαις δὲ καὶ πολλὰς ἅμα τῶν ἐκγόνων ἔλεγε συνηρτῆσθαι καθάπερ μελίττας νυκτερίδας ἀτεχνῶς ἐχομένας καὶ τετριγυίας ὑπὸ μνήμης καὶ ὀργῆς ὧν ἔπαθον δι´ αὐτάς. ἔσχατα δ´ ὁρῶντος αὐτοῦ τὰς ἐπὶ δευτέραν γένεσιν τρεπομένας ψυχὰς εἴς τε ζῷα παντοδαπὰ καμπτομένας βίᾳ καὶ μετασχηματιζομένας ὑπὸ τῶν ταῦτα δημιουργούντων, ὀργάνοις τισὶ καὶ πληγαῖς τὰ μὲν κολλώντων μέρη καὶ συνελαυνόντων, τὰ δ´ ἀποστρεφόντων, ἔνια δ´ ἐκλεαινόντων καὶ ἀφανιζόντων παντάπασιν, ὅπως ἐφαρμόσειεν ἑτέροις ἤθεσι καὶ βίοις, ἐν ταύταις φανῆναι τὴν Νέρωνος, τά τ´ ἄλλα κακῶς ἔχουσαν ἤδη καὶ διαπεπαρμένην ἥλοις διαπύροις. προκεχειρισμένων δὲ καὶ ταύτῃ τῶν δημιουργῶν Πινδαρικῆς ἐχίδνης εἶδος, ἐν κυηθεῖσαν καὶ διαφαγοῦσαν τὴν μητέρα βιώσεσθαι, φῶς ἔφασκεν ἐξαίφνης διαλάμψαι μέγα καὶ φωνὴν ἐκ τοῦ φωτὸς γενέσθαι προστάττουσαν εἰς ἄλλο γένος ἡμερώτερον μεταβαλεῖν, ᾠδικόν τι μηχανησαμένους περὶ ἕλη καὶ λίμνας ζῷον· ὧν μὲν γὰρ ἠδίκησε δεδωκέναι δίκας, ὀφείλεσθαι δέ τι καὶ χρηστὸν αὐτῷ παρὰ θεῶν, | ὅτι τῶν ὑπηκόων τὸ βέλτιστον καὶ θεοφιλέστατον γένος ἠλευθέρωσε τὴν Ἑλλάδα. Μέχρι μὲν οὖν τούτων εἶναι θεατής· ὡς δ´ ἀναστρέφειν ἔμελλεν, ἐν παντὶ γενέσθαι κακῷ διὰ φόβον· γυναῖκα γὰρ αὐτοῦ λαβομένην θαυμαστὴν τὸ εἶδος καὶ τὸ μέγεθοςδεῦρο δήεἰπεῖνοὗτος, ὅπως ἕκαστα μᾶλλον μνημονεύσῃς’, καί τι ῥαβδίον, ὥσπερ οἱ ζωγράφοι, διάπυρον προσάγειν· ἑτέραν δὲ κωλύειν, αὐτὸν δ´ ὥσπερ ὑπ´ ἴυγγος ἐξαίφνης σπασθέντα πνεύματι νεανικῷ σφόδρα καὶ βιαίῳ τῷ σώματι προσπεσεῖν καὶ ἀναβλέψαι σχεδὸν ἐπ´ αὐτοῦ τοῦ μνήματος. [226] Mais il n'y en avait pas dont les souffrances lui inspirassent plus de pitié que celles qui, semblant avoir été déjà relâchées par Dieu, étaient de nouveau ressaisies. C'étaient les âmes pour les fautes desquelles la peine était retombée sur leurs fils ou sur quelques autres de leurs descendants. Quand ceux-ci arrivaient devant elles et se trouvaient en leur présence, ils s'élançaient avec colère en vociférant : ils leur montraient les marques de leurs propres souffrances, ils les accablaient de reproches, ils les poursuivaient. En vain ces âmes voulaient fuir et se cacher, elles ne le pouvaient pas : car, sans tarder, les exécuteurs couraient après elles pour les remettre sous la main de justice, et de nouveau ils les poussaient devant eux, non sans qu'elles éclatassent en sanglots par le pressentiment de l'expiation. A quelques-unes, disait Thespésius, s'attachaient en grand nombre aussi les âmes de leurs descendants, et ces dernières représentaient absolument des abeilles et des chauves-souris. On les entendait bourdonner de colère, par le souvenir des maux que leur avaient causés ces ancêtres. Ce qu'il vit en dernier lieu, ce furent les âmes réservées à une seconde naissance, et qui étaient contraintes de prendre la forme de toutes sortes d'animaux. Des ouvriers préposés à cet office accomplissaient la métamorphose avec des outils et à force de coups. Ils forgeaient certaines parties, ils en tordaient d'autres, ou bien les amincissaient jusqu'à les faire presque entièrement disparaître, afin d'ajuster le tout à d'autres moeurs et de nouvelles vies. Parmi ces âmes il vit l'âme de Néron. Elle était déjà cruellement maltraitée, et notamment des clous enflammés la transperçaient. Les ouvriers la tenaient entre leurs mains pour lui donner la forme d'une vipère : forme sous laquelle elle devait, ce qui rappelle une image de Pindare, être de nouveau mise au monde pour dévorer sa mère. Mais tout à coup, (c'est Thespésius qui parle), brilla une vive lumière; et de cette lumière sortit une voix, ordonnant de changer l'âme de Néron en une autre espèce d'animal plus doux, d'en confectionner un de ces animaux chanteurs qui entourent les marais et les étangs. «Les crimes qu'a commis Néron, disait la voix, il les a expiés; et les Dieux lui doivent aussi quelque dédommagement favorable, parce qu'il a rendu la liberté à la population la meilleure et la plus religieuse de celles qui lui étaient soumises, c'est-à-dire à la Grèce.» Jusque-là Thespésius n'avait, disait-il, été que spectateur. Mais, comme il était sur le point de s'en retourner, il éprouva toutes sortes d'angoisses, tant fut grande sa frayeur. Il se sentit saisi par une femme d'une beauté et d'une grandeur merveilleuses : Viens ici, toi, lui dit-elle : il faut que tes souvenirs se gravent plus profondément.» Et d'une petite baguette rougie au feu, comme en emploient les peintres, elle allait le toucher, quand une autre femme la retint par le bras. Alors Thespésius, sous une aspiration extrêmement vive et puissante, comme serait celle d'une machine à vent ou d'un siphon, se sentit tout à coup arraché de là. Il était rentré dans son corps, et quand il rouvrit les yeux, c'était en quelque sorte du fond de son sépulcre même.»


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Dernière mise à jour : 1/09/2005