HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Le délais de la justice divine

Chapitre 225

  Chapitre 225

[225] Μετὰ δὲ ταῦτα πρὸς τὴν θέαν τῶν κολαζομένων ἐτρέποντο. καὶ τὰ μὲν πρῶτα δυσχερεῖς καὶ οἰκτρὰς εἶχον μόνον ὄψεις· ἐπεὶ δὲ καὶ φίλοις καὶ οἰκείοις καὶ συνήθεσιν Θεσπέσιος οὐκ ἂν προσδοκήσας κολαζομένοις ἐνετύγχανε, καὶ δεινὰ παθήματα καὶ τιμωρίας ἀσχήμονας καὶ ἀλγεινὰς ὑπομένοντες ᾠκτίζοντο πρὸς ἐκεῖνον καὶ ἀνεκλαίοντο, τέλος δὲ τὸν πατέρα τὸν ἑαυτοῦ κατεῖδεν ἔκ τινος βαράθρου στιγμάτων καὶ οὐλῶν μεστὸν ἀναδυόμενον, ὀρέγοντα τὰς χεῖρας αὐτῷ καὶ σιωπᾶν οὐκ ἐώμενον ἀλλ´ ὁμολογεῖν ἀναγκαζόμενον ὑπὸ τῶν ἐφεστώτων ταῖς τιμωρίαις, ὅτι περὶ ξένους τινὰς μιαρὸς γενόμενος χρυσίον ἔχοντας φαρμάκοις διαφθείρας καὶ ἐκεῖ διαλαθὼν ἅπαντας ἐνταῦθ´ ἐξελεγχθεὶς τὰ μὲν ἤδη πέπονθε τὰ δ´ ἄγεται πεισόμενος, | ἱκετεύειν μὲν παραιτεῖσθαι περὶ τοῦ πατρὸς οὐκ ἐτόλμα δι´ ἔκπληξιν καὶ δέος, ὑποστρέψαι δὲ καὶ φυγεῖν βουλόμενος οὐκέτι τὸν πρᾶον ἐκεῖνον ἑώρα καὶ οἰκεῖον ξεναγόν, ἀλλ´ ὑφ´ ἑτέρων τινῶν φοβερῶν τὴν ὄψιν εἰς τὸ πρόσθεν ὠθούμενος, ὡς ἀνάγκην οὖσαν οὕτω διεξελθεῖν, ἐθεᾶτο τῶν μὲν γνωρίμως πονηρῶν γενομένων καὶ κολασθέντων αὐτόθι τὴν αἰκίαν οὐκέτ´ εἶναι χαλεπῶς οὐδ´ ὁμοίως τριβομένην, ἅτε δὴ περὶ τὸ ἄλογον καὶ παθητικὸν ἔτι μόνον οὖσαν· ὅσοι δὲ πρόσχημα καὶ δόξαν ἀρετῆς περιβαλόμενοι διεβίωσαν κακίᾳ λανθανούσῃ, τούτους ἐπιπόνως καὶ ὀδυνηρῶς ἠνάγκαζον ἕτεροι περιεστῶτες ἐκτρέπεσθαι τὰ ἐντὸς ἔξω τῆς ψυχῆς, ἰλυσπωμένους παρὰ φύσιν καὶ ἀνακαμπτομένους, ὥσπερ αἱ θαλάττιαι σκολόπενδραι καταπιοῦσαι τὸ ἄγκιστρον ἐκτρέπουσιν ἑαυτάς· ἐνίους δ´ ἀναδέροντες αὐτῶν καὶ ἀναπτύσσοντες ἀπεδείκνυσαν ὑπούλους καὶ ποικίλους, ἐν τῷ λογιστικῷ καὶ κυρίῳ τὴν μοχθηρίαν ἔχοντας. ἄλλας δ´ ἔφη ψυχὰς ἰδεῖν, ὥσπερ τὰς ἐχίδνας περιπεπλεγμένας σύνδυο καὶ σύντρεις καὶ πλείονας, ἀλλήλας ἐσθιούσας ὑπὸ μνησικακίας καὶ κακοθυμίας ὧν ἔπαθον ἐν τῷ ζῆν ἔδρασαν. εἶναι δὲ καὶ λίμνας παρ´ ἀλλήλας, τὴν μὲν χρυσοῦ περιζέουσαν τὴν δὲ μολίβδου ψυχροτάτην ἄλλην δὲ τραχεῖαν σιδήρου· καί τινας ἐφεστάναι δαίμονας ὥσπερ οἱ χαλκεῖς ὀργάνοις ἀναλαμβάνοντας καὶ καθιέντας ἐν μέρει τὰς ψυχὰς τῶν δι´ ἀπληστίαν καὶ πλεονεξίαν πονηρῶν. ἐν μὲν γὰρ τῷ χρυσῷ διαπύρους καὶ διαφανεῖς ὑπὸ τοῦ φλέγεσθαι γενομένας ἐνέβαλλον εἰς τὴν τοῦ μολίβδου βάπτοντες· ἐκπαγείσας δ´ αὐτόθι καὶ γενομένας σκληρὰς ὥσπερ αἱ χάλαζαι πάλιν εἰς τὴν τοῦ σιδήρου μεθίστασαν· ἐνταῦθα δὲ μέλαιναί τε δεινῶς ἐγίνοντο καὶ περικλώμεναι διὰ σκληρότητα καὶ συντριβόμεναι τὰ εἴδη μετέβαλλον· εἶθ´ οὕτω πάλιν εἰς τὸν χρυσὸν ἐκομίζοντο, δεινάς, ὡς ἔλεγεν, ἐν ταῖς μεταβολαῖς ἀλγηδόνας ὑπομένουσαι. [225] Après cela ils tournèrent leur attention vers les supplices des criminels. Tout d'abord leurs regards ne furent frappés que de spectacles horribles et propres à faire pitié. Bientôt Thespésius reconnut plusieurs de ses amis, de ses parents, de ses familiers. Contrairement à ce qu'il aurait soupçonné, ils subissaient des souffrances cruelles et des châtiments aussi humiliants que douloureux. Ils se plaignaient à lui et poussaient des sanglots. A la fin ce fut son propre père que d'un abîme profond il vit sortir couvert de stigmates, de traces de coups, et tendant les mains vers son fils. Il n'était pas permis à cette âme de garder le silence. Ceux qui étaient préposés aux châtiments l'obligèrent à confesser, qu'ayant reçu chez lui un étranger pourvu d'or, il avait eu la scélératesse de le faire mourir par le poison. Sur la terre son forfait avait été ignoré de tout le monde; mais en ces lieux il en avait été convaincu. Il avait expié une partie de sa peine, et il était emmené ailleurs pour subir l'autre. Thespésius n'osa prier en faveur de son père ni implorer sa grâce, tant il était lui-même frappé d'épouvante. Il voulait rebrousser chemin et prendre la fuite. Mais l'aimable parent qui lui avait servi de guide avait disparu. D'autres personnages, à l'aspect terrible, le poussaient en avant, comme condamné à ne sortir que de cette manière. Il vit alors les ombres de ceux qui avaient été notoirement criminels, ou qui avaient subi leur châtiment ici-bas. Elles n'étaient plus torturées comme les autres, exemptées qu'elles se trouvaient être dans la partie irraisonnable et passionnée de leur âme. Mais ceux qui, s'entourant d'une apparence et d'une réputation de vertu, avaient passé leur vie entière à commettre le mal en échappant à tous, étaient livrés à d'autres exécuteurs placés autour d'eux. Ceux-ci les forçaient, supplice douloureux et pénible, de retourner au dehors le dedans de leurs âmes. Il leur fallait se rebrousser contre nature, et elles se tordaient, comme les scolopendres marines se retournent elles-mêmes quand elles ont avalé un hameçon. Il y en avait que les exécuteurs écorchaient et déployaient, pour les montrer aux regards, toutes corrompues et toutes tachées : car le vice avait infecté la partie raisonnante et la plus noble de ces créatures. Thespésius disait avoir vu d'autres âmes qui, comme les vipères, étaient entrelacées deux à deux, trois à trois, et se dévoraient mutuellement, par suite de la rancune qu'elles s'étaient conservée et du profond désespoir dans lequel les entretenait le souvenir des maux faits ou subis par elles durant la vie. Il y avait aussi des lacs, parallèles les uns aux autres. Dans l'un bouillonnait de l'or; dans le second c'étaient des flots de plomb glacé; dans un troisième, du fer rigide. Au-dessus des lacs se tenaient certains Génies, faisant office de forgerons. Avec des outils ils en retiraient ou y plongeaient tour à tour les âmes que l'avarice et la cupidité avaient rendues criminelles. Après que dans l'or l'action du feu les avait rendues enflammées et transparentes, elles étaient jetées et trempées dans le plomb, où le froid qui les saisissait - leur donnait la consistance de la grêle. Enfin on les obligeait à passer dans le lac du fer. Là elles devenaient horriblement noires; leur dureté les faisait éclater et se rompre, et elles changeaient de forme. Puis de nouveau on les transvasait dans l'or; et c'étaient pour elles, au dire de Thespésius des tortures cruelles que ces changements.


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Dernière mise à jour : 1/09/2005