[22] Ἐπεὶ δὲ ταῦτ´ εἰπὼν ἐσιώπησα, διαμειδιάσας ὁ
Ὀλύμπιχος ‘οὐκ ἐπαινοῦμέν ς´’ εἶπεν, ‘ὅπως μὴ δόξωμεν
ἀφιέναι τὸν μῦθον ὡς τοῦ λόγου πρὸς ἀπόδειξιν ἱκανῶς
ἔχοντος, ἀλλὰ τότε δώσομεν τὴν ἀπόφασιν, ὅταν κἀκεῖνον
ἀκούσωμεν.’ οὕτως οὖν ἔφην ὅτι ὁ Σολεὺς Θεσπέσιος,
ἀνὴρ ἐκείνου τοῦ γενομένου μεθ´ ἡμῶν ἐνταῦθα Πρωτογένους
οἰκεῖος καὶ φίλος, ἐν πολλῇ βιώσας ἀκολασίᾳ τὸν
πρῶτον χρόνον εἶτα ταχὺ τὴν οὐσίαν ἀπολέσας ἤδη χρόνον
τινὰ καὶ διὰ τὴν ἀνάγκην ἐγένετο πονηρός, καὶ τὸν
πλοῦτον ἐκ μετανοίας διώκων ταὐτὸ τοῖς ἀκολάστοις ἔπασχε
πάθος, οἳ τὰς γυναῖκας ἔχοντες μὲν οὐ φυλάττουσι,
προέμενοι δὲ πειρῶσιν αὖθις ἀδίκως ἑτέροις συνούσας
διαφθείρειν. οὐδενὸς οὖν ἀπεχόμενος αἰσχροῦ φέροντος
εἰς ἀπόλαυσιν ἢ κέρδος οὐσίαν μὲν οὐ πολλὴν δόξαν δὲ
πονηρίας ἐν ὀλίγῳ πλείστην συνήγαγε. μάλιστα δ´ αὐτὸν
διέβαλεν ἀνενεχθεῖσά τις ἐξ Ἀμφιλόχου μαντεία. πέμψας
γὰρ ὡς ἔοικεν ἠρώτα τὸν θεόν, εἰ βέλτιον βιώσεται τὸν
ἐπίλοιπον βίον· ὁ δ´ ἀνεῖλεν ὅτι πράξει βέλτιον, ὅταν ἀποθάνῃ.
καὶ δὴ τρόπον τινὰ τοῦτο μετ´ οὐ πολὺν χρόνον αὐτῷ
συνέπεσε. κατενεχθεὶς γὰρ ἐξ ὕψους τινὸς εἰς τράχηλον
οὐ γενομένου τραύματος ἀλλὰ πληγῆς μόνον ἐξέθανε, καὶ
τριταῖος ἤδη περὶ τὰς ταφὰς αὐτὰς ἀνήνεγκε. ταχὺ δὲ
ῥωσθεὶς καὶ παρ´ αὑτῷ γενόμενος ἄπιστόν τινα τοῦ βίου
τὴν μεταβολὴν ἐποίησεν. οὔτε γὰρ δικαιότερον περὶ τὰ
συμβόλαια γινώσκουσιν ἕτερον Κίλικες ἐν τοῖς τότε
χρόνοις γενόμενον, οὔτε πρὸς τὸ θεῖον ὁσιώτερον οὔτε
λυπηρότερον ἐχθροῖς ἢ βεβαιότερον φίλοις· ὥστε καὶ
ποθεῖν τοὺς ἐντυγχάνοντας αὐτῷ τὴν αἰτίαν ἀκοῦσαι
τῆς διαφορᾶς, οὐκ ἀπὸ τοῦ τυχόντος οἰομένους γεγονέναι
διακόσμησιν εἰς ἦθος τοσαύτην. ὅπερ ἦν ἀληθές, ὡς αὐτὸς
διηγεῖτο τῷ τε Πρωτογένει καὶ τοῖς ὁμοίως ἐπιεικέσι τῶν φίλων.
| [22] Après ces paroles, je gardai le silence, et Olympicus
me dit en souriant : «Nous n'avons. garde de vous donner
des éloges, de peur que nous ne semblions vous tenir
quitte de l'histoire, comme si nous avions trouvé la question
suffisamment éclaircie. Nous nous prononcerons après cette
histoire aussi entendue.» — Je repris donc la parole en ces
termes : «Thespésius de Soles, parent et ami de ce Protogène
qui a demeuré ici avec nous, avait passé sa première
jeunesse dans un complet libertinage, et il eut bien vite
perdu tout ce qu'il possédait. Au bout de quelque temps
le besoin le jeta dans le vice : il voulut regagner la richesse
qu'il se repentait d'avoir dissipée. Il était comme ces débauchés
qui ne gardent pas leurs femmes quand ils les ont,
et qui après les avoir laissées se remarier avec d'autres, tâchent
de les séduire et d'avoir avec elles un commerce secret.
Ne s'abstenant donc d'aucune manoeuvre honteuse
qui pouvait lui procurer de la jouissance ou du gain, il acquit
en peu de temps une fortune considérable, mais en
même temps une réputation, plus grande encore, de méchanceté
et de scélératesse.
«Ce qui acheva de le perdre dans l'opinion publique, ce fut
une réponse qu'on lui rapporta de l'oracle d'Amphilochus.
Il paraît qu'il avait envoyé demander au Dieu, si sa condition
serait meilleure à l'avenir qu'elle n'avait été par le passé. Il
lui fut déclaré, qu'il serait plus heureux après sa mort. C'est
ce qui lui arriva en quelque sorte à peu de temps de là. Ayant
fait d'une certaine hauteur une chute sur le cou, il ne se déclara
pas de blessure; il n'y eut qu'une contusion. Il tomba
en léthargie, et au bout de trois jours, au moment même où
l'on se préparait à l'ensevelir, il revint à la vie. Son rétablissement
fut rapide; et, une fois qu'il fut revenu à lui-même,
un changement merveilleux s'opéra dans sa conduite. On ne
connaît pas en Cilicie d'homme qui ait été plus scrupuleux,
plus juste en affaires, plus respectueux envers la Divinité,
plus redouté de ses ennemis, plus sûr pour ses amis. C'était
au point, que tous ceux qui avaient affaire à lui désiraient
apprendre de sa bouche la cause d'un tel changement à cette
époque-là. On ne pouvait croire que le hasard seul eût produit
une réforme aussi radicale dans son caractère. Et cela
était vrai, comme il le racontait lui-même à Protogène, et
pareillement à d'autres amis non moins recommandables.
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