HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Le délais de la justice divine

Chapitre 21

  Chapitre 21

[21] ‘Ἡμεῖς δ´ ἀρτίως μὲν ἠγανακτοῦμεν ὡς ὀψὲ καὶ βραδέως τῶν πονηρῶν δίκην διδόντων, νῦν δ´ ὅτι καὶ πρὶν ἀδικεῖν ἐνίων τὴν ἕξιν αὐτῶν κολούει καὶ τὴν διάθεσιν, ἐγκαλοῦμεν ἀγνοοῦντες ὅτι τοῦ γενομένου πολλάκις τὸ μέλλον καὶ τὸ λανθάνον τοῦ προδήλου χεῖρόν ἐστι καὶ φοβερώτερον, οὐ δυνάμενοι δὲ συλλογίζεσθαι τὰς αἰτίας, δι´ ἃς ἐνίους μὲν καὶ ἀδικήσαντας ἐᾶν βέλτιόν ἐστιν ἐνίους δὲ καὶ διανοουμένους προκαταλαμβάνειν· ὥσπερ ἀμέλει καὶ φάρμακ´ ἐνίοις μὲν οὐχ ἁρμόζει νοσοῦσιν, ἐνίοις δὲ λυσιτελεῖ καὶ μὴ νοσοῦσιν ἐπισφαλέστερον ἐκείνων ἔχουσιν. ὅθεν οὐδὲ πάντατὰ τῶν τεκόντων σφάλματ´ εἰς τοὺς ἐκγόνους οἱ θεοὶ τρέπουσιν‘, ἀλλ´ ἐὰν μὲν ἐκ φαύλου γένηται χρηστὸς ὥσπερ εὐεκτικὸς ἐκ νοσώδους, ἀφεῖται τῆς τοῦ γένους ποινῆς οἷον ἐκποίητος τῆς κακίας γενόμενος, νόσον δ´ εἰς ὁμοιότητα μοχθηροῦ γένους ἀναφερομένῳ προσήκει δήπουθεν ὡς χρέα κληρονομίας διαδέχεσθαι τῆς πονηρίας τὴν κόλασιν. οὐ γὰρ Ἀντίγονός γε διὰ Δημήτριον οὐδὲ τῶν προτέρων Φυλεὺς δι´ Αὐγέαν οὐδὲ Νέστωρ διὰ Νηλέα δίκας ἔδωκεν | (ἐκ κακῶν μὲν γὰρ ἀγαθοὶ δ´ ἦσαν), ἀλλ´ ὅσων φύσις ἔστερξε καὶ προσήκατο τὸ συγγενές, τούτων δίκη διώκουσα τὴν ὁμοιότητα τῆς κακίας ἐπεξῆλθεν. ὡς γὰρ ἀκροχορδόνες καὶ μελάσματα καὶ φακοὶ πατέρων ἐν παισὶν ἀφανισθέντες ἀνέκυψαν ὕστερον ἐν υἱωνοῖς καὶ θυγατριδοῖς, καὶ γυνή τις Ἑλληνὶς τεκοῦσα βρέφος μέλαν εἶτα κρινομένη μοιχείας ἐξανεῦρεν αὑτὴν Αἰθίοπος οὖσαν γενεὰν τετάρτην, τῶν δὲ Πύθωνος τοῦ Θισβέως παίδων, ὃς ἔναγχος τέθνηκε, λεγομένου τοῖς Σπαρτοῖς προσήκειν εἷς ἐξανήνεγκε λόγχης τύπον ἐν τῷ σώματι, διὰ χρόνων τοσούτων ἀνασχούσης καὶ ἀναδύσης ὥσπερ ἐκ βυθοῦ τῆς πρὸς τὸ γένος ὁμοιότητος, οὕτω πολλάκις ἤθη καὶ πάθη ψυχῆς αἱ πρῶται κρύπτουσι γενέσεις καὶ καταδύουσιν, ὕστερον δέ ποτε καὶ δι´ ἑτέρων ἐξήνθησε καὶ ἀπέδωκε τὸ οἰκεῖον εἰς κακίαν καὶ ἀρετὴν φύσις.’ [21] Nous nous courroucions tout à l'heure de ce que les méchants subissent une punition trop tardive et trop lente; et maintenant, que, pour prévenir le moment où quelques uns commettraient des injustices, Dieu comprime leur naturel et leurs dispositions, nous l'accusons encore. Hélas ! Nous ne savons pas que l'avenir est souvent pire et plus à redouter que le présent, qu'il y a plus de mal dans ce qui est caché que dans ce qui paraît au dehors. Notre raison ne peut pénétrer les motifs pour lesquels il est meilleur que certains coupables soient laissés en repos après la consommation de leur crime et que certains autres soient retenus au moment où ils en conçoivent la pensée. Il en est de cela comme des remèdes : ils ne conviennent pas à certaines gens, bien que ceux-ci soient malades ; et l'effet en est salutaire pour d'autres qui, n'étant pas atteints présentement, sont dans une situation plus dangereuse que les premiers. De là vient que les Dieux ne tournent pas non plus sur les enfants toutes les fautes des pères. Si un homme corrompu donne le jour à un fils vertueux, de même qu'un enfant robuste naît d'un homme maladif, ce fils est affranchi de la peine réservée à sa race, comme étant entré de la famille du vice dans celle de la vertu. Mais aussi le jeune homme qui se sera lancé dans l'imitation de la perversité paternelle devra, non moins que s'il s'agissait des dettes de la succession, subir le châtiment des iniquités antérieures. Antigone ne fut pas puni des crimes de son père Démétrius. Pour citer d'autres méchants, Phylée fils d'Augias, Nestor fils de Pélée, ne furent pas condamnés à l'expiation, parce que, nés de pères méchants, ils étaient eux-mêmes vertueux. Mais tous ceux dont le naturel a aimé, reçu et pratiqué ce qui venait de leurs pères, ceux-là ont été poursuivis au delà de la première génération par la justice divine, qui a puni en eux cette conformité dans le vice. «Car de même que les verrues, les taches et les lentilles qui sont sur le corps des pères n'existent pas chez les enfants, et reparaissent plus tard sur les petits-fils et les petits-neveux, de même qu'une femme grecque étant accouchée d'un enfant noir et ayant été accusée d'adultère, on parvint à retrouver qu'elle descendait au quatrième degré d'un Éthiopien, de même, enfin, que Python le Nisibien, passant pour être de la race dite des «Semés», celui de ses fils qui est mort récemment portait sur le corps la figure d'une lance, signe distinctif qui semblait sortir de l'abîme des âges et reparaître pour constater la similitude des races; de même aussi, les affections de l'âme et ses qualités sont souvent cachées et comme ensevelies dans les premières générations. Ce n'est que plus tard, dans d'autres rejetons, que la nature fait renaître et développe le germe primitif du vice et de la vertu.


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Dernière mise à jour : 1/09/2005