| [2] Καὶ ὁ Πατροκλέας ‘ἡ περὶ τὰς τιμωρίας’ εἶπε ‘τῶν
 πονηρῶν βραδυτὴς τοῦ δαιμονίου καὶ μέλλησις ἐμοὶ δοκεῖ
 μάλιστα δεινὸν εἶναι· καὶ νῦν ὑπὸ τῶν λόγων τούτων
 ὥσπερ πρόσφατος γέγονα τῇ δόξῃ καὶ καινός, ἔκπαλαι δ´
 ἠγανάκτουν ἀκούων Εὐριπίδου λέγοντος,
  ’Μέλλει, τὸ θεῖον δ´ ἐστὶ τοιοῦτον φύσει.‘
  Καίτοι πρὸς οὐθὲν ἥκιστα δὲ πρέπει πρὸς τοὺς πονηροὺς
 ῥᾴθυμον εἶναι τὸν θεόν, οὐ ῥᾳθύμους ὄντας αὐτοὺς οὐδ´
 ’ἀμβολιεργούς‘ τοῦ κακῶς ποιεῖν, ἀλλ´ ὀξυτάταις ὁρμαῖς
 ὑπὸ τῶν παθῶν φερομένους πρὸς τὰς ἀδικίας. καὶ μήν ’τὸ
 ἀμύνασθαι τῷ παθεῖν,‘ ὡς Θουκυδίδης  φησίν,
 ’ὅτι ἐγγυτάτω κείμενον‘ εὐθὺς ἀντιφράττει τὴν ὁδὸν τοῖς
 ἐπὶ πλεῖστον εὐροούσῃ τῇ κακίᾳ χρωμένοις. οὐθὲν γὰρ
 οὕτω χρέος ὡς τὸ τῆς δίκης ὑπερήμερον γινόμενον ἀσθενῆ
 μὲν ταῖς ἐλπίσι ποιεῖ καὶ ταπεινὸν τὸν ἀδικούμενον, αὔξει
 δὲ θρασύτητι καὶ τόλμῃ τὸν μοχθηρόν· αἱ δ´ ὑπὸ χεῖρα
 τοῖς τολμωμένοις ἀπαντῶσαι τιμωρίαι καὶ τῶν μελλόντων
 εἰσὶν ἐπισχέσεις ἀδικημάτων καὶ μάλιστα τὸ παρηγοροῦν
 τοὺς πεπονθότας ἔνεστιν αὐταῖς. ὡς ἔμοιγε καὶ τὸ τοῦ
 Βίαντος ἐνοχλεῖ πολλάκις ἀναλαμβάνοντι τὸν λόγον· ἔφη
 γάρ, ὡς ἔοικε, πρός τινα πονηρόν, ὡς οὐ δέδιε μὴ οὐ δῷ
 δίκην, ἀλλὰ μὴ οὐκ αὐτὸς ἐπίδῃ. τί γὰρ Μεσσηνίοις
 ὄφελος τοῖς προαναιρεθεῖσι τῆς Ἀριστοκράτους τιμωρίας,
 ὃς προδοὺς τὴν ἐπὶ Κάπρῳ μάχην καὶ λαθὼν ὑπὲρ εἴκοσιν
 ἔτη καὶ πάντα ταῦτα βασιλεύσας Ἀρκάδων ὕστερον ἔδωκε
 δίκην φωραθείς, οἱ δ´ οὐκέτ´ ἦσαν; ἢ τίν´ Ὀρχομενίων τοῖς
 ἀποβαλοῦσι παῖδας καὶ φίλους καὶ οἰκείους ὑπὸ Λυκίσκου
 προδοθέντας ἤνεγκε παραμυθίαν ἡ χρόνοις ὕστερον πολλοῖς
 ἁψαμένη νόσος κατανεμηθεῖσα τοῦ σώματος, | ὅσον
 ἀεὶ βάπτων καὶ βρέχων εἰς τὸν ποταμὸν ὤμοσε καὶ κατηράσατο
 σαπῆναι προδόντος αὐτοῦ καὶ ἀδικήσαντος; τὰς
 μὲν γὰρ Ἀθήνησι τῶν ἐναγῶν σωμάτων ῥίψεις καὶ νεκρῶν
 ἐξορισμοὺς οὐδὲ παίδων παισὶν ἐπιδεῖν ὑπῆρξε τῶν ἀποσφαγέντων
 ἐκείνων. ὅθεν Εὐριπίδης ἄτοπος εἰς ἀποτροπὴν
 κακίας τούτοις χρώμενος·
 ’οὔτοι προσελθοῦς´ ἡ Δίκη σε, μὴ τρέσῃς,
 παίσει πρὸς ἧπαρ οὐδὲ τῶν ἄλλων βροτῶν
 τὸν ἄδικον, ἀλλὰ σῖγα καὶ βραδεῖ ποδὶ
 στείχουσα μάρψει τοὺς κακούς, ὅταν τύχῃ.‘
 Οὐ γὰρ ἄλλα δήπου, ταῦτα δ´ αὐτὰ τοὺς κακοὺς εἰκός ἐστιν
 ἑαυτοῖς διακελευομένους καὶ παρεγγυῶντας ἐπιχειρεῖν τοῖς
 παρανομήμασιν, ὡς τῆς ἀδικίας τὸν μὲν καρπὸν εὐθὺς
 ὡραῖον καὶ προῦπτον ἀποδιδούσης, τὴν δὲ τιμωρίαν ὀψὲ
 καὶ πολὺ τῆς ἀπολαύσεως καθυστεροῦσαν.’
 | [2] Alors Patroclès : «Ce qu'il a dit touchant la lenteur 
et les retards que la Divinité met à punir les méchants me 
parait plus scandaleux que le reste. En outre, voilà que son 
discours m'a rendu en quelque sorte tout frais et tout neuf 
sur la manière d'envisager cette question. Depuis longtemps 
je m'indignais d'entendre dire à Euripide:
"Il hésite : les Dieux ne savent qu'hésiter".
En aucun cas, et encore moins quand il s'agit des méchants, 
Dieu ne doit montrer de lenteur. Ils n'en ont pas, eux. 
Ils ne temporisent point pour faire le mal; et leur passion 
les porte à l'injustice avec l'élan le plus rapide. Quand la 
punition suit de près le crime, dit Thucydide, elle arrête 
aussitôt dans leur marche ceux qu'enhardit généralement le 
succès. Car de toutes les dettes, c'est l'expiation juste dont 
le délai abat et renverse le plus les espérances de l'opprimé, 
tandis que ce délai fait grandir le persécuteur en insolence 
et en audace; comme, au contraire, quand la vengeance est 
là, sous la main, qu'elle court au-devant de l'attentat, les 
forfaits qui se préparaient s'arrêtent, et surtout les victimes 
peuvent reprendre courage. Il est une parole de 
Bias qui me revient souvent à l'esprit, et qui m'afflige toujours. 
Il eut, à ce qu'il paraît, occasion de dire à un scélérat : 
«Je ne crains pas que tu évites le châtiment, mais 
j'ai peur de ne pas en être témoin.» En effet, de quoi
servit le châtiment d'Aristocrate aux Messéniens qu'il avait 
fait périr auparavant ? Après avoir trahi les siens à la bataille 
qui se donna près de la Fosse, il régna vingt années 
entières en Arcadie sans être soupçonné. Ce fut tardivement 
que l'on reconnut et punit son crime ; mais les malheureux 
n'existaient plus. Il en arriva de même pour les Orchoméniens, 
auxquels la trahison de Lyciscus avait enlevé leurs 
enfants, leurs amis et leurs proches. Quelle consolation 
éprouvèrent-ils de ce que bien longtemps après il fut 
envahi par un mal qui rongea tout son corps? Du reste, 
chaque fois qu'il mettait ses pieds dans la rivière et qu'il 
les lavait, il proférait toujours cette imprécation qu'il 
accompagnait d'un serment : «Tombent mes pieds en 
pourriture, si j'ai trahi mes compatriotes et manqué à 
mes devoirs !» Lorsque les Athéniens ordonnèrent que 
l'on jetât à la voirie les restes impurs de ce misérable avec 
ceux de ses complices et qu'on portât ces cadavres hors du 
territoire, ni les fils des victimes ni les enfants de ces fils 
ne purent assister à cette réparation. Aussi, trouvé-je absurde 
le raisonnement dont Euripide se sert pour détourner 
les hommes de faire le mal :
"Sois tranquille : sur toi la céleste vengeance, 
Ni sur les scélérats qui sont de ton engeance, 
En te frappant au coeur soudain ne fondra pas : 
Au jour dit elle vient, sans bruit, et pas à pas."
Ne cherchez point ailleurs d'autres raisons : ce sont précisément 
celles-là qui déterminent tout naturellement les 
criminels. Ils s'encouragent, ils s'enhardissent à consommer 
l'iniquité, convaincus que le fruit en est tout aussitôt mûr 
et à leur portée, tandis que l'expiation, selon eux, est 
tardive et ne viendra que bien longtemps après la jouissance.»
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