[19] ‘Ὁ γὰρ Βίων τὸν θεὸν κολάζοντα τοὺς παῖδας τῶν
πονηρῶν γελοιότερον εἶναί φησιν ἰατροῦ διὰ νόσον πάππου
καὶ πατρὸς ἔκγονον ἢ παῖδα φαρμακεύοντος. ἔστι δὲ πῆ
μὲν ἀνόμοια τὰ πράγματα πῆ δ´ ἐοικότα καὶ ὅμοια. νόσου
μὲν γὰρ ἄλλος ἄλλον οὐ παύει θεραπευόμενος, οὐδὲ βέλτιόν
τις ἔσχε τῶν ὀφθαλμιώντων ἢ πυρεττόντων ἰδὼν
ἄλλον ὑπαλειφόμενον ἢ καταπλαττόμενον· αἱ δὲ τιμωρίαι
τῶν πονηρῶν διὰ τοῦτο δείκνυνται πᾶσιν, ὅτι δίκης κατὰ
λόγον περαινομένης ἔργον ἐστὶν ἑτέρους δι´ ἑτέρων κολαζομένων
ἐπισχεῖν. ᾗ δὲ προσέοικε τῷ ζητουμένῳ τὸ παραβαλλόμενον
ὑπὸ τοῦ Βίωνος, ἔλαθεν αὐτόν· ἤδη γὰρ
ἀνδρὸς εἰς νόσημα μοχθηρὸν οὐ μὴν ἀνίατον ἐμπεσόντος,
εἶτ´ ἀκρασίᾳ καὶ μαλακίᾳ προεμένου τῷ πάθει τὸ σῶμα
καὶ διαφθαρέντος υἱὸν οὐ δοκοῦντα νοσεῖν ἀλλὰ μόνον
ἐπιτηδείως ἔχοντα πρὸς τὴν αὐτὴν νόσον ἰατρὸς ἢ οἰκεῖος
ἢ ἀλείπτης καταμαθὼν ἢ δεσπότης χρηστὸς ἐμβαλὼν εἰς
δίαιταν αὐστηρὰν καὶ ἀφελὼν ὄψα καὶ πέμματα καὶ πότους
καὶ γύναια, φαρμακείαις δὲ χρησάμενος ἐνδελεχέσι καὶ
διαπονήσας γυμνασίοις ἐσκέδασε καὶ ἀπέπεμψε μεγάλου
πάθους σπέρμα μικρόν, οὐκ ἐάσας εἰς μέγεθος προελθεῖν.
ἦ γὰρ οὐχ οὕτω παρακελευόμεθα προσέχειν ἀξιοῦντες
ἑαυτοῖς καὶ παραφυλάττεσθαι καὶ μὴ παραμελεῖν ὅσοι
γεγόνασιν ἐκ πατέρων ἢ μητέρων νοσηματικῶν, ἀλλ´
εὐθὺς ἐξωθεῖν τὴν ἐγκεκραμένην ἀρχὴν εὐκίνητον οὖσαν
καὶ ἀκροσφαλῆ προκαταλαμβάνοντας;’ ‘πάνυ μὲν οὖν’
ἔφασαν. ‘οὐ τοίνυν ἄτοπον’ εἶπον ‘ἀλλ´ ἀναγκαῖον, οὐδὲ
γελοῖον ἀλλ´ ὠφέλιμον πρᾶγμα ποιοῦμεν, ἐπιληπτικῶν
παισὶ καὶ μελαγχολικῶν καὶ ποδαγρικῶν γυμνάσια καὶ
διαίτας καὶ φάρμακα προσάγοντες οὐ νοσοῦσιν ἀλλ´ ἕνεκα
τοῦ μὴ νοσῆσαι· τὸ γὰρ ἐκ πονηροῦ σώματος γινόμενον
σῶμα τιμωρίας μὲν οὐδεμιᾶς ἰατρείας δὲ καὶ φυλακῆς
ἄξιόν ἐστιν· ἣν εἴ τις, ὅτι τὰς ἡδονὰς ἀφαιρεῖ καὶ δηγμὸν
ἐπάγει καὶ πόνον, τιμωρίαν ὑπὸ δειλίας καὶ μαλακίας
ἀποκαλεῖ, χαίρειν ἐατέον. ἆρ´ οὖν σῶμα μὲν ἔκγονον
φαύλου σώματος ἄξιόν ἐστι θεραπεύειν καὶ φυλάττειν,
κακίας δ´ ὁμοιότητα συγγενικὴν ἐν νέῳ βλαστάνουσαν
ἤθει καὶ ἀναφυομένην ἐᾶν δεῖ | καὶ περιμένειν καὶ μέλλειν,
ἄχρι ἂν ἐκχυθεῖσα τοῖς πάθεσιν ἐμφανὴς γένηται
’κακόφρονά τ´ ἀμφάνῃ πραπίδων καρπόν‘
ὥς φησι Πίνδαρος;
| [19] Bion prétend que Dieu, en punissant la postérité
des méchants, serait plus digne d'être moqué qu'un médecin
qui, à cause de la maladie de l'aïeul ou du père, donnerait
des drogues au petit-fils ou au fils. Mais cette comparaison
pèche par un point, en admettant qu'elle soit
vraisemblable et exacte par un autre. La maladie d'un
homme ne cesse point parce qu'on en traite un autre individu.
Il n'y a pas soulagement à l'ophthalmie ou à la fièvre
de celui-ci, parce qu'il voit appliquer un collyre ou un
topique à celui-là. Au contraire il y a un motif pour que
les punitions des méchants soient montrées aux regards de
tous : c'est que quand la justice est administrée avec raison,
elle a pour effet de retenir les uns par le châtiment des
autres. Mais le point en quoi la comparaison faite par Bion
touche à ce qui nous occupe actuellement a échappé à ce
philosophe lui-même. Il est arrivé plus d'une fois, qu'un
homme tombé dans une maladie dangereuse et non pas
pourtant incurable, ait complétement, à force d'intempérance
et de mollesse, livré son corps aux progrès du mal
jusqu'à ce qu'il ait succombé. Le fils de cet homme ne semble
pas être atteint de la même maladie; il y est seulement
prédisposé. Un médecin un parent, un maître de gymnastique
s'en sont aperçus, ou bien un maître plein de bonté
pour ses esclaves. Aussitôt on l'a jeté dans un régime sévère :
on lui a retranché les ragoûts, les pâtisseries, le vin,
les femmes. On lui a fait user souvent de médecines; on a
fortifié son corps par des exercices; on a dissipé et fait
évanouir le germe, petit encore, d'une grande maladie, en
ne permettant pas à ce germe de prendre plus d'accroissement.
N'est-ce pas ainsi que nous prodiguons les avis à tous
ceux qui sont nés de père ou de mère maladifs? que nous les
engageons à être attentifs, à s'observer, à ne pas commettre
une seule imprudence ? Ne leur recommandons-nous pas
de s'y prendre à l'avance, afin qu'ils chassent au plus tôt
ces causes de maladie mêlées à leur tempérament, pendant
qu'elles sont faciles à jeter au dehors et peuvent être neutralisées
sans peine.» — «Cela est parfaitement vrai,» répondirent
nos interlocuteurs. — «Ce n'est donc pas, repris-je,
chose déplacée, mais nécessaire; ce n'est pas un acte ridicule,
mais un acte utile, que nous accomplissons en prescrivant
aux enfants des épileptiques, des mélancoliques et
des goutteux les exercices du gymnase, un régime suivi et
certains remèdes. Nous savons bien qu'ils ne sont point malades,
mais c'est en vue qu'ils ne le deviennent pas. Le
corps né d'un autre corps qui était en mauvais état est digne,
non pas sans doute de châtiments, mais de remèdes
et de précautions. Si par lâcheté et mollesse quelqu'un appelle
ces précautions un châtiment, parce qu'elles privent
des plaisirs et qu'elles suscitent de la douleur et de la peine,
il faut laisser un tel homme pour ce qu'il est. Et d'autre
part, s'il est convenable d'entourer de soins et de précautions
le corps né d'un autre qui est vicieux, est-ce à dire
qu'il faille tolérer une similitude de vice héréditaire, quand
le mal commence à croître et à se développer dans un jeune
coeur? Est-ce à dire qu'il faille rester oisif, et attendre jusqu'à
ce que ce vice ait envahi toutes les affections, ait éclaté
au grand jour, ait, selon l'expression de Pindare,
"A tous montré d'un coeur les fruits malicieux?"
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