HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Le délais de la justice divine

Chapitre 10

  Chapitre 10

[10] Καίτοι τί κωλύει μηδὲ τοὺς ἐπὶ θανάτῳ καθειργμένους φάναι κολάζεσθαι, μέχρι οὗ τις ἀποκόψῃ τὸν τράχηλον, μηδὲ τὸν πεπωκότα τὸ κώνειον εἶτα περιιόντα καὶ προσμένοντα βάρος ἐγγενέσθαι τοῖς σκέλεσιν αὑτοῦ, πρὶν τὴν συνάπτουσαν ἀναισθησίᾳ σβέσιν καὶ πῆξιν καταλαβεῖν, εἰ τὸν ἔσχατον τῆς τιμωρίας καιρὸν ἡγούμεθα τιμωρίαν τὰ δ´ ἐν μέσῳ παθήματα καὶ φόβους καὶ προσδοκίας καὶ μεταμελείας, οἷς ἀδικήσας ἕκαστος ἐνέχεται τῶν πονηρῶν, παραλείπομεν, ὥσπερ ἰχθὺν καταπεπωκότα τὸ ἄγκιστρον οὐ φάσκοντες ἑαλωκέναι, πρὶν ὑπὸ τῶν μαγείρων ὀπτώμενον ἴδωμεν κατατεμνόμενον; ἔχεται γὰρ ἕκαστος ἀδικήσας τῇ δίκῃ καὶ τὸ γλυκὺ τῆς ἀδικίας ὥσπερ δέλεαρ εὐθὺς ἐξεδήδοκε, τὸ δὲ συνειδὸς ἐγκείμενον ἔχων καὶ ἀποτινάσσων, ’θύννος βολαῖος πέλαγος ὣς διαστροβεῖ.‘ γὰρ ἰταμότης ἐκείνη καὶ τὸ θρασὺ τῆς κακίας ἄχρι τῶν ἀδικημάτων ἰσχυρόν ἐστι καὶ πρόχειρον, | εἶτα τοῦ πάθους ὥσπερ πνεύματος ὑπολείποντος ἀσθενὲς καὶ ταπεινὸν ὑποπίπτει τοῖς φόβοις καὶ ταῖς δεισιδαιμονίαις· ὥστε πρὸς τὰ γιγνόμενα καὶ πρὸς τὴν ἀλήθειαν ἀποπλάττεσθαι τὸ τῆς Κλυταιμνήστρας ἐνύπνιον τὸν Στησίχορον, οὑτωσί πως λέγονταΤᾷδὲ δράκων ἐδόκησεν μολεῖν κάρα βεβροτωμένος ἄκρον, ἐκ δ´ ἄρα τοῦ βασιλεὺς Πλεισθενίδας ἐφάνη.‘ Καὶ γὰρ ὄψεις ἐνυπνίων καὶ φάσματα μεθημερινὰ καὶ χρησμοὶ καὶ καταιβασίαι, καὶ τι δόξαν ἔσχεν αἰτίᾳ θεοῦ περαίνεσθαι, χειμῶνας ἐπάγει καὶ φόβους τοῖς οὕτω διακειμένοις. οἷόν φασιν Ἀπολλόδωρόν ποτε κατὰ τοὺς ὕπνους ὁρᾶν ἐκδερόμενον ἑαυτὸν ὑπὸ Σκυθῶν εἶτα καθεψόμενον, τὴν δὲ καρδίαν ἐκ τοῦ λέβητος ὑποφθεγγομένην καὶ λέγουσανἐγώ σοι τούτων αἰτία‘, καὶ πάλιν τὰς θυγατέρας διαπύρους καὶ φλεγομένας τοῖς σώμασι κύκλῳ περὶ αὐτὸν τρεχούσας, Ἵππαρχον δὲ τὸν Πεισιστράτου μικρὸν ἔμπροσθεν τῆς τελευτῆς αἷμα προσβάλλουσαν αὐτῷ τὴν Ἀφροδίτην ἔκ τινος φιάλης πρὸς τὸ πρόσωπον. οἱ δὲ Πτολεμαίου τοῦ Κεραυνοῦ φίλοι καλούμενον αὐτὸν ἑώρων ἐπὶ δίκην ὑπὸ Σελεύκου γυπῶν καὶ λύκων δικαζόντων καὶ κρέα πολλὰ τοῖς πολεμίοις διανέμοντα. Παυσανίας δὲ Κλεονίκην ἐν Βυζαντίῳ παρθένον ἐλευθέραν ὕβρει μεταπεμψάμενος ὡς ἕξων διὰ νυκτός, εἶτα προσιοῦσαν ἔκ τινος ταραχῆς καὶ ὑποψίας ἀνελὼν ἑώρα πολλάκις ἐν τοῖς ὕπνοις λέγουσαν αὐτῷΒαῖνε δίκης ἆσσον· μάλα τοι κακὸν ἀνδράσιν ὕβρις.‘ οὐ παυομένου δὲ τοῦ φάσματος, ὡς ἔοικε, πλεύσας ἐπὶ τὸ ψυχοπομπεῖον εἰς Ἡράκλειαν ἱλασμοῖς τισι καὶ χοαῖς ἀνεκαλεῖτο τὴν ψυχὴν τῆς κόρης· ἐλθοῦσα δ´ εἰς ὄψιν εἶπεν ὅτι παύσεται τῶν κακῶν, ὅταν ἐν Λακεδαίμονι γένηται· γενόμενος δ´ εὐθὺς ἐτελεύτησεν. [10] «Autrement, rien empêche-t-il de dire que les criminels enfermés pour subir la peine capitale ne sont pas punis tant qu'on ne leur a pas coupé le cou? De dire que celui qui, ayant bu la ciguë, se promène ensuite et attend que ses jambes s'appesantissent, n'a pas subi sa peine tant qu'il n'a pas été saisi d'une extinction que suivent l'insensibilité et un engourdissement complet? N'est-ce que le moment extrême de l'exécution, que nous devions regarder comme le châtiment? Les souffrances intermédiaires, les terreurs, l'attente du supplice, les remords, enfin tout ce qui tourmente le criminel après la consommation de son crime, doit-il être compté pour rien? Autant vaudrait soutenir qu'un des poissons qui a avalé l'hameçon n'est pas pris tant que nous ne le voyons pas mis sur le feu et coupé en morceaux par les cuisiniers. Oui, quiconque s'est rendu coupable est saisi par la justice. Le plaisir qu'il a trouvé à mal faire est comme une amorce aussitôt dévorée par lui. Harponné par le remords vengeur qui ne le lâche pas, "Il fait tournoyer l'eau comme un requin blessé". En effet, la pétulance et l'audace du crime se conservent dans leur force et dans leur activité jusqu'à l'accomplissement de la faute ; mais ensuite la passion, comme un vent qui tombe, s'affaiblit et s'affaisse sous le poids des terreurs et de la crainte des Dieux. Aussi, c'est bien d'après l'expérience et la réalité que Stésichore a imaginé le songe de Clytemnestre, quand il fait dire à cette princesse : "Un monstre m'apparut, dragon à tête humaine. J'y reconnus tes traits, petit-fils de Plisthène". Les visions des songes, les apparitions en plein jour, les oracles, les météores, et tout ce qui semble être accompli par une volonté divine, soulèvent des orages et des frayeurs dans les âmes disposées de cette manière. C'est ainsi qu'Apollodore, à ce que l'on rapporte, se vit, dans un songe, écorché par les Scythes. Ils le faisaient ensuite bouillir, et du fond de la, chaudière il entendait son propre coeur qui tout bas lui disait : «C'est moi qui te cause ces souffrances.» De plus, ses filles, tout en feu et le corps brûlé, couraient autour de lui. Hipparque, fils de Pisistrate, peu de jours avant sa mort, crut voir Vénus prendre du sang dans une coupe, et le lui jeter au visage. Les familiers de Ptolémée, celui qui fut surnommé la Foudre, le virent en songe cité en justice par Séleucus. C'étaient des loups et des vautours qui composaient le tribunal, et Séleucus distribuait aux ennemis une grande quantité de viandes. Pausanias, étant à Byzance, avait envoyé chercher Cléonice, jeune fille de condition libre, pour la déshonorer et passer la nuit avec elle. Au moment où elle entrait il fut saisi d'une sorte de trouble et de soupçon, et lui donna la mort. Depuis lors, souvent il la vit dans ses rêves, et Cléonice lui disait : "Monstre, cours expier tes insolents plaisirs. Le ciel punit toujours les coupables désirs". Et comme cette vision, à ce qu'il paraît, ne cessait de l'obséder, il fit voile pour Héraclée, où il y avait un lieu consacré à l'évocation des âmes. Après certaines cérémonies expiatoires et des libations, il somma l'âme de la jeune fille de se montrer. Elle parut à ses regards, et lui dit que ses tourments cesseraient quand il serait à Lacédémone. Il s'y rendit, et mourut aussitôt.


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Dernière mise à jour : 1/09/2005