HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, De la curiosité

Chapitre 8

  Chapitre 8

[8] οἱ δὲ πολυπράγμονες ὡς ἕωλόν τι πρᾶγμα καὶ ψυχρὸν καὶ ἀτράγῳδον φεύγοντες τὴν ἀγροικίαν εἰς τὸ δεῖγμα καὶ τὴν ἀγορὰν καὶ τοὺς λιμένας ὠθοῦνται· ‘μή τι καινόν;’ — ‘οὐ γὰρ ἦς πρωῒ κατ´ ἀγοράν;’ — ‘τί οὖν; ἐν ὥραις τρισὶν οἴει τὴν πόλιν μετακεκοσμῆσθαι;’ οὐ μὴν ἀλλ´ ἂν μέν τις ἔχῃ τι τοιοῦτον εἰπεῖν, καταβὰς ἀπὸ τοῦ ἵππου δεξιωσάμενος καταφιλήσας ἕστηκεν ἀκροώμενος· ἐὰν δ´ ἀπαντήσας εἴπῃ τις ὅτι οὐθὲν καινόν, ὥσπερ ἀχθόμενοςτί λέγεις;’ φησίνοὐ γέγονας κατ´ ἀγοράν; οὐ παρελήλυθας τὸ στρατήγιον; οὐδὲ τοῖς ἐξ Ἰταλίας ἥκουσιν ἐντετύχηκας;’ διὸ καλῶς οἱ τῶν Λοκρῶν ἄρχοντες· ἐπεὶ γάρ τις ἐξ ἀποδημίας προσιὼν ἠρώτησεμή τι καινόν;’ ἐζημίωσαν αὐτόν. ὡς γὰρ οἱ μάγειροι φορὰν εὔχονται βοσκημάτων οἱ δ´ ἁλιεῖς ἰχθύων, οὕτως οἱ πολυπράγμονες εὔχονται φορὰν κακῶν καὶ πλῆθος πραγμάτων καὶ καινότητας καὶ μεταβολάς, ἵν´ ἀεί τι θηρεύειν καὶ κατακόπτειν ἔχωσιν. εὖ δὲ καὶ τῶν Θουρίων νομοθέτης· κωμῳδεῖσθαι γὰρ ἐκώλυσε τοὺς πολίτας πλὴν μοιχοὺς καὶ πολυπράγμονας. ἔοικε γὰρ τε μοιχεία πολυπραγμοσύνη τις ἀλλοτρίας ἡδονῆς εἶναι καὶ ζήτησις καὶ ἔρευνα τῶν φυλαττομένων καὶ λανθανόντων τοὺς πολλούς, τε πολυπραγμοσύνη παράδυσίς ἐστι καὶ φθορὰ καὶ ἀπογύμνωσις τῶν ἀπορρήτων. [8] Oui : les curieux fuient le séjour de la campagne comme languissant, froid et stérile en événements tragiques. C'est aux marché des échantillons, à la place publique, sur le port, qu'ils se précipitent. « N'y a-t-il rien de nouveau? » — « Eh quoi! n'étiez-vous pas ce matin sur la place? » — « Eh bien? » — « Eh bien! en trois heures pensez-vous que la ville ait changé de face? » Que quelqu'un ait une nouvelle à produire, voilà notre curieux qui descend de cheval, lui serre la main, l'embrasse, et se place devant lui pour l'écouter. Si au contraire celui qu'il a rencontré déclare ne rien savoir de nouveau, notre homme parait mécontent. « Que dites-vous? murmure-t-il. Vous n'avez donc pas été sur la place? Vous n'avez pas poussé jusqu'au Tribunal des Stratéges? Vous n'avez pas rencontré ceux qui arrivent d'Italie? » J'approuve ce que firent un jour les magistrats des Locriens. Un homme qui revenait de voyage ayant demandé s'il n'y avait rien de nouveau, ils le condamnèrent à l'amende. Comme les cuisiniers souhaitent une extrême abondance de gibier, et les pêcheurs, des poissons en grande quantité, de même les curieux souhaitent qu'il arrive beaucoup de malheurs, que les embarras se multiplient, qu'il y ait des changements, des révolutions. C'est une occasion pour eux d'avoir toujours à faire la chasse et à dépecer. Le législateur des Thuriens fit sagement lorsqu'il interdit de stigmatiser dans les comédies aucun citoyen, à l'exception des adultères et des curieux. Il semble, en effet, que l'adultère soit une espèce de curiosité du plaisir d'autrui, un besoin de chercher, de fouiller dans ce qui est mis en réserve et dérobé aux regards de la multitude. A son tour la curiosité est une manière de violer, de mettre à nu, les secrets des autres.


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Dernière mise à jour : 26/01/2006