| [7] οὕτω δ´ ἑκάστῳ λυπηρόν ἐστιν ἡ τῶν περὶ αὐτὸν
 κακῶν ἀνακάλυψις, ὥστε πολλοὺς ἀποθανεῖν πρότερον ἢ
 δεῖξαί τι τῶν ἀπορρήτων νοσημάτων ἰατροῖς. φέρε γὰρ
 Ἡρόφιλον ἢ Ἐρασίστρατον ἢ τὸν Ἀσκληπιὸν αὐτόν, ὅτ´
 ἦν ἄνθρωπος, ἔχοντα τὰ φάρμακα καὶ τὰ ὄργανα κατ´
 οἰκίαν προσιστάμενον ἀνακρίνειν, μή τις ἔχει σύριγγα
 παρὰ δακτύλιον ἢ γυνὴ καρκίνον ἐν ὑστέρᾳ· καίτοι σωτήριόν
 ἐστι τῆς τέχνης ταύτης τὸ πολύπραγμον· ἀλλὰ πᾶς
 ἄν τις, οἶμαι, τὸν τοιοῦτον ἀπήλασεν, ὅτι τὴν χρείαν οὐ
 περιμένων ἄκλητος ἐπ´ ἀλλοτρίων κακῶν ἔρχεται κατανόησιν.
 οἱ δὲ πολυπράγμονες αὐτὰ ταῦτα καὶ τὰ τούτων ἔτι
 χείρονα ζητοῦσιν, οὐ θεραπεύοντες ἀλλὰ μόνον ἀνακαλύπτοντες.
 ὅθεν μισοῦνται δικαίως. καὶ γὰρ τοὺς τελώνας
 βαρυνόμεθα καὶ δυσχεραίνομεν, οὐχ ὅταν τὰ ἐμφανῆ τῶν
 εἰσαγομένων ἐκλέγωσιν, ἀλλ´ ὅταν τὰ κεκρυμμένα ζητοῦντες
 ἐν ἀλλοτρίοις σκεύεσι καὶ φορτίοις ἀναστρέφωνται.
 καίτοι τοῦτο ποιεῖν ὁ νόμος δίδωσιν αὐτοῖς, καὶ βλάπτονται
 μὴ ποιοῦντες· οἱ δὲ πολυπράγμονες ἀπολλύουσι καὶ
 προΐενται τὰ αὑτῶν ἀσχολούμενοι περὶ τὰ ἀλλότρια, καὶ
 σπανίως μὲν εἰς ἀγρὸν βαδίζουσι τὸ ἥσυχον καὶ σιωπηρὸν
 τῆς ἐρημίας οὐ φέροντες, ἐὰν δὲ καὶ παραβάλωσι διὰ
 χρόνου, ταῖς τῶν γειτόνων ἀμπέλοις μᾶλλον ἐμβλέπουσιν
 ἢ ταῖς ἰδίαις καὶ πυνθάνονται πόσοι βόες τοῦ γείτονος
 ἀποτεθνήκασιν ἢ πόσος οἶνος ὀξίνης γέγονε· ταχὺ δὲ
 τούτων ἐμπλησθέντες ἀποτρέχουσιν. ὁ μὲν γὰρ ἀληθινὸς
 ἐκεῖνος γεωργὸς οὐδὲ τὸν αὐτομάτως ἐρχόμενον ἐκ πόλεως
 λόγον ἡδέως προσδέχεται, λέγων 
 ‘εἶτά μοι σκάπτων ἐρεῖ,
 ἐφ´ οἷς γεγόνασιν αἱ διαλύσεις· ταῦτα γὰρ
 πολυπραγμονῶν νῦν ὁ κατάρατος περιπατεῖ,’
 
 | [7] Or, il est si pénible pour chacun de mettre à nu ses 
propres maux, qu'on en a vu beaucoup aimer mieux se 
laisser mourir que de révéler aux médecins certaines maladies 
cachées. Supposez qu'Hérophile, Erasistrate, ou Esculape 
lui-mème lorsqu'il était homme, munis de leurs drogues et 
de leurs instruments, se fussent présentés de maison en 
maison, demandant si quelqu'un avait une fistule à l'anus, 
ou si une femme avait un cancer à la matrice, (et pourtant 
la curiosité, en médecine, fait le salut du malade), tout le 
monde, je pense, aurait chassé l'indiscret qui, n'attendant 
pas qu'on eût recours à lui, se mettait, sans en être requis, à la 
découverte des maladies des autres. Eh bien! les curieux vont 
pareillement à la recherche de maladies pires encore; et ce 
n'est pas pour les guérir, c'est seulement pour les dévoiler. 
Aussi la haine dont ils sont l'objet est-elle bien judicieuse.
Quand ne pouvons-nous pas supporter et exécrons-nous 
les agents de la douane? Ce n'est pas lorsqu'ils 
inspectent les objets que nous faisons entrer à découvert; 
c'est quand, pour trouver ce qu'ils supposent caché par 
nous, ils bouleversent nos autres bagages et nos autres 
ballots. Or c'est la loi qui les autorise à le faire, et il y a 
dommage pour eux quand ils y manquent. Mais les curieux 
négligent et ruinent leurs propres affaires pour s'occuper 
de celles d'autrui. Il est bien rare qu'ils aillent aux 
champs. Le calme et le silence de la solitude leur est 
insupportable. Quand ils s'y hasardent de temps en temps, c'est 
pour examiner les vignes du voisin plus attentivement que 
les leurs propres; c'est pour s'informer du nombre de boeufs 
morts chez lui, du nombre de ses pièces de vin qui ont 
tourné. Aussitôt qu'ils ont fait ample provision de semblables 
nouvelles ils décampent. Le vrai cultivateur n'accueille 
même pas avec plaisir les propos qui viennent le 
trouver de la ville. II dit :
"voilà que le drôle, en sarclant ma terre, 
Me parle de paix, me parle de guerre. 
Maudit curieux! Il n'en finit pas".
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