[5] Τίς οὖν ἡ φυγή; περισπασμός, ὡς εἴρηται,
καὶ μεθολκὴ τῆς πολυπραγμοσύνης μάλιστα μὲν ἐπὶ τὰ
βελτίω καὶ τὰ ἡδίω τρέψαντι τὴν ψυχήν. τὰ ἐν οὐρανῷ
πολυπραγμόνει, τὰ ἐν γῇ τὰ ἐν ἀέρι τὰ ἐν θαλάττῃ. μικρῶν
πέφυκας ἢ μεγάλων φιλοθεάμων; εἰ μεγάλων, ἥλιον πολυπραγμόνει
ποῦ κάτεισι καὶ πόθεν ἄνεισι· ζήτει τὰς ἐν
σελήνῃ καθάπερ ἀνθρώπῳ μεταβολάς, ποῦ τοσοῦτον κατανήλωσε
φῶς πόθεν αὖθις ἐκτήσατο, πῶς
‘ἐξ ἀδήλου πρῶτον ἔρχεται νέα
πρόσωπα καλλύνουσα καὶ πληρουμένη,
χὤταν περ αὑτῆς εὐγενεστάτη φανῇ,
πάλιν διαρρεῖ κἀπὶ μηδὲν ἔρχεται.’
καὶ ταῦτ´ ἀπόρρητ´ ἐστὶ φύσεως, ἀλλ´ οὐκ ἄχθεται τοῖς
ἐλέγχουσιν. ἀλλὰ τῶν μεγάλων ἀπέγνωκας; πολυπραγμόνει
τὰ μικρότερα, πῶς τῶν φυτῶν τὰ μὲν ἀεὶ τέθηλε καὶ
χλοάζει καὶ ἀγάλλεται παντὶ καιρῷ τὸν ἑαυτῶν ἐπιδεικνύμενα
πλοῦτον, τὰ δὲ νῦν μέν ἐστιν ὅμοια τούτοις νῦν δ´
ὥσπερ ἀνοικονόμητος ἄνθρωπος ἀθρόως ἐκχέαντα τὴν
περιουσίαν γυμνὰ καὶ πτωχὰ καταλείπεται, διὰ τί δὲ τὰ
μὲν προμήκεις τὰ δὲ γωνιώδεις τὰ δὲ στρογγύλους καὶ
περιφερεῖς ἐκδίδωσι καρπούς. ἴσως δὲ ταῦτ´ οὐ πολυπραγμονήσεις,
ὅτι τούτοις οὐθὲν κακὸν ἔνεστιν. ἀλλ´ εἰ δεῖ
πάντως τὸ περίεργον ἐν φαύλοις τισὶν ὥσπερ ἑρπετὸν ἐν
θανασίμοις ὕλαις ἀεὶ νέμεσθαι καὶ διατρίβειν, ἐπὶ τὰς
ἱστορίας ἀγάγωμεν αὐτὸ καὶ παραβάλωμεν ἀφθονίαν κακῶν
καὶ περιουσίαν. ἐνταῦθα γὰρ ἔνεισι
‘πεσήματ´ ἀνδρῶν καὶ ἀπολακτισμοὶ βίων’,
φθοραὶ γυναικῶν, ἐπιθέσεις οἰκετῶν, διαβολαὶ φίλων,
παρασκευαὶ φαρμάκων, φθόνοι, ζηλοτυπίαι, ναυάγι´ οἴκων,
ἐκπτώσεις ἡγεμονιῶν· ἐμπίπλασο καὶ τέρπε σαυτὸν ἐνοχλῶν
μηδενὶ τῶν συνόντων μηδὲ λυπῶν.
| [5] Quel est donc le moyen de se garantir d'un semblable
péril? C'est de faire prendre le change à sa propre curiosité,
comme nous l'avons dit, et de lui donner une autre direction,
surtout en détournant son esprit vers des objets et
plus beaux et plus honnêtes. Appliquez cette curiosité à
ce qui se passe dans le ciel, sur la terre, dans l'air et dans
la mer. La nature vous a sans doute inspiré le désir de la
contempler soit dans ses petits tableaux, soit dans ses grandes
scènes. Si vous préférez les merveilles imposantes, soyez
curieux d'étudier le soleil : sachez où il se couche et d'où
il se lève. Examinez les changements qui s'opèrent dans la
lune, comme vous le feriez sur une créature humaine.
Demandez-vous comment elle a perdu toute sa lumière et
d'où elle l'a ensuite recouvrée. Demandez-vous
"Pourquoi sombre d'abord, son disque dans les cieux
S'augmente, et s'embellit d'un éclat radieux;
Pourquoi, se dissipant de nouveau dans l'espace,
Le feu de ses rayons disparait et s'efface?"
Ce sont là des secrets de la nature; mais elle ne s'irrite
point contre ceux qui les pénètrent. Que si vous désespérez
d'atteindre à ces grands objets, concentrez votre curiosité
sur d'autres plus petits. Sachez pourquoi certains végétaux
fleurissent, verdoient, et se plaisent, en toute saison, à
étaler leur richesse, tandis que d'autres, après leur avoir un
instant ressemblé, font comme les mauvais économes qui
prodiguent tout d'une fois leurs trésors et restent nus et
appauvris. Sachez pourquoi les fruits que donnent les arbres
sont les uns allongés, les autres anguleux, d'autres arrondis
et de forme sphérique. Mais peut-être ces mystères ne piqueront-ils
pas votre intérêt, parce qu'il n'y a pas lieu d'y découvrir
du mal. Et bien ! si votre active curiosité demande
toujours des choses mauvaises pour aliment et pour pâture,
comme au serpent il faut des herbes vénéneuses, menez-la
dans les champs de l'histoire, et présentez-lui quantité
innombrable et affluence de tous maux. Là votre curiosité
pourra voir des héros qui succombent, d'autres qui se
débarrassent de la vie, des épouses séduites, des esclaves
révoltés, des amis perfides. Ce ne sont qu'empoisonnements,
haines, jalousies, ruines de maisons, chutes de souverains.
Gorgez-vous en, faites-en vos délices, sans importuner ni
affliger aucun de ceux avec qui vous conversez.
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