| [3] Ἀλλ´ ἔνιοι τὸν ἴδιον βίον ὡς ἀτερπέστατον θέαμα
 προσιδεῖν οὐχ ὑπομένουσιν οὐδ´ ἀνακλάσαι τὸν λογισμὸν
 ὡς φῶς ἐφ´ ἑαυτοὺς καὶ περιαγαγεῖν, ἀλλ´ ἡ ψυχὴ γέμουσα
 κακῶν παντοδαπῶν καὶ φρίττουσα καὶ φοβουμένη τὰ
 ἔνδον ἐκπηδᾷ θύραζε καὶ πλανᾶται περὶ τἀλλότρια, βόσκουσα
 καὶ πιαίνουσα τὸ κακόηθες. ὡς γὰρ ὄρνις ἐν
 οἰκίᾳ πολλάκις τροφῆς παρακειμένης εἰς γωνίαν καταδῦσα
 σκαλεύει,
  ‘ἔνθα γέ που διαφαίνεθ´ ἅτ´ ἐν κοπρίῃ μία κριθή,’
 παραπλησίως οἱ πολυπράγμονες, ὑπερβάντες τοὺς ἐν μέσῳ
 λόγους καὶ ἱστορίας καὶ ἃ μηδεὶς κωλύει πυνθάνεσθαι μηδ´
 ἄχθεται πυνθανομένοις, τὰ κρυπτόμενα καὶ λανθάνοντα
 κακὰ πάσης οἰκίας ἐκλέγουσι. καίτοι τό γε τοῦ Αἰγυπτίου
 χάριεν πρὸς τὸν ἐρωτῶντα τί φέρει συγκεκαλυμμένον, ‘διὰ
 τοῦτο συγκεκάλυπται’· καὶ σὺ δὴ τί πολυπραγμονεῖς τὸ
 ἀποκρυπτόμενον; εἰ μή τι κακὸν ἦν, οὐκ ἂν ἀπεκρύπτετο.
 καίτοι μὴ κόψαντά γε θύραν εἰς οἰκίαν ἀλλοτρίαν οὐ νομίζεται
 παρελθεῖν, ἀλλὰ νῦν μὲν εἰσὶ θυρωροί, πάλαι δὲ
 ῥόπτρα κρουόμενα πρὸς ταῖς θύραις αἴσθησιν παρεῖχεν,
 ἵνα μὴ τὴν οἰκοδέσποιναν ἐν μέσῳ καταλάβῃ ὁ ἀλλότριος
 ἢ τὴν παρθένον ἢ κολαζόμενον οἰκέτην ἢ κεκραγυίας τὰς
 θεραπαινίδας· ὁ δὲ πολυπράγμων ἐπ´ αὐτὰ ταῦτα παραδύεται,
 σώφρονος μὲν οἰκίας καὶ καθεστώσης οὐδ´ ἂν
 παρακαλῇ τις ἡδέως γινόμενος θεατής, ὧν δ´ ἕνεκα κλεὶς
 καὶ μοχλὸς καὶ αὔλειος, ταῦτ´ ἀνακαλύπτων καὶ φέρων
 εἰς τὸ μέσον ἑτέροις. καίτοι καὶ ‘τῶν ἀνέμων μάλιστα
 δυσχεραίνομεν’ ὡς Ἀρίστων φησίν,
 ‘ὅσοι τὰς περιβολὰς ἀναστέλλουσιν ἡμῶν·’ ὁ δὲ πολυπράγμων
 οὐ τὰ ἱμάτια τῶν πέλας οὐδὲ τοὺς χιτῶνας, ἀλλὰ τοὺς
 τοίχους ἀπαμφιέννυσι, τὰς θύρας ἀναπετάννυσι, καὶ ‘διὰ
 παρθενικῆς ἁπαλόχροος’  ὡς πνεῦμα διαδύεται
 καὶ διέρπει, | βακχεῖα καὶ χοροὺς καὶ παννυχίδας
 ἐξετάζων καὶ συκοφαντῶν. 
 | [3] Mais il en est pour qui leur vie particulière est le 
spectacle le plus odieux. Ils n'ont pas le courage de la regarder 
en face, de reporter la lumière de la raison sur leur 
conscience pour l'en éclairer. Leur âme chargée de maux 
de toute sorte frissonne et s'épouvante à la vue de ce qu'elle 
est au dedans d'elle-même. Elle ne songe qu'à s'élancer au 
dehors, à errer autour des misères d'autrui, cherchant pour 
sa malice un aliment et une pâture abondante. Car, de 
même que dans nos maisons une poule néglige souvent la 
nourriture jetée devant elle, et va dans un coin gratter et 
fouiller la terre,
"Cherchant dans le fumier un grain de mil ou d'orge";
de même les curieux, passant par-dessus les sujets d'entretien 
communs à tout le monde, par-dessus les questions instructives, 
matières à propos desquelles personne ne les 
empêcherait de s'enquérir et dont la poursuite ne serait 
nuisible à personne, les curieux, dis-je, recueillent dans 
chaque maison les maux secrets que l'on veut cacher.
On cite une réponse spirituelle d'un Egyptien à qui un 
individu demandait ce qu'il portait caché soigneusement : 
"C'est afin que tu ne le saches pas que je le tiens enveloppé." 
Et vous, homme curieux, pourquoi vouloir connaître 
ce qu'on veut garder secret ? Si ce n'était pas quelque 
chose de mal on ne le cacherait pas. L'usage est de n'entrer 
dans une maison étrangère qu'après avoir frappé à la 
porte. Aujourd'hui il y a des portiers; mais autrefois il y 
avait seulement aux portes des marteaux avec lesquels l'on 
frappait pour donner avis de son entrée. De cette manière 
la maîtresse de la maison ou sa jeune fille n'était pas surprise 
au milieu de son appartement par un étranger. 
Celui-ci ne voyait pas l'esclave qu'on châtiait, les servantes 
qui criaient. Or, c'est là que se glisse plus volontiers le 
curieux. Le calme et la régularité d'un intérieur n'intéressera 
que médiocrement son attention, même si on la sollicite. 
Mais les secrets en vue desquels ont été inventés 
clefs, verrous et portes, voilà ce qu'il aime à dévoiler et à 
produire à tous les regards.
Les vents qui nous déplaisent le plus, comme dit Ariston, 
sont ceux qui relèvent nos vêtements. Le curieux ne relève 
pas le manteau des voisins, ni leur tunique : il abat leurs 
murailles, il ouvre leurs portes. Subtil comme un souffle, 
il glisse et s'insinue en quelque sorte à travers le corps de 
la tendre et délicate jeune fille, s'enquérant de ses plaisirs, 
de ses danses, de ses divertissements de toute une nuit.
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