[2] νῦν δ´ ὥσπερ ἐν τῷ μύθῳ τὴν Λάμιαν λέγουσιν οἴκοι
μὲν εὕδειν τυφλήν, ἐν ἀγγείῳ τινὶ τοὺς ὀφθαλμοὺς ἔχουσαν
ἀποκειμένους, | ἔξω δὲ προϊοῦσαν ἐντίθεσθαι καὶ βλέπειν,
οὕτως ἡμῶν ἕκαστος ἔξω καὶ πρὸς ἑτέρους τῇ κακονοίᾳ
τὴν περιεργίαν ὥσπερ ὀφθαλμὸν ἐντίθησι, τοῖς δ´
ἑαυτῶν ἁμαρτήμασι καὶ κακοῖς πολλάκις περιπταίομεν
ὑπ´ ἀγνοίας, ὄψιν ἐπ´ αὐτὰ καὶ φῶς οὐ ποριζόμενοι. διὸ
καὶ τοῖς ἐχθροῖς ὠφελιμώτερός ἐστιν ὁ πολυπραγμονῶν·
τὰ γὰρ ἐκείνων ἐλέγχει καὶ προφέρεται καὶ δείκνυσιν
αὐτοῖς ἃ δεῖ φυλάξασθαι καὶ διορθῶσαι, τῶν δ´ οἴκοι τὰ
πλεῖστα παρορᾷ διὰ τὴν περὶ τὰ ἔξω πτόησιν. ὁ μὲν γὰρ
Ὀδυσσεὺς οὐδὲ τῇ μητρὶ διαλεχθῆναι πρότερον
ὑπέμεινεν ἢ πυθέσθαι παρὰ τοῦ μάντεως, ὧν ἕνεκ´
ἦλθεν εἰς Ἅιδου, πυθόμενος δὲ οὕτω πρός τε ταύτην
ἔτρεψεν αὑτόν, καὶ τὰς ἄλλας γυναῖκας ἀνέκρινε, τίς ἡ
Τυρὼ καὶ τίς ἡ καλὴ Χλωρὶς καὶ διὰ τί ἡ Ἐπικάστη
ἀπέθανεν ‘ἁψαμένη βρόχον αἰπὺν ἀφ´ ὑψηλοῖο
μελάθρου’· ἡμεῖς δὲ τὰ καθ´ αὑτοὺς ἐν πολλῇ ῥᾳθυμίᾳ καὶ
ἀγνοίᾳ θέμενοι καὶ ἀμελήσαντες ἑτέρους γενεαλογοῦμεν,
ὅτι τοῦ γείτονος ὁ πάππος ἦν Σύρος, Θρᾷττα δ´ ἡ τήθη,
ὁ δεῖνα δ´ ὀφείλει τάλαντα τρία καὶ τοὺς τόκους οὐκ ἀποδέδωκεν·
ἐξετάζομεν δὲ καὶ τὰ τοιαῦτα, πόθεν ἡ γυνὴ τοῦ
δεῖνος ἐπανήρχετο, τί δ´ ὁ δεῖνα καὶ ὁ δεῖνα καθ´ ἑαυτοὺς
ἐν τῇ γωνίᾳ διελέγοντο. Σωκράτης δὲ περιῄει διαπορῶν,
τί Πυθαγόρας λέγων ἔπειθε· καὶ Ἀρίστιππος Ὀλυμπίασιν
Ἰσχομάχῳ συμβαλὼν ἠρώτα τί Σωκράτης διαλεγόμενος
οὕτω τοὺς νέους διατίθησι, καὶ μίκρ´ ἄττα τῶν λόγων
αὐτοῦ σπέρματα καὶ δείγματα λαβὼν οὕτως ἐμπαθῶς
ἔσχεν, ὥστε τῷ σώματι συμπεσεῖν καὶ γενέσθαι παντάπασιν
ὠχρὸς καὶ ἰσχνός· ἄχρις οὗ πλεύσας Ἀθήναζε διψῶν
καὶ διακεκαυμένος ἠρύσατο τῆς πηγῆς καὶ τὸν ἄνδρα καὶ
τοὺς λόγους αὐτοῦ καὶ τὴν φιλοσοφίαν ἱστόρησεν, ἧς ἦν
τέλος ἐπιγνῶναι τὰ ἑαυτοῦ κακὰ καὶ ἀπαλλαγῆναι.
| [2] Je continue. Comme la Fable raconte que Lamia dort
aveugle chez elle, déposant au fond d'un petit vase ses yeux
qu'elle s' ajuste de nouveau pour voir clair quand elle va
sortir; de même chacun de nous met au service de sa
malveillance, en guise d'oeil, cette curiosité qui le pousse à
regarder hors de son logis et chez ses voisins. Le plus souvent
nous nous heurtons contre nos propres fautes, contre nos
propres vices, ne les connaissant pas parce que nous négligeons
d'y porter la lumière qui nous les ferait voir. C'est
pour cela que le curieux est plus utile à ses ennemis. Il
constate et publie leurs défauts, il leur montre ce qu'il
doivent éviter et corriger. Mais il ferme le plus souvent les
yeux sur ce qui l'intéresse au dedans de lui, à cause de la
préoccupation que lui donne ce qui se passe au dehors.
Ulysse dans les enfers a le courage de ne pas parler même
à sa mère avant d'avoir reçu du Devin les instructions qu'il
est venu chercher. C'est quand il les connaît, qu'il se tourne
vers elle et qu'il interroge les autres femmes, Tyro, et la
belle Chloris, qu'il demande quelles raisons déterminèrent
Epicaste à s'étrangler, pendue au toit de son palais. Nous,
au contraire, tout à fait insoucieux et ignorants pour ce
qui nous touche, nous ne nous en occupons pas, mais nous
dressons la généalogie des autres. Nous découvrons que le
grand père de notre voisin était de Syrie ; sa nourrice, de
Thrace ; qu'un tel doit trois talents, et qu'il n'en a pas payé
les intérêts. Nous allons jusqu'à nous informer des plus petits
détails. D'où revenait la femme d'un tel? Quels propos
celui-ci et celui-là échangeaient-ils secrètement dans un coin?
Mais de quoi Socrate s'informait-il? Des moyens de persuasion
qu'avait employés Pythagore. Lorsqu'Aristippe
aux jeux Olympiques rencontre Isomaque, il le questionne
sur les discours par lesquels Socrate se rend la jeunesse si
affectionnée; et quand il a recueilli quelques petits germes,
quelques échantillons de cette doctrine, il s'y attache avec
tant de passion que son corps succombe. Il devient tout
pâle et tout maigre. Il n'a pas de repos qu'il n'ait fait voile
pour Athènes. Il y apaise la soif qui le consume, il puise à
la source même. Il approfondit le sage, ses discours, et sa
philosophie qui enseigne aux hommes à connaître leurs
défauts et à s'en débarrasser.
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