HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, De la curiosité

Chapitre 1

  Chapitre 1

[0] ΠΕΡΙ ΠΟΛΥΠΡΑΓΜΟΣΥΝΗΣ. [0] DE LA CURIOSITÉ
[1] Ἄπνουν σκοτεινὴν δυσχείμερον οἰκίαν νοσώδη φυγεῖν μὲν ἴσως ἄριστον· ἂν δὲ φιλοχωρῇ τις ὑπὸ συνηθείας, ἔστι καὶ φῶτα μεταθέντα καὶ κλίμακα μεταβαλόντα καὶ θύρας τινὰς ἀνοίξαντα τὰς δὲ κλείσαντα λαμπροτέραν εὐπνουστέραν ὑγιεινοτέραν μηχανήσασθαι. καὶ πόλεις τινὲς οὕτω μεταθέντες ὠφέλησαν· ὥσπερ τὴν ἐμὴν πατρίδα πρὸς ζέφυρον ἄνεμον κεκλιμένην καὶ τὸν ἥλιον ἐρείδοντα δείλης ἀπὸ τοῦ Παρνασσοῦ δεχομένην ἐπὶ τὰς ἀνατολὰς τραπῆναι λέγουσιν ὑπὸ τοῦ Χαίρωνος. δὲ φυσικὸς Ἐμπεδοκλῆς (A 14) ὄρους τινὰ διασφάγα βαρὺν καὶ νοσώδη κατὰ τῶν πεδίων τὸν νότον ἐμπνέουσαν ἐμφράξας λοιμὸν ἔδοξεν ἐκκλεῖσαι τῆς χώρας. ἐπεὶ τοίνυν ἔστι τινὰ πάθη νοσώδη καὶ βλαβερὰ καὶ χειμῶνα παρέχοντα τῇ ψυχῇ καὶ σκότος, ἄριστον μὲν ἐξωθεῖν ταῦτα καὶ καταλύειν εἰς ἔδαφος, αἰθρίαν καὶ φῶς καὶ πνεῦμα καθαρὸν διδόντας ἑαυτοῖς· εἰ δὲ μή, μεταλαμβάνειν γε καὶ μεθαρμόττειν ἁμωσγέπως περιάγοντας στρέφοντας. Οἷον εὐθὺς πολυπραγμοσύνη φιλομάθειά τίς ἐστιν ἀλλοτρίων κακῶν, οὔτε φθόνου δοκοῦσα καθαρεύειν νόσος οὔτε κακοηθείας· ‘τί τἀλλότριον, ἄνθρωπε βασκανώτατε, κακὸν ὀξυδορκεῖς τὸ δ´ ἴδιον παραβλέπεις;’ μετάθες ἔξωθεν καὶ μετάστρεψον εἴσω τὴν πολυπραγμοσύνην· εἰ χαίρεις κακῶν μεταχειριζόμενος ἱστορίαν, ἔχεις οἴκοι πολλὴν διατριβήν· ‘ὅσσον ὕδωρ κατ´ Ἀλιζόνος δρυὸς ἀμφὶ πέτηλα,’ τοσοῦτον πλῆθος εὑρήσεις ἁμαρτημάτων ἐν τῷ βίῳ καὶ παθῶν ἐν τῇ ψυχῇ καὶ παροραμάτων ἐν τοῖς καθήκουσιν. ὡς γὰρ Ξενοφῶν λέγει τοῖς οἰκονομικοῖς ἴδιον εἶναι τῶν ἀμφὶ θυσίαν σκευῶν, ἴδιον τῶν ἀμφὶ δεῖπνα τόπον, ἀλλαχοῦ κεῖσθαι τὰ γεωργικά, χωρὶς τὰ πρὸς πόλεμον, οὕτω σοὶ τὰ μέν ἐστιν ἀπὸ φθόνου κακὰ κείμενα τὰ δ´ ἀπὸ ζηλοτυπίας τὰ δ´ ἀπὸ δειλίας τὰ δ´ ἀπὸ μικρολογίας· ταῦτ´ ἔπελθε, ταῦτ´ ἀναθεώρησον· τὰς εἰς γειτόνων θυρίδας καὶ {τὰς} παρόδους τῆς πολυπραγμοσύνης ἔμφραξον, ἑτέρας δ´ ἄνοιξον εἰς τὴν ἀνδρωνῖτιν τὴν σεαυτοῦ φερούσας, εἰς τὴν γυναικωνῖτιν, εἰς τὰς τῶν θεραπόντων διαίτας· ἐνταῦθ´ ἔχει διατριβὰς οὐκ ἀχρήστους οὐδὲ κακοήθεις ἀλλ´ ὠφελίμους καὶ σωτηρίους τὸ φιλοπευθὲς τοῦτο καὶ φιλόπραγμον, ἑκάστου πρὸς ἑαυτὸν λέγοντοςπῆ τραπόμην; τί δ´ ἔρεξα; τί μοι δέον οὐκ ἐτελέσθη;’ [1] Lorsqu'une maison manque d'air, qu'elle est obscure, trop froide ou malsaine, le mieux est peut-être de l'abandonner. Si pourtant on s'y est attaché par habitude, il est possible, en déplaçant les fenêtres, en changeant la disposition des escaliers, en ouvrant telles portes, en supprimant telles autres, de la rendre plus claire, mieux aérée, plus saine. Il y a même des villes que des transformations de ce genre ont merveilleusement améliorées. Ma patrie en est un exemple. Elle était située à l'Ouest, et ne recevait que le soir, du côté du Parnasse, les rayons du soleil couchant. On dit qu'elle fut tournée vers le levant par Chéron. Le naturaliste Empédocle, en bouchant au pied d'une montagne une excavation d'où s'exhalait dans la plaine un brûlant et pestilentiel vent du midi, passe pour avoir délivré de la peste toute une contrée. Il est pareillement certaines affections malsaines, funestes, qui portent la tempête dans l'âme et l'obscurcissent. Le mieux serait de les supprimer et de faire table rase, de manière à donner à l'âme de la sécurité, de la lumière et un souffle pur. Mais si la chose est impossible, il faut du moins changer et modifier l'âme d'une manière quelconque, en lui donnant un autre tour et une autre direction. Sans aller chercher plus loin, la curiosité, ce désir de connaître les défauts des autres, est une maladie qui ne semble être exempte ni de jalousie ni de malignité. "Homme jaloux, pourquoi sur les défauts des autres Porter un oeil perçant? Occupez-vous des vôtres". Reportez du dehors et retournez à l'intérieur de vous-même cette curiosité. Si vous aimez à feuilleter une histoire de maux, vous avez en vous de quoi vous occuper. "L'Alize a moins de flots, le chêne, moins de feuilles" que vous ne trouverez de fautes dans votre conduite, de passions dans votre âme, et de négligences dans l'accomplissement de vos devoirs. Car, comme Xénophon dit que les personnes qui règlent bien leur maison ont un endroit particulier pour les vases destinés aux sacrifices, un autre pour la vaisselle de table, que les instruments de labour sont placés ailleurs, et les armes de guerre, à l'écart ; de même vous avez en vous, ici les défauts qui proviennent de la haine, là ceux de la jalousie, ailleurs ceux de la lâcheté, ailleurs ceux de I'avarice. Voilà les objets qu'il faut examiner, dont il faut dresser l'inventaire. Fermez les jours qui vous ménagent une vue sur le voisin. Barrez les passages par où s'échapperait votre curiosité. Ouvrez-lui d'autres issues, d'autres fenêtres : celles qui donnent dans votre appartement, dans celui de votre femme, dans le logis de vos serviteurs. Elle aura là, cette curiosité, de quoi se créer des occupations qui ne seront ni stériles ni malveillantes. Ce sera une investigation utile et salutaire offerte à votre désir de tout connaître, de vous mêler de tout. Que chacun se dise à soi-même : « Où me suis-je attardé? qu'ai-je fait? qu'ai-je omis? »


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Dernière mise à jour : 26/01/2006