| [14] Ἔστι τοίνυν οὐκ ἄχρηστον καὶ πρὸς δικαιοσύνης
 ἄσκησιν ὑπερβῆναί ποτε λῆμμα δίκαιον, ἵνα πόρρω
 τῶν ἀδίκων ἐθίσῃς σεαυτὸν εἶναι, καὶ πρὸς σωφροσύνης
 ὁμοίως ἀποσχέσθαι ποτὲ γυναικὸς ἰδίας, ἵνα μηδέποτε
 κινηθῇς ὑπ´ ἀλλοτρίας. τοῦτο δὴ τὸ ἔθος ἐπάγων τῇ
 πολυπραγμοσύνῃ πειρῶ καὶ τῶν ἰδίων ἔνια παρακοῦσαί
 ποτε καὶ παριδεῖν καὶ βουλομένου τινὸς ἀγγεῖλαί τι τῶν
 ἐπὶ τῆς οἰκίας ὑπερβαλέσθαι καὶ λόγους περὶ σοῦ λελέχθαι
 δοκοῦντας ἀπώσασθαι. 
καὶ γὰρ τὸν Οἰδίποδα τοῖς μεγίστοις κακοῖς ἡ περιεργία περιέβαλε. 
ζητῶν γὰρ ἑαυτὸν ὡς οὐκ ὄντα Κορίνθιον ἀλλὰ ξένον ἀπήντησε 
τῷ Λαΐῳ, καὶ τοῦτον ἀνελὼν καὶ τὴν μητέρα λαβὼν ἐπὶ τῇ βασιλείᾳ
γυναῖκα καὶ δοκῶν εἶναι μακάριος πάλιν ἑαυτὸν ἐζήτει·
καὶ τῆς γυναικὸς οὐκ ἐώσης ἔτι μᾶλλον ἤλεγχε τὸν συνειδότα
γέροντα, πᾶσαν προσφέρων ἀνάγκην· τέλος δὲ τοῦ πράγματος 
ἤδη περιφέροντος αὐτὸν τῇ ὑπονοίᾳ καὶ τοῦ γέροντος ἀναβοήσαντος
‘οἴμοι, πρὸς αὐτῷ γ´ εἰμὶ τῷ δεινῷ λέγειν’ ὅμως ἐξημμένος ὑπὸ τοῦ 
πάθους καὶ σφαδᾴζων ἀποκρίνεται  ‘κἄγωγ´ ἀκούειν· ἀλλ´ ὅμως 
ἀκουστέον·’.
οὕτω τίς ἐστι γλυκύπικρος καὶ ἀκατάσχετος ὁ τῆς πολυπραγμοσύνης
γαργαλισμός, ὥσπερ ἕλκος αἱμάσσων ἑαυτόν, ὅταν ἀμύσσηται. 
ὁ δ´ ἀπηλλαγμένος τῆς νόσου ταύτης καὶ φύσει πρᾶος ἀγνοήσας τι 
τῶν δυσχερῶν εἴποι ἄν ‘ὦ πότνια λήθη τῶν κακῶν, ὡς εἶ σοφή.’
 | [14] Il est salutaire, pour s'exercer à la justice, de laisser 
de côté les gains même qui sont légitimes, afin de s'habituer 
à ne jamais recueillir ceux qui ne le sont pas. Pareillement, 
pour s'accoutumer à la tempérance il faut s'interdire 
quelquefois sa propre femme, afin de ne jamais 
sentir de convoitise pour celle d'autrui. Appliquez cette 
pratique à la curiosité. Tâchez dans votre propre maison de 
ne pas tout entendre, de ne pas tout voir. Si l'on veut
vous apprendre quelque chose de ce qui s'y passe, remettez 
les gens à une autre fois; refusez d'écouter les propos 
tenus sur votre compte. 
Oedipe fut plongé dans les plus grands malheurs par la curiosité. 
Ce fut en cherchant à savoir à quelle contrée étrangère il appartenait, 
puisqu'il n'était pas de Corinthe, qu'il rencontra Laïus, qu'il le tua, 
qu'il épousa sa propre mère en montant avec elle sur le 
trône. Dans une situation en apparence si fortunée il veut 
encore savoir qui il est. Malgré l'opposition de la reine 
il n'en presse que davantage le vieillard qui possède ce 
secret, le contraignant de force à le lui révéler. A la fin, 
comme déjà les explications le mettent sur la voie, et que le 
vieillard s'écrie : "Malheur! Je vais vous dire un terrible secret",
emporté, malgré tout, par sa passion et palpitant d'impatience, 
Oedipe lui répond :
"N'importe, il faut l'entendre. Allons! me voilà prêt".
Tant est à la fois amère, douce et irrésistible cette demangeaison 
de la curiosité ! Il semble que ce soit un ulcère, que l'on fait saigner 
à mesure qu'on le frotte. 
Mais l'homme qui s'est délivré de cette maladie et qui est calme 
par nature, pourra dire, lorsqu'il aura ignoré une nouvelle fâcheuse:
"Heureux oubli des maux, que je te trouve sage!"
 |