| [13] Ἀλλὰ μὴν οὐδ´ ἐκεῖνο χαλεπὸν καὶ δύσκολον, ἀνθρώπων
 λοιδορουμένων ἐν ἀγορᾷ καὶ κακῶς λεγόντων
 ἀλλήλους μὴ προσελθεῖν ἢ συνδρομῆς ἐπί τι πλειόνων
 γενομένης μεῖναι καθήμενον, ἐὰν δ´ ἀκρατῶς ἔχῃς, ἀπελθεῖν
 ἀναστάντα. χρηστοῦ μὲν γὰρ οὐδενὸς τοῖς πολυπραγμονοῦσιν
 ἀναμίξας σεαυτὸν ἀπολαύσεις, μεγάλα δ´ ὠφεληθήσῃ
 τὸ πολύπραγμον ἀποστρέψας βίᾳ καὶ κολούσας,
 ὑπακούειν τῷ λογισμῷ συνεθιζόμενον. ἐκ δὲ τούτου μᾶλλον
 ἐπιτείνοντα τὴν ἄσκησιν ὀρθῶς ἔχει καὶ θέατρον
 ἀκροάματος εὐημεροῦντος παρελθεῖν, καὶ φίλους ἐπ´
 ὀρχηστοῦ τινος ἢ κωμῳδοῦ θέαν παραλαμβάνοντας διώσασθαι
 καὶ βοῆς ἐν σταδίῳ γινομένης ἢ ἱπποδρόμῳ
 μὴ ἐπιστραφῆναι. καθάπερ γὰρ ὁ Σωκράτης 
 παρῄνει φυλάττεσθαι τῶν βρωμάτων ὅσα μὴ πεινῶντας
 ἐσθίειν ἀναπείθει καὶ τῶν πομάτων ὅσα πίνειν μὴ
 διψῶντας, οὕτω χρὴ καὶ ἡμᾶς τῶν θεαμάτων καὶ ἀκουσμάτων
 φυλάττεσθαι καὶ φεύγειν ὅσα κρατεῖ καὶ προσάγεται
 τοὺς μηδὲν δεομένους. ὁ γοῦν Κῦρος 
 οὐκ ἐβούλετο τὴν Πάνθειαν ἰδεῖν, ἀλλὰ τοῦ Ἀράσπου
 λέγοντος ὡς ἄξιον θέας εἴη τὸ τῆς γυναικὸς εἶδος
 ‘οὐκοῦν’ ἔφη ‘διὰ τοῦτο μᾶλλον | αὐτῆς ἀφεκτέον· εἰ γὰρ
 ὑπὸ σοῦ πεισθεὶς ἀφικοίμην πρὸς αὐτήν, ἴσως ἄν με
 πάλιν ἀναπείσειεν αὐτὴ καὶ μὴ σχολάζοντα φοιτᾶν καὶ
 θεᾶσθαι καὶ παρακαθῆσθαι προέμενον πολλὰ τῶν σπουδῆς
 ἀξίων.’ ὁμοίως οὐδ´ ὁ Ἀλέξανδρος εἰς ὄψιν ἦλθε τῆς
 Δαρείου γυναικὸς ἐκπρεπεστάτης εἶναι λεγομένης, ἀλλὰ
 πρὸς τὴν μητέρα φοιτῶν αὐτῆς πρεσβῦτιν οὖσαν οὐχ ὑπέμεινε
 τὴν νέαν καὶ καλὴν ἰδεῖν. ἡμεῖς δὲ τοῖς φορείοις
 τῶν γυναικῶν ὑποβάλλοντες τὰ ὄμματα καὶ τῶν θυρίδων
 ἐκκρεμαννύντες οὐδὲν ἁμαρτάνειν δοκοῦμεν οὕτως ὀλισθηρὰν
 καὶ ῥευστὴν εἰς ἅπαντα τὴν πολυπραγμοσύνην
 ποιοῦντες.
 | [13] Il n'est pas non plus bien pénible et bien difficile, 
lorsque deux hommes se querellent dans la place publique 
et se disent des injures, de ne pas s'approcher d'eux, ou bien 
de rester assis lorsqu'il se forme quelque part un rassemblement, 
ou bien encore, si l'on n'y peut tenir, de se lever et 
de quitter la place. Vous n'aurez rien à gagner si vous vous 
mêlez aux curieux. Il y aura au contraire grand profit à 
détourner de force votre curiosité, à la faire disparaître en 
prenant l'habitude d'obéir à la réflexion. Par suite, et pour 
se fortifier encore dans cet exercice, il sera bon de passer 
sans y entrer devant un théâtre d'où partent des applaudissements 
d'auditeurs, de repousser des amis qui insistent
pour qu'on aille voir avec eux un danseur ou un comédien, 
de ne pas se retourner lorsqu'on entend des cris s'élever 
du stade ou de l'hippodrome. De même que Socrate recommandait 
de s'abstenir des aliments qui font manger sans 
faim et des breuvages qui font boire sans soif, de même 
nous devons éviter et fuir tout ce qui est de nature à captiver 
et à séduire, sans qu'il y ait aucune utilité, nos yeux et 
nos oreilles. Cyrus ne voulut pas voir Panthée; et comme 
Araspe lui disait que la beauté de cette princesse méritait 
d'être vue : « Eh bien, répondit-il, c'est pour cela que je 
dois m'en défendre encore davantage. Si à ta persuasion je 
me rendais auprès d'elle, peut-être une autre fois me 
déterminerait-elle à y aller quand je n'en aurais pas le loisir; 
et pour la voir, pour rester à ses côtés, je négligerais des 
affaires de grande importance. » Semblablement Alexandre 
ne se présenta pas aux regards de la femme de Darius, que 
l'on disait être fort belle. Il alla visiter la mère du roi, laquelle 
était très âgée, et il eut le courage de ne pas voir  
une jeune princesse pleine d'attraits. Nous, au contraire, 
jusque dans les litières des femmes nous plongeons les 
yeux. Nous nous suspendons à leurs fenêtres, et nous ne 
croyons pas faire mal quand nous ménageons à notre curiosité 
une pente si rapide et si glissante vers toutes sortes de dangers.
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