[1115] Καὶ πρῶτόν γε τὴν ἐπιμέλειαν καὶ πολυμάθειαν τοῦ φιλοσόφου
σκεψώμεθα, (1115) λέγοντος ὅτι τούτοις τοῖς δόγμασι τοῦ Πλάτωνος
ἐπηκολουθήκασιν Ἀριστοτέλης καὶ Ξενοκράτης καὶ Θεόφραστος καὶ πάντες
οἱ Περιπατητικοί. Ποῦ γὰρ ὢν τῆς ἀοικήτου τὸ βιβλίον ἔγραφες, ἵνα ταῦτα
συντιθεὶς τὰ ἐγκλήματα μὴ τοῖς ἐκείνων συντάγμασιν ἐντύχῃς μηδ´
ἀναλάβῃς εἰς χεῖρας Ἀριστοτέλους τὰ περὶ Οὐρανοῦ καὶ τὰ περὶ Ψυχῆς,
Θεοφράστου δὲ τὰ πρὸς τοὺς Φυσικούς, Ἡρακλείδου δὲ τὸν Ζωροάστρην,
τὸ περὶ τῶν ἐν Ἅιδου, τὸ περὶ τῶν Φυσικῶς ἀπορουμένων, Δικαιάρχου δὲ
τὰ περὶ Ψυχῆς, ἐν οἷς πρὸς τὰ κυριώτατα καὶ μέγιστα τῶν φυσικῶν
ὑπεναντιούμενοι τῷ Πλάτωνι καὶ μαχόμενοι διατελοῦσι; καὶ μὴν τῶν ἄλλων
Περιπατητικῶν ὁ κορυφαιότατος Στράτων οὔτ´ Ἀριστοτέλει κατὰ πολλὰ
συμφέρεται καὶ Πλάτωνι τὰς ἐναντίας ἔσχηκε δόξας περὶ κινήσεως, περὶ
νοῦ καὶ περὶ ψυχῆς καὶ περὶ γενέσεως, τελευτῶν τε τὸν κόσμον αὐτὸν οὐ
ζῷον εἶναί φησι, τὸ δὲ κατὰ φύσιν ἕπεσθαι τῷ κατὰ τύχην· ἀρχὴν γὰρ
ἐνδιδόναι τὸ αὐτόματον, εἶθ´ οὕτως περαίνεσθαι τῶν φυσικῶν παθῶν
ἕκαστον. Τάς γε μὴν ἰδέας, περὶ ὧν ἐγκαλεῖ τῷ Πλάτωνι, πανταχοῦ κινῶν
Ἀριστοτέλης καὶ πᾶσαν ἐπάγων ἀπορίαν αὐταῖς ἐν τοῖς ἠθικοῖς
ὑπομνήμασιν ἐν τοῖς λογικοῖς, ἐν τοῖς φυσικοῖς, διὰ τῶν ἐξωτερικῶν
διαλόγων φιλονεικότερον ἐνίοις ἔδοξεν ἢ φιλοσοφώτερον ἐκ --- τῶν
δογμάτων τούτων, ὡς προθέμενος τὴν Πλάτωνος ὑπερείπειν φιλοσοφίαν·
οὕτω μακρὰν ἦν τοῦ ἀκολουθεῖν. Τίνος οὖν εὐχερείας ἐστὶ τὰ δοκοῦντα
τοῖς ἀνδράσι μὴ μαθόντα καταψεύδεσθαι τὰ μὴ δοκοῦντα; καὶ πεπεισμένον
ἐλέγχειν ἑτέρους αὐτόγραφον ἐξενεγκεῖν ἀμαθίας ἔλεγχον καθ´ αὑτοῦ καὶ
θρασύτητος, ὁμολογεῖν Πλάτωνι φάσκοντα τοὺς διαφερομένους καὶ
ἀκολουθεῖν τοὺς ἀντιλέγοντας;
« Ἀλλὰ δὴ Πλάτων φησὶ τοὺς ἵππους ὑφ´ ἡμῶν ματαίως ἵππους εἶναι
νομίζεσθαι καὶ τοὺς ἀνθρώπους ἀνθρώπους. » Καὶ ποῦ τοῦτο τῶν
Πλάτωνος συγγραμμάτων ἀποκεκρυμμένον εὗρεν ὁ Κωλώτης; ἡμεῖς γὰρ
ἐν πᾶσιν ἀναγινώσκομεν καὶ τὸν ἄνθρωπον ἄνθρωπον καὶ τὸν ἵππον
ἵππον καὶ πῦρ τὸ πῦρ ὑπ´ αὐτοῦ δοξαζόμενον· ᾗ καὶ δοξαστὸν ὀνομάζει
τούτων ἕκαστον.
Ὁ δ´ οἷα δὴ σοφίας οὐδ´ ἀκαρὲς ἀπέχων ὡς ἓν καὶ ταὐτὸν ἔλαβε τὸ μὴ
εἶναι τὸν ἄνθρωπον καὶ τὸ εἶναι μὴ ὂν τὸν ἄνθρωπον. Τῷ Πλάτωνι δὲ
θαυμαστῶς ἐδόκει διαφέρειν τὸ μὴ εἶναι τοῦ μὴ ὂν εἶναι· τῷ μὲν γὰρ
ἀναίρεσιν οὐσίας πάσης τῷ δ´ ἑτερότητα δηλοῦσθαι τοῦ μεθεκτοῦ καὶ τοῦ
μετέχοντος. Ἣν οἱ μὲν ὕστερον εἰς γένους καὶ εἴδους καὶ κοινῶς τινων καὶ
ἰδίως λεγομένων ποιῶν διαφορὰν ἔθεντο μόνον, ἀνωτέρω δ´ οὐ
προῆλθον, εἰς λογικωτέρας ἀπορίας ἐμπεσόντες. Ἔστι δὲ τοῦ μεθεκτοῦ
πρὸς τὸ μετέχον λόγος, ὃν αἰτία τε πρὸς ὕλην ἔχει καὶ παράδειγμα πρὸς
εἰκόνα καὶ δύναμις πρὸς πάθος. ᾯ γε δὴ μάλιστα τὸ καθ´ αὑτὸ καὶ ταὐτὸν
ἀεὶ διαφέρει τοῦ δι´ ἕτερον καὶ μηδέποτ´ ὡσαύτως ἔχοντος· ὅτι τὸ μὲν οὔτ´
ἔσται ποτὲ μὴ ὂν οὔτε γέγονε καὶ διὰ τοῦτο πάντως καὶ ὄντως ὄν ἐστι, τῷ
δ´ οὐδ´ ὅσον ἀπ´ ἄλλου συμβέβηκε μετέχειν τοῦ εἶναι βέβαιόν ἐστιν, ἀλλ´
ἐξίσταται δι´ ἀσθένειαν, ἅτε τῆς ὕλης περὶ τὸ εἶδος ὀλισθανούσης καὶ πάθη
πολλὰ καὶ μεταβολὰς ἐπὶ τὴν εἰκόνα τῆς οὐσίας, ὥστε κινεῖσθαι καὶ
σαλεύεσθαι, δεχομένης. Ὥσπερ οὖν ὁ λέγων Πλάτωνα μὴ εἶναι τὴν εἰκόνα
τὴν Πλάτωνος οὐκ ἀναιρεῖ τὴν ὡς εἰκόνος αἴσθησιν αὐτῆς καὶ ὕπαρξιν,
ἀλλ´ ἐνδείκνυται καθ´ αὑτό τινος ὄντος καὶ πρὸς ἐκεῖνον ἑτέρου γεγονότος
διαφοράν, οὕτως οὔτε φύσιν οὔτε χρῆσιν οὔτ´ αἴσθησιν ἀνθρώπων
ἀναιροῦσιν οἱ κοινῆς τινος οὐσίας μετοχῇ
| [1115] « Et d'abord, arrêtons-nous un instant (1115) à admirer la vaste érudition
et la grande exactitude de ce philosophe, qui prétend qu'Aristote, Xénocrate, Théophraste et tous les péripatéticiens ont suivi la doctrine de Platon. Mais dans quel coin de la terre si inhabité avez-vous, Colotes, composé votre ouvrage, qu'avant
d'intenter votre accusation contre ces grands personnages, vous n'ayez
pu vous procurer leurs écrits? que vous n'ayez pas feuilleté les livres
d'Aristote sur le ciel et sur l'âme ; ceux de Théophraste contre les
physiciens, le Zoroastre d'Héraclite, ses ouvrages sur l'enfer, sur les
questions difficiles de la nature, enfin le traité de Dicéarque sur l'âme ?
Dans tous ces écrits, ces philosophes sont constamment opposés à
Platon sur les objets les plus importants de la physique. Straton lui-même,
le chef des nouveaux péripatéticiens, ne pense pas comme Aristote
sur bien des points, et soutient des opinions contraires à celles de Platon,
sur le mouvement, sur l'intelligence, sur l'âme et sur la génération. Enfin, il
dit que le monde n'est point un être animé, que les espèces naturelles
suivent les rencontres du hasard, parce que c'est la spontanéité des
mouvements qui leur donne le principe, et qu'ensuite les formes naturelles
s'achèvent et s'établissent. Quant aux idées sur lesquelles Aristote a
blâmé tout le monde, et qu'il attaque partout, dans ses morales, dans ses
traités de physique et dans ses dialogues extérieurs, il a paru chercher
plutôt à disputer qu'à raisonner philosophiquement sur cette matière,
et avoir eu pour but de traiter avec mépris la philosophie de Platon, tant il
était éloigné de la suivre ! Quelle légèreté donc dans Colotes d'attribuer à
ces philosophes, dont il ne connaissait point la doctrine, des opinions
qu'ils n'ont jamais eues, de s'être mis en tête de redresser les autres, et
de produire une preuve écrite de sa propre main, qui atteste son
ignorance et sa témérité; de soutenir que des philosophes qui
contredisent Platon et qui le condamnent ont adopté et professé ses maximes.
Platon, dit-il, a avancé que nous avions tort de croire que les
chevaux fussent des chevaux, et que les hommes fussent des hommes.
Mais dans quel ouvrage de Platon Colotes a-t-il déterré ce passage? Pour
moi, j'ai lu dans tous ses écrits qu'il prend un homme pour un homme, un
cheval pour un cheval, et le feu pour le feu, et qu'il range chacune de ces
substances dans la classe des choses qui sont du ressort de l'opinion.
« Mais Colotes, ce philosophe consommé, a cru que c'était une seule
et même chose de dire : l'homme n'est point, et l'homme est ce qui n'a
point d'être. Platon, au contraire, met une très grande différence entre ne
pas être ou être ce qui n'a point d'être : le premier emporte une négation
totale de substance, et le second exprime la différence qu'il y a entre la
substance qui communique l'être et celle qui le reçoit. Les philosophes
postérieurs à Platon n'ont mis cette différence que dans les genres, dans
les espèces, dans certaines qualités communes ou particulières, et ils ne
sont pas remontés plus haut, parce qu'ils se jetaient dans des questions
plus subtiles de dialectique. Mais entre la substance qui donne l'être et
celle qui le reçoit, il y a la même proportion qu'entre la cause efficiente et
la matière, entre l'exemplaire et la copie, entre la faculté active et celle
qui n'est que passive : cette: même différence se trouve aussi
principalement entre ce qui existe par soi et qui est toujours le même,
et ce qui, tenant son existence d'un autre, ne conserve jamais la même
manière d'être. L'un n'a été et ne sera jamais sans exister, et c'est pour
cela qu'il est absolument et réellement l'être, au lieu que l'autre, n'ayant
l'être que par communication, n'est jamais sûr de se conserver, et le perd
par sa faiblesse naturelle, parce que la matière glisse autour de la forme,
et reçoit dans l'image de la substance réelle toutes sortes d'affections et
de changements qui la tiennent toujours en mouvement et en agitation.
Quand on dit que Platon n'est pas l'image de Platon, on ne lui ôte pas la
substance et le sentiment de cette image ; mais on montre seulement la
différence qu'il y a entre l'être qui est par soi et ce qui n'existe que par
rapport à cet être : de même on ne détruit dans les hommes ni la nature,
ni l'habitude, ni le sentiment, quand on dit que chacun de nous, par la
communication particulariser qu'il reçoit de la substance commune,
|